Frappe aérienne russe à Idlib, un «coup de semonce» pour la Turquie

La fumée causée par le bombardement des forces du régime syrien sur Al-Bara, dans la province du nord-ouest des rebelles d'Idlib. La région est au centre d'un différend croissant entre la Turquie et la Russie (Photo, AFP)
La fumée causée par le bombardement des forces du régime syrien sur Al-Bara, dans la province du nord-ouest des rebelles d'Idlib. La région est au centre d'un différend croissant entre la Turquie et la Russie (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 28 octobre 2020

Frappe aérienne russe à Idlib, un «coup de semonce» pour la Turquie

  • La frappe aérienne a fait près de 80 morts parmi les miliciens soutenus par la Turquie dans le camp rebelle de Faylaq Al-Sham
  • Les deux pays ont déjà interrompu les patrouilles conjointes le long de l’autoroute vitale de M4, et qui longe Idlib

ANKARA: Une frappe aérienne russe sur un camp d'entraînement rebelle dans la province syrienne d'Idlib est un «coup de semonce» de Moscou à la Turquie pour son soutien à l'extrémisme, affirment les analystes politiques.

La frappe aérienne de lundi, l’une des plus meurtrières en neuf ans de conflit en Syrie, a fait près de 80 morts parmi les miliciens soutenus par la Turquie, dans le camp rebelle de Faylaq Al-Sham, près de la frontière qui sépare la Syrie et la Turquie.

Depuis l’attaque, le débat fait rage sur le message que Moscou envoie à Ankara en ciblant le principal mandataire de la Turquie dans ce pays déchiré par la guerre. L’attaque est considérée comme une grave violation du cessez-le-feu entre Moscou et Ankara.

Idlib fait l’objet de différends croissants entre la Turquie et la Russie. La première soutient les forces rebelles, tandis que Moscou appuie l’offensive du gouvernement Assad pour reprendre la province.

Les rebelles, idéologiquement proches des Frères musulmans, ont aidé les forces turques à sécuriser des postes d'observation dans les zones contestées. Les combattants de la milice constituent également le plus grand groupe armé soutenu par Ankara.

Les observateurs soutiennent que la frappe aérienne entraînera une escalade des tensions entre la Russie et la Turquie.

Les deux pays ont déjà interrompu les patrouilles conjointes le long de l’autoroute vitale de M4, et qui longe Idlib. Cela survient malgré la décision de la Turquie d’ignorer les avertissements de Washington et de tester l’efficacité de son système de défense aérienne russe S-400 controversé.

Pendant ce temps-là, la Turquie a augmenté ses renforts aux postes militaires le long du M4, en vue de fortifier sa présence dans la région.

Selon Samuel Ramani, spécialiste du Moyen-Orient à l'Université d'Oxford, la Russie craint de plus en plus que la Turquie renforce son soutien aux groupes et organisations rebelles, considérées par Moscou comme extrémistes. La dernière frappe aérienne russe montre que Moscou est prête à pousser la Turquie à soutenir l'extrémisme, a-t-il déclaré à Arab News.

Cependant, Orwa Ajjoub, chercheur au Centre d'études sur le Moyen-Orient de l'Université de Lund en Suède, affirme que la frappe aérienne contre les rebelles soutenus par la Turquie indique un conflit plus large entre les deux nations.

«A trois reprises Ankara et Moscou ont échoué à maintenir un cessez-le-feu permanent au Haut-Karabakh, où ils soutiennent les États opposés d'Azerbaïdjan et d'Arménie», a-t-il déclaré à Arab News.

«En Libye, le «cessez-le-feu permanent» négocié par l'ONU entre les forces du général Khalifa Hafter soutenues par la Russie, les Émirats arabes unis et l'Arabie saoudite, et le gouvernement d'accord national soutenu par la Turquie et le Qatar, a également été accueilli avec suspicion et malaise. Ankara et Moscou devront retirer leurs mercenaires du pays s’il veulent remporter une victoire décisive», a déclaré Ajjoub.

Le Ministère turc des affaires étrangères n’a encore fait aucune déclaration sur l’attaque russe.

Lors d’une visite à Athènes lundi, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a commenté les relations entre les deux pays en déclarant: «Nous entretenons de bonnes relations avec la Turquie, mais ces relations ne sont pas toujours sans épines».

Cependant, Ajjoub pense que la Russie espère «redistribuer les cartes» en Syrie pour tenter de faire pression sur les positions de la Turquie au sujet du Haut-Karabakh et la Libye. «La décision de la Russie de mener une attaque contre le principal joueur d’Ankaraa été prise dans l'objectif de changer le statu quo à Idlib», a-t-il déclaré.

Depuis le cessez-le-feu du 5 mars entre la Turquie et la Russie, Idlib connait un calme relatif, ponctué par des attaques en provenance du régime syrien principalement. Les attaques visent à «redessiner la carte du nord-ouest de la Syrie», a ajouté Ajjoub.

«La Turquie, qui a déjà fait preuve d'une certaine flexibilité en retirant ses forces du poste militaire de Morek, ne semble pas intéressée à offrir plus de concessions à la Russie. En menant une attaque aussi importante contre le quartier général de Faylaq Al-Sham, la Russie rappelle à la Turquie qu’un succès relatif dans un conflit à plusieurs fronts, en particulier au Haut-Karabakh et en Libye, peut être éclipsé en Syrie, où la puissance militaire de Moscou est incontestée».

Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, s'est entretenu mardi avec Lavrov par téléphone, et les frappes aériennes russes figuraient certainement en tête des sujets de discussion.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews


L'Égypte coordonne avec la Grèce le retour des victimes du bateau de migrants et met en garde contre les itinéraires irréguliers

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
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  • Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine
  • Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux

DUBAI: Les mesures prises par l'Égypte ont reçu le soutien de la communauté internationale, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a demandé à l'ambassade égyptienne à Athènes de renforcer la coordination avec les autorités grecques, a rapporté Ahram Online mardi.

Cette mesure vise à soutenir les survivants et à accélérer le rapatriement des corps des victimes une fois les procédures légales achevées.

Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine.

Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux et réglementés.

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016, les responsables soulignant que le pays ne sera pas utilisé comme voie de transit vers l'Europe.

Les autorités affirment qu'aucun bateau de migrants n'a quitté les côtes égyptiennes depuis l'introduction de la stratégie, bien que l'Égypte accueille près de 10 millions de ressortissants étrangers, y compris des réfugiés, des demandeurs d'asile et des migrants de 133 pays.

L'approche a continué à évoluer au fil des ans, tout récemment avec l'adoption du plan d'action national 2024-2026 par le Comité national pour la lutte et la prévention de la migration illégale et de la traite des personnes.

Des initiatives antérieures ont également soutenu ces efforts, notamment le programme "Lifeboats" de 2019, qui a alloué 250 millions EGP pour créer des opportunités d'emploi dans les villages considérés comme les plus vulnérables à la migration irrégulière.

Les mesures prises par l'Égypte ont bénéficié d'un soutien international, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières, les capacités de recherche et de sauvetage et les efforts de lutte contre le trafic de migrants.


Explosion du port de Beyrouth: un juge libanais en Bulgarie pour l'enquête

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  • Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort
  • Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban"

BEYROUTH: Le juge libanais Tarek Bitar s'est déplacé mercredi en Bulgarie pour interroger le propriétaire du navire lié à l'explosion meurtrière dans le port de Beyrouth en 2020, a indiqué un responsable judiciaire à l'AFP.

Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort.

M. Grechushkin est désigné par les autorités libanaises comme le propriétaire du Rhosus, le navire qui transportait le nitrate d'ammonium débarqué dans le port de Beyrouth dans un entrepôt, où il avait explosé suite à un incendie, faisant plus de 200 morts, des milliers de blessés et d'importants dégâts.

Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban, acte terroriste ayant entraîné la mort d'un grand nombre de personnes et désactivation de machines dans le but de faire couler un navire", selon le parquet bulgare.

"M. Bitar est parti pour Sofia mercredi" et doit interroger M. Grechushkin jeudi, a précisé sous couvert d'anonymat un responsable de la justice libanaise à l'AFP.

L'ambassade libanaise à Sofia s'est occupée de trouver un traducteur et un huissier chargé de prendre en note l'interrogatoire, qui se fera en présence d'autorités judiciaires bulgares, a précisé la même source.

La justice libanaise espère obtenir des informations sur la cargaison de nitrate d'ammonium et en particulier son commanditaire. Elle veut aussi savoir si Beyrouth était la destination finale du navire.

Le juge indépendant Tarek Bitar avait repris en début d'année l'enquête qu'il avait dû interrompre en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah qui l'accusait d'impartialité, avant d'être poursuivi pour insubordination.

Son enquête a pu reprendre après l'entrée en fonction du président Joseph Aoun et de son Premier ministre, qui ont promis de préserver l'indépendance de la justice, à la suite de la guerre entre Israël et le Hezbollah dont le mouvement chiite soutenu par l'Iran est sorti très affaibli à l'automne 2024.


«Des habitants meurent de froid»: Gaza frappé par de nouvelles intempéries

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
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  • "Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa)
  • "Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré

GAZA: De nouvelles pluies hivernales se sont abattues cette semaine sur la bande de Gaza, déjà ravagée par la guerre, faisant au moins 18 morts depuis le début des intempéries.

Des Palestiniens poussant une voiture dans une rue inondée, une charrette tirée par un âne progressant difficilement à travers les eaux, des tentes et des abris de fortune de déplacés inondés: la situation s'aggrave dans un territoire palestinien en ruines.

"Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa).

"Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre après deux années de guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Nourrissons «en danger»

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs.

Trois enfants étaient décédés dans des conditions similaires la semaine dernière, d'après la Défense civile, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du mouvement islamiste.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Environ 1,3 million de personnes, sur une population de plus de deux millions d'habitants dans le territoire, ont actuellement besoin d'un hébergement d'urgence, selon les Nations unies, qui mettent en garde contre un risque croissant d'hypothermie.

Les nourrissons encourent particulièrement un "grand danger" avec les conditions hivernales, avertit l'organisation.

«Reconstruire le territoire»

La Défense civile de Gaza avait indiqué vendredi qu'au moins 16 personnes étaient mortes en 24 heures des suites de l'effondrement de bâtiments ou des effets du froid.

Outre le nourrisson, le porte-parole de l'organisation, Mahmoud Bassal, a fait état mardi d'un autre décès après l'effondrement du toit d'un bâtiment à la suite de fortes pluies dans le nord-ouest de la ville de Gaza.

Il a précisé que la maison avait déjà été endommagée par des frappes aériennes pendant la guerre.

Des images de l'AFP montrent des secouristes extraire le corps d'un Palestinien des décombres d'un bâtiment. Non loin, des proches en deuil pleurent.

"Nous appelons le monde à résoudre nos problèmes et à reconstruire le territoire afin que nous puissions avoir des maisons au lieu (...) de vivre dans la rue", a déclaré Ahmed al-Hossari, qui a perdu un membre de sa famille.

La bande de Gaza connaît généralement un épisode de fortes pluies à la fin de l'automne et en hiver, mais l'état de dévastation du territoire, des conséquences de la guerre, a rendu ses habitants plus vulnérables.