Conflit au Soudan: La production mondiale en gomme arabique menacée

Un Soudanais montre de la résine de gomme arabique fraîchement récoltée sur le bout d'un sunki, un long bâton en bois avec un bord métallique tranchant, dans la forêt publique de recherche de Demokaya, dans l’État du Kordofan Nord, le 9 janvier 2023 (Photo, AFP).
Un Soudanais montre de la résine de gomme arabique fraîchement récoltée sur le bout d'un sunki, un long bâton en bois avec un bord métallique tranchant, dans la forêt publique de recherche de Demokaya, dans l’État du Kordofan Nord, le 9 janvier 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 25 mai 2023

Conflit au Soudan: La production mondiale en gomme arabique menacée

  • Les géants des boissons gazeuses Coca-Cola et Pepsi ont averti que les stocks pourraient être épuisés dans six mois si les combats se poursuivent au Soudan
  • Autrefois florissante au Soudan, l’industrie de la gomme arabique est victime des troubles, laissant les producteurs et le marché local dans une situation désastreuse

JUBA, SUD-SOUDAN: Depuis son déclenchement le 15 avril, le conflit au Soudan a coûté des vies et détruit les maisons de plus en plus de Soudanais. Alors que le monde espère une fin pacifique à l'effusion de sang, de nombreux dirigeants d'entreprises soudanaises avertissent que le bilan économique de la violence pourrait avoir un impact dévastateur sur le Soudan et sur la scène internationale.

Autrefois florissante, l’industrie de gomme arabique est aujourd’hui victime du conflit, laissant les producteurs et le marché local dans une situation désastreuse. Les fournisseurs des géants des boissons gazeuses tels que Coca-Cola et Pepsi ont prévenu que leurs stocks pourraient être épuisés d'ici trois à six mois si les combats se poursuivent à leur rythme actuel.

Des hommes assis devant une agence bancaire détruite à Khartoum, victime de la guerre entre factions militaires rivales au Soudan (Photo, AFP).

La gomme arabique a des dizaines d'utilisations. Elle joue un rôle multiple dans les boissons gazeuses, en agissant comme stabilisateur pour empêcher les arômes, les colorants et les huiles essentielles de se séparer, et en fournissant un mélange homogène de goût et d'arôme à chaque gorgée.

Elle améliore également la texture et agit comme un stabilisateur de mousse, empêchant la formation d'une mousse excessive tout en évitant que la boisson ne devienne plate. Les glaçages, les bonbons mous, les chewing-gums et autres sucreries l'utilisent également comme ingrédient.

Outre ses utilisations dans les aliments et les boissons, la gomme arabique est utilisée dans les peintures à l'aquarelle, les glaçures céramiques, la gravure, la pyrotechnie, les colles, les cosmétiques, les produits pharmaceutiques, le vin, le cirage à chaussures et les lécheurs auto-adhésifs pour les timbres-poste et les enveloppes.

Dans les pays anglophones, la gomme arabique est souvent appelée gomme d'acacia, car elle est extraite des acacias qui poussent dans des pays comme le Soudan, le Tchad, le Nigeria, le Sénégal et le Mali. En outre, la gomme du Kordofan est un type de gomme arabique produit dans la région du Kordofan au Soudan.

Les exportations du Darfour et du Kordofan via Khartoum, en particulier les exportations de gomme arabique, ont été gravement perturbées depuis le début du conflit. On estime que 5 millions de Soudanais, soit environ 11% de la population du pays, dépendent directement ou indirectement des revenus générés par la production de cette précieuse ressource.

Un Soudanais montre la sève de gomme arabique sur la branche d'un acacia (Photo, AFP).

Hicham el-Kurdi, qui a déjà mis en œuvre un projet de récolte de gomme pour les petits producteurs, a expliqué à Arab News que les voies de transport avaient été perturbées et que la capitale, qui sert de plaque tournante, était en proie au conflit, ce qui pose des problèmes de sécurité pour ceux qui essayent d'acheminer le produit.

«La majorité des habitants des zones rurales vendent traditionnellement leurs produits à Khartoum, où les commerçants et les hommes d'affaires s'occupent des exportations vers diverses parties du monde. Dans la situation actuelle, ce processus est confronté à des défis importants», a-t-il signalé.

EN BREF

• Gomme naturelle, la gomme est l'exsudat de certaines espèces d'acacia, notamment l'acacia Sénégal et l'acacia Seyal, que l’on trouve dans la ceinture de gomme arabique de l'Afrique.

• La gomme arabique est l'un des principaux produits d'exportation du Soudan, reliant le pays aux marchés internationaux d'Europe, d'Asie et d'Amérique du Nord. Elle représente environ 15% des exportations soudanaises.

• On estime qu'environ 1 million de ménages, soit 5 millions de personnes, dépendent directement ou indirectement de l’industrie de la gomme arabique.

• Les producteurs vivent dans ou à proximité des zones de production de gomme arabique, qui comprennent des villages et des forêts, et assument la responsabilité de la culture, de l'entaillage, de la collecte et de la protection de leurs acacias pendant les mois de récolte, entre octobre et février, après la saison des pluies.

Au Soudan, l'acacia se développe naturellement dans une vaste ceinture de 500 000 km², soit environ la taille de la France, d'Al-Qadarif au Darfour. Reconnaissant sa résilience face aux sécheresses et au changement climatique, les bailleurs de fonds internationaux et les pays africains ont investi dans le projet de la Grande muraille verte, qui vise à boiser la bande sahélienne pour lutter contre la désertification.

Akol Miyen Kuol, un expert Sud-Soudanais de la région, a déclaré à Arab News que le conflit en cours au Soudan entre les forces armées soudanaises et les Forces de soutien rapide aurait un impact négatif sur l'économie mondiale en raison de l'utilisation répandue de la gomme arabique.

«Aux niveaux local et national, si la guerre en cours au Soudan ne s'arrête pas rapidement, elle affectera terriblement ceux qui collectent la gomme arabique et le revenu général du pays», a-t-il averti.

Daniel Haddad, directeur de la société commerciale Agrigum International Ltd. basée au Royaume-Uni, a indiqué à Arab News que la gomme arabique soudanaise était «la référence et qu'elle était largement utilisée dans les boissons gazeuses, les produits pharmaceutiques et diverses autres industries. L'importance de la production soudanaise réside dans sa qualité supérieure».

Les acacias à gomme arabique ne sont pas seulement exploités pour produire une sève précieuse, ils aident également les agriculteurs qui dépendent de précipitations de plus en plus irrégulières en augmentant l'humidité de leurs cultures, ce qui fait la différence entre une récolte saine et une récolte ratée (Photo, AFP).

«Port-Soudan se concentre actuellement sur les efforts d'aide humanitaire», a-t-il ajouté. «Par conséquent, il n'y a pas d'expéditions de produits commerciaux à l'arrivée ou au départ et il n'y a pas de personnel administratif disponible pour s'occuper des opérations bancaires et des formalités officielles. Donc, malgré la présence de gomme arabique au Soudan, il n'y a actuellement aucune activité importante d'exportation.»

L'impact des combats au Soudan risque de faire des ravages, car le Soudan contribue à 66% de l'approvisionnement mondial en gomme arabique, selon un rapport de 2018 de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement.

EN CHIFFRES

  • 111 millions de dollars – (1 dollar = 0,93 euro) Exportations du Soudan en gomme arabique, ce qui en fait le deuxième exportateur mondial
  • 88 000 tonnes – Exportation totale de gomme brute en 2021.
  • 80% – Part du Soudan dans le commerce mondial de la gomme arabique entre les années 1950 et le début des années 1990.
  • 70% – Part des exportateurs soudanais dans l'offre mondiale de gomme arabique.
  • 25 000 tonnes – Exportations annuelles moyennes de gomme arabique du Soudan.
  • 50 000 tonnes – Quantité moyenne des exportations dans les années 1950 et 1960.
  • 10 millions de dollars – Valeur du projet forestier soudanais financé par la FAO pour soutenir les producteurs de gomme arabique et protéger les arbres.

«Si la situation perdure, elle sera préoccupante, mais nous sommes convaincus qu'il se passera quelque chose», a estimé M. Haddad.

«Pour chaque client, chaque entreprise, chaque produit, la gomme arabique a une utilisation différente. Elle pourrait être remplacée d'une manière ou d'une autre, mais les clients n'aiment pas les ingrédients artificiels.»

La résine de gomme arabique se forme sur une branche d'acacia (Photo, AFP).

La gomme arabique soudanaise, qui représente 70% des exportations du pays, est si importante pour l'économie mondiale que Washington lui a accordé une exception, malgré les embargos qu'elle a imposés à l'encontre du Soudan.

«Je suis persuadé que la gomme arabique peut servir de catalyseur pour rapprocher les gens et faciliter la résolution des problèmes existants», a souligné M. Haddad.

«En relevant les défis liés à la production et à l'exportation de gomme arabique, il est possible de rétablir un sentiment de normalité.»

«Cela permettrait aux habitants du Soudan et de Khartoum de rentrer chez eux, d'avoir accès aux ressources essentielles telles que la nourriture et l'électricité, et de reconstruire leur vie. J'espère sincèrement que ces développements positifs se concrétiseront et contribueront à un retour à la normale dans les régions touchées», a-t-il conclu.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Lors d'une cérémonie en Irak, les premiers combattants kurdes du PKK ont brûlé leurs armes

Une trentaine de combattants kurdes du PKK, le Parti des Travailleurs du Kurdistan en guerre contre Ankara depuis quatre décennies, ont entamé vendredi en Irak le début d'un désarmement censé mettre fin à quatre décennies de violences. (Reuters)
Une trentaine de combattants kurdes du PKK, le Parti des Travailleurs du Kurdistan en guerre contre Ankara depuis quatre décennies, ont entamé vendredi en Irak le début d'un désarmement censé mettre fin à quatre décennies de violences. (Reuters)
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  • Selon une journaliste de l'AFP, quatre commandants du mouvement et leurs hommes ont déposé et brûlé leurs armes lors d'une cérémonie, vendredi matin, à 50 km à l'ouest de Souleimaniyeh, dans la région autonome du Kurdistan, dans le nord de l'Irak
  • Celle-ci s'est déroulée dans la grotte de Casene, connue pour avoir notamment abrité une imprimerie qui a publié l'un des premiers journaux kurdes, a-t-elle précisé

SOULEIMANIYEH: Une trentaine de combattants kurdes du PKK, le Parti des Travailleurs du Kurdistan en guerre contre Ankara depuis quatre décennies, ont entamé vendredi en Irak le début d'un désarmement censé mettre fin à quatre décennies de violences.

Selon une journaliste de l'AFP, quatre commandants du mouvement et leurs hommes ont déposé et brûlé leurs armes lors d'une cérémonie, vendredi matin, à 50 km à l'ouest de Souleimaniyeh, dans la région autonome du Kurdistan, dans le nord de l'Irak.

Celle-ci s'est déroulée dans la grotte de Casene, connue pour avoir notamment abrité une imprimerie qui a publié l'un des premiers journaux kurdes, a-t-elle précisé.

Le PKK a salué une "opération historique et démocratique".

Les combattants devaient ensuite regagner les montagnes proches où ils sont basés, avait indiqué précédemment à l'AFP un responsable du PKK.

Des représentants du gouvernement autonome du Kurdistan irakien et de son président Nechirvan Barzani ont assisté aux opérations, mais il n'a pas été précisé qui avait été dépêché par Ankara, hormis des membres des services de renseignements selon les médias turcs.

Les autorités locales kurdes avaient annoncé peu avant avoir abattu deux drones à proximité des positions des forces kurdes, quelques heures avant le début des opérations.

Un processus de paix initié depuis l'automne doit permettre de tourner la page de plus de quatre décennies de violences qui ont fait au moins 40.000 morts, et résoudre la question kurde tant au niveau national que régional, selon les experts.

"Responsabilité historique" 

Le 27 février, le chef du PKK Abdullah Öcalan, 76 ans dont vingt-six en prison, a appelé le mouvement à "déposer les armes et (...) à se dissoudre", affirmant "assumer la responsabilité historique de cet appel".

Parmi un nombre restreint d'invités conviés vendredi, officiellement pour des raisons de sécurité, figurent des élus du parti turc prokurde DEM, médiateur entre le PKK et le gouvernement turc.

Pour la Turquie, comme pour ses alliés occidentaux, le PKK est considéré comme un mouvement terroriste.

C'est paradoxalement l'allié du président turc Recep Tayyip Erdogan, le chef du parti nationaliste MHP, Devlet Bahceli, qui a tendu la main à l'ennemi public, lui proposant d'appeler les combattants à renoncer à la lutte armée et à "venir s'exprimer devant le Parlement".

Mercredi, dans un message vidéo en turc, "Apo" (oncle) comme l'appellent ses fidèles, a confirmé l'imminence du désarmement.

"Je crois au pouvoir de la politique et de la paix sociale et non des armes. Et je vous appelle à mettre ce principe en pratique", insistait-il dans cette longue adresse.

Le chef de l'Etat turc a récemment exprimé sa confiance de voir "une Turquie sans terroriste", espérant que "ce processus prometteur se conclurait avec succès le plus rapidement possible, sans obstacle, ni risque de sabotage".

"Geste de bonne volonté" 

Selon un commandant du PKK, cette première cérémonie était un "geste de bonne volonté".

Abdullah Öcalan, lui, est toujours détenu sur l'île prison d'Imrali, au large d'Istanbul, et ne réclame pas d'en sortir, alors que ses commandants faisaient de sa libération un des termes de l'équation.

"La situation de notre chef, Apo, affecte le processus et le ralentit", jugeait la semaine dernière un haut responsable du PKK, Mustafa Karasu.

En refusant de lier son sort personnel à l'avenir du processus de paix, M. Öcalan "contredit les conditions posées par le Parti qui demandait son élargissement afin qu'il puisse mener à bien le processus de paix", note l'historien des mouvements kurdes Boris James.

Le chercheur relève par ailleurs l'absence "d'acteur tiers pour garantir la probité du processus" et insiste: "Une très forte défiance subsiste entre le PKK et l'Etat turc, or l'Etat a donné peu de gages" aux combattants kurdes.

Ces derniers ont régulièrement dénoncé la poursuite des bombardements turcs sur leurs positions en Irak malgré le processus en cours.

Depuis les derniers violents combats qui avaient ensanglanté la ville turque à majorité kurde de Diyarbakir (sud-est) en 2015, les combattants du PKK sont principalement restés cantonnés dans les montagnes de Qandil, en Irak, soumis également aux opérations de ratissage de l'armée turque.

 


Dix personnes secourues après l'attaque meurtrière d'un navire en mer Rouge

Après plusieurs mois d'accalmie, les Houthis ont attaqué le navire Magic Seas dimanche, dont l'équipage a été évacué par la marine émiratie, puis l'Eternity C lundi et mardi, coulant les deux bâtiments. (Reuters)
Après plusieurs mois d'accalmie, les Houthis ont attaqué le navire Magic Seas dimanche, dont l'équipage a été évacué par la marine émiratie, puis l'Eternity C lundi et mardi, coulant les deux bâtiments. (Reuters)
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  • Après plusieurs mois d'accalmie, les Houthis ont attaqué le navire Magic Seas dimanche, dont l'équipage a été évacué par la marine émiratie, puis l'Eternity C lundi et mardi, coulant les deux bâtiments
  • Trois membres d'équipage philippins et un membre grec de l'équipe de sécurité à bord du Eternity C ont été récupérés en mer dans la nuit, "portant le nombre total de personnes secourues à 10", a indiqué jeudi la mission navale de l'Union européenne sur X

DUBAI: Dix personnes ont été secourues après l'attaque d'un navire en mer Rouge par les rebelles houthis du Yémen, tandis que trois autres ont été tuées et douze sont toujours portées disparues, selon la mission européenne Aspides déployée dans la zone.

Cette attaque, l'une des plus meurtrières menées par les Houthis contre la marine marchande, marque une escalade dans cette zone maritime essentielle pour le commerce mondial, menaçant une trêve conclue en mai avec les Etats-Unis censée préserver la liberté de navigation.

Après plusieurs mois d'accalmie, les Houthis ont attaqué le navire Magic Seas dimanche, dont l'équipage a été évacué par la marine émiratie, puis l'Eternity C lundi et mardi, coulant les deux bâtiments.

Trois membres d'équipage philippins et un membre grec de l'équipe de sécurité à bord du Eternity C ont été récupérés en mer dans la nuit, "portant le nombre total de personnes secourues à 10", a indiqué jeudi la mission navale de l'Union européenne sur X.

Au total, 25 personnes se trouvaient à bord de ce vraquier battant pavillon libérien.

Mardi, Aspides avait déclaré à l'AFP que trois personnes avaient été tuées et au moins deux blessées, parmi lesquelles un électricien russe qui a perdu une jambe, lors de l'attaque menée par les rebelles yéménites.

Le sort des autres membres de l'équipage reste incertain.

Mercredi, les Houthis ont affirmé avoir "secouru" un nombre indéterminé de personnes à bord du navire et les avoir emmenés dans un " lieu sûr". L'ambassade des Etats-Unis au Yémen les a accusés d'avoir enlevé les survivants.

Les insurgés ont également diffusé une vidéo montrant une puissante explosion sur le pont du cargo, qui a ensuite coulé.

"Profonde inquiétude" 

Depuis fin 2023, les Houthis ont attaqué des dizaines de navires qu'ils estiment liés à Israël, affirmant agir par solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza, en proie aux bombardements israéliens depuis le début de la guerre le 7 octobre 2023.

Ces attaques ont contraint de nombreux armateurs à éviter la mer Rouge, par où transite 12% du commerce mondial, d'après la Chambre internationale de la marine marchande (ICS).

Les Houthis, qui contrôlent la capitale Sanaa et de larges pans du Yémen, en proie à une guerre civile depuis 2014, avaient interrompu leurs attaques maritimes cette année après un cessez-le-feu à Gaza conclu en janvier et qui a pris fin deux mois plus tard.

En mai, ces rebelles proches de l'Iran avaient averti qu'ils continueraient à s'en prendre aux navires israéliens ou liés à Israël, malgré une trêve avec les Etats-Unis qui a mis fin à des semaines de bombardements américains des cibles rebelles au Yémen.

Leur chef, Abdel Malek al-Houthi, a répété jeudi que ces opérations se poursuivront "tant que l'agression et le siège de Gaza perdureront", en affirmant que les navires visés appartiennent à des compagnies "violant l'interdiction" de se rendre en Israël.

Selon le Centre conjoint d'information maritime, géré par une coalition navale occidentale, le Magic Seas et l'Eternity C ont probablement été attaqués "en raison de précédents passages dans des ports israéliens ou de liens entre leurs propriétaires ou gestionnaires et d'autres navires ayant fréquenté Israël".

L'émissaire de l'ONU pour le Yémen, Hans Grundberg, a fait part de sa "profonde inquiétude", en déplorant des "pertes civiles, des blessés, ainsi qu'un risque potentiel de dommages environnementaux".

L'attaque contre l'Eternity C est la plus meurtrière depuis l'attaque de missile contre le navire marchand True Confidence en mars de l'année dernière, qui avait fait trois morts.

Les Houthis ont également capturé le Galaxy Leader en novembre 2023 et coulé le Rubymar, qui transportait 21.000 tonnes d'engrais, en février 2024.


Gaza: la Défense civile annonce 66 morts dont des enfants devant une clinique

La Défense civile locale a fait état de 66 morts jeudi dans les opérations militaires israéliennes à Gaza, dont 17, y compris des enfants, dans une frappe devant une clinique de Deir al-Balah où l'armée a dit avoir visé un combattant du Hamas. (AFP)
La Défense civile locale a fait état de 66 morts jeudi dans les opérations militaires israéliennes à Gaza, dont 17, y compris des enfants, dans une frappe devant une clinique de Deir al-Balah où l'armée a dit avoir visé un combattant du Hamas. (AFP)
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  • La clinique de Deir al-Balah est gérée par l'ONG humanitaire Project HOPE, qui a rapporté de son côté la mort de 15 personnes, dont dix enfants et deux femmes
  • "Les cliniques de Project HOPE sont des lieux de refuge à Gaza, où les gens amènent leurs jeunes enfants, où les femmes reçoivent des soins pendant et après leur grossesse, où l'on traite la malnutrition"

GAZA: La Défense civile locale a fait état de 66 morts jeudi dans les opérations militaires israéliennes à Gaza, dont 17, y compris des enfants, dans une frappe devant une clinique de Deir al-Balah où l'armée a dit avoir visé un combattant du Hamas.

Un raid aérien a touché en matinée un groupe de personnes qui patientaient devant un établissement médical de Deir al-Balah, a indiqué à l'AFP Mohammad al-Moughayyir, un responsable de l'organisation de premiers secours. Parmi les 17 morts figurent huit enfants au moins, selon lui.

L'armée israélienne a indiqué à l'AFP avoir ciblé à Deir al-Balah un membre d'une unité d'élite du mouvement islamiste palestinien Hamas, la Noukhba, ayant participé selon elle "au massacre du 7 octobre" 2023, à l'origine de la guerre à Gaza.

Elle a dit regretter "tout dommage causé à des personnes non impliquées" et oeuvrer "autant que possible à limiter les atteintes aux civils".

"Il n'y a eu aucun avertissement, juste une frappe directe au milieu des civils", a raconté à l'AFP Mohamed Abou Ouda, qui était dans la file d'attente devant la clinique. "Qu'avons-nous fait et qu'ont fait nos enfants pour mériter cela?"

"Nous étions des dizaines à attendre", a déclaré un autre témoin, Youssef Al-Aydi. "Soudain, nous avons entendu le bruit d'un avion s'approcher, puis l'explosion a retenti. Le sol a tremblé sous nos pieds et autour de nous ce n'était que sang et cris déchirants".

"Familles innocentes" 

La clinique de Deir al-Balah est gérée par l'ONG humanitaire Project HOPE, qui a rapporté de son côté la mort de 15 personnes, dont dix enfants et deux femmes.

"Les cliniques de Project HOPE sont des lieux de refuge à Gaza, où les gens amènent leurs jeunes enfants, où les femmes reçoivent des soins pendant et après leur grossesse, où l'on traite la malnutrition", a commenté dans un communiqué le responsable de l'ONG, Rabih Torbay.

"Pourtant, ce matin, des familles innocentes ont été attaquées sans pitié alors qu'elles faisaient la queue en attendant l'ouverture des portes", a-t-il ajouté, appelant à un cessez-le-feu immédiat.

Selon l'Unicef, l'un des enfants tués devant la clinique avait tout juste un an et venait de prononcer ses premiers mots quelques heures plus tôt d'après sa mère.

"Aucun parent ne devrait avoir à faire face à une telle tragédie", a commenté la directrice de l'agence onusienne Catherine Russell. "Tuer des familles qui tentent d'avoir accès à une aide vitale est quelque chose d'inconcevable".

L'armée israélienne n'a pas commenté les autres incidents rapportés par la Défense civile, dont l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans et les affirmations compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.

Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 49 sont toujours retenues à Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l'armée israélienne.

Au moins 57.762 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans la campagne de représailles militaires israéliennes à Gaza, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.