La lutte contre le changement climatique

Un arbre calciné par un incendie de forêt près de Burgos, en Espagne, le 25 juillet 2022. (AFP)
Un arbre calciné par un incendie de forêt près de Burgos, en Espagne, le 25 juillet 2022. (AFP)
Short Url
Publié le Mardi 26 juillet 2022

La lutte contre le changement climatique

La lutte contre le changement climatique
  • Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat affirme que «l’influence de l’activité humaine sur le réchauffement climatique est passée de la théorie au fait établi»
  • De nombreuses excuses sont utilisées pour justifier l’inaction, comme la crise financière mondiale et l’invasion de l’Ukraine par la Russie

Alors que les températures montent en flèche, bousculant les records et bouleversant les vies avec une constance alarmante, il est sidérant de constater à quel point les personnes qui nient l’existence des changements climatiques sont nombreuses. 

La plupart des espèces de cette planète pourraient disparaître avant même que certains de ces sceptiques sectaires qui nient les faits ne prennent conscience de la situation. 

Le scepticisme est une notion parfaitement acceptable. Contester la recherche et demander des preuves sont des attitudes responsables. Il est légitime de se poser des questions sur la gravité de la crise, la vitesse à laquelle le monde devrait agir, le temps restant pour y faire face et les mesures qui doivent être prises en premier. 

Beaucoup de gens ont pris conscience assez tard de la gravité du défi auquel la vie sur Terre fait face, notamment au Moyen-Orient. Pourtant, même dans les États riches en hydrocarbures, qui pourraient subir à ce niveau un grand nombre de pertes, le respect de l’environnement et la lutte contre le changement climatique d’origine humaine sont devenus une priorité absolue. 

De nombreuses personnes ne souhaitent tout simplement pas affronter la réalité. C’est vraiment ardu; il est difficile de comprendre le défi auquel nous faisons tous face. L’attrait pour les théories des climatosceptiques est donc compréhensible. 

Ce qui n’est pas acceptable, voire extrêmement dangereux, c’est la politique de l’autruche adoptée par le mouvement qui nie l’existence des changements climatiques. Ce dernier semble s’apparenter à une croyance religieuse selon laquelle le climat n’aurait pas changé d’un iota et ceux qui le prétendent seraient soit de grands conspirateurs, soit leurs victimes. Ce sujet ne peut faire l’objet d’un débat. Comme trop souvent de nos jours, la science et l’expertise sont tournées en dérision et rejetées. 

Pire encore, il y a ceux qui font délibérément l’éloge de la pseudoscience et des complots dangereux. De manière alarmante, beaucoup de ceux qui évoquent les théories du complot en lien avec la pandémie de Covid-19 sont également dans le camp du complot en matière de changements climatiques. 

Malheureusement, le défi le plus préoccupant se trouve aux États-Unis, où des groupes d’extrême droite tentent de saper la science. Une enquête menée en 2008 a montré que 92% des documents climatosceptiques aux États-Unis étaient liés à des groupes de réflexion conservateurs. Alors que les démocrates ont tendance à se préoccuper davantage du changement climatique, le parti républicain, lui, est dominé par des individus qui remettent en question son existence. 

Les membres de la communauté scientifique crédible sont clairs. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat affirme que, «depuis le début des évaluations scientifiques systématiques, dans les années 1970, l’influence de l’activité humaine sur le réchauffement climatique est passée de la théorie au fait établi». 

La science montre que le changement climatique n’est pas seulement en train de se produire, mais de s’aggraver. 

Que se passe-t-il donc dans la tête de ces personnes délirantes? Doivent-elles attendre que toutes les calottes glaciaires et que tous les glaciers aient disparu? Dans la mesure où, selon la Nasa, le Groenland a perdu en moyenne 279 milliards de tonnes de glace par an entre 1993 et 2019, elles n’auront peut-être pas à attendre longtemps. De telles attitudes représentent une grave menace pour notre existence et elles doivent être combattues. 

Le changement climatique tue. Il détruit les maisons et les moyens de subsistance. Il ne fait que s’empirer et ne peut être stoppé qu’au moyen d’une action mondiale systématique et déterminée. 

Alors que des records de températures sont à nouveau battus en Europe, les climatosceptiques se contentent de dire que c’est faux ou tout à fait naturel. Ils pensent la même chose en apprenant que près de la moitié du continent est confrontée à la sécheresse cet été. Le grand nombre d’incendies de forêt en Europe et ailleurs ferait simplement partie du cycle naturel, même si les climatosceptiques ne semblent conscients ni de leur fréquence ni de leur intensité. 

Les incendies de forêt deviennent de plus en plus dévastateurs chaque année, notamment en raison d’hivers plus secs et d’étés plus longs et plus chauds. Ils ont même éclaté en Scandinavie et, récemment, dans le sud de l’Angleterre, où les températures ont dépassé les 40°C pour la première fois de l’histoire. Des dégâts importants touchent les voies ferrées en raison de la chaleur et les incendies de forêt ont détruit quarante et une maisons autour de Londres. 

Paris a enregistré des températures de plus de 40°C pour la troisième fois seulement depuis le début des recensements, en 1873. En Grèce, les responsables ont déclaré que depuis le début de la saison des incendies, le 1er mai, ils avaient fait face à plus de 2 500 incendies. Selon l’Organisation mondiale de la santé, cette année seulement, «plus de 1 700 décès ont été provoqués par la vague de chaleur actuelle en Espagne et au Portugal». 

Les grandes villes qui souffrent de stress thermique vont devoir s’adapter. Des systèmes d’alerte précoce sont nécessaires. Il est nécessaire que la construction urbaine change. Plutôt que de traiter les vagues de chaleur comme des urgences, il faudra pour de nombreux pays en planifier l’arrivée et les considérer comme des événements courants, et non comme des phénomènes rares. 

Ainsi s’annonce l’avenir. Dans les pays les plus chauds du Moyen-Orient, la chaleur extrême peut rendre certaines zones inhabitables; il suffit de voir les tempêtes de poussière qui surgissent en Irak. Dans des pays comme la Grande-Bretagne, la population devra adapter son logement et son mode de vie pour faire face à des températures auxquelles le pays n’est pas habitué. Par ailleurs, les graves inondations en Europe représentent également un risque immense. 

Il est difficile de mesurer l’ampleur de ce mouvement qui nie l’existence des changements climatiques. Un sondage récemment mené en Grande-Bretagne montre que 70% des personnes pensent que le changement climatique est à l’origine de la récente vague de chaleur, mais 17% affirment qu’il n’y a aucun lien entre les deux. Même si, parmi ces 17%, certains sont sceptiques, et non négationnistes, ce pourcentage est inquiétant. 

Un important programme de sensibilisation du public s’impose. Le changement climatique devrait être enseigné dans les écoles ou, au moins, intégré de manière significative dans le programme scolaire. 

Les médias aussi ont un rôle à jouer. L’époque du faux équilibre entre les éminents scientifiques et les climatosceptiques fortement rémunérés devrait être révolue. Les diffuseurs et les éditeurs doivent s’abstenir de publier des images d’enfants qui s’amusent en barbotant dans l’eau pendant une vague de chaleur comme si tout cela était normal et agréable. 

Ce qui n’est pas acceptable, voire extrêmement dangereux, c’est la politique de l’autruche adoptée par le mouvement qui nie l’existence des changements climatiques. 

Chris Doyle

Tout cela sera bien sûr au programme de la prochaine conférence sur le climat de la COP, dans la station balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh, en novembre prochain. De nombreuses excuses sont utilisées pour justifier l’inaction, comme la crise financière mondiale et l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Pourtant, il ne devrait pas s’agir d’une simple option. Investir dans la lutte contre le changement climatique est trop important pour être soumis au sort des marchés. Un financement adéquat devrait être alloué à cette cause. Les répercussions des changements climatiques ne sauraient attendre. 

Alors qu’il s’exprimait lors du récent Dialogue de Petersberg sur le climat, à Berlin, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a déclaré: «Nous avons le choix: action collective ou suicide collectif. C’est entre nos mains.» 

Chris Doyle est le directeur du Conseil pour la compréhension arabo-britannique (Caabu), situé à Londres. 

Twitter: @Doylech 

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com