Au Yémen, des enfants vont chercher de l'eau au lieu d'aller à l'école

A l'échelle nationale, le réseau d'adduction d'eau dessert moins de 30% des habitants, obligeant des millions de Yéménites à acheter de l'eau à des entreprises privées ou d'utiliser des puits parfois insalubres. (AFP)
A l'échelle nationale, le réseau d'adduction d'eau dessert moins de 30% des habitants, obligeant des millions de Yéménites à acheter de l'eau à des entreprises privées ou d'utiliser des puits parfois insalubres. (AFP)
Short Url
Publié le Samedi 17 juin 2023

Au Yémen, des enfants vont chercher de l'eau au lieu d'aller à l'école

  • Le Yémen était déjà considéré comme l'un des pays les plus affectés par le stress hydrique dans le monde, avant même le début du conflit en 2014
  • Selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), les nappes phréatiques du Yémen s'épuisent deux fois plus vite qu'elles ne se reconstituent

TAEZ: Dans le sud du Yémen, Salim Mohammed, un adolescent de 14 ans, se lève tous les jours à l'aube pour aller chercher de l'eau, rejoignant les longues files d'attente devant les réservoirs publics de Taëz.

Son quotidien ressemble à celui de beaucoup d'enfants dans ce pays, le plus pauvre de la péninsule arabique, où l'eau se fait de plus en plus rare, sous l'effet combiné de la guerre et du changement climatique.

Avec son père et ses trois frères, Salim parcourt jusqu'à 1,6 kilomètre pour remplir son bidon en attendant parfois pendant des heures, avec l'espoir de ne pas rater l'école. "Mes bras et mon dos me font mal à cause du poids que je porte tous les jours", raconte-t-il.

Le Yémen était déjà considéré comme l'un des pays les plus affectés par le stress hydrique dans le monde, avant même le début du conflit en 2014.

Selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), les nappes phréatiques du Yémen s'épuisent deux fois plus vite qu'elles ne se reconstituent. A ce rythme, le pays pourrait se retrouver à court d'eau souterraine d'ici 20 ans, prévient l'organisation.

"Nous nous réveillons tous les matins et courons après l'eau", soupire la mère de Salim, Oum Moujahid, qui vit avec sa famille dans une ancienne épicerie transformée en appartement de fortune.

"Parfois, nous en obtenons, parfois pas. C'est une lutte", ajoute la mère de famille, qui a fui les combats à Hodeida, région côtière stratégique de l'ouest, pour s'installer à Taëz, ville montagneuse contrôlée par le gouvernement mais encerclée par les Houthis.

«Conséquences tragiques»

Taëz est l'une des régions qui subit le plus de pénuries, dans un pays où près de la moitié de la population, soit environ 14,5 millions de personnes, n'ont pas accès à l'eau potable, selon la FAO.

A l'échelle nationale, le réseau d'adduction d'eau dessert moins de 30% des habitants, obligeant des millions de Yéménites à acheter de l'eau à des entreprises privées ou d'utiliser des puits parfois insalubres, affirme Ralph Wehbe, chef adjoint de la délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Yémen.

L'une des "conséquences tragiques" de la crise est que les enfants "sont contraints de passer des heures à collecter de l'eau pour leur famille (...) au lieu d'aller à l'école", explique-t-il.

Signe de la tension autour des ressources, une vidéo largement partagée sur les réseaux sociaux montre une fille poignardée à mort par son voisin lors d'une dispute pour l'accès à un réservoir d'eau à Sanaa, la capitale contrôlée par les rebelles. L'authenticité des images n'a pas pu être vérifiée par l'AFP.

En avril 2022, des médias locaux ont fait état d'un accident mortel provoqué par camion-citerne qui a renversé des femmes et des enfants attendant de remplir leurs bidons d'eau à Taëz.

Dans cette ville, la troisième du pays, il est devenu banal de voir des enfants porter des bidons faisant presque la moitié de leur taille.

«Insécurité alimentaire»

Selon Samir Abdelwahid, directeur du service des eaux de Taëz, la ville est aujourd'hui alimentée par 21 puits, contre 90 avant la guerre, permettant d'assurer seulement "environ 0,7 litre par personne et par jour".

"Les enfants ne vont pas à l'école. Ils sont contraints d'aller s'approvisionner en eau", déplore-t-il.

Au delà des conséquences du conflit, le Yémen figure parmi les pays les plus vulnérables au monde face au changement climatique, selon l'Indice mondial d'adaptation de l'université américaine de Notre-Dame.

La montée du niveau de la mer et les inondations soudaines provoquent la salinité des eaux souterraines et sa pollution par les eaux usées, avertit Maha Al-Salehi, experte à Holm Akhdar, un cabinet yéménite de conseil en environnement.

Selon elle, la crise se situe à trois niveaux: la disponibilité, la qualité et l'accessibilité de l'eau.

"Les Yéménites sont confrontés à une situation d'insécurité hydrique extrême, mais aussi d'insécurité alimentaire, puisque la majeure partie de l'eau est destinée à l'agriculture", explique la chercheuse.

"Le problème de la rareté de l'eau persistera même si le Yémen retrouve la paix demain", prévient-elle.


Un forum pour lutter contre la criminalité financière et la corruption se tiendra à Riyad

Le premier Forum arabe des agences de lutte contre la corruption et des services de renseignement financier se tiendra à l’hôtel Four Seasons de Riyad au Kingdom Centre. (Capture d’écran/YouTube)
Le premier Forum arabe des agences de lutte contre la corruption et des services de renseignement financier se tiendra à l’hôtel Four Seasons de Riyad au Kingdom Centre. (Capture d’écran/YouTube)
Short Url
  • Le forum réunira les principaux acteurs du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord dans le but de lutter contre la criminalité financière, le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme
  • Ce forum vise à établir une collaboration fructueuse entre les agences saoudiennes, les organisations homologues ainsi que les organismes régionaux et internationaux

RIYAD: Le premier Forum arabe des agences de lutte contre la corruption et des services de renseignement financier s’ouvrira mercredi à Riyad sous l’égide de la présidence de la sécurité de l’État.

Il réunira les principaux acteurs du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord dans le but de lutter contre la criminalité financière, le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme tout en renforçant la coopération.

Ce forum de deux jours vise à établir une collaboration fructueuse entre les agences saoudiennes, les organisations homologues ainsi que les organismes régionaux et internationaux afin de lutter efficacement contre la criminalité financière, indique le site Internet du forum.

Reconnaissant la nécessité d’une approche multidimensionnelle, le forum se focalisera sur la coopération transfrontalière, intersectorielle et interdisciplinaire pour lutter contre la corruption.

Grâce à la collaboration internationale, à l’amélioration de l’intégrité des institutions locales et à l’engagement des citoyens, le forum entend aborder de manière efficace les défis liés à la corruption et à la criminalité financière.

Les différents moyens de tirer parti des efforts du secteur privé, de déployer la technologie au service de la transparence et de s’attaquer aux causes profondes de la corruption figurent également à l’ordre du jour.

L’événement réunira soixante-quinze intervenants venus de vingt-cinq pays, dont le cheikh Ahmed al-Thani, chef du Service de renseignement financier du Qatar, Samya Abou Sharif, directrice de l’Unité jordanienne de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, Raed Radwan, chef de la commission palestinienne de lutte contre la corruption, et Richard Attias, PDG du FII Institute.

En réunissant les forces de l’ordre ainsi que des agences gouvernementales, des cellules de renseignement financier, des organisations de la société civile et le secteur privé, le forum met à profit la sagesse et l’expertise collectives en vue de lutter contre la criminalité financière.

Le forum facilitera par ailleurs le réseautage, le partage des connaissances et le renforcement des capacités, encourageant notamment les partenariats et les initiatives concrètes pour faire progresser les efforts de lutte contre la corruption.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Algérie: sept personnes en garde à vue après la noyade de cinq écoliers

La promenade du front de mer de la plage des Sablettes, à cinq kilomètres à l'est du centre-ville d'Alger (Photo, AFP).
La promenade du front de mer de la plage des Sablettes, à cinq kilomètres à l'est du centre-ville d'Alger (Photo, AFP).
Short Url
  • La mort, samedi, de ces enfants âgés de huit à douze ans, avait provoqué une onde de choc en Algérie
  • Les écoliers étaient venus de Médéa, dans le centre de l'Algérie, avec plus de 60 autres enfants et des accompagnateurs afin de se promener aux «Sablettes»

ALGER: Sept personnes ont été placées en garde à vue lundi en Algérie dans le cadre d'une enquête ouverte après la noyade de cinq écoliers lors d'une sortie scolaire dans la capitale, a annoncé la Cour d'Alger.

La mort, samedi, de ces enfants âgés de huit à douze ans, avait provoqué une onde de choc en Algérie, dont le président Abdelmadjid Tebboune a envoyé un message de condoléances aux familles.

Les écoliers étaient venus de Médéa, dans le centre de l'Algérie, avec plus de 60 autres enfants et des accompagnateurs afin de se promener aux "Sablettes", une station de loisirs à Alger.

Encadrement  

A la suite de ce drame, une enquête a été ouverte pour déterminer "si les conditions légales et réglementaires de protection des enfants concernés par de telles activités ont été respectées, et déterminer la responsabilité de toute personne dont l'implication dans cet incident aura été prouvée," a indiqué le procureur général près la Cour d'Alger dans un communiqué.

"Les résultats préliminaires de l'enquête préliminaire ont conduit à l'arrestation de sept personnes qui ont été placées en garde à vue dans l'attente de la finalisation des procédures d'enquête", selon la même source.


Gaza: l'opération militaire israélienne à Rafah, un «recul» pour les négociations sur une trêve

S'adressant à la séance d'ouverture du Forum économique du Qatar, le Premier ministre qatari Mohammed bin Abdulrahman Al-Thani a déclaré que les attaques contre Rafah avaient retardé les pourparlers de paix. (AFP)
S'adressant à la séance d'ouverture du Forum économique du Qatar, le Premier ministre qatari Mohammed bin Abdulrahman Al-Thani a déclaré que les attaques contre Rafah avaient retardé les pourparlers de paix. (AFP)
Short Url
  • «Nous sommes presque dans une impasse», a déclaré le Premier ministre Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, lors du Forum économique du Qatar
  • L'armée israélienne a multiplié tôt mardi ses frappes dans la bande de Gaza dévastée par plus de sept mois de guerre poussant encore la population à fuir pour se réfugier principalement à Rafah

DOHA: L'opération militaire d'Israël à Rafah a "fait reculer" les négociations avec le Hamas palestinien, a déploré mardi le Premier ministre du Qatar, médiateur dans les discussions pour une trêve dans la bande de Gaza, soulignant que les pourparlers étaient "presque dans une impasse".

"Au cours des dernières semaines en particulier, nous avions constaté un certain élan, mais malheureusement, les choses n'ont pas évolué dans la bonne direction, et en ce moment, nous sommes presque dans une impasse", a déclaré le Premier ministre Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, lors du Forum économique du Qatar.

"Bien sûr, ce qui s'est passé à Rafah nous a fait reculer", a-t-il ajouté.

Le Qatar, qui accueille le bureau politique du Hamas à Doha depuis 2012, est engagé -- aux côtés de l'Egypte et des Etats-Unis -- dans une médiation discrète depuis plusieurs mois entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas.

L'armée israélienne a multiplié tôt mardi ses frappes dans la bande de Gaza dévastée par plus de sept mois de guerre poussant encore la population à fuir pour se réfugier principalement à Rafah, ville à la lisière sud de la bande de Gaza assiégée.

Des frappes ont aussi visé Rafah, où près de 1,4 million de Palestiniens s'entassent. Si la grande majorité de cette population avait trouvé refuge à Rafah pour tenter d'échapper aux frappes et aux combats des derniers mois, une partie d'entre eux désormais fuit désormais cette ville adossée à la frontière fermée de l'Egypte.

"Il n'y a aucune clarté sur la manière d'arrêter la guerre du côté israélien. Je ne pense pas qu'ils envisagent cela comme une option (...), même quand nous parlons d'un accord et de l'éventualité d'un cessez-le-feu," a encore dit le Premier ministre du Qatar.

Israël signale "par ses déclarations qu'il restera là-bas (à Gaza, NDLR), qu'il poursuivra la guerre. Et il n'y a aucune clarté sur ce à quoi Gaza ressemblera après cela", a-t-il ajouté.