«Où est l'Etat ?» : chagrin et colère à Kahramanmaras

Une femme pleure alors que des secouristes cherchent des victimes et des survivants dans les décombres de bâtiments à Diyarbakir, le lendemain d'un tremblement de terre de magnitude 7,8 qui a frappé le sud-est du pays, le 7 février 2023. (Photo, AFP)
Une femme pleure alors que des secouristes cherchent des victimes et des survivants dans les décombres de bâtiments à Diyarbakir, le lendemain d'un tremblement de terre de magnitude 7,8 qui a frappé le sud-est du pays, le 7 février 2023. (Photo, AFP)
Un homme marche dans les décombres d'un immeuble effondré à Kahramanmaras, près de l'épicentre du séisme, au lendemain d'un séisme de magnitude 7,8 qui a frappé le sud-est du pays, le 7 février 2023. (Photo, AFP)
Un homme marche dans les décombres d'un immeuble effondré à Kahramanmaras, près de l'épicentre du séisme, au lendemain d'un séisme de magnitude 7,8 qui a frappé le sud-est du pays, le 7 février 2023. (Photo, AFP)
Le personnel de secours transporte un jeune homme sur une civière à travers les décombres de bâtiments à kahramanmaras, l'épicentre du séisme, après qu'un séisme de magnitude 7,8 a frappé le sud-est du pays, le 7 février 2023. (Photo, AFP)
Le personnel de secours transporte un jeune homme sur une civière à travers les décombres de bâtiments à kahramanmaras, l'épicentre du séisme, après qu'un séisme de magnitude 7,8 a frappé le sud-est du pays, le 7 février 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 07 février 2023

«Où est l'Etat ?» : chagrin et colère à Kahramanmaras

  • A «Maras», Ali Sagiroglu attend des renforts depuis deux jours, espérant encore revoir son frère et son neveu, piégés dans les décombres de leur immeuble
  • Kahramanmaras, l'épicentre du séisme de magnitude 7,8 qui a secoué lundi le sud et le sud-est de la Turquie, n'est que ruines et désolation

KAHRAMANMARAS: Pour Irmak, 15 ans, la fille de Mesut Hancer, c'est trop tard : le grand gaillard a attrapé la main de son enfant morte qui émerge, inerte, entre deux plaques de béton. 

Le regard vide, il la serre sans rien dire. 

Kahramanmaras, l'épicentre du séisme de magnitude 7,8 qui a secoué lundi le sud et le sud-est de la Turquie, n'est que ruines et désolation. Mais aucune aide, aucun secours n'est parvenu mardi dans cette ville dévastée de plus d'un million d'habitants, située dans la partie méridionale de la Cappadoce. 

La frustration et la rancoeur s'accumulent envers l'Etat absent. 

A "Maras", Ali Sagiroglu attend des renforts depuis deux jours, espérant encore revoir son frère et son neveu, piégés dans les décombres de leur immeuble. 

Les huit immeubles de la cité Ebrar en centre-ville se sont littéralement effondrés sur eux-mêmes. Il était 4H00 du matin, bien peu des dormeurs ont pu s'extirper à temps de leurs étages - une dizaine par bâtiment. 

« Pas un officiel » 

"Où est l'Etat? Où est-il ? Regardez autour de vous. Il n'y a pas un seul officiel, bon Dieu. Ca fait deux jours et on n'a vu personne. Ils n'ont même pas apporté ne serait-ce qu'une brique. Les enfants sont morts de froid" s'insurge Ali. 

La nuit précédente, au soir du désastre, le blizzard mêlé de pluie battante a enveloppé les rescapés d'un froid humide. 

Sans même une tente pour se protéger, ceux qui ont une voiture ont passé la nuit dedans, les autres se sont serrés autour de braseros dans la rue. 

"Hier matin on entendait encore les voix qui appelaient au secours dans les ruines, mais elles se sont tues. Les gens sont probablement morts de froid", conclut un quadragénaire quêtant de l'aide - et qui a refusé d'être identifié. 

Selon lui au moins 150 personnes sont restées coincées dans chaque immeuble de la cité Ebrar. 

Dans les rues dévastées, les rescapés patientent à côté des corps de leurs proches, roulés dans une couverture. Personne ne vient les ramasser. 

Chez Cuma Yildiz, la colère le dispute au chagrin : "Où sont-ils ? Ils parlent, ils parlent, ils se battent comme des chiens, mais où sont-ils maintenant ?", lance-t-il en pleurs, évoquant l'absence des autorités. 

"Ne craignez vous pas Dieu ? N'avez vous aucune pitié ? Aucune compassion ? Pourquoi ne venez-vous pas ici ?". 

Comme pour le démentir, le ministre de l'Intérieur Suleyman Soylu a fait une apparition mardi à Kahramanmaras et assuré que 2 000 secouristes avaient au total été déployés dans les zones sinistrées à ce jour. 

Face à la frustration qui monte le président Recep Tayyip Erdogan - qui a décrété mardi l'état d'urgence dans les provinces affectées - s'est retranché derrière "les experts" : "Ils disent qu'il n'y a pas de précédent dans le monde pour ce tremblement de terre". 

« Trois pierres au-dessus de sa tête » 

Le bilan officiel s'élevait mardi à plus de 3 500 morts pour la Turquie et 1 500 en Syrie voisine. 

Face à l'ampleur du désastre, à ces secousses d'une violence inouïe doublées d'une vague de froid, l'Etat semble paralysé. 

A Hatay, nettement plus au sud, mais tout aussi noyée sous la grêle et une pluie diluvienne la première nuit, les survivants sont laissés dans le même abandon. 

La détresse a envahi la population : Onur Kayai, 40 ans, fait les 100 pas devant son immeuble en ruines en suppliant qu'on vienne aider sa mère et son frère. 

A mains nues, il a tenté à plusieurs reprises de les dégager : "J'ai déplacé trois pierres au-dessus de la tête de mon frère mais c'est trop dur. La voix de ma mère est encore claire mais je n'entends plus celle de mon frère". 

"Je ne vois aucune aide. J'ai cherché des voitures de l'Afat (les secours d'urgence, ndlr). Mais certains disent que son bâtiment aussi s'est effondré". 

Partout où le regard se pose, c'est la désolation, témoigne l'équipe de l'AFP. Ni secours, ni nourriture ni communications. La population est contrainte de se débrouiller toute seule. 

Semire Coban, une institutrice en maternelle de 45 ans course désespérément les deux équipes de secouristes locaux qu'elle a repérées. Trois de ses proches dont un neveu sont ensevelis. 

"Mais (les sauveteurs) préfèrent se concentrer là où on entend encore des voix dans les ruines". 

Or la famille de Semire ne répond plus. 


Les États-Unis affirment bénéficier d'un soutien régional pour la résolution de paix sur Gaza

Des bâtiments détruits par l'armée israélienne  dans le quartier de Shijaiya de la ville de Gaza, lors d'une visite organisée par l'armée pour les journalistes, le 5 novembre 2025. (AP Photo)
Des bâtiments détruits par l'armée israélienne  dans le quartier de Shijaiya de la ville de Gaza, lors d'une visite organisée par l'armée pour les journalistes, le 5 novembre 2025. (AP Photo)
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  • Selon le projet de résolution, la gouvernance de Gaza serait transférée au Hamas et la démilitarisation serait imposée au groupe
  • Une copie du projet de résolution a été distribuée mercredi soir pour examen formel par le Conseil de sécurité

NEW YORK : La mission américaine auprès de l'ONU a déclaré mercredi que des partenaires régionaux clés, notamment l'Arabie saoudite, le Qatar et les Émirats arabes unis, ont apporté leur soutien à son projet de résolution pour Gaza.

Cette évolution est le signe d'une avancée diplomatique au sein du Conseil de sécurité de l'ONU en faveur d'un mandat transitoire de deux ans pour l'enclave déchirée par la guerre et du déploiement d'une force internationale de stabilisation.

Au cours d'une réunion convoquée par l'ambassadeur américain aux Nations unies, Mike Waltz, les dix membres élus et non permanents du Conseil (Algérie, Danemark, Grèce, Guyane, Pakistan, Panama, Corée du Sud, Sierra Leone, Slovénie et Somalie), rejoints par des États régionaux tels que l'Arabie saoudite, l'Égypte, le Qatar, la Turquie et les Émirats arabes unis, ont exprimé leur soutien à l'initiative menée par Washington, a déclaré un porte-parole de la mission américaine.

Le projet de résolution soutient la création d'un organe de gouvernance transitoire, appelé "Conseil de la paix". Le contrôle de la bande de Gaza serait ainsi transféré des mains du Hamas et la démilitarisation serait imposée au groupe.

Le projet de résolution autorise également le déploiement d'une "Force internationale de stabilisation" à Gaza, qui opérerait dans le cadre d'un mandat de deux ans de l'ONU. Elle aurait le pouvoir d'utiliser "toutes les mesures nécessaires" pour protéger les civils, superviser les flux d'aide humanitaire, sécuriser les zones le long des frontières avec Israël et l'Égypte, démilitariser les acteurs non étatiques et former une nouvelle force de police palestinienne.

Une copie du projet de résolution a été distribuée mercredi soir pour examen formel par les 15 membres du Conseil de sécurité.

L'adhésion régionale au projet reflète "l'opportunité historique" de mettre fin à des décennies d'effusion de sang au Moyen-Orient et de transformer Gaza en un territoire plus sûr et plus prospère, a poursuivi le porte-parole, et souligne l'intention des États-Unis de traduire la résolution en résultats plutôt qu'en "discours sans fin".

Le soutien des principaux acteurs régionaux est important car leur participation est largement considérée comme une condition préalable à l'autorisation de toute force multinationale de stabilisation d'opérer à Gaza et d'obtenir une légitimité internationale.

Le porte-parole américain a souligné qu'aucune troupe américaine ne serait déployée à Gaza. En revanche, Washington a engagé des pourparlers avec des États tels que l'Indonésie, les Émirats arabes unis, l'Égypte, le Qatar, la Turquie et l'Azerbaïdjan en vue de fournir des troupes à une force internationale de stabilisation.

Le projet de texte stipulerait qu'une telle force opérerait sous un commandement unifié, comme convenu par le Conseil de paix, l'Égypte et Israël une fois que des accords sur le statut de la mission auront été conclus.

Il décrit également une séquence d'événements au cours desquels la force stabilisera la situation sécuritaire à Gaza, démilitarisera les groupes armés non étatiques, mettra les armes hors service et supervisera la formation et le soutien de la force de police palestinienne nouvellement approuvée.


Turquie: le chef kurde Öcalan veut agir avec «sérieux et responsabilité»

 Le chef emprisonné de la guérilla kurde Abdullah Öcalan appelle à agir avec "sérieux et sens des responsabilités" pour mener le processus de paix en cours avec la Turquie à son terme, dans un message publié mardi par des députés turcs. (AFP)
Le chef emprisonné de la guérilla kurde Abdullah Öcalan appelle à agir avec "sérieux et sens des responsabilités" pour mener le processus de paix en cours avec la Turquie à son terme, dans un message publié mardi par des députés turcs. (AFP)
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  • "Pour passer à une phase positive, il est essentiel que chacun agisse avec sensibilité, sérieux et sens des responsabilités"
  • Abdullah Öcalan, qui a appelé en février son mouvement à se dissoudre, est détenu à l'isolement depuis 1999 sur l'île prison d'Imrali, au large d'Istanbul

ISTANBUL: Le chef emprisonné de la guérilla kurde Abdullah Öcalan appelle à agir avec "sérieux et sens des responsabilités" pour mener le processus de paix en cours avec la Turquie à son terme, dans un message publié mardi par des députés turcs.

"Pour passer à une phase positive, il est essentiel que chacun agisse avec sensibilité, sérieux et sens des responsabilités", écrit le leader historique du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), auquel une délégation du parti prokurde DEM a rendu visite lundi.

Abdullah Öcalan, qui a appelé en février son mouvement à se dissoudre, est détenu à l'isolement depuis 1999 sur l'île prison d'Imrali, au large d'Istanbul.

Le PKK a annoncé le 26 octobre le retrait vers le nord de l'Irak de ses derniers combattants présents en Turquie, complétant ainsi la première phase du processus de paix initié un an auparavant par Ankara.

Lors d'une cérémonie en juillet, une trentaine de combattants en treillis avaient symboliquement brûlé leurs armes.

Le parti prokurde, troisième force au Parlement, a appelé à "passer à la deuxième phase, à savoir les étapes juridiques et politiques".

"Nous nous efforçons de développer une phase positive, et non une phase destructrice et négative", poursuit M. Öcalan. "L'intégration du phénomène kurde dans toutes ses dimensions dans le cadre légal de la République et un processus de transition solide doivent en constituer le fondement", écrit-il.

Une commission parlementaire transpartisane planche depuis août sur une traduction légale et encadrée de cette transition vers la paix.

Elle doit notamment décider du sort d'Abdullah Öcalan et de possibles garanties de sécurité pour ses combattants.

La libération du leader kurde âgé de 76 ans est au cœur des demandes du PKK. Il a été autorisé en septembre à rencontrer ses avocats pour la première fois en six ans.

Selon des analystes, le PKK est affaibli par des décennies de guérilla qui ont fait au moins 50.000 morts, selon un bilan officiel. Et la communauté kurde, qui représente selon des estimations 20% de la population turque sur 86 millions d'habitants, est épuisée par un long conflit.


Un hôpital de Gaza déclare avoir reçu les corps de 15 prisonniers palestiniens

L'hôpital Nasser, dans le sud de la bande de Gaza, a annoncé mercredi avoir reçu les corps de 15 prisonniers palestiniens dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu avec Israël. (AFP)
L'hôpital Nasser, dans le sud de la bande de Gaza, a annoncé mercredi avoir reçu les corps de 15 prisonniers palestiniens dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu avec Israël. (AFP)
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  • Sur les 28 otages décédés que le Hamas avait accepté de remettre à Israël dans le cadre de l'accord, 21 ont été restitués à ce jour. Israël exige toujours la restitution des sept dernières dépouilles
  • Le mouvement islamiste palestinien a également libéré le 13 octobre les 20 derniers otages vivants retenus dans la bande de Gaza, en échange de la libération de près de 2.000 prisonniers palestiniens

KHAN YOUNES: L'hôpital Nasser, dans le sud de la bande de Gaza, a annoncé mercredi avoir reçu les corps de 15 prisonniers palestiniens dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu avec Israël.

"La dixième série de dépouilles de martyrs palestiniens, soit 15 martyrs", est arrivée "dans le cadre de l'échange de dépouilles entre la partie palestinienne et l'occupation israélienne", a déclaré l'hôpital en précisant que 285 dépouilles ont été reçues dans la bande de Gaza depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre.

Sur les 28 otages décédés que le Hamas avait accepté de remettre à Israël dans le cadre de l'accord, 21 ont été restitués à ce jour. Israël exige toujours la restitution des sept dernières dépouilles.

Le mouvement islamiste palestinien a également libéré le 13 octobre les 20 derniers otages vivants retenus dans la bande de Gaza, en échange de la libération de près de 2.000 prisonniers palestiniens.

Mardi, la branche armée du Hamas a fait parvenir aux autorités israéliennes la dépouille d'une personne, identifiée mercredi comme Itay Chen, un soldat israélo-américain tué à l'âge de 19 ans.

Dans la bande de Gaza, des proches de personnes arrêtées par Israël et qui attendent leur retour ont dit lors de plusieurs remises de dépouilles par Israël que les corps étaient très difficiles à identifier.

Le service de presse du gouvernement du Hamas à Gaza a de nouveau accusé mercredi les autorités israéliennes de refuser de transmettre des listes de noms des personnes dont les dépouilles arrivent dans le territoire palestinien.