Est-ce la fin des tensions entre l'Arabie saoudite et l'Iran?

Musaad ben Mohammed al-Aiban (Arabie saoudite) et Ali Chamkhani (Iran) à Pékin, vendredi (Photo, Reuters).
Musaad ben Mohammed al-Aiban (Arabie saoudite) et Ali Chamkhani (Iran) à Pékin, vendredi (Photo, Reuters).
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Publié le Lundi 13 mars 2023

Est-ce la fin des tensions entre l'Arabie saoudite et l'Iran?

Est-ce la fin des tensions entre l'Arabie saoudite et l'Iran?
  • Si Téhéran respecte sa part du marché, cela pourrait véritablement changer la donne et ouvrir une ère de paix et de prospérité régionale extraordinaire depuis des décennies
  • Bien que les tensions entre l'Arabie saoudite et l'Iran soient loin d'être terminées, cet accord pourrait marquer le début de la fin d'un chapitre sanglant qui dure depuis des décennies

L'accord entre l'Arabie saoudite et l'Iran, conclu avec la médiation de la Chine, constitue un développement important dans la géopolitique régionale, car il contient un engagement sans précédent de la part de l'Iran en faveur du respect de la souveraineté, de la non-ingérence dans les affaires intérieures et du rétablissement de la coopération en matière de sécurité.

Si Téhéran respecte sa part du marché, cela pourrait véritablement changer la donne et ouvrir une ère de paix et de prospérité régionale extraordinaire depuis des décennies.

Certes, nous n'en sommes qu'au début; il faut une période de confiance et des actions sur le terrain pour consolider l'accord. Certains observateurs peuvent être sceptiques quant aux intentions de l'Arabie saoudite, ou même qualifient cet accord de revirement de politique; ils ne sont manifestement pas au courant de la politique déclarée du Royaume.

L'accord de vendredi est conforme à ce que le prince héritier, Mohammed ben Salmane, a déclaré au magazine The Atlantic il y a un an, à savoir que nous considérons l'Iran comme un voisin. Il est dans l'intérêt des deux pays de résoudre les problèmes, a signalé le prince héritier, mais les préoccupations de l’Arabie saoudite en matière de sécurité doivent être traitées en premier.

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«Le prince héritier Mohammed ben Salmane a déclaré au magazine The Atlantic il y a un an que nous considérons l'Iran comme un voisin et qu'il était dans l'intérêt des deux pays de résoudre les problèmes.»

Faisal J. Abbas

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J'espère sincèrement que c'est l'occasion pour le régime iranien de se concentrer sur le développement de son économie et de s'occuper de son peuple, tout comme le font nos dirigeants ici en Arabie saoudite. Si les deux pays prospèrent et que nous parvenons à la paix et à la prospérité, ce sera non seulement bénéfique pour l'Arabie saoudite, mais aussi pour l'ensemble de la région, voire pour le monde entier. 

Les responsables saoudiens resteront en état d'alerte, conscients que ce qui est convenu avec les responsables de la politique étrangère iranienne peut ne pas être en accord avec les gardiens de la révolution. En Arabie saoudite, nous savons que tout au long de ce conflit, nous avons toujours été raisonnables et que nous avons tendu un rameau d'olivier. Les tentatives précédentes ont échoué; espérons, pour le bien de tous, que celle-ci sera couronnée de succès.

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«Les responsables saoudiens resteront en état d'alerte, conscients que ce qui est convenu avec les responsables de la politique étrangère iranienne peut ne pas être en accord avec les gardiens de la révolution.»

    Faisal J. Abbas

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Inévitablement, les stratèges aux États-Unis et en Europe ne verront pas la situation dans son ensemble, se concentreront sur le rôle de la Chine et se demanderont pourquoi les États-Unis ont été exclus. Je ne pense pas que cette exclusion soit le signe d'un manque de confiance; l'Amérique reste le principal et le plus fidèle des alliés stratégiques de l'Arabie saoudite. La nature même de ces négociations impose, pour qu'elles aboutissent, qu'elles soient entourées de secrets et menées par des médiateurs acceptés par les deux parties comme étant équitables, sans parti pris ni conflit d'intérêts. La Chine répond parfaitement à ces critères: elle entretient de bonnes relations avec les deux pays et, contrairement aux États-Unis et la plupart des pays européens, elle n'a pas d'antécédents d'agression régionale ou de colonialisme. En effet, en tant que premier client pétrolier de l'Arabie saoudite (1,75 million de barils par jour), la Chine a intérêt à garantir la sécurité des flux énergétiques en menant à bien cet accord.

Bien que les tensions entre l'Arabie saoudite et l'Iran soient loin d'être terminées, cet accord pourrait marquer le début de la fin d'un chapitre sanglant qui dure depuis des décennies.

Faisal J. Abbas est le rédacteur en chef d'Arab News.

Twitter : @FaisalJAbbas

 

L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français. 

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com