La France va réduire les dépenses pour rétablir ses finances publiques

«Nous avons identifié, notamment avec notre première revue de dépenses publiques, au moins 10 milliards d'euros d'économies», a souligné Bruno Le Maire (Photo, AFP).
«Nous avons identifié, notamment avec notre première revue de dépenses publiques, au moins 10 milliards d'euros d'économies», a souligné Bruno Le Maire (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 20 juin 2023

La France va réduire les dépenses pour rétablir ses finances publiques

  • Le gouvernement a indiqué lundi avoir identifié «au moins 10 milliards d'euros d'économies» qui contribueront d'ici 2027 au redressement des comptes dégradés de la France
  • Ces propositions d'économies, qui feront l'objet de concertations, alimenteront en partie le projet de budget pour 2024 qui sera présenté en septembre

PARIS: Le gouvernement a indiqué lundi avoir identifié "au moins 10 milliards d'euros d'économies" qui ne sont qu'une "étape" et contribueront d'ici 2027 au redressement des comptes dégradés de la France, en taillant dans des dépenses de santé ou des avantages fiscaux aux carburants.

Ces propositions d'économies, qui feront l'objet de concertations, alimenteront en partie le projet de budget pour 2024 qui sera présenté en septembre et nécessitera au moins 12 milliards d'euros d'économies pour cette seule année, a indiqué une source à Bercy.

Après avoir récemment échappé à la sanction de l'agence S&P Global, qui a maintenu sa note de la solvabilité française, l'exécutif entend réaffirmer son sérieux budgétaire et tourner la page des dispendieuses mesures de soutien du "quoi qu'il en coûte" face aux crises sanitaire et énergétique.

"Maintenant que nous revenons à la normale, qui comprendrait que nous continuions à dépenser autant?", s'est interrogé le ministre de l’Économie Bruno Le Maire en ouvrant à Bercy les Assises des finances publiques.

Ces assises font suite aux revues annuelles des dépenses publiques lancées il y a quelques mois.

Elles ont toutefois été boudées par les trois principales associations d'élus locaux, l'Association des maires de France (AMF) déplorant l'absence de "stratégie" et de "vision" pour les collectivités tout en se disant ouverte à la "concertation".

Pour diminuer endettement et déficit publics jusqu'en 2027, "nous avons identifié, notamment avec notre première revue de dépenses publiques, au moins 10 milliards d'euros d'économies", a souligné Bruno Le Maire.

Ces économies devront être trouvées sur la santé, en luttant contre l'explosion des arrêts maladie et "les dérives" des dépenses en médicaments, a-t-il détaillé.

Les aides au logement dans le viseur

Sont également dans le viseur les aides au logement, rabotées de deux milliards d'euros par an, et le soutien à l'emploi en cette période de chômage bas, plus particulièrement l'apprentissage et le compte personnel de formation.

Autre cible, les avantages fiscaux sur les carburants dont bénéficient notamment les transporteurs routiers ou les agriculteurs, alors que la France engage le virage de la transition énergétique. Ils seront supprimés progressivement d'ici 2030, avec un accompagnement pour les professions concernées.

Selon le syndicat agricole FNSEA, "cette mesure fiscale prise dans un objectif budgétaire n'est en aucun cas une réponse adaptée aux enjeux de transition des carburants agricole vers la sortie des énergies fossile". Le syndicat majoritaire plaide dans un communiqué pour que le coût de la décarbonation soit "neutre" pour les agriculteurs et demande des "compensations réelles dans chacune des fermes françaises".

Interrogée sur la nécessité de trouver davantage d'économies pour le budget 2024, une source à Bercy a indiqué qu'"il y en aurait d'autres" qui totaliseraient "sans doute davantage" que 12 milliards d'euros, citant une évaluation de la Cour des comptes.

Les Assises ne sont qu'une "étape", a-t-elle ajouté, alors que Bruno Le Maire a assuré ne pas vouloir faire d'"austérité" et rejette toute hausse d'impôts.

Des efforts nécessaires

L'objectif est de réduire à 108,3% du PIB (produit intérieur brut) en 2027 le lourd endettement de la France (contre 111,6% fin 2022), qui la range du côté des mauvais élèves européens, et de ramener sous l'objectif européen de 3% le déficit public (4,7% fin 2022).

Pour y parvenir, le gouvernement table aussi sur la fin du bouclier énergétique, les gains des réformes comme celles des retraites ou de l'assurance-chômage, et le plein-emploi sur fond de croissance qu'il entrevoit à terme plus dynamique.

Ces efforts sont jugés d'autant plus nécessaires que l'environnement économique se durcit, avec le rétablissement l'an prochain des règles budgétaires européennes et la forte remontée des taux d'intérêt qui alourdit significativement la charge de la dette.

Le gouvernement pourrait aussi, en présentant son prochain budget, réviser sa prévision de croissance pour 2023, actuellement de 1%.

Déjà, l'exécutif a multiplié les annonces ces dernières semaines. Il a ainsi gelé 1% supplémentaire des crédits du budget 2023 (1,8 milliard d'euros) qui seront partiellement annulés, selon Bruno Le Maire, et demandé aux ministères de dégager 5% d'économies, hors salaires, en 2024 notamment pour financer la transition énergétique.

"Certains demandent des objectifs plus ambitieux; mais la première évolution serait déjà de tenir ceux affichés", a averti le gouvernement de la Banque de France François Villeroy de Galhau, exigeant de la fermeté dans leur déploiement.

Mais entre refus d'alourdir la fiscalité et tension sociale face à une inflation élevée, maîtriser la dépense s'annonce délicat. Surtout après une douloureuse réforme des retraites et sans majorité absolue à l'Assemblée nationale.


France: la pleine puissance du nouveau réacteur nucléaire EPR repoussée à la fin de l'automne

Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
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  • EDF prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne"
  • Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur

PARIS: Electricité de France (EDF) prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne", alors que le groupe espérait jusqu'à présent pouvoir franchir cette étape d'ici la fin de l'été.

La prolongation d'un arrêt "pour réaliser une opération de contrôle et de maintenance préventive sur une soupape de protection du circuit primaire principal" conduit à modifier "la date d'atteinte de la pleine puissance, désormais prévue avant la fin de l'automne", a indiqué l'électricien public français sur son site internet vendredi.

Alors que le réacteur à eau pressurisée de nouvelle génération était à l'arrêt depuis le 19 juin pour des opérations d'essais de mise en service, classiques pour de nouvelles installations nucléaires, EDF a décidé le 2 juillet de le maintenir à l'arrêt pour intervenir sur des soupapes.

EDF avait en effet constaté pendant les essais que deux des trois soupapes placées au sommet du pressuriseur qui permet de maintenir l'eau du circuit primaire à une pression de 155 bars "n'étaient pas complètement conformes" aux attendus en termes d'"étanchéité".

En raison de ces "aléas", EDF a décidé vendredi de prolonger cet arrêt pour mener une opération de maintenance préventive sur la 3e soupape.

"Les expertises menées sur les deux premières soupapes conduisent EDF, dans une démarche pro-active de sûreté, à étendre les vérifications à la troisième soupape en profitant de la logistique déjà en place et mobilisant les compétences disponibles", a expliqué le groupe.

Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur.

"Il y a 1.500 critères de sûreté qui sont testés lors d'un premier démarrage" de réacteur, a expliqué à l'AFP une porte-parole d'EDF. Lors de ces phases d'essais et de contrôle, il est parfois nécessaire de "refaire des réglages", selon elle.

Le réacteur de nouvelle génération a été raccordé au réseau électrique le 21 décembre 2024, avec douze ans de retard par rapport à la date prévue. Son coût a explosé par rapport au devis initial de 3,3 milliards d'euros: selon un rapport de la Cour des comptes française publié en,janvier, EDF l'estime aujourd'hui à 22,6 milliards d'euros aux conditions de 2023.


Engie confirme ses perspectives 2025 malgré un contexte "incertain et mouvant"

Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
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  • Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre
  • L'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025

PARIS: Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre, et se dit désormais plus confiant pour ses projets renouvelables aux Etats-Unis après une période d'incertitude.

Son résultat net récurrent a reculé de 19% à 3,1 milliards d’euros au cours des six premiers mois de l'année. Le résultat opérationnel (Ebit) hors nucléaire est ressorti à 5,1 milliards d'euros, en baisse de 9,4% en raison d'une base de comparaison élevée par rapport au premier semestre 2024 et "dans un contexte de baisse des prix".

Mais l'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025.

"Nous abordons les prochains mois avec confiance et nous confirmons notre +guidance+ annuelle", a commenté Catherine MacGregor, sa directrice générale, citée dans le communiqué de résultats.

Elle a néanmoins insisté sur le contexte économique et géopolitique "assez incertain et mouvant", lors d'une conférence téléphonique.

A la Bourse de Paris, Engie cédait 2,45% à 10H53 (8H53 GMT) à 19,15 euros vendredi, après avoir lâché 5% à l'ouverture.

Interrogée sur les Etats-Unis, Catherine MacGregor s'est montrée plus confiante après une période d'incertitude qui a suivi l'entrée en fonction du gouvernement Trump.

"Avec la promulgation du +Big beautifull bill+ (la loi budgétaire de Donald Trump, ndlr) et une première clarification du cadre réglementaire et fiscal qui était attendue, nous nous apprêtons à lancer trois projets pour plus de 1,1 GW de capacité totale, éolien, solaire et batteries qui vont conforter notre croissance jusqu'en 2028", a-t-elle déclaré.

Engie a pour l'heure "juste en dessous de 9 GW en opération aux États-Unis", a-t-elle rappelé.

"Il y avait beaucoup, beaucoup d'incertitudes sur le traitement qui serait donné à ces projets", a-t-elle souligné, mais avec cette nouvelle loi, "on a beaucoup plus de clarté".

"Le marché aux États-Unis reste évidemment très, très porteur", a-t-elle poursuivi. "Les projections de demande d'électricité sont absolument massives et aujourd'hui, il n'y a pas de scénarios (...) sans une grande partie de projets renouvelables", notamment en raison du fort développement des centres de données dans le pays.

Le groupe table sur un résultat net récurrent - qui exclut des coûts de restructuration et la variation de la valeur de ses contrats de couverture - "entre 4,4 et 5,0 milliards d'euros" en 2025.

Engie vise par ailleurs un Ebit hors nucléaire "dans une fourchette indicative de 8,0 à 9,0 milliards d'euros" en 2025.

"Comme prévu, l'Ebit hors nucléaire va atteindre son point bas cette année et le second semestre 2025 sera en hausse par rapport à 2024", a indiqué Catherine MacGregor.

Le bénéfice net en données publiées s'établit à 2,9 milliards d'euros au premier semestre, en hausse de 50%, en raison d'un impact moindre de la variation de la valeur de ses contrats de couverture.

Le chiffre d'affaires a atteint 38,1 milliards d'euros au premier semestre, en croissance de 1,4%.

Engie disposait d'une capacité totale renouvelables et de stockage de 52,7 gigawatts (GW) à fin juin 2025, en hausse de 1,9 GW par rapport à fin 2024. A cela s'ajoutent 95 projets en cours de construction qui représentent une capacité totale de près de 8 GW.

Le groupe dispose d'un portefeuille de projets renouvelables et de batteries en croissance qui atteint 118 GW à fin juin 2025, soit 3 GW de plus qu'à fin décembre 2024.


ArcelorMittal: les taxes douanières américaines érodent la rentabilité au premier semestre

La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
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  • ArcelorMittal a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexiqu
  • ArcelorMittal espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année

PARIS: ArcelorMittal, qui a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexique, espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année.

Malgré un résultat net en hausse de 39% au premier semestre 2025, à 2,6 milliards de dollars, le bénéfice avant intérêt, impôt, dépréciation et amortissement (Ebitda) du deuxième fabricant d'acier mondial a reculé de 10%, à 3,4 milliards de dollars, notamment après l'application de droits de douane de 50% sur l'acier importé aux Etats-Unis depuis le Canada et le Mexique à partir du 4 juin, a expliqué le groupe dans un communiqué jeudi.

Le chiffre d'affaires a aussi pâti du recul de 7,5% des prix moyens de l'acier dans le monde: les ventes se sont amoindries de 5,5%, à 30,72 milliards de dollars au premier semestre.

Jeudi à la Bourse de Paris, après ces annonces, le titre ArcelorMittal a terminé la séance en recul de 2,58%, à 27,52 euros.

Le directeur général du groupe, Aditya Mittal, s'est félicité de la reprise à 100% du site de Calvert aux Etats-Unis, qui devient un site d'acier bas carbone grâce à la construction d'un nouveau four à arc électrique.

En Europe, les tendances à l'accroissement des dépenses publiques sur la défense et les infrastructures "sont un encouragement pour l'industrie de l'acier", a jugé M. Mittal.

Néanmoins, alors que le plan d'action annoncé en mars par la Commission européenne a lancé des "signaux clairs" pour défendre la production européenne d'acier, "nous attendons toujours la concrétisation des mesures de sauvegarde (ou quotas sur les importations d'acier en Europe, NDLR) du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières et sur les prix de l'énergie", a-t-il souligné.

A condition que ces mesures soient mises en place, le groupe prévoit d'investir 1,2 milliard d'euros pour un four à arc électrique sur son site français de Dunkerque (Nord), a-t-il rappelé.

Au total, ArcelorMittal en exploite 29 dans le monde, pour une capacité de production de 21,5 millions de tonnes d'acier recyclé par an, qui augmentera à 23,4 millions de tonnes en 2026 après la mise en service des deux sites espagnols de Gijon et Sestao.