Finance pour le climat: le sommet de Paris s'achève sur des petits pas

Le président français Emmanuel Macron (G) et son épouse Brigitte Macron posent avec le président du Sénégal et le président de l'UA Macky Sall avant un dîner officiel à l'Élysée, en marge du sommet du nouveau pacte financier mondial, à Paris, le 22 juin 2023. (Photo, AFP)
Le président français Emmanuel Macron (G) et son épouse Brigitte Macron posent avec le président du Sénégal et le président de l'UA Macky Sall avant un dîner officiel à l'Élysée, en marge du sommet du nouveau pacte financier mondial, à Paris, le 22 juin 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 23 juin 2023

Finance pour le climat: le sommet de Paris s'achève sur des petits pas

  • Jeudi soir, un grand concert pour le climat a réuni sur le Champs de Mars des artistes comme Lenny Kravitz ou Bille Eilish, ainsi que le président brésilien Lula
  • «Ceux qui ont réellement pollué la planète pendant les 200 dernières années sont ceux qui ont fait la révolution industrielle» a lancé ce dernier, applaudi comme une rockstar

PARIS: Des dollars mais pas de révolution: le sommet de deux jours accueilli par la France s'est terminé vendredi avec quelques avancées en faveur des pays pauvres mais sans encore concrétiser le Big Bang espéré pour réorienter la finance mondiale au service du climat.

En clôture du sommet, le président français Emmanuel Macron s'est félicité d'un "consensus complet" pour "réformer en profondeur" le système financier mondial.

Mais la rencontre s'est achevée par une série de petits pas sans la grande déclaration commune espérée un temps par la présidence française, qui a simplement publié dans l'après-midi son propre "résumé" des discussions.

Paris accueillait de nouveau vendredi une quarantaine de chefs d'Etat et de gouvernement, dont le Brésilien Lula, dans une réunion censée concrétiser des idées nées à la dernière COP, en Egypte, avant la prochaine, aux Emirats arabes unis à la fin de l'année.

Quelques annonces ont été faites au palais Brongniart, ancien siège de la Bourse de Paris.

Plusieurs pays (Barbade, Espagne, Etats-Unis, France, Royaume-Uni), avec la Banque Mondiale, ont ainsi soutenu un système de suspension automatique du remboursement de la dette en cas de catastrophe naturelle.

Mia Mottley, Première ministre de la Barbade, poussait depuis des mois pour transformer le système financier avec notamment une telle clause.

"C'est une bonne journée, car presque tout le monde a accepté la validité des clauses de catastrophe naturelle", a jubilé la dirigeante dans une interview à l'AFP jeudi soir avant un grand concert pour le climat devant la Tour Eiffel.

«Chaos climatique»

Dans une longue tirade passionnée, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a pour sa part déploré pêle-mêle vendredi l'inertie de la communauté internationale en matière de lutte contre le changement climatique et de réduction des inégalités, ainsi que le protectionnisme des occidentaux.

Il a vertement critiqué les institutions financières internationales: "celui qui est riche est toujours riche et celui qui est pauvre est toujours pauvre".

Face aux immenses attentes pour faire face à la crise climatique, les avancées du sommet ont encore semblé maigres à une partie de la société civile. "La montagne a accouché d'une souris", a déploré Greenpeace.

"Le sommet se termine sans une reconnaissance explicite du principe de pollueur-payeur", regrette l'ONG, qui souhaiterait que les entreprises du secteur fossile "payent pour le chaos climatique".

Plus de 350 personnes se sont aussi rassemblées vendredi matin au pied de la statue de la République, à Paris, des militants écologistes transformant des dollars géants noirs en dollars verts pour inciter les dirigeants politiques à arrêter d'investir dans les énergies fossiles et à basculer dans la finance verte.

"Nous sommes favorables à une taxe internationale sur le transport maritime parce que c'est un secteur qui n'est pas taxé", a aussi dit Emmanuel Macron, qui voudrait voir cette question avancer lors d'une prochaine réunion de l’Organisation maritime internationale (OMI) début juillet.

La présidence a décompté une coalition de 22 pays (dont le Danemark, la Grèce, le Vietnam ou encore la Nouvelle-Zélande), avec la Commission européenne, soutenant cette initiative.

Mais cette question épineuse semble encore loin de faire consensus. "Si la Chine, les Etats-Unis et plusieurs pays européens clés qui ont aussi des grandes entreprises impliquées ne nous suivent pas, alors vous mettez une taxe en place mais elle n'a pas d'effet", a regretté M. Macron.

«Décisions difficiles»

Le sommet avait cependant engrangé quelques autres progrès jeudi. Des pays riches vont ainsi payer le Sénégal pour l'aider à se débarrasser du fioul lourd dans son énergie. La Zambie verra sa dette allégée, une annonce saluée à Lusaka, où les parlementaires ont entonné l'hymne national pour marquer leur joie.

Le Fonds monétaire international (FMI) va pour sa part augmenter à 100 milliards de dollars ses financements pour les pays pauvres.

"Le sommet de Paris a fait naître l'espoir d'une réforme radicale du système financier mondial", a commenté Nick Mabey, co-directeur de l'influent groupe de réflexion E3G. "Le défi maintenant est de mettre en oeuvre cette vision dans l'année qui vient, ce qui nécessitera une diplomatie intense et des décisions difficiles", souligne l'observateur.

Dans sa "feuille de route" proposée pour les mois à venir, la France a déjà marqué une série de rendez-vous importants avec le sommet du G20 en Inde en septembre, suivis des réunions d'automne de la Banque mondiale et du FMI, puis la COP28 à Dubaï en fin d'année.


Le Soudan frappé par la pire épidémie de choléra depuis des années, au moins 40 morts

Au moins 40 personnes sont mortes en une semaine au Darfour, dans l'ouest du Soudan, dans la pire épidémie de choléra que ce pays, en proie à la guerre civile, ait connue depuis des années, a annoncé jeudi Médecins sans Frontières. (AFP)
Au moins 40 personnes sont mortes en une semaine au Darfour, dans l'ouest du Soudan, dans la pire épidémie de choléra que ce pays, en proie à la guerre civile, ait connue depuis des années, a annoncé jeudi Médecins sans Frontières. (AFP)
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  • "En plus d'une guerre généralisée, les Soudanais font actuellement face à la pire épidémie de choléra que le pays ait connue depuis des années", a souligné MSF dans un communiqué
  • Cette maladie diarrhéique grave, transmise par l'eau et la nourriture contaminées, peut tuer en quelques heures sans traitement

TAWILA: Au moins 40 personnes sont mortes en une semaine au Darfour, dans l'ouest du Soudan, dans la pire épidémie de choléra que ce pays, en proie à la guerre civile, ait connue depuis des années, a annoncé jeudi Médecins sans Frontières.

Dans la seule région du Darfour, les équipes de MSF ont soigné "plus de 2.300 patients et enregistré 40 décès la semaine dernière en raison du choléra", a déclaré l'organisation.

"En plus d'une guerre généralisée, les Soudanais font actuellement face à la pire épidémie de choléra que le pays ait connue depuis des années", a souligné MSF dans un communiqué.

Cette maladie diarrhéique grave, transmise par l'eau et la nourriture contaminées, peut tuer en quelques heures sans traitement.

Selon l'Unicef, plus de 640.000 enfants de moins de cinq ans sont désormais menacés par la maladie dans le seul Etat du Darfour-Nord, où les combats font rage entre l'armée soudanaise et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) pour le contrôle de la ville d'El-Facher.

Depuis juillet 2024, environ 100.000 cas de choléra ont été recensés à travers le Soudan et la maladie se propage dans tous les Etats du pays, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Tawila, épicentre de l'épidémie 

Dans un pays où les combats verrouillent les axes principaux et paralysent la logistique, l'acheminement de l'aide humanitaire est devenu presque impossible. Les convois sont à l'arrêt et les réserves s'épuisent.

La saison des pluies, qui s'intensifie en août, pourrait aggraver la crise sanitaire.

La situation est la plus critique dans la localité de Tawila, au Darfour-Nord, où des centaines de milliers de Soudanais fuyant les combats autour d'El-Facher ont trouvé refuge après l'attaque en avril du camp voisin de Zamzam par les FSR.

"A Tawila, les habitants survivent avec une moyenne de seulement trois litres d'eau par jour, soit moins de la moitié du seuil minimum d'urgence de 7,5 litres par personne et par jour nécessaire pour boire, cuisiner et assurer l'hygiène, selon les recommandations de l'OMS", a indiqué jeudi MSF.

"Nous n'avons pas de toilettes, les enfants défèquent en plein air", confiait en début de semaine à l'AFP Mona Ibrahim, une femme déplacée à Tawila depuis deux mois.

Selon l'ONU, environ 300 enfants atteints de choléra ont été recensés dans cette ville depuis avril.

Les combats se sont intensifiés au Darfour depuis que l'armée a repris en mars le contrôle de Khartoum et les paramilitaires, qui assiègent El-Facher, tentent de s'emparer de cette ville, la seule capitale provinciale de la région encore tenue par l'armée.

"Dans les camps de déplacés et de réfugiés, les familles n'ont souvent pas d'autre choix que de boire de l'eau contaminée et beaucoup de gens attrapent le choléra", a déclaré Sylvain Penicaud, coordinateur de MSF à Tawila.

"Il y a deux semaines, un corps a été trouvé dans un puits dans l'un des camps. Il a été enlevé mais deux jours après, les gens ont été obligés de boire à nouveau cette eau", a-t-il ajouté.

La guerre au Soudan, qui a éclaté en avril 2023, a tué des dizaines de milliers de personnes, entraîné le déplacement ou la fuite à l'étranger de millions de Soudanais et provoqué ce que l'ONU décrit comme "la pire crise humanitaire au monde."


Grèce: amélioration sur le front des incendies, à Patras notamment

A Patras, les pompiers faisaient désormais face à des foyers "épars", mais le feu était "toujours actif" dans les faubourgs est de la ville de plus de 200.000 habitants, a-t-il précisé. (AFP)
A Patras, les pompiers faisaient désormais face à des foyers "épars", mais le feu était "toujours actif" dans les faubourgs est de la ville de plus de 200.000 habitants, a-t-il précisé. (AFP)
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  • La situation à Patras (ouest), le principal port grec vers l'Italie, s'est beaucoup améliorée après une lutte contre les flammes toute la nuit, a déclaré le porte-parole des pompiers, Vassilis Vathrakogiannis, à la télévision
  • A Patras, les pompiers faisaient désormais face à des foyers "épars", mais le feu était "toujours actif" dans les faubourgs est de la ville de plus de 200.000 habitants, a-t-il précisé

ATHENES: Les pompiers en Grèce ont réussi jeudi à circonscrire un grand incendie de forêt qui menaçait Patras, la troisième plus grande ville du pays, tandis que des bombardiers d'eau luttaient contre des feux sur trois autres fronts.

La situation à Patras (ouest), le principal port grec vers l'Italie, s'est beaucoup améliorée après une lutte contre les flammes toute la nuit, a déclaré le porte-parole des pompiers, Vassilis Vathrakogiannis, à la télévision.

A Patras, les pompiers faisaient désormais face à des foyers "épars", mais le feu était "toujours actif" dans les faubourgs est de la ville de plus de 200.000 habitants, a-t-il précisé.

Mercredi, un hôpital pour enfants et une maison de retraite avaient été évacués alors que l'incendie s'était dangereusement rapproché de la ville.

D'autres incendies importants sévissaient jeudi sur l'île ionienne de Zante (ouest), l'île égéenne de Chios (est) et près de la ville occidentale de Preveza, a déclaré le porte-parole.

Environ 600 équipes au sol et près de 30 avions bombardiers d'eau étaient déployés dès l'aube sur tous les sites.

La diminution de l'intensité du vent a favorisé les efforts de lutte contre les incendies.

La Grèce a connu depuis juin plusieurs grands incendies de forêt ayant détruit plus de 20.000 hectares. Les feux ont été favorisés par des températures très élevées, que les scientifiques attribuent à l'aggravation du changement climatique induit par l'homme.


Avant le sommet Trump-Poutine, pression diplomatique européenne et poussée militaire russe

Cette combinaison de photos créées le 8 août 2025 montre le président russe Vladimir Poutine (à gauche) prononçant un discours lors d'un événement marquant le 1160e anniversaire de la création de l'État russe à Veliky Novgorod le 21 septembre 2022, et le président élu des États-Unis Donald Trump regardant pendant une réunion avec le président français au palais de l'Élysée à Paris, le 7 décembre 2024. (AFP)
Cette combinaison de photos créées le 8 août 2025 montre le président russe Vladimir Poutine (à gauche) prononçant un discours lors d'un événement marquant le 1160e anniversaire de la création de l'État russe à Veliky Novgorod le 21 septembre 2022, et le président élu des États-Unis Donald Trump regardant pendant une réunion avec le président français au palais de l'Élysée à Paris, le 7 décembre 2024. (AFP)
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  • Trump prévient qu’il n’y aura « aucune seconde rencontre » avec Poutine si les discussions tournent mal, mais envisage un sommet tripartite avec Zelensky en cas d’accord
  • Pendant que Moscou avance sur le terrain, Kiev et les Européens intensifient la pression diplomatique avant la réunion cruciale de vendredi

WASHINGTON: Pression diplomatique des Européens et de Volodymyr Zelensky, poussée militaire en Ukraine de la Russie: chaque camp cherche à affirmer sa position avant la réunion vendredi en Alaska de Vladimir Poutine et de Donald Trump.

Le président américain, qui a dit vouloir "tâter le terrain" avec son homologue russe, a jugé mercredi que deux issues étaient possibles.

Si l'entretien se passe bien, il débouchera "presque immédiatement" sur une rencontre à trois entre le président russe, Volodymyr Zelensky et lui-même, pour mettre un terme à la guerre déclenchée en février 2022 par l'invasion russe.

Mais si sa première réunion en personne avec le maître du Kremlin depuis 2019 tourne mal, Donald Trump a assuré qu'il n'y aurait pas de "seconde rencontre" pour mettre fin au plus sanglant conflit en Europe depuis la Seconde guerre mondiale.

Piqué à vif par des commentaires de presse présentant la tenue du sommet comme une victoire diplomatique pour Vladimir Poutine, le président américain a assuré que la Russie ferait face à des "conséquences très graves" si elle n'acceptait pas de mettre fin à la guerre.

Mais il n'a pas précisé cette menace, qui n'est d'ailleurs pas la première du genre.

Donald Trump doit prendre la parole jeudi dans le Bureau ovale, mais la Maison Blanche n'a pas précisé l'objet de son allocution.

Mercredi, dans les rues du centre-ville d'Anchorage, pas de rues bouclées, de quartiers barricadés, ni même de présence policière visible.

Rien ne laisse deviner, à première vue, que se prépare cette réunion de la plus haute importance.

Mais à l'aéroport, les journalistes encombrés de caméras se mêlent aux touristes chargés de cannes à pêche. Les hôtels affichent complets, les loueurs de voiture sont dévalisés.

Les deux dirigeants se rencontreront sur la base militaire d'Elmendorf-Richardson, dont l'importance stratégique a culminé pendant la Guerre froide.

- "Très bon appel" -

Pour permettre la venue de la délégation russe, le Trésor américain a décidé vendredi de suspendre temporairement des sanctions prises contre Vladimir Poutine et plusieurs hauts responsables depuis le début de la guerre en Ukraine.

Jusqu'au bout, chaque partie s'efforce de consolider sa position: sur le front pour les Russes, par la voie diplomatique pour Kiev et les Européens.

Donald Trump a assuré avoir eu un "très bon appel" mercredi avec le président ukrainien et des dirigeants des pays européens, de l'UE et de l'Otan.

"Nous espérons que le thème central de la réunion" vendredi sera "un cessez-le-feu immédiat", a  déclaré Volodymyr Zelensky.

Il redoute que le sommet entre les présidents russe et américain n'aille plus loin, esquissant un règlement à long terme du conflit au détriment de son pays.

Les Européens se sont donc efforcés mercredi d'influencer l'état d'esprit dans lequel Donald Trump, dirigeant au tempérament volatil, aborde la réunion.

Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a évoqué une chance "réelle" de cessez-le-feu.

Vladimir Poutine se prépare lui à faire la traversée jusqu'en Alaska sur fond de progression accélérée des forces russes en territoire ukrainien.

Les troupes russes ont dit avoir conquis plus de 110 km2 supplémentaires au 12 août par rapport à la veille, ce qui n'était plus arrivé depuis fin mai 2024.

- "Echanges de territoires" -

Signe de la dégradation de la situation, l'Ukraine a ordonné mercredi l'évacuation de familles dans une dizaine de localités dans l'est.

Au moins trois personnes ont été tuées dans des tirs d'artillerie et des raids de drones russes dans la région de Kherson (sud) tôt mercredi, d'après les autorités régionales.

La Russie réclame que l'Ukraine lui cède quatre régions partiellement occupées (Donetsk, Lougansk, Zaporijjia et Kherson), en plus de la Crimée annexée en 2014, et qu'elle renonce aux livraisons d'armes occidentales et à toute adhésion à l'Otan.

Pour Kiev, ces exigences sont inaceptables.

Donald Trump a prédit "des échanges de territoires", à un moment où les soldats russes occupent environ 20% de l'Ukraine.

Volodymyr Zelensky a exclu tout retrait de zones de l'est de l'Ukraine dans le cadre d'un accord de paix.

Pour le chancelier allemand Friedrich Merz, l'Ukraine "est prête à discuter de questions territoriales" mais pas d'"une reconnaissance légale" de l'occupation par la Russie de certaines parties de son territoire.

"Les questions territoriales (...) ne seront négociées que par le président ukrainien", a de son côté martelé Emmanuel Macron.

Moscou de son côté a jugé "insignifiantes" ces consultations entre Américains et Européens.