Un influent avocat reconnu coupable de meurtres après un procès fleuve qui a captivé l'Amérique

Alex Murdaugh a été reconnu coupable de meurtre jeudi (Photo, The State/AP).
Alex Murdaugh a été reconnu coupable de meurtre jeudi (Photo, The State/AP).
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Publié le Vendredi 03 mars 2023

Un influent avocat reconnu coupable de meurtres après un procès fleuve qui a captivé l'Amérique

  • «Les preuves de culpabilité sont accablantes», a affirmé le juge Clifton Newman après la lecture du verdict
  • Les jurés n'ont eu besoin que d'un peu moins de trois heures de délibérations pour parvenir à leur décision

WASHINGTON: Après six semaines d'audiences suivies avec avidité dans tous les Etats-Unis, l'influent avocat Alex Murdaugh a été reconnu coupable jeudi du meurtre de sa femme et de son fils.

"Les preuves de culpabilité sont accablantes", a dit le juge Clifton Newman après la lecture du verdict.

Debout dans la salle, Alex Murdaugh n'a laissé paraître aucune émotion, clignant seulement des yeux de façon répétée.

Les jurés n'ont eu besoin que d'un peu moins de trois heures de délibérations pour parvenir à leur décision.

Alex Murdaugh encourt la réclusion à perpétuité. Sa peine doit être prononcée vendredi matin.

Ce notable de 54 ans était accusé d'avoir volé des sommes folles à son cabinet d'avocat, ses amis et même au fils de sa femme de ménage, et d'avoir abattu ses proches pour éviter d'être démasqué.

"Il a trompé tout le monde", mais "ne vous laissez pas duper" par ce "maître-menteur", avait lancé mercredi le procureur Creighton Waters à l'adresse des jurés, en leur demandant de rendre un verdict de culpabilité.

"Pourquoi aurait-il tué les deux personnes qu'il aimait le plus au monde?", avait rétorqué jeudi son avocat Jim Griffin, en dénonçant une "théorie absurde". Soulignant l'absence de preuves matérielles, il avait plaidé l'acquittement.

Maggie Murdaugh, 52 ans, et Paul Murdaugh, 22 ans, ont été tués par balle le 7 juin 2021, près du chenil de leur immense propriété de Caroline du Sud, baptisée Moselle.

Les jurés s'y étaient rendus jeudi pour mieux comprendre l'agencement des lieux. C'était la première fois en un mois et demi que les caméras de télévision étaient tenues à l'écart des débats.

Car l'affaire fascine aux Etats-Unis, où tous les médias, y compris les plus sérieux, ont disséqué la vie de cette famille opulente, fière de ses trois générations de procureurs et juges locaux, ainsi que la dérive du père.

Un documentaire, "Murdaugh Murders: un scandale du Sud", figure d'ailleurs dans les programmes les plus regardés sur Netflix, avec 40 millions d'heures visionnées dans le pays la semaine dernière.

«Illusion»

Pendant tout le procès, les chaînes d'information ont retransmis en direct le défilé de collègues et d'amis floués, qui ont raconté comment Alex Murdaugh leur avait volé des millions de dollars sans qu'ils ne s'en rendent compte.

Ces fraudes, qu'il a reconnues, les imputant à de mauvais investissements et à une addiction aux opiacés, ont été mises au jour après le double meurtre et seront jugées ultérieurement.

Selon l'accusation, en juin 2021, plusieurs personnes avaient toutefois commencé à poser des questions, notamment dans le cadre d'une enquête sur la mort d'une jeune fille dans un accident de bateau piloté par son fils Paul.

"Toute l'illusion de sa vie allait s'effondrer, il ne pouvait pas le supporter", a assuré le procureur Waters.

Pour lui, Alex Murdaugh a tué ses proches afin de s'acheter du temps, avant de tenter de mettre fin à ses jours dans une nouvelle arnaque. Début septembre, il avait demandé à un complice de l'abattre pour que son fils survivant touche 10 millions de dollars d'assurance-vie. La balle l'avait juste effleuré.

«Marche arrière»

La défense a mis en cause la plausibilité de cette théorie "illogique": "il aurait tué pour détourner l'attention dans une enquête financière, en se plaçant au coeur d'une enquête pénale et d'une tempête médiatique?", s'est étonné Me Griffin, en soulignant l'absence d'ADN ou de traces de sang pour l'incriminer.

Alex Murdaugh, familier des enquêtes du fait de son métier, a manipulé la scène de crime, en changeant ses vêtements ou en effaçant l'historique de conversations, a répondu le procureur. Il s'est également "fabriqué un alibi" en rendant visite à sa mère sénile et en passant des appels juste après le crime, a asséné Creighton Waters.

"Mais il y a une chose qu'il n'a pas pu contrôler", a dit le procureur: une vidéo filmée par son fils quelques minutes avant de mourir, dans lequel on entend la voix du père, alors qu'il avait toujours nié s'être rendu près du chenil ce soir-là.

La semaine dernière, dans un témoignage éprouvant, l'avocat déchu a reconnu ce mensonge, l'attribuant à une paranoïa causée par sa dépendance à la drogue, tout en maintenant ne pas avoir commis le double meurtre.

Quand il est confronté à la vérité, "il fait marche arrière, pivote et invente une nouvelle histoire", a réagi le procureur.


Trump temporise face à Zelensky et sa demande de missiles Tomahawk

Le président américain Donald Trump rencontre le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) dans la salle du cabinet de la Maison Blanche à Washington, le 17 octobre 2025. (AFP)
Le président américain Donald Trump rencontre le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) dans la salle du cabinet de la Maison Blanche à Washington, le 17 octobre 2025. (AFP)
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  • Donald Trump a temporisé face à la demande de missiles Tomahawk formulée par Volodymyr Zelensky, affichant une volonté de mettre fin au conflit sans nouvelle escalade militaire
  • La position ambivalente de Trump, entre compliments à Zelensky et échanges positifs avec Poutine, inquiète Kiev

WASHINGTON: Donald Trump, qui affiche une proximité retrouvée avec Vladimir Poutine, a temporisé vendredi face à Volodymyr Zelensky, venu à la Maison Blanche lui demander des missiles Tomahawk pour renforcer l'armée ukrainienne face aux forces russes.

"J'espère qu'ils n'en auront pas besoin. J'espère que nous pourrons mettre fin à la guerre sans avoir à penser aux Tomahawk", a déclaré à la presse le président américain, assis face à son homologue ukrainien, autour d'une grande table dressée pour le déjeuner.

En février , Volodymyr Zelensky avait quitté la Maison Blanche prématurément, après avoir été rudoyé publiquement par Donald Trump et sans participer au repas prévu.

Il était revenu en août, pour une entrevue plus cordiale. Et cette fois, il est resté près de deux heures et demie à la Maison Blanche.

"Nous avons besoin de Tomahawk", a-t-il dit à Donald Trump, à propos de ces missiles d'une portée de 1.600 kilomètres qui permettraient à l'Ukraine de frapper en profondeur et en Russie, en proposant un échange avec des "milliers" de drones ukrainiens.

Il a aussi montré au président américain, très friand de schémas et plans, des "cartes" montrant "des points de pression de la défense russe et de l'économie militaire qui peuvent être ciblés pour contraindre Poutine à mettre fin à la guerre", a expliqué une source ukrainienne à des journalistes dont ceux de l'AFP.

- Poutine "pas prêt" à la paix -

Volodymyr Zelensky a estimé que le président russe n'était "pas prêt" à la paix, mais Donald Trump a soutenu le contraire.

"Je pense que le président Poutine veut mettre fin à la guerre", a déclaré le président américain, qui a eu jeudi une longue conversation avec le maître du Kremlin.

Ce dernier en a profité pour l'avertir que la livraison de Tomahawk à l'Ukraine "nuirait considérablement" à la relation entre Washington et Moscou.

Les dirigeants russe et américain ont convenu de se voir prochainement à Budapest en Hongrie, pendant cet entretien qualifié de "très productif" côté américain, d'"extrêmement franc et empreint de confiance" côté russe.

Donald Trump a jugé "possible" que Vladimir Poutine essaie de jouer la montre, en réponse à la question d'une journaliste de l'AFP, mais il a également dit: "Pendant toute ma vie, les meilleurs ont essayé de se jouer de moi. Et je m'en suis vraiment bien sorti."

La Russie, à l'entrée de l'hiver, intensifie ses attaques sur les infrastructures énergétiques ennemies. Vendredi, elle a aussi revendiqué la prise de trois villages ukrainiens.

Dans ce contexte, la proximité retrouvée du président américain avec Vladimir Poutine a de quoi inquiéter Kiev, d'autant que Donald Trump a fait vendredi face à Volodymyr Zelensky un compte-rendu très positif de son entretien de la veille avec son homologue russe.

Il a indiqué avoir évoqué avec lui le cessez-le-feu à Gaza, dans lequel il a joué un rôle de médiation.

- "Très généreux" -

Vladimir Poutine "pense que c'est incroyable. Il a été très généreux", a dit le président américain, toujours sensible aux compliments concernant ses efforts pacificateurs.

Le milliardaire new-yorkais a toutefois aussi eu des mots aimables pour Volodymyr Zelensky: "C'est un honneur d'être avec un dirigeant très fort, un homme qui a subi beaucoup de choses et un homme que j'ai appris à bien connaître."

"J'aime résoudre des guerres", a encore lancé Donald Trump, qui assure avoir mis fin à huit conflits depuis son retour au pouvoir, un chiffre que les experts jugent très exagéré.

Son dernier sommet avec Vladimir Poutine, le 15 août en Alaska, s'était conclu sans perspective concrète de paix.

Cet échec avait temporairement irrité Donald Trump, qui s'était dit par la suite "très déçu" par son homologue russe et qui a même estimé un moment que la Russie pourrait perdre la guerre.

Le président américain n'a pas pour autant mis à exécution ses menaces de lourdes sanctions contre Moscou.

Dès son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump a rompu l'isolement dans lequel les puissances occidentales maintenaient Moscou depuis l'invasion russe de février 2022 et remis en cause l'aide militaire accordée à l'Ukraine par son prédécesseur Joe Biden.


Des survivants après une frappe américaine au large du Venezuela 

Le Pentagone n'a pas immédiatement répondu aux sollicitations de l'AFP concernant le nombre de survivants et leur état de santé. (AFP)
Le Pentagone n'a pas immédiatement répondu aux sollicitations de l'AFP concernant le nombre de survivants et leur état de santé. (AFP)
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  • Les Etats-Unis ont déployé plusieurs navires militaires dans la zone ces dernières semaines et lancé une série de frappes navales meurtrières contre des bateaux supposés transporter de la drogue
  • Mais la dernière attaque jeudi a laissé des survivants parmi les personnes à bord, selon des télévisions comme CBS, CNN et NBC, citant des responsables américains anonymes

WASHINGTON: Une frappe menée jeudi par l'armée américaine contre un navire dans les Caraïbes a laissé des survivants, selon des médias américains, une première depuis que Washington cible des embarcations de trafiquants de drogue vénézuéliens présumés.

Les Etats-Unis ont déployé plusieurs navires militaires dans la zone ces dernières semaines et lancé une série de frappes navales meurtrières contre des bateaux supposés transporter de la drogue.

Mais la dernière attaque jeudi a laissé des survivants parmi les personnes à bord, selon des télévisions comme CBS, CNN et NBC, citant des responsables américains anonymes.

Le Pentagone n'a pas immédiatement répondu aux sollicitations de l'AFP concernant le nombre de survivants et leur état de santé.

Au moins 27 personnes au total ont été tuées lors de frappes similaires dans les Caraïbes. Caracas accuse Washington de vouloir orchestrer un changement de régime au Venezuela.

Le président américain Donald Trump a indiqué mercredi avoir autorisé des actions clandestines de la CIA et envisager des frappes sur le territoire vénézuélien. "Nous envisageons certainement des opérations terrestres maintenant, car nous contrôlons très bien la mer", a-t-il précisé.

Ces propos ont déclenché la colère de Caracas, qui s'est insurgé contre "les coups d'Etats fomentés" par la principale agence américaine de renseignement extérieur.

Mercredi, la police de Trinité-et-Tobago, archipel au large du Venezuela, a indiqué à l'AFP enquêter sur la possibilité que deux ressortissants trinidadiens figurent parmi les six personnes tuées lors d'une frappe américaine annoncée mardi par Donald Trump.


Ouverture du procès de l'Afghan qui a attaqué au couteau des enfants en Allemagne

Les enquêteurs n'avaient pas identifié de mobile politique ou religieux à cette attaque et ont aussitôt pointé la santé mentale du suspect. Mais elle est venue s'ajouter à une série d'actes meurtriers dont les auteurs présumés étaient des étrangers ou avaient des motivations islamistes. (AFP)
Les enquêteurs n'avaient pas identifié de mobile politique ou religieux à cette attaque et ont aussitôt pointé la santé mentale du suspect. Mais elle est venue s'ajouter à une série d'actes meurtriers dont les auteurs présumés étaient des étrangers ou avaient des motivations islamistes. (AFP)
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  • Pendant six jours d'audience qui s'étaleront jusqu'au 30 octobre à Aschaffenbourg, en Bavière, les débats tourneront autour de l'état mental d'Enamullah O
  • Commis en pleine campagne législative, son acte a choqué une opinion publique allemande déjà critique d'un accueil jugé trop généreux des migrants

BERLIN: Son geste avait horrifié l'Allemagne, durci le débat sur l'immigration et fait le jeu de l'extrême droite: le procès d'un Afghan de 28 ans qui avait attaqué un groupe d'enfants au couteau, tuant l'un d'entre eux et un adulte, s'est ouvert jeudi.

Pendant six jours d'audience qui s'étaleront jusqu'au 30 octobre à Aschaffenbourg, en Bavière, les débats tourneront autour de l'état mental d'Enamullah O., une expertise ayant conclu à son irresponsabilité pénale en raison de troubles psychiatriques.

Au lieu d'une procédure pénale classique, le tribunal a donc ordonné une procédure de sûreté, à l'issue de laquelle un probable placement en établissement psychiatrique remplacera la peine de prison.

Le parquet a demandé l'internement permanent de l'accusé.

Commis en pleine campagne législative, son acte a choqué une opinion publique allemande déjà critique d'un accueil jugé trop généreux des migrants. Il a aussi mis en lumière les limites du règlement européen dit de Dublin, car Enamullah O. aurait dû être expulsé dès 2023 vers la Bulgarie, son pays d'entrée dans l'Union européenne.

Le 22 janvier 2025, deux éducatrices employées par un jardin d'enfants promènent cinq enfants, à bord d'une grande poussette collective, dans un parc de cette ville bavaroise.

Ils sont soudain attaqués par un homme qui les avait suivis.

Un enfant âgé de deux ans, d'origine marocaine, reçoit plusieurs coups de couteau à la gorge et sur le haut du corps. Une fillette du même âge, d'origine syrienne, est elle gravement blessée au cou.

Essayant de le tenir à distance, une des éducatrices est projetée au sol, le bras cassé. Deux hommes de 41 et 72 ans accourent pour s'interposer et reçoivent eux aussi des coups de couteau.

L'accusé s'enfuit à l'arrivée d'autres passants, avant d'être arrêté peu après. Le garçon et l'homme de 41 ans décèdent sur place.

Les enquêteurs n'avaient pas identifié de mobile politique ou religieux à cette attaque et ont aussitôt pointé la santé mentale du suspect. Mais elle est venue s'ajouter à une série d'actes meurtriers dont les auteurs présumés étaient des étrangers ou avaient des motivations islamistes.

"Remigration" 

Le drame a remis la politique migratoire au cœur de la campagne électorale.

"Remigration maintenant!", avait demandé la cheffe de file de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), Alice Weidel. Un mot employé par l'extrême droite pour appeler à l'expulsion massive d'étrangers.

Devant l'émotion suscitée, les conservateurs de Friedrich Merz avaient été accusés de franchir un pas dans le rapprochement avec l'extrême droite du pays en tentant ensemble de faire adopter une proposition de loi sur l'immigration, du jamais vu dans l'Histoire post-1945 du pays.

Son initiative avait déclenché de vastes manifestations et M. Merz avait dû se défendre de toute idée d'alliance avec l'AfD.

Mais depuis son accession au poste de chancelier au printemps, il a assumé une ligne dure sur l'immigration pour enrayer la progression de l'extrême droite, désormais au coude à coude avec sa formation dans les sondages.