Greenpeace dénonce une livraison «scandaleuse» à la France d'uranium enrichi par la Russie

Un militant de Greenpeace observe le déchargement de plusieurs cylindres d'uranium en provenance de Russie au port de Dunkerque, dans le nord de la France, le 20 mars 2023 (Photo, AFP).
Un militant de Greenpeace observe le déchargement de plusieurs cylindres d'uranium en provenance de Russie au port de Dunkerque, dans le nord de la France, le 20 mars 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 21 mars 2023

Greenpeace dénonce une livraison «scandaleuse» à la France d'uranium enrichi par la Russie

  • Lundi matin, au port de Dunkerque, une série de cylindres gris d'environ 3,7 t chacun, étiquetés avec le symbole de la radioactivité, ont été déchargés d'un cargo russe
  • Ces cylindres ont été ensuite «chargés sur une dizaine de camions à destination» du site d'Orano dans la Drôme

DUNKERQUE: Greenpeace a dénoncé lundi la livraison à la France d'une "importante" cargaison d'uranium enrichi en provenance de Russie, accréditant selon l'ONG la "dépendance" de la France à l'égard de l'industrie nucléaire russe, un secteur qui échappe encore aux sanctions internationales prononcées après l'invasion de l'Ukraine.

Lundi matin, au port de Dunkerque, une série de cylindres gris d'environ 3,7 t chacun, étiquetés avec le symbole de la radioactivité, ont été déchargés d'un cargo russe, ont constaté des journalistes de l'AFP.

"C'est une nouvelle illustration que l'industrie nucléaire française continue de faire du commerce d'uranium avec Rosatom", le géant public russe du nucléaire, a réagi auprès de l'AFP Pauline Boyer, chargée de campagne sur le nucléaire et la transition énergétique.

"La poursuite de ce commerce nucléaire avec la Russie, en temps de guerre, est scandaleuse", a-t-elle dénoncé en référence à l'invasion de l'Ukraine.

Avec un poids net total d'environ 55 tonnes, il s'agit, toujours selon Greenpeace, de la 7e livraison d'uranium enrichi à la France en provenance de Russie depuis le début de l'invasion de l'Ukraine, le 24 février 2022.

Selon Greenpeace, l'étiquetage de la cargaison, authentifié par l'AFP, mentionne une "livraison" entre Tenex, filiale de Rosatom, et Orano (ex-Areva), l'acteur français du combustible nucléaire.

Contrat de 2018

"Le cargo russe Baltiyskiy 202 arrivant de Saint-Pétersbourg a déchargé 25 containers cylindriques contenant de l'uranium enrichi russe pour le groupe français Orano", a détaillé Greenpeace dans un communiqué, à la veille du vote solennel à l'Assemblée nationale du projet de loi sur l'accélération du nucléaire.

Ces cylindres ont été ensuite "chargés sur une dizaine de camions à destination" du site d'Orano dans la Drôme, pour être ensuite envoyés à Romans-sur-Isère, à l'usine de Framatome pour être assemblés en combustible, selon l'ONG.

"Orano n'est pas propriétaire de cette matière" qui a vocation à être "entreposée sur notre site du Tricastin, pour le compte d’EDF", a répondu à l’AFP un porte-parole d’Orano.

"Il s’agit bien de matière enrichie par Tenex pour EDF en application d'un contrat signé avant février 2022", a confirmé l'électricien à l'AFP.

Orano assure avoir soldé son contrat commercial avec Rosatom en octobre 2022, contrairement à EDF qui est lié à un contrat conclu avec la filiale Tenex en 2018, avant la guerre, pour recycler et enrichir de l'uranium issu du retraitement des combustibles usés du groupe français.

Nucléaire hors sanctions

À cette date, la Russie dispose de la seule usine de conversion au monde capable de convertir l’URT", a justifié une porte-parole d'EDF, en assurant que le groupe "applique strictement toutes les sanctions internationales".

Issu du retraitement des combustibles usés, l'URT ou uranium de recyclage, peut être réutilisé pour produire du combustible nouveau après avoir été converti puis ré-enrichi.

À l'heure actuelle, près de 34 000 tonnes d’URT sont entreposées sur le site du Tricastin, constituant une "réserve stratégique" pour une réutilisation future comme combustible selon Orano.

Dans un rapport du 11 mars, Greenpeace avait dénoncé le lien de "dépendance" de la France à l'égard du nucléaire russe, un secteur qui n'est pas visé par les sanctions internationales au contraire des hydrocarbures.

L'ONG avait notamment relevé que la France avait reçu en 2022 de la Russie "un tiers de l'uranium enrichi nécessaire au fonctionnement des centrales nucléaires françaises pendant un an", une quantité de 312 tonnes, triplée par rapport à 2021, selon elle.

Le gouvernement français avait réfuté cette argumentation, assurant que "notre pays ne dépend en aucune manière de la Russie pour le fonctionnement de son parc électronucléaire" et "a su diversifier ses sources d'approvisionnement".


Guillaume Ancel: Gaza, « un champ de la mort » avec une complaisance internationale

Ancien officier de l’armée française et éditeur du blog « ne pas subir » dédié aux questions politiques et de défense, répond à Arab News en français. (AFP)
Ancien officier de l’armée française et éditeur du blog « ne pas subir » dédié aux questions politiques et de défense, répond à Arab News en français. (AFP)
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  • Netanyahou, aussi bien que son ministre des Finances Bezalel Smotrich, ont clairement affirmé qu’il ne s'agissait plus de rentrer dans Gaza pour en ressortir, et que l’enclave sera à nouveau occupée par Israël
  • Des médias israéliens indiquent avec photos à l’appui, qu’un terrain est actuellement déblayé dans le Sud de Gaza pour accueillir les Gazaouis dans un premier temps

PARIS: L’opération « Chariots de Gédéon » validée il y a presque une semaine par le gouvernement israélien est bel et bien en marche dans Gaza.

L’objectif affiché de l’opération a été précisé par le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou sur la plateforme X.

« Nous avons décidé d’intensifier l’opération à Gaza, selon la recommandation du chef d'État-major pour aller vers la défaite du Hamas » écrit-il.

Détruire le Hamas, n’est pas nouveau puisque cet objectif a été brandi par le premier ministre dès le lendemain du 7 octobre, et l'élément nouveau de cette opération est l’occupation pure et simple de l’enclave.

Netanyahou, aussi bien que son ministre des Finances Bezalel Smotrich, ont clairement affirmé qu’il ne s'agissait plus de rentrer dans Gaza pour en ressortir, et que l’enclave sera à nouveau occupée par Israël.

Des médias israéliens indiquent avec photos à l’appui, qu’un terrain est actuellement déblayé dans le Sud de Gaza pour accueillir les Gazaouis dans un premier temps.

D’autre part, Israël maintient son blocus hermétique qui affame les habitants de la bande, alors que l’armée israélienne s’adonne au quotidien à des bombardements meurtriers.

Ancien officier de l’armée française et éditeur du blog « ne pas subir » dédié aux questions politiques et de défense, Guillaume Ancel répond à Arab News en français. Il confie avoir espéré « ne plus jamais voir, ou avoir à témoigner » sur pareilles horreurs.

Mais le voilà de nouveau face à la guerre de Gaza, qu’il décrit dans un article publié sur son blog comme étant « le champ de la mort », depuis l’attaque du 7 octobre.

 


Paris et Alger s'enfoncent dans la crise diplomatique

La crise diplomatique entre Paris et Alger s'est encore aggravée avec de nouvelles expulsions de fonctionnaires français du territoire algérien, à laquelle la France va répondre "de manière immédiate", "ferme" et "proportionnée", a annoncé lundi le ministre français des Affaires étrangères. (AFP)
La crise diplomatique entre Paris et Alger s'est encore aggravée avec de nouvelles expulsions de fonctionnaires français du territoire algérien, à laquelle la France va répondre "de manière immédiate", "ferme" et "proportionnée", a annoncé lundi le ministre français des Affaires étrangères. (AFP)
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  • Cette convocation du diplomate français serait intervenue après le constat de manquements flagrants et répétés de la partie française au respect des procédures consacrées en matière d'affectation d'agents auprès des représentations diplomatiques
  • Les autorités algériennes dénonceraient aussi le blocage du processus d'agrément de deux consuls généraux algériens nommés à Paris et Marseille, ainsi que de sept autres consuls, en attente d'agrément depuis plus de cinq mois

PARIS: La crise diplomatique entre Paris et Alger s'est encore aggravée avec de nouvelles expulsions de fonctionnaires français du territoire algérien, à laquelle la France va répondre "de manière immédiate", "ferme" et "proportionnée", a annoncé lundi le ministre français des Affaires étrangères.

"C'est une décision qui est incompréhensible et qui est brutale", a réagi Jean-Noël Barrot lors d'un point presse à Pont-L'Evêque (ouest) où il était en déplacement.

"Le départ d'agents en mission temporaire est injustifié et injustifiable. Et comme je l'ai fait le mois dernier, nous y répondrons de manière immédiate, de manière ferme et de manière proportionnée à l'atteinte qui est portée à nos intérêts", a-t-il ajouté.

Malgré une tentative de réconciliation début avril orchestrée par les deux présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune, les deux pays ont échoué à reprendre langue de manière apaisée et durable, Alger ayant expulsé mi-avril douze fonctionnaires français du ministère de l'Intérieur.

Le chargé d'affaires de l'ambassade de France en Algérie - en l'absence de l'ambassadeur Stéphane Romatet, rapatrié à Paris pour consultations - a été convoqué dimanche au ministère algérien des Affaires étrangères pour lui notifier cette nouvelle demande des autorités algériennes, avait-on appris plus tôt de sources diplomatiques françaises.

"Manquements flagrants" 

Les fonctionnaires concernés étaient en mission de renfort temporaire, selon ces mêmes sources, qui n'étaient pas en mesure de préciser leur nombre, ni quand l'expulsion sera effective.

"C'est une décision que je déplore parce qu'elle n'est ni dans l'intérêt de l'Algérie ni dans l'intérêt de la France", a également commenté Jean-Noël Barrot.

A ce stade, le ministère algérien des Affaires étrangères n'a pas publié de communiqué officialisant cette demande qui a été annoncée par une dépêche de l'Agence de presse algérienne (APS).

L'Algérie exige "le rapatriement immédiat" de tous les employés français nommés dans des "conditions irrégulières", affirme APS.

"Cette convocation du diplomate français serait intervenue après le constat de manquements flagrants et répétés de la partie française au respect des procédures consacrées en matière d'affectation d'agents auprès des représentations diplomatiques et consulaires françaises en Algérie", poursuit l'agence, "sans que ces affectations n'aient fait, au préalable, l'objet, ni de notifications officielles, ni de demandes d'accréditation appropriées comme l'exigent les procédures en vigueur.

Les autorités algériennes dénonceraient aussi le blocage du processus d'agrément de deux consuls généraux algériens nommés à Paris et Marseille, ainsi que de sept autres consuls, en attente d'agrément depuis plus de cinq mois.

Mi-avril, les autorités algériennes avaient déjà déclaré persona non grata douze fonctionnaires français, tous travaillant pour le ministère de l'Intérieur. Ils avaient dû quitter l'Algérie en 48 heures.

Alger avait alors justifié cette décision par le fait que les autorités françaises avaient arrêté et mis en détention un agent consulaire algérien.

La France avait immédiatement riposté en prenant une mesure similaire - l'expulsion de 12 agents consulaires algériens - et en rappelant Stéphane Romatet pour consultations. Le diplomate est toujours à Paris.

Gravité inédite 

Dimanche, Jean-Noël Barrot avait souligné que la relation bilatérale restait "totalement gelée" depuis mi-avril, lors d'un entretien aux médias français France Inter/France Télévisions/Le Monde.

La récente crise, d'une gravité inédite entre l'Algérie et son ancienne puissance coloniale (1830-1962), a démarré à l'été 2024 lorsque Emmanuel Macron a apporté son soutien total à un plan d'autonomie sous souveraineté marocaine pour le Sahara occidental, revendiqué depuis 50 ans par les indépendantistes du Polisario soutenus par Alger. L'Algérie avait immédiatement retiré son ambassadeur à Paris.

A l'automne, l'arrestation à Alger de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal pour des déclarations portant, selon l'Algérie, "atteinte à l'intégrité du territoire", avait fait monter d'un cran les tensions.

Les tensions se sont ensuite enflammées début 2025 lorsque Paris a réclamé l'expulsion d'influenceurs algériens, refusée par Alger.

Les autorités françaises reprochent, elles, le refus d'Alger de reprendre ses ressortissants qui sont frappés d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF).


Expulsions de fonctionnaires français d'Algérie: la France répondra «de manière immédiate», «ferme» et «proportionnée» 

 La France répondra de "manière immédiate", "ferme" et proportionnée" à la décision "incompréhensible" de l'Algérie d'expulser d'autres fonctionnaires français du territoire algérien, a déclaré lundi le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot. (AFP)
La France répondra de "manière immédiate", "ferme" et proportionnée" à la décision "incompréhensible" de l'Algérie d'expulser d'autres fonctionnaires français du territoire algérien, a déclaré lundi le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot. (AFP)
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  • La France répondra de "manière immédiate", "ferme" et proportionnée" à la décision "incompréhensible" de l'Algérie d'expulser d'autres fonctionnaires français du territoire algérien
  • "C'est une décision qui est incompréhensible et qui est brutale", a réagi M. Barrot lors d'un point-presse à Pont-L'Evêque (ouest)

PONT-L'EVEQUE: La France répondra de "manière immédiate", "ferme" et proportionnée" à la décision "incompréhensible" de l'Algérie d'expulser d'autres fonctionnaires français du territoire algérien, a déclaré lundi le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot.

"C'est une décision qui est incompréhensible et qui est brutale", a réagi M. Barrot lors d'un point-presse à Pont-L'Evêque (ouest). "Le départ d'agents en mission temporaire est injustifié et injustifiable. Et comme je l'ai fait le mois dernier, nous y répondrons de manière immédiate, de manière ferme et de manière proportionnée à l'atteinte qui est portée à nos intérêts (...) C'est une décision que je déplore parce qu'elle n'est ni dans l'intérêt de l'Algérie ni dans l'intérêt de la France", a-t-il ajouté.