Nicolas Sarkozy rejugé pour corruption dans l'affaire des «écoutes»

Les policiers découvrent que Nicolas Sarkozy utilise un téléphone secret, ouvert en janvier 2014 sous l'identité de «Paul Bismuth», pour communiquer avec un unique interlocuteur, son avocat. (AFP)
Les policiers découvrent que Nicolas Sarkozy utilise un téléphone secret, ouvert en janvier 2014 sous l'identité de «Paul Bismuth», pour communiquer avec un unique interlocuteur, son avocat. (AFP)
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Publié le Samedi 03 décembre 2022

Nicolas Sarkozy rejugé pour corruption dans l'affaire des «écoutes»

  • En première instance, M. Sarkozy s'était vu infliger le 1er mars 2021 trois ans d'emprisonnement, dont un ferme, devenant ainsi le deuxième président de la Ve République condamné par la justice
  • Nicolas Sarkozy, Thierry Herzog et Gilbert Azibert sont jugés en appel à partir de lundi pour corruption et trafic d'influence dans l'affaire des «écoutes», également appelée «Bismuth»

PARIS: Nicolas Sarkozy de retour à la barre: l'ancien président est rejugé en appel pour corruption et trafic d'influence à partir de lundi à Paris dans l'affaire des "écoutes", aux côtés de son avocat Thierry Herzog et de l'ex-haut magistrat Gilbert Azibert.

En première instance, à l'issue d'un procès électrique où il avait dénoncé des "infamies", M. Sarkozy s'était vu infliger le 1er mars 2021 trois ans d'emprisonnement, dont un ferme, devenant ainsi le deuxième président de la Ve République condamné par la justice, après Jacques Chirac en 2011.

La même peine avait été prononcée contre ses deux coprévenus dans ce sinueux dossier, qui fait se télescoper deux retentissantes affaires judiciaires et trouve son origine dans les interceptions téléphoniques de conversations entre M. Sarkozy et Me Herzog début 2014.

A l'époque, les deux téléphones de l'ex-homme fort de la droite ont été "branchés" par les juges chargés de l'enquête sur des soupçons de financement libyen de sa campagne de 2007, qui lui valent aujourd'hui une quadruple mise en examen.

Les enquêteurs découvrent alors l'existence d'une troisième ligne mise en service le 11 janvier 2014 sous l'alias "Paul Bismuth" - du nom d'une connaissance de lycée de Me Herzog - et dédiée aux échanges entre l'ex-président (2007-2012) et son avocat et ami proche.

Au fil de conversations qu'ils pensent à l'abri des oreilles indiscrètes se dessine, selon l'accusation, un pacte de corruption noué avec Gilbert Azibert, avocat général à la Cour de cassation, qui aurait usé de son influence contre la promesse d'une intervention pour sa carrière.

Sarkozy, Herzog, Azibert: les protagonistes de l'affaire des «écoutes»

Un ancien président, une star du barreau de Paris et un haut magistrat: Nicolas Sarkozy, Thierry Herzog et Gilbert Azibert sont jugés en appel à partir de lundi pour corruption et trafic d'influence dans l'affaire des "écoutes", également appelée "Bismuth".

Voici ce qui leur est reproché:

Nicolas Sarkozy, 67 ans

Il est devenu avec ce dossier le premier ancien président de la Ve République condamné à de la prison ferme.

L'affaire trouve son origine dans des conversations téléphoniques interceptées dans le cadre de l'enquête sur des soupçons de financement libyen de sa campagne victorieuse en 2007. Ce placement sur écoute débute en septembre 2013.

Les policiers découvrent que Nicolas Sarkozy utilise un téléphone secret, ouvert en janvier 2014 sous l'identité de "Paul Bismuth", pour communiquer avec un unique interlocuteur, son avocat.

Les deux hommes s'entretiennent notamment d'une procédure devant être examinée le 11 février par la Cour de cassation: Nicolas Sarkozy a formé un pourvoi pour faire annuler la saisie de ses agendas présidentiels dans l'affaire Bettencourt.

Un contact de Thierry Herzog au sein de la haute juridiction, "Gilbert", plus tard identifié comme le magistrat Gilbert Azibert, revient dans une dizaine d'échanges sur environ 150 conversations en six semaines.

L'ex-président est soupçonné d'avoir promis d'aider Gilbert Azibert à obtenir un poste de prestige à Monaco, qu'il n'aura finalement pas, en échange d'informations sur la décision à venir de la Cour, par l'intermédiaire de son avocat.

Nicolas Sarkozy s'en est toujours vigoureusement défendu, y compris à la barre lors du premier procès fin 2020.

Le tribunal a au contraire estimé qu'un "pacte de corruption" a bien été conclu, des faits "d'une particulière gravité ayant été commis par un ancien président de la République, qui a été le garant de l'indépendance de la justice".

Thierry Herzog, 67 ans

Ami de plus de trente ans et avocat historique de Nicolas Sarkozy, Thierry Herzog est un grand nom du barreau de Paris.

Il a été de tous les combats judiciaires de son ami, le représentant dans le scandale Clearstream - où Nicolas Sarkozy était partie civile. Il est resté son conseil lorsque ce dernier a accédé à la présidence en 2007 et a obtenu un non-lieu en sa faveur dans l'affaire Bettencourt.

Le pénaliste a assis sa réputation en défendant Xavière Tiberi dans le dossier des HLM de la ville de Paris, puis Jean Tiberi dans l'affaire des faux électeurs du Ve arrondissement. Il est aussi un habitué des dossiers de grand banditisme.

Dans l'affaire "Bismuth", il est jugé, comme l'ex-président, pour "corruption active" et "trafic d'influence actif". Il est également poursuivi pour "violation du secret professionnel", pour avoir transmis au haut magistrat un arrêt dans l'affaire Bettencourt couvert par le secret.

"Je n'ai commis aucune infraction", a-t-il clamé à la barre, sans sa robe, lors du premier procès.

Gilbert Azibert, 75 ans

Avocat général dans une chambre civile de la Cour de cassation au moment des faits, Gilbert Azibert est accusé d'avoir voulu influencer l'avocat général en charge du dossier Bettencourt à la chambre criminelle et les conseillers y siégeant afin qu'ils rendent une décision favorable à Nicolas Sarkozy, en échange de son intervention auprès des autorités monégasques.

Des accusations balayées par la défense. Thierry Herzog, qu'il connaissait depuis vingt-cinq ans, a expliqué lui avoir simplement demandé son avis en tant que spécialiste de la procédure pénale.

Une version qui n'a pas convaincu le tribunal: il a jugé que M. Azibert s'était "non seulement affranchi de façon persistante de ses obligations déontologiques", mais qu'il avait "aussi trahi la confiance de ses collègues".

L'affaire des "écoutes" est le seul accroc dans la carrière de Gilbert Azibert, un homme de réseaux classé à droite qui a fait ses premières armes comme substitut à Marseille en 1976, qui a notamment dirigé l'Ecole nationale de la magistrature (ENM).

En 2008, il est devenu secrétaire général du ministère de la Justice, auprès de Rachida Dati - il est alors considéré par certains comme le "garde des Sceaux bis".

Il a pris sa retraite en juillet 2014.

«Coup de pouce»

Ce haut magistrat est accusé d'avoir œuvré en coulisses pour peser sur une décision qui intéressait au plus haut point l'ancien chef de l'Etat et devait être rendue par la Cour de cassation.

A l'époque, la haute juridiction était saisie d'un pourvoi de Nicolas Sarkozy, qui voulait faire annuler la saisie de ses agendas présidentiels dans le cadre de l'enquête pour abus de faiblesse sur l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt.

M. Azibert est soupçonné d'avoir eu connaissance, en amont, d'informations confidentielles et d'avoir tenté d'influencer des conseillers participant aux délibérations.

"Il a bossé, hein ?", se félicite Me Herzog sur la ligne "Bismuth" où il fait part à Nicolas Sarkozy du souhait du magistrat d'obtenir "peut-être un coup de pouce" pour un poste à Monaco.

D'après les interceptions, Nicolas Sarkozy promet alors à son avocat d'activer ses réseaux sur Le Rocher pour "faire monter" M. Azibert. "Je m'en occuperai parce que moi je vais à Monaco et je verrai le Prince", assure-t-il.

Finalement, M. Azibert ne décrochera pas le poste convoité et la Cour de cassation rejettera le pourvoi de Nicolas Sarkozy dans l'affaire des agendas. Le point de savoir s'il est intervenu auprès des autorités monégasques reste discuté.

Selon la défense, c'est la preuve que le pacte corruptif n'est qu'un "fantasme".

L'ex-président Nicolas Sarkozy rattrapé par les affaires judiciaires

L'ancien président Nicolas Sarkozy, dont le procès en appel dans l'affaire dite des "écoutes" s'ouvre lundi, vit sa retraite politique sous forte pression judiciaire.

Première condamnation

Dans cette affaire, Nicolas Sarkozy a été condamné en première instance, le 1er mars 2021, par le tribunal correctionnel de Paris à trois ans de prison, dont un ferme, pour corruption et trafic d'influence.

Il a été reconnu coupable d'avoir tenté, avec son avocat Thierry Herzog, d'obtenir d'un haut magistrat, Gilbert Azibert, des informations couvertes par le secret, voire d'une influence, sur un pourvoi en cassation qu'il avait formé dans l'affaire Bettencourt. En échange: la promesse d'un soutien pour un poste à Monaco.

L'ancien chef de l’État a fait appel.

Bis repetita dans Bygmalion

Nicolas Sarkozy est à nouveau condamné, sept mois plus tard, à un an de prison ferme dans le dossier Bygmalion pour le financement illégal de sa campagne présidentielle perdue de 2012.

Contrairement à ses 13 coprévenus (anciens cadres de la campagne et de l'UMP ainsi que de la société Bygmalion), l'ex-président n'était pas mis en cause pour le système de fausses factures imaginé pour masquer l'explosion des dépenses de campagne autorisées, mais pour avoir dépassé le seuil légal de ces dépenses de plus de 20 millions d'euros.

Il fait appel. Son procès s'ouvrira le 8 novembre 2023.

Mis en examen

La justice le soupçonne également d'avoir financé sa campagne 2007 avec des fonds occultes libyens. Cette retentissante enquête s'est ouverte après la publication par Mediapart en 2012 de documents affirmant que Tripoli aurait, en 2006, donné son accord pour un financement de 50 millions d'euros.

Nicolas Sarkozy, qui conteste les faits, a été mis en examen le 21 mars 2018 pour corruption passive, financement illégal de campagne électorale et recel de fonds publics libyens, puis le 12 octobre 2020 pour association de malfaiteurs.

En octobre, les juges d'instruction ont annoncé avoir bouclé l'enquête mais ils n'ont pas encore indiqué s'ils ordonneront ou pas un procès.

Enquêtes en cours

Ses lucratives activités de conseil en Russie font par ailleurs l'objet d'une enquête préliminaire du Parquet national financier (PNF) qui soupçonne cette fois l'ancien président d'un possible "trafic d'influence".

Selon Mediapart, qui a sorti l'information, cette enquête a été ouverte à l'été 2020. Elle vise à déterminer s'il "se serait adonné à des activités de lobbying potentiellement délictuelles" pour le compte d'oligarques russes.

La justice enquête aussi depuis 2019 pour "corruption active et passive" sur un déjeuner tenu en 2010 entre Nicolas Sarkozy, alors président de la République, deux hauts dirigeants qataris et Michel Platini, à l'époque patron de l'UEFA.

Objectif : déterminer si le vote de M. Platini en faveur du Qatar pour le Mondial-2022 de football a été obtenu en échange de contreparties.

Mis hors de cause

L'ex-président a bénéficié d'un non-lieu dans plusieurs dossiers: celui sur des voyages en jet privé, qui avaient fait naître des soupçons d'abus de biens sociaux parce qu'ils étaient payés par la société de l'un de ses proches, ou encore dans l'enquête sur les pénalités dues aux irrégularités financières de sa campagne de 2012 réglées par l'UMP.

La justice a également abandonné ses poursuites dans l'affaire des dons octroyés à l'UMP par la richissime héritière du groupe L'Oréal Liliane Bettencourt (décédée en 2017), où il a été brièvement mis en examen pour abus de faiblesse.

Immunité présidentielle

Par ailleurs, quatre ex-membres du premier cercle de Nicolas Sarkozy ont été condamnés en janvier dans l'affaire dite des sondages de l’Élysée, facturés sans appel d'offres entre 2007 et 2012. L'ancien secrétaire général de la présidence et ex-ministre Claude Guéant, condamné à un an d'emprisonnement dont huit mois ferme, a fait appel.

L'ancien chef de l’État, couvert par l'immunité présidentielle, qui prévaut pour les actes accomplis en cette qualité, n'a jamais été mis en cause dans ce dossier.

«Injustice profonde»

Au contraire, en première instance, le tribunal correctionnel a considéré que la corruption était caractérisée dès lors qu'une récompense était proposée et acceptée en échange d'une contrepartie, que le but ait été ou non atteint.

Nicolas Sarkozy "s'est servi de son statut d'ancien président (...) pour gratifier un magistrat ayant servi son intérêt personnel", a tranché le tribunal.

Après sa condamnation, l'ex-président s'est dit victime d'une "injustice profonde" et la droite a crié haro sur le parquet national financier (PNF), qui avait confié l'enquête à deux juges d'instruction début 2014 et dont l'impartialité avait déjà été mise en cause par la défense lors du procès.

Les débats devant la cour d'appel, prévus jusqu'au 16 décembre, promettent d'être moins orageux mais une zone d'ombre au moins demeurera.

Fin février 2014, un brusque changement de ton dans les échanges entre M. Sarkozy et son avocat avait convaincu les enquêteurs qu'ils se savaient sur écoutes - ce qu'ils contestent.

Une enquête distincte, ouverte par le PNF, n'a pas permis d'identifier une éventuelle "taupe" qui les aurait informés.

Mais elle a provoqué son propre séisme - l'affaire des "fadettes" - dont une des répliques est le renvoi en procès de l'actuel garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti pour avoir lancé des poursuites disciplinaires contre trois magistrats financiers.


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
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  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention. 


Le partenariat stratégique franco-saoudien: une dynamique renforcée par la vision 2030

De gauche à droite, l’ancien ambassadeur de France en Arabie Bertrand Besancenot, l’ancien conseiller présidentiel Maurice- Gourdault montagne, et les deux anciens ambassadeurs an Arabie François Gouyette et Frédéric Pouille. (Photo Arlette Khouri)
De gauche à droite, l’ancien ambassadeur de France en Arabie Bertrand Besancenot, l’ancien conseiller présidentiel Maurice- Gourdault montagne, et les deux anciens ambassadeurs an Arabie François Gouyette et Frédéric Pouille. (Photo Arlette Khouri)
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  • L’Ambassadeur d’Arabie Saoudite en France et Monaco Fahad Al-Ruwaily a partagé les chiffres saisissants d’un programme de réformes nationales qui dépasse déjà largement ses objectifs
  • Dans ce contexte de mutation rapide, la relation entre la France et l’Arabie Saoudite s’est hissée à un niveau inédit d’intensité

PARIS: Organisé par l’Ambassadeur d’Arabie Saoudite en France et Monaco Fahad Al-Ruwaily, en collaboration avec le Forum Francophone des Affaires, le deuxième colloque sur « le partenariat stratégique saoudo-français à la lumière de la Vision 2030 » a illustré de manière éclatante la profondeur des transformations en cours au Royaume ainsi que la qualité grandissante des relations bilatérales entre Riyad et Paris. 

S’exprimant à l’ouverture du colloque Al-Ruwaily, a dressé un état des lieux des avancées impressionnantes du Royaume, tout en mettant en lumière les partenariats économiques, culturels, technologiques et diplomatiques qui unissent la France et l’Arabie Saoudite.

À l’occasion du neuvième anniversaire de la Vision 2030 lancée par le prince héritier d’Arabie, Al-Ruwaily a partagé les chiffres saisissants d’un programme de réformes nationales qui dépasse déjà largement ses objectifs initiaux. 

Selon le dernier rapport officiel, 93 % des cibles fixées ont été atteintes ou dépassées, a-t-il indiqué, citant parmi les exemples les plus marquants l’accueil par le royaume de 100 millions de touristes, bien avant l’échéance de 2030.

La diversification économique du pays s’est fortement accélérée, selon Al-Ruwaily le secteur non pétrolier occupe désormais une part croissante du PIB, porté par des investissements massifs dans les infrastructures, les nouvelles technologies, le divertissement ou encore le tourisme. 

Sur le plan social, les réformes en faveur des femmes ont permis d’atteindre un taux d’emploi féminin de plus de 33,5 %, tandis que des opportunités éducatives et professionnelles sont créées pour une jeunesse qui représente 70 % de la population saoudienne.

Ces transformations trouvent aussi leur expression sur la scène internationale, indique l’ambassadeur, Riyad se préparant à accueillir l’Exposition universelle de 2030, puis la Coupe du monde de football en 2034.

Tout cela souligne Al-Ruwaily vient s’ajouter à d’autres événements comme le Rallye Dakar ou les concerts d’artistes internationaux, positionnant le Royaume comme un acteur central de la culture globale.

Au cœur de cette dynamique se trouve le Fonds Public d’Investissement (PIF), véritable bras armé financier de la Vision 2030. 

Les liens d’amitié, de coopération et de partenariat sont plus étroits que jamais, comme l’a rappelé l’Ambassadeur Al-Ruwaily, et la visite d’État du Président Français Emmanuel Macron en décembre dernier a marqué un tournant symbolique, scellé par la signature d’un mémorandum sur le partenariat stratégique entre les deux pays.

Grâce à lui, des projets structurants voient le jour dans des secteurs aussi variés que les fintech, les énergies renouvelables, les biotechnologies ou encore la cybersécurité. 

Le PIF contribue à faire du pays un hub économique et technologique régional, voire mondial.

Des projets comme Neom, ville futuriste en construction dans le nord-ouest du pays, ou AlUla, combinant tourisme de luxe et durabilité environnementale, illustrent cette ambition, et sont le reflet d’un changement de paradigme où l’économie pétrolière laisse place à une société de la connaissance et de l’innovation.

France-Arabie saoudite, une relation en plein essor

Dans ce contexte de mutation rapide, la relation entre la France et l’Arabie Saoudite s’est hissée à un niveau inédit d’intensité. 

Les liens d’amitié, de coopération et de partenariat sont plus étroits que jamais, comme l’a rappelé l’Ambassadeur Al-Ruwaily, et la visite d’État du Président Français Emmanuel Macron en décembre dernier a marqué un tournant symbolique, scellé par la signature d’un mémorandum sur le partenariat stratégique entre les deux pays.

Un des exemples les plus éclatants de cette coopération est le projet d’AlUla, piloté conjointement par une commission royale saoudienne, et l’Agence Française pour le développement d’AlUla (AFALULA).

Prenant la parole lors du colloque, le président d'AFALLA Jean-Yves Le Drian estime que ce projet singulier incarne un modèle de développement culturel, touristique et environnemental durable. 

Le Drian, ancien ministre français de la Défense puis des Affaires étrangères, a souligné l’ambition du Royaume de faire d’AlUla un hub mondial de l’archéologie, tout en y intégrant des dimensions artistiques, économiques et sociales. 

Dans le domaine aérien, la compagnie Saudia a signé en 2024 un accord historique avec Airbus pour l’achat de 105 avions, dont une vingtaine d’A330 annoncés récemment à Toulouse.

Aujourd’hui, indique-t-il, 150 archéologues travaillent sur les sites historiques, et des projets comme la Villa Hegra viendront renforcer l’attractivité du lieu à l’automne prochain.

Le partenariat ne se limite pas au secteur culturel, mais s’étend à la santé, l’aéronautique, les infrastructures et l’environnement. 

La Vision 2030 redéfinit l’identité de l’Arabie saoudite

Mi-avril, le ministre saoudien de la Santé Fahad Aljalajel a effectué une visite officielle en France pour renforcer la coopération dans le domaine médical et pharmaceutique. 

Dans le domaine aérien, la compagnie Saudia a signé en 2024 un accord historique avec Airbus pour l’achat de 105 avions, dont une vingtaine d’A330 annoncés récemment à Toulouse.

Le groupe Suez, représenté au colloque par son directeur des affaires publiques Vincent Menuet, illustre aussi l’engagement du secteur privé français. 

Présent depuis les années 1950 au Moyen-Orient, Suez gère aujourd’hui l’eau et l’assainissement pour des villes stratégiques comme La Mecque, Djeddah et Taïf, couvrant près de 9 millions d’habitants, indique Menuet. 

Suez, ajoute-t-il, est également impliquée dans les projets Neom, et AlUla, avec des solutions intégrées combinant énergie renouvelable, traitement de l’eau et durabilité.

La transformation engagée par la Vision 2030 dépasse largement les objectifs économiques. Elle redéfinit l’identité du Royaume et renforce son ouverture sur le monde. 

Laurent Vigier, président du premier fonds français dédié à l’Arabie Saoudite et actuel directeur exécutif de Five Capital, a souligné que cette vision n’est plus un projet mais une réalité, bâtissant une centralité géopolitique et économique majeure dans le Moyen-Orient.

D’autres intervenants représentant de grands groupes français ont mis l’accent sur l’enthousiasme de la jeunesse saoudienne, le soutien constant de partenaires comme la France, et une capacité d’innovation et de projection rare, qui laissent croire que l’Arabie Saoudite semble désormais prête à jouer un rôle moteur dans la définition du monde de demain.