Élections libanaises: De nombreuses tentatives d'achat de votes recensées

Des panneaux publicitaires pour la campagne des élections législatives, au nord de Beyrouth (Photo, AFP).
Des panneaux publicitaires pour la campagne des élections législatives, au nord de Beyrouth (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 12 mai 2022

Élections libanaises: De nombreuses tentatives d'achat de votes recensées

  • Un électeur chiite a déclaré qu'on lui avait offert 300 dollars si lui et sa famille acceptaient de voter pour un homme d'affaires particulier
  • Ihab, chauffeur de taxi à Beyrouth, n'est pas dérangé par le fait «de recevoir de l'aide de n'importe quelle liste électorale»

BEYROUTH: Alors que les élections législatives cruciales de dimanche au Liban devraient se jouer sur le fil, des candidats et des partisans de partis ont été accusés d'essayer d'acheter leur victoire en offrant des pots-de-vin en espèces aux électeurs indécis.
Un électeur chiite de la deuxième circonscription de Beyrouth a déclaré à Arab News qu'on lui avait offert 285 euros si lui et sa famille acceptaient de voter pour un homme d'affaires particulier.
«Les partisans qui font campagne pour leur parti m'appellent tous les jours pour me demander pour qui je vais voter. Je ne sais pas comment ils ont obtenu mon numéro. Certains offrent des cartes de rationnement, d'autres de l'argent, pour que je vote pour eux, voire que je boycotte les élections ou que je dépose un bulletin blanc», a-t-il expliqué.
N'éprouvant pas d'attachement particulier avec le Mouvement Amal ou le Hezbollah, il a révélé qu'il est peu probable qu'il vote. «Tous les partis au pouvoir ont eu l'occasion de tenir leurs promesses, mais ils ont laissé leur peuple embourbé dans sa misère. Nous ne les réélirons pas.»
La corruption électorale est depuis longtemps un problème au Liban, malgré les lois interdisant cette pratique, mais elle est devenue plus répandue et plus visible avec l'effondrement de la monnaie nationale et le déclin des conditions de vie.
Aujourd’hui, si l'on en croit les rumeurs émanant du marché noir, le taux de change va chuter avant les élections, les partis essayant d'acheter des voix en utilisant le dollar américain.
Un propriétaire de bureau de change, qui a refusé d'être nommé, a déclaré à Arab News s'attendre «à ce que les dépenses électorales augmentent au cours des prochains jours» du fait de tels pots-de-vin.
Des habitants de Beyrouth ont signalé que des bureaux de change arrêtaient les passants dans la rue pour leur demander s'ils voulaient échanger leurs dollars.
Beaucoup d’analystes pensent que le résultat de l'élection dépendra des électeurs indécis ou de ceux qui ont désespérément besoin d'argent, qui finiront par voter pour le plus offrant.
La loi électorale libanaise stipule qu'au cours de «la période de la campagne électorale, la fourniture de services ou le versement de fonds, notamment les obligations et les dépenses des candidats, sont interdits.»
Selon Nadim Abdelmalak, président de la commission de surveillance des élections au Liban, «la commission n'a reçu aucune plainte d'aucun parti concernant la corruption électorale.»
Cependant, selon l'Association libanaise pour les élections démocratiques, la détérioration rapide des conditions de vie renforce la présence de la corruption, d'autant plus que près de 80% de la population est confrontée à la pauvreté en raison de la crise économique du pays.
Le taux de chômage avoisine les 40% dans un contexte d'effondrement record de la monnaie nationale par rapport au dollar, tandis qu'un gel des retraits bancaires et la rétention des fonds des déposants menacent également le budget des ménages.
Ihab, chauffeur de taxi et électeur dans le deuxième district de Beyrouth, a dévoilé que «cela ne le dérange pas de recevoir de l'aide de n'importe quelle liste électorale».
De nombreuses listes électorales ont offert des bons d'essence et de nourriture. «Ils ont même proposé de payer les factures du générateur et ils proposent maintenant de louer ma voiture pour transporter les électeurs contre un paiement en dollars. J'ai accepté, mais je ne voterai pour personne.»
L'Association libanaise pour les élections démocratiques a affirmé avoir des preuves que des candidats ont distribué du lait pour bébé dans le nord du Liban, tandis que d'autres ont fait don de panneaux solaires pour éclairer les routes.
Samer, un électeur du district de Zahlé, a déclaré qu’«à mesure que la bataille électorale s'intensifie dans la région, les pots-de-vin vont doubler et cela se manifestera le jour du scrutin. Ceux qui votent le matin seront moins soudoyés que ceux qui votent l'après-midi».
Les pots-de-vin sont monnaie courante dans les circonscriptions électorales où la concurrence est féroce, notamment Beyrouth I, Beyrouth II, Zahlé, Kesserwan, Jbeil, Batroun, Koura, Becharri, Zgharta et Chouf Aley.
Toutefois, la compétition semble moins acharnée dans les régions contrôlées par le Hezbollah et le Mouvement Amal.
Mayssa, habitante du district de Baalbek-Hermel, a signalé qu' «un groupe du Hezbollah a visité notre maison dans la banlieue sud de Beyrouth et a demandé le nombre d'électeurs dans la famille. Ils nous ont assuré que le transport serait disponible de Beyrouth au district de Baalbek-Hermel, mais ils n'ont rien proposé d'autre.»
Le prix du carburant ayant atteint des niveaux paralysants, la plupart des partis offrent aux électeurs des zones reculées des bons d'essence afin de couvrir leurs frais de transport jusqu'aux bureaux de vote.
Le coût d’un plein d'une voiture en carburant dépasse souvent 500 000 livres libanaises (soit environ 285 euros), ce qui signifie que les électeurs des villages isolés peuvent être confrontés à une facture de plus de 570 euros pour faire l'aller-retour pour voter.
Salam, qui travaille dans un hôtel de Beyrouth, a soutenu que «le Hezbollah est convaincu qu'il va gagner les élections. C'est pourquoi ils ne nous incitent pas à voter pour eux, même si je suis réticent à voter parce que je ne crois plus en personne.»


Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Soudan: le chef de l'armée qualifie la proposition de trêve envoyée par l'émissaire américain de «la pire» jusqu'ici

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  • Dans une vidéo diffusée dimanche, il a également rejeté la dernière proposition de trêve soumise par l’émissaire américain Massad Boulos, la qualifiant de « pire » proposition reçue jusqu’ici
  • Le Conseil de souveraineté, présidé par Burhane, s’est pour sa part dit disposé à coopérer avec les États-Unis et l’Arabie saoudite pour relancer un processus de paix

PORT-SOUDAN: Le chef de l’armée soudanaise, Abdel Fattah al-Burhane, a affirmé dimanche que le groupe médiateur appelé le « Quad » — composé des États-Unis, de l’Arabie saoudite et de l’Égypte — ne pouvait jouer un rôle neutre dans les efforts visant à mettre fin au conflit entre l’armée et les Forces de soutien rapide (FSR).

Dans une vidéo diffusée dimanche, il a également rejeté la dernière proposition de trêve soumise par l’émissaire américain Massad Boulos, la qualifiant de « pire » proposition reçue jusqu’ici. Selon lui, elle ne tient pas compte des réalités du terrain et ne garantit pas une cessation durable des hostilités.

Le conflit, qui a fait des milliers de morts et provoqué le déplacement de millions de personnes depuis avril 2023, reste au cœur des préoccupations internationales. Washington s’est récemment dit déterminé à mettre fin aux « atrocités » commises au Soudan, à la suite d’un appel du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane en faveur d’un engagement américain plus fort.

Le Conseil de souveraineté, présidé par Burhane, s’est pour sa part dit disposé à coopérer avec les États-Unis et l’Arabie saoudite pour relancer un processus de paix.

En septembre, le Quad avait proposé un plan comprenant une trêve de trois mois et l’exclusion tant du gouvernement actuel que des FSR de la transition post-conflit, une clause rejetée par l’armée. Début novembre, les paramilitaires avaient annoncé accepter une trêve humanitaire après avoir pris El-Fasher, dernier bastion de l’armée au Darfour, où l’ONU a signalé de graves violations.

Désormais maîtres de la quasi-totalité de la région, les FSR ont intensifié leurs offensives dans le voisin Kordofan, riche en pétrole.


Une délégation du Hamas discute au Caire de la trêve à Gaza

Une délégation du Hamas discute au Caire de la trêve à Gaza
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  • Menée par le négociateur en chef du Hamas, Khalil al-Hayya, la délégation est arrivée samedi dans la capitale égyptienne pour des entretiens dimanche avec Hassan Rashad
  • Sur place, le Hamas "a réaffirmé son engagement à mettre en œuvre la première phase de l'accord (de cessez-le-feu), soulignant l'importance de mettre un terme aux violations israéliennes"

LE CAIRE: Une délégation du Hamas s'est engagée dimanche au Caire à respecter la "première phase" de l'accord de trêve dans la bande de Gaza lors d'un entretien avec le chef des services de renseignement égyptiens, a indiqué le mouvement islamiste palestinien.

Menée par le négociateur en chef du Hamas, Khalil al-Hayya, la délégation est arrivée samedi dans la capitale égyptienne pour des entretiens dimanche avec Hassan Rashad, avaient indiqué à l'AFP deux responsables du mouvement, précisant que la deuxième phase de la trêve devait également être abordée.

Sur place, le Hamas "a réaffirmé son engagement à mettre en œuvre la première phase de l'accord (de cessez-le-feu), soulignant l'importance de mettre un terme aux violations israéliennes (...) et la nécessité d'un mécanisme clair et précis, sous l'égide et le contrôle des médiateurs, permettant de leur signaler immédiatement toute violation", a affirmé le mouvement dans un communiqué.

Ces derniers jours, Israël et le Hamas se sont accusés mutuellement de violer la trêve entrée en vigueur le 10 octobre sous pression américaine après deux ans de guerre déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement contre Israël le 7 octobre 2023.

Samedi, l'armée israélienne a affirmé avoir "frappé des cibles" du Hamas, faisant 21 morts selon la Défense civile locale, en réponse selon elle à l'attaque d'un "terroriste armé" contre ses soldats.

L'accord de trêve a permis dans sa première phase le retour des vingt derniers otages vivants du 7-Octobre, en échange de la libération de plusieurs centaines de prisonniers palestiniens, et le retour de 25 corps d'otages, sur 28 que le Hamas s'est engagé à rendre.

La deuxième phase prévoit notamment la mise en place d'une autorité transitoire pour administrer Gaza et le déploiement d'une force internationale pour assurer la sécurité du territoire et désarmer le Hamas et les autres factions armées sur place.

Le Hamas, écarté de tout rôle dans la gouvernance future du territoire selon le plan Trump adopté par le Conseil de sécurité de l'ONU, refuse pour l'heure de désarmer.

"La nature de la deuxième phase de l'accord" a fait l'objet de discussions au Caire, a indiqué le mouvement, ajoutant avoir aussi évoqué le sort de "combattants" à Rafah (sud) avec lesquels les communications sont "interrompues".

Selon plusieurs médias, jusqu'à 200 combattants du Hamas seraient coincés dans des tunnels de Gaza sous une partie du territoire où s'est redéployée l'armée israélienne dans le cadre de l'accord.


Israël tue le chef militaire du Hezbollah dans une frappe sur la banlieue de Beyrouth

Israël a tué dimanche le chef militaire du Hezbollah lors d'une frappe sur la banlieue sud de Beyrouth dimanche qui a visé un immeuble d'un quartier densément peuplé, faisant cinq morts selon les autorités libanaises. (AFP)
Israël a tué dimanche le chef militaire du Hezbollah lors d'une frappe sur la banlieue sud de Beyrouth dimanche qui a visé un immeuble d'un quartier densément peuplé, faisant cinq morts selon les autorités libanaises. (AFP)
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  • Israël tue le chef militaire du Hezbollah dans une frappe sur la banlieue de Beyrouth
  • L'armée israélienne a affirmé avoir tué Haitham Ali Tabatabai dans une cinquième frappe sur la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah

BEYROUTH: Israël a tué dimanche le chef militaire du Hezbollah lors d'une frappe sur la banlieue sud de Beyrouth dimanche qui a visé un immeuble d'un quartier densément peuplé, faisant cinq morts selon les autorités libanaises.

C'est le plus haut responsable du Hezbollah à être tué depuis la fin il y a près d'an de la guerre meurtrière qui a opposé le mouvement pro-iranien à Israël et dont il est sorti décapité.

L'armée israélienne a affirmé avoir tué Haitham Ali Tabatabai dans une cinquième frappe sur la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah, depuis l'entrée en vigueur du cessez-le feu. Un peu plus tard, en soirée, le mouvement islamiste a confirmé que "le grand dirigeant" Tabatabai a été tué "à la suite d'une agression israélienne".

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a assuré qu'Israël "ne permettra pas au Hezbollah de reconstruire son pouvoir" et appelé le gouvernement libanais à "respecter son engagement à désarmer le Hezbollah" à la suite de cette attaque qui intervient une semaine avant la visite du pape Léon XIV au Liban.

Tabatabai, présenté par l'armée israélienne comme "le plus important commandant du Hezbollah", avait été promu chef militaire du Hezbollah après la mort des principaux responsables militaires du mouvement durant la guerre avec Israël.

"Comme un éclair" 

Dans le quartier qui a été visé, la frappe a touché les troisième et quatrième étages d'un immeuble de neuf étages, et laissé plusieurs voitures calcinées à son pied, a constaté un journaliste de l'AFP.

Il a vu les secouristes évacuer un corps enveloppé dans un sac blanc et au moins six blessés, dont trois femmes, de l'immeuble au rez-de-chaussée duquel s'alignent une pâtisserie, un magasin de jouets et une boutique d'électroménagers.

"Je rendais visite à ma mère et j'étais sur le balcon", a raconté à l'AFP un homme qui se trouvait dans un immeuble faisant face au bâtiment touché. "Il y a eu comme un éclair, puis j'ai percuté la balustrade et tout le verre s'est brisé", a ajouté ce quadragénaire en état de choc, qui n'a pas voulu dire son nom.

Cinq personnes ont été tuées et 28 blessées, selon le ministère libanais de la Santé.

Benjamin Netanyahu, qui avait juré de "faire tout le nécessaire" pour empêcher un renforcement du mouvement pro-iranien, "a ordonné l'attaque sur recommandation du ministre de la Défense et du chef d'état-major", selon ses services.

Le président libanais Joseph Aoun a, lui, appelé la communauté internationale à "intervenir sérieusement et avec force pour mettre fin aux attaques contre le Liban" menées par Israël, soulignant que le Liban respectait de son côté le cessez-le-feu.

Yémen et Syrie 

Israël a récemment intensifié ses frappes dans les bastions du Hezbollah au sud et à l'est du Liban, où il affirme viser le mouvement chiite qu'il accuse de violer le cessez-le-feu en se réarmant et réactivant ses infrastructures.

Le Hezbollah avait lancé les hostilités en ouvrant un front contre Israël au début de la guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque du Hamas sur le sol israélien du 7 octobre 2023. Un cessez-le-feu est en vigueur dans le territoire palestinien depuis le 10 octobre.

"Nous continuerons à agir avec force pour prévenir toute menace contre les habitants du nord et l'Etat d'Israël. Quiconque lèvera la main contre Israël verra sa main coupée", a martelé le ministre israélien de la Défense, Israël Katz.

Le nom de Tabatabai, né en 1968 selon le communiqué du Hezbollah, était inconnu du grand public au Liban.

Il était, avant de prendre ses fonctions, "responsable du dossier du Yémen" au sein du Hezbollah, qui soutient les rebelles houthis, selon une source proche de la formation pro-iranienne.

Il avait également occupé des fonctions en Syrie où la formation soutenait militairement le pouvoir de Bachar al-Assad, selon les Etats-Unis qui l'avaient placé sur leur liste des personnes liées au terrorisme.

Le Hezbollah est sorti affaibli du conflit avec Israël, qui a culminé en deux mois de guerre ouverte avant la trêve, et assure depuis respecter le cessez-le-feu.

Pour leur part, les autorités libanaises accusent régulièrement Israël de violer l'accord de cessez-le-feu conclu sous médiation américaine, en poursuivant ses frappes et en continuant d'occuper cinq points stratégiques du sud du territoire libanais.

Les Etats-Unis font dans le même temps pression sur le gouvernement libanais pour qu'il oblige le Hezbollah à rendre ses armes, ce que le groupe a jusqu'à présent refusé de faire.