Mort d'Amadou Koumé en 2015: Du sursis requis contre trois policiers

La facade du tribunal de Paris, situé dans le XVIIème arrondissement de la capitale (Photo, AFP).
La facade du tribunal de Paris, situé dans le XVIIème arrondissement de la capitale (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 05 juillet 2022

Mort d'Amadou Koumé en 2015: Du sursis requis contre trois policiers

  • À l'issue de trois jours d'audience, la décision a été mise en délibéré au 20 septembre à 10H00
  • Pour la procureure, l'usage de la force a été ce soir-là «nécessaire» et «proportionné»

PARIS: Estimant qu'ils ont commis une "négligence coupable", l'accusation a requis lundi à Paris un an de prison avec sursis contre trois policiers jugés après la mort en 2015 d'un homme de 33 ans, Amadou Koumé, lors de son interpellation dans un bar à Paris.

Ce père de famille, en proie à des troubles psychiques qui avaient poussé le barman à appeler la police, est décédé quelques minutes après son arrestation la nuit du 5 au 6 mars 2015, dans le Xe arrondissement de la capitale.

À l'issue de trois jours d'audience, la décision a été mise en délibéré au 20 septembre à 10H00.

"Personne n'aurait souhaité se trouver devant ce tribunal aujourd'hui", a déclaré la procureure en débutant son réquisitoire en milieu d'après-midi, "pas la famille, dont il nous a été rappelé le chagrin, ni les policiers dont la vocation est de protéger le citoyen".

Parlant d'une "tragédie" et d'une affaire "particulièrement difficile à juger", elle a rappelé que les fonctionnaires, jugés pour homicide involontaire, encourent 3 ans de prison et 45 000 euros d'amende.

Pour elle, l'usage de la force a été ce soir-là "nécessaire" et "proportionné": Amadou Koumé n'est "pas violent", mais "imprévisible", il "résiste", a-t-elle soutenu.

"Ce qui peut être reproché (aux trois policiers) est cette faute pénale unique: la négligence coupable, consistant à avoir laissé Amadou Koumé en décubitus ventral, menotté, sans qu'on s'enquière de son état et malgré la force mobilisée pour l'interpeller", a-t-elle affirmé.

"Personne ne s'est préoccupé de (son) état de santé", alors que sa "détresse respiratoire" a duré "plusieurs minutes", a insisté la procureure.

«Personne vulnérable»

Selon l'expertise médicale menée pendant l'instruction, "le traumatisme cervical et laryngé" provoqué par deux clés d'étranglement a "participé à la survenue" d'une asphyxie, également "favorisée" par la position au sol, sur le ventre, les mains menottées dans le dos, pendant plus de six minutes.

Si une "intoxication à la cocaïne" a aussi été relevée, l'expertise soulignait que le décès "aurait pu avoir lieu sans imprégnation de cocaïne et du seul fait d'une asphyxie mécanique lente".

La procureure a requis la même peine, sans interdiction d'exercer, contre Anthony B., qui a fait les clés d'étranglement, Sébastien P., alors brigadier, qui a appuyé un genou sur les lombaires puis sur le bras d'Amadou Koumé, et contre Didier M., à l'époque major, "au contact" du trentenaire "du début à la fin".

Elle a cependant écarté la "maladresse", retenue par la juge d'instruction contre le premier pour ses "gestes techniques mal maîtrisés". Controversée, la clé d'étranglement est proscrite dans la gendarmerie et a été remplacée officiellement depuis juillet 2021 dans la police.

"Je sais que cette réponse judiciaire n'est pas satisfaisante à l'endroit des victimes, mais je sais qu'elles sont surtout en quête de vérité", a conclu la procureure, alors que certains membres du public quittaient la salle en signe de protestation.

Après un classement sans suite, les proches avaient porté plainte avec constitution de partie civile, relançant les investigations.

"La famille d'Amadou frappe à la porte de la justice, cela fait sept ans. Et pourtant, on entend encore les slogans, toujours les mêmes: +justice pour+", a lancé Me Eddy Arneton, leur avocat, faisant référence à d'autres décès, depuis, lors d'interpellations policières. "La famille demande justice pour Amadou".

"Quelle que soit la difficulté, la justice prévaut sur les passions", a tonné en réponse Me Thibault de Montbrial, demandant pour Sébastien P. la relaxe, comme l'ensemble de la défense.

L'avocat de Didier M., aujourd'hui retraité, a soutenu que le major n'était au départ pas informé des problèmes psychiatriques d'Amadou Koumé qui, avec 1,90m et plus de 100kg, "impressionne". Me Frédéric Gabet a aussi fait valoir qu'aucun des 16 policiers présents n'avait vu de "signe" de "malaise".

Me Jérôme Andrei, pour Anthony B., a décrit une "scène de lutte intense", "extrêmement rapide". "Aujourd'hui, la clé d'étranglement est prohibée, on sait que la position en décubitus ventral est dangereuse. Mais il y a sept ans, ça n'était pas le cas".


Laurent Wauquiez dépose une proposition de loi pour interdire le voile aux mineures

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  • Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public
  • Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier

PARIS: Le chef des députés Les Républicains Laurent Wauquiez a déposé lundi une proposition de loi pour interdire aux mineures de porter le voile dans l'espace public, mais son examen rapide semble peu probable et sa constitutionnalité mise en doute par des juristes.

M. Wauquiez veut interdire "à tout parent d'imposer à sa fille mineure ou de l'autoriser à porter, dans l'espace public, une tenue destinée à dissimuler sa chevelure", selon l'article unique de sa proposition de loi.

Il s'appuie notamment sur un rapport sur les Frères musulmans commandé par le gouvernement et publié en mai dernier, relatant l'augmentation "massive et visible du nombre de petites filles portant le voile".

Il estime que "le voilement de jeunes filles" heurte les principes républicains "les plus fondamentaux", tels que la "protection de l'enfant", "la liberté de conscience" et "l'égalité entre les hommes et les femmes".

Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public.

Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier.

En outre, des professeurs de droit public interrogés par l'AFP émettent de sérieuses réserves quant à la conformité avec la Constitution de cette proposition déjà formulée, tout en la circonscrivant aux moins de 15 ans, par le patron des députés macronistes Gabriel Attal en mai - même si celui-ci n'avait pas déposé de texte.

Pour la constitutionnaliste Anne-Charlène Bezzina, elle n'a "aucune chance d'être conforme", rappelant que la loi sur la dissimulation du visage que son texte vient modifier a un motif de "sécurité à l'ordre public" et ne "vise aucune religion en particulier".

Or, M. Wauquiez cible très clairement le voile islamique dans l'espace public, contrevenant "au principe de liberté de religion", ajoute l'enseignante.

Jean-Philippe Derosier, professeur de droit public à l’Université de Lille, se dit également "très réservé".

Bien que le texte se heurte au principe de liberté religieuse, Laurent Wauquiez justifie sa démarche par la "préservation des droits de l’enfant", ce qui est "assez habile", reconnaît-il, mais insuffisant pour garantir sa conformité constitutionnelle.

Assimiler le port du voile par une mineure à "une forme d’asservissement" reste juridiquement fragile. "Incontestablement, une fillette de 9 ans pourrait le faire par mimétisme ou sous l'effet d’une instrumentalisation", observe-t-il. "Mais une adolescente de 16 ans peut davantage le porter par conviction personnelle."

Il rappelle par ailleurs que l’interdiction de dissimulation du visage est justifiée par des raisons de sécurité, avec la nécessité de pouvoir "identifier les personnes", un raisonnement difficilement transposable au fait de se couvrir la chevelure.


Quatre associations musulmanes portent plainte contre un sondage Ifop

Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
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  • Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop
  • Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021

PARIS: Quatre associations du culte musulman ont porté plainte lundi pour dénoncer le manque d'objectivité supposé d'un sondage Ifop sur le rapport des fidèles à l'islam, ont annoncé leurs avocats à l'AFP.

Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop "Etat des lieux du rapport à l'islam et à l'islamisme des musulmans de France".

Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021.

Ce sondage "viole le principe d'objectivité posé par la loi du 19 juillet 1977 relative à la publication et la diffusion des sondages d'opinion", se "fonde sur des questions orientées" et se "focalise sur des résultats minoritaires mis en avant à des fins polémiques", accusent les avocats Mes Raphaël Kempf et Romain Ruiz, dans un communiqué.

Selon eux, le sondage distille "le poison de la haine dans l'espace public", renforçant "les amalgames".

Contacté par téléphone, François Kraus, directeur du pôle politique/actualités de l'Ifop, a indiqué qu'il répondrait à l'AFP par écrit, ce qu'il n'avait pas fait dans l'après-midi.

Le CFCM avait déjà dans un communiqué vendredi déploré "une nouvelle mise à l’index des citoyens français de confession musulmane et de leurs pratiques religieuses", avec des analyses et données "contestables".

L'enquête Ifop, basée sur un échantillon de 1.005 personnes de religion musulmane, a été commandée par le média confidentiel "Ecran de veille", qui se présente comme "le mensuel pour résister aux fanatismes".

L'attention médiatique et politique s'est beaucoup focalisée sur le sous-échantillon des 15-24 ans, constitué de 291 personnes, et révélant une forte pratique (87% se considèrent religieux, 67% disent prier "au moins une fois par jour", 83% font le ramadan)

François Kraus écrit dans sa conclusion sur le site de l'Ifop que "cette enquête dessine très nettement le portrait d'une population musulmane traversée par un processus de réislamisation, structurée autour de normes religieuses rigoristes et tentée de plus en plus par un projet politique islamiste".

Le sondage a provoqué de vives réactions, l'extrême droite y voyant un signe d'"islamisation", tandis que des représentants de la communauté musulmane ont regretté "une stigmatisation".

"A mal poser les questions, on finit toujours par fabriquer les peurs qu’on prétend mesurer", affirmait dans son billet hebdomadaire le recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz.

Le politiste Haouès Seniguer qualifie pour sa part de raccourci "grossier et réducteur" l'idée, sous-jacente selon lui au sondage, qu'une observance stricte de l'islam soit la porte d'entrée mécanique vers l'islamisme.


Macron invité de RTL mardi matin

 Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
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  • Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat Français a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine
  • Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire

PARIS: Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué.

Le président de la République sera notamment interrogé sur la situation internationale, alors qu'une nouvelle réunion de la "coalition des volontaires" au soutien de l'Ukraine est prévue mardi en visioconférence.

Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine.

M. Macron sera aussi interrogé sur "les menaces qui pèsent sur la France", selon le communiqué de RTL.

Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire.