Des mesures doivent être prises pour mettre un terme au terrorisme étranger du régime iranien

Des personnes protestent contre les exécutions et les détentions en Iran, devant la Mission permanente iranienne auprès de l'ONU à New York, le 17 décembre 2022. (AFP)
Des personnes protestent contre les exécutions et les détentions en Iran, devant la Mission permanente iranienne auprès de l'ONU à New York, le 17 décembre 2022. (AFP)
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Publié le Dimanche 08 janvier 2023

Des mesures doivent être prises pour mettre un terme au terrorisme étranger du régime iranien

Des mesures doivent être prises pour mettre un terme au terrorisme étranger du régime iranien
  • Il ne faut pas s'étonner qu'un des propres diplomates du régime, Assadollah Assadi, ait été condamné à vingt ans de prison en Belgique pour son rôle dans un complot terroriste en 2018
  • Tant que la communauté internationale n'aura pas pris de mesures fermes à l'encontre du régime iranien, la République islamique continuera à se livrer à des activités terroristes à l'étranger

Malgré les manifestations et la crise intérieure majeure auxquelles le régime iranien est confronté, la République islamique ne montre aucun signe de recul quant à ses activités terroristes à l'étranger.

À titre d’exemple, l'Associated Press (AP) a rapporté le mois dernier qu'un tribunal albanais a reconnu un citoyen iranien coupable d'accusations liées au terrorisme et l'avait condamné à dix ans d'emprisonnement, selon des responsables du tribunal. Il était soupçonné de travailler pour les services secrets iraniens. «Le tribunal spécial albanais chargé de la corruption et du crime organisé a déclaré Bijan Pooladrag coupable de financement du terrorisme et d'appartenance à une organisation terroriste. Aucun détail sur l'âge de M. Pooladrag, sa ville d'origine ou la date de son arrivée en Albanie n'a été communiqué», écrit l'AP. Elle poursuit: «Bijan Pooladrag a été arrêté il y a deux ans, soupçonné d'espionner les membres du groupe d'opposition iranien Mojahedin-e-Khalq (Organisation des moudjahidines du peuple iranien: OMPI), dont quelque trois mille membres vivent en exil en Albanie.»

Il semble que dans certains pays, où le régime iranien ne peut pas créer de milices, il tente plutôt de mettre en place des cellules terroristes. La condamnation de M. Pooladrag est intervenue quelques mois seulement après que l'Albanie eut arrêté six autres Iraniens. Le média albanais News24 a rapporté en août: «Bijan Pooladrag est accusé de faire partie d'une cellule terroriste qui avait l'intention d'attaquer des hauts responsables de l'opposition iranienne, qui vivent à Achraf 3. Il recevait des ordres et des instructions par le biais de l'application Telegram... L'un des agents de renseignements iraniens avait ordonné à l'accusé de se procurer une mitrailleuse Kalachnikov sur le marché noir et de trouver des personnes formées qui pourraient commettre un meurtre.»

En outre, le tribunal spécial chargé des dossiers de corruption et de crime organisé d'Albanie a émis des mandats de perquisition pour les biens et locaux associés à Hassan Heyrani, Mehdi Soleimani, Gholamreza Shekari, Mostafa Beheshti, Abdolrahman Mohammadian, Hassan Shahbaz, Sarfaraz Rahimi, Mahmoud Dehghan Gourabi, Mohammad Reza Seddigh, Reza Islami et Ali Hajari. Ils ont été accusés de «recevoir de l'argent des services secrets iraniens, de la Force Qods et du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI).»

Dans certains pays, où le régime iranien ne peut pas créer de milices, il tente de mettre en place des cellules terroristes. Dr Majid Rafizadeh

Il ne faut pas s'étonner qu'un des propres diplomates du régime, Assadollah Assadi, ait été condamné à vingt ans de prison en Belgique pour son rôle dans un complot terroriste en 2018. M. Assadi aurait livré des matériaux explosifs à ses complices dans le but de commettre un attentat contre un rassemblement de l'opposition iranienne à Paris, auquel j'ai assisté. Si le complot n'avait pas été découvert à la toute dernière minute, des centaines de personnes auraient pu être tuées, dont des dignitaires internationaux et de nombreux parlementaires européens.

Le régime iranien utilise apparemment ses ambassades, ses centres culturels et ses diplomates dans les pays étrangers pour servir de cellules afin d’organiser et de construire des groupes terroristes. Un arrêt de la Cour suprême de 2017 au Koweït a révélé comment l'ambassade d'Iran dans ce pays a joué un rôle dans la formation de cellules terroristes. L'ambassadeur d'Iran et d'autres diplomates ont été expulsés en conséquence.

En juin dernier, la Turquie a arrêté huit membres d'une cellule iranienne qui prévoyaient d'assassiner des Israéliens dans le pays. L'agence de presse IHA a rapporté: «Les tueurs à gages de l'équipe d'assassins, qui se sont installés dans deux chambres séparées aux deuxième et quatrième étages d'un hôtel de Beyoglu, ont été arrêtés. Ils étaient munis d’un grand nombre d'armes et de munitions.» Le ministre israélien des Affaires étrangères de l'époque, Yaïr Lapid, a déclaré à propos du complot: «Nous ne parlons pas seulement du meurtre de touristes israéliens innocents, mais aussi d'une violation manifeste de la souveraineté turque par la terreur iranienne.»

Les complots terroristes du régime iranien touchent également d'autres pays européens. À titre d’exemple, un autre agent du régime iranien, Mohammed Davoudzadeh Loloei, a été condamné à sept ans de prison par un tribunal danois en 2020 après avoir été reconnu coupable d'espionnage pour le compte de l'Iran et pour sa participation à un complot visant à tuer le chef d'un groupe d'opposition arabe iranien.

Il convient de noter que, dans une rare interview accordée à une chaîne de télévision publique en 2019, l'ancien ministre iranien du Renseignement, Ali Fallahian, a révélé que le ministère du Renseignement utilisait depuis longtemps les services de «journalistes amis» et d'«universitaires» pour faire avancer son programme à l'étranger, notamment ses campagnes de désinformation. «Nous n'envoyons pas un agent en Allemagne ou en Amérique pour dire, par exemple: “OK, je suis un agent du ministère du Renseignement...” Évidemment, il travaille sous le prétexte d'affaires ou sous couvert d'autres emplois, notamment celui de reporter. Vous savez, beaucoup de nos reporters sont en fait des agents du ministère», s'est-il vanté.

Afin d'aborder et de contrer de manière adéquate les complots terroristes du régime iranien à l'étranger, la communauté internationale doit l’incriminer. Les gouvernements peuvent également adopter des politiques fermes, voire des lois pour expulser les «diplomates» et les agents de renseignements iraniens, qui pourraient préparer de nouvelles attaques terroristes. La fermeture des ambassades iraniennes jusqu'à ce que Téhéran mette fin à ses activités terroristes est également une étape essentielle. En outre, et plus fondamentalement, ils doivent désigner le CGRI et ses mandataires comme des organisations terroristes.

Pour conclure, tant que la communauté internationale n'aura pas pris de mesures fermes à l'encontre du régime iranien, la République islamique continuera à se livrer à des activités terroristes à l'étranger.

 

Le Dr Majid Rafizadeh est un politologue irano-américain formé à Harvard. Twitter: @Dr_Rafizadeh

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.