Blanchiment d'argent: Si le Liban ne figure pas sur la liste grise du Gafi, il doit toutefois combler des lacunes

Des soldats de l’armée libanaise montent la garde lors d’une manifestation contre la détérioration de la situation économique devant le bâtiment de la Banque centrale à Beyrouth, au Liban, le 30 mars 2023. (Reuters)
Des soldats de l’armée libanaise montent la garde lors d’une manifestation contre la détérioration de la situation économique devant le bâtiment de la Banque centrale à Beyrouth, au Liban, le 30 mars 2023. (Reuters)
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Publié le Mardi 30 mai 2023

Blanchiment d'argent: Si le Liban ne figure pas sur la liste grise du Gafi, il doit toutefois combler des lacunes

  • Parmi les points que le Liban doit aborder figurent les procédures judiciaires que le groupe a jugées «lentes» dans le traitement des suspects de blanchiment d’argent
  • Les enquêtes européennes – qui incluent la France, l’Allemagne et le Luxembourg – se concentrent sur la relation entre la Banque centrale et la société Forry Associates, détenue par Raja Salamé, le frère du gouverneur de la Banque centrale

BEYROUTH : Le Liban ne figure pas sur la liste grise du Groupe d’action financière (Gafi) des pays non coopératifs dans la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, a confirmé lundi un haut responsable.

Le pays a cependant fait l’objet d’une évaluation de son engagement à respecter les normes internationales pour une période de seize mois, indique Abdel Hafiz Mansour, secrétaire général de la Commission spéciale d’enquête chargée de l’application de la loi contre le blanchiment et le financement du terrorisme.

M. Mansour a tenu ces propos à la suite de sa rencontre avec le Premier ministre par intérim, Najib Mikati.

Le rapport d’évaluation – attendu le mois prochain – clarifiera les lacunes que le Liban doit combler, ainsi que certains points forts, soutient M. Mansour. Un rapport de suivi sera présenté au groupe en 2024.

Une équipe de haut niveau a représenté le Liban lors des discussions et des délibérations dans le cadre de la 36e réunion plénière du Gafi pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord qui s’est tenue à Bahreïn, précise Abdel Hafiz Mansour. Il ajoute que l’équipe «a fait de grands efforts pour discuter de ce rapport, dont nous verrons les résultats le mois prochain».

Parmi les points que le Liban doit aborder figurent les procédures judiciaires que le groupe a jugées «lentes» dans le traitement des suspects de blanchiment d’argent dont les noms sont répertoriés par la Commission spéciale d’enquête.

Par ailleurs, le vice-Premier ministre, Saadeh al-Chami, a appelé le gouverneur de la Banque centrale, Riad Salamé, à démissionner de son poste «en raison de la gravité de la situation et des accusations portées contre lui».

Il déclare dans un entretien télévisé: «La démission du gouverneur ne signifie pas admettre sa culpabilité, mais dans la situation économique tragique actuelle, cela apporterait une plus grande crédibilité au pays et ce serait une position courageuse.»

La loi stipule que le sous-gouverneur assure la présidence de la Banque centrale en l’absence du gouverneur, indique M. Al-Chami, ajoutant que le vice-gouverneur, Wassim Mansouri, dispose des compétences nécessaires pour occuper le poste.

Le mandat du gouverneur devrait se terminer à la fin du mois de juillet 2023.

M. Salamé devrait comparaître mercredi devant le procureur général près la Cour de cassation.

Il sera interrogé au sujet du mandat d’arrêt émis contre lui par l’Allemagne la semaine dernière pour blanchiment d’argent, faux et détournement de fonds.

Le mandat a été transformé en notice rouge, transmise lundi à la justice libanaise par l’intermédiaire d’Interpol.

Le passeport diplomatique libanais du gouverneur ainsi que son passeport français ont été saisis plus tôt par la justice libanaise pour l’empêcher de quitter le pays.

La justice libanaise attend toujours que les autorités françaises, par l’intermédiaire d’Interpol, lui remettent le dossier d’extradition de Riad Salamé afin de pouvoir reprendre l’interrogatoire et décider de le juger au Liban pour les crimes dont il est accusé en France ou de clore l’affaire, étant donné que le Liban n’extrade pas ses ressortissants pour être jugés à l’étranger.

La convocation de M. Salamé mercredi coïncide avec un procès intenté contre son frère, Raja Salamé, devant la justice française.

Le procès était auparavant prévu le 31 mai et il précède une audience qui devrait se tenir le 13 juin pour enquêter sur l’assistante de Riad Salamé, Marianne Howayek.

Les enquêtes européennes – qui incluent la France, l’Allemagne et le Luxembourg – se concentrent sur la relation entre la Banque centrale et la société Forry Associates, détenue par Raja Salamé et enregistrée aux îles Vierges britanniques avec un bureau à Beyrouth.

M. Mikati a demandé une réunion du cabinet mercredi dernier afin de discuter de l’accord conclu avec des avocats français pour assister le chef du service du contentieux du ministère de la Justice dans le procès intenté par l’État français devant le juge d’instruction français dans l’affaire du gouverneur de la Banque centrale.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La coalition arabe met en garde contre toute action militaire compromettant la désescalade au Yémen

Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
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  • Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a indiqué que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite pour prendre des mesures urgentes

DUBAÏ : La coalition arabe soutenant le gouvernement yéménite internationalement reconnu a averti samedi que tout mouvement militaire compromettant les efforts de désescalade serait traité immédiatement afin de protéger les civils, a rapporté l’Agence de presse saoudienne.

Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a déclaré que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite visant à prendre des mesures urgentes pour protéger les civils dans le gouvernorat de Hadramout, face à ce qu’il a qualifié de graves violations humanitaires commises par des groupes affiliés au Conseil de transition du Sud (CTS).

Le communiqué précise que ces mesures s’inscrivent dans le cadre des efforts conjoints et continus de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis pour réduire les tensions, faciliter le retrait des forces, remettre les camps militaires et permettre aux autorités locales d’exercer leurs fonctions.

Al-Maliki a réaffirmé le soutien de la coalition au gouvernement yéménite internationalement reconnu et a appelé toutes les parties à faire preuve de retenue et à privilégier des solutions pacifiques, selon l’agence.

Le CTS a chassé ce mois-ci le gouvernement internationalement reconnu de son siège à Aden, tout en revendiquant un contrôle étendu sur le sud du pays.

L’Arabie saoudite a appelé les forces du CTS à se retirer des zones qu’elles ont prises plus tôt en décembre dans les provinces orientales de Hadramout et d’Al-Mahra.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les Émirats arabes unis saluent les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la stabilité au Yémen

Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
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  • Les Émirats arabes unis ont salué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite

DUBAÏ : Les Émirats arabes unis ont salué vendredi les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la sécurité et la stabilité au Yémen, a rapporté l’agence de presse officielle WAM.

Dans un communiqué, les Émirats ont loué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite et dans le soutien de leurs aspirations légitimes à la stabilité et à la prospérité.

Les Émirats ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen, en soulignant leur appui aux efforts contribuant à la sécurité et à la prospérité régionales.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Liban adopte le projet de loi sur le gap financier malgré l’opposition du Hezbollah et des Forces libanaises

Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
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  • Le texte vise à trancher le sort de milliards de dollars de dépôts bloqués et devenus inaccessibles pour les citoyens libanais depuis l’effondrement financier du pays

BEYROUTH : Le Conseil des ministres libanais a approuvé vendredi un projet de loi controversé visant à encadrer la relance financière et à restituer les dépôts bancaires gelés aux citoyens. Cette décision est perçue comme une étape clé dans les réformes économiques longtemps retardées et exigées par le Fonds monétaire international (FMI).

Le texte a été adopté par 13 voix pour et neuf contre, à l’issue de discussions marathon autour du projet de loi dit du « gap financier » ou de récupération des dépôts, bloqué depuis des années après l’éclatement de la crise bancaire en 2019. Les ministres de la Culture et des Affaires étrangères étaient absents de la séance.

La législation vise à déterminer le sort de milliards de dollars de dépôts devenus inaccessibles pour les Libanais durant l’effondrement financier du pays.

Le projet a été rejeté par trois ministres des Forces libanaises, trois ministres du Hezbollah et du mouvement Amal, ainsi que par la ministre de la Jeunesse et des Sports, Nora Bayrakdarian, le ministre des Télécommunications, Charles Al-Hajj, et le ministre de la Justice, Adel Nassar.

Le ministre des Finances, Yassin Jaber, a rompu avec ses alliés du Hezbollah et d’Amal en votant en faveur du texte. Il a justifié sa position par « l’intérêt financier suprême du Liban et ses engagements envers le FMI et la communauté internationale ».

Le projet de loi a suscité une vive colère parmi les déposants, qui rejettent toute tentative de leur faire porter la responsabilité de l’effondrement financier. Il a également provoqué de fortes critiques de l’Association des banques et de plusieurs blocs parlementaires, alimentant les craintes d’une bataille politique intense au Parlement, à l’approche des élections prévues dans six mois.

Le Premier ministre Nawaf Salam a confirmé que le Conseil des ministres avait approuvé le texte et l’avait transmis au Parlement pour débat et amendements avant son adoption définitive. Cherchant à apaiser les inquiétudes de l’opinion publique, il a souligné que la loi prévoit des audits judiciaires et des mécanismes de reddition des comptes.

« Les déposants dont les comptes sont inférieurs à 100 000 dollars seront intégralement remboursés, avec intérêts et sans aucune décote », a déclaré Salam. « Les grands déposants percevront également leurs premiers 100 000 dollars en totalité, le reste étant converti en obligations négociables garanties par les actifs de la Banque centrale, estimés à environ 50 milliards de dollars. »

Il a ajouté que les détenteurs d’obligations recevront un premier versement de 2 % après l’achèvement de la première tranche de remboursements.

La loi comprend également une clause de responsabilité pénale. « Toute personne ayant transféré illégalement des fonds à l’étranger ou bénéficié de profits injustifiés sera sanctionnée par une amende de 30 % », a indiqué Salam.

Il a insisté sur le fait que les réserves d’or du Liban resteront intactes. « Une disposition claire réaffirme la loi de 1986 interdisant la vente ou la mise en gage de l’or sans l’approbation du Parlement », a-t-il déclaré, balayant les spéculations sur une utilisation de ces réserves pour couvrir les pertes financières.

Reconnaissant que la loi n’est pas parfaite, Salam l’a néanmoins qualifiée de « pas équitable vers la restitution des droits ».

« La crédibilité du secteur bancaire a été gravement entamée. Cette loi vise à la restaurer en valorisant les actifs, en recapitalisant les banques et en mettant fin à la dépendance dangereuse du Liban à l’économie du cash », a-t-il expliqué. « Chaque jour de retard érode davantage les droits des citoyens. »

Si l’Association des banques n’a pas publié de réaction immédiate après le vote, elle avait auparavant affirmé, lors des discussions, que la loi détruirait les dépôts restants. Les représentants du secteur estiment que les banques auraient du mal à réunir plus de 20 milliards de dollars pour financer la première tranche de remboursements, accusant l’État de se dédouaner de ses responsabilités tout en accordant de facto une amnistie à des décennies de mauvaise gestion financière et de corruption.

Le sort du texte repose désormais sur le Parlement, où les rivalités politiques à l’approche des élections de 2025 pourraient compliquer ou retarder son adoption.

Le secteur bancaire libanais est au cœur de l’effondrement économique du pays, avec des contrôles informels des capitaux privant les déposants de leurs économies et une confiance en chute libre dans les institutions de l’État. Les donateurs internationaux, dont le FMI, conditionnent toute aide financière à des réformes profondes du secteur. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com