Vague d’attentats: Les raisons du maintien de Daech en Syrie

Lors de la deuxième semaine d’août, le groupe terroriste Daech a mené plusieurs attaques contre des soldats du régime syrien (Photo fournie).
Lors de la deuxième semaine d’août, le groupe terroriste Daech a mené plusieurs attaques contre des soldats du régime syrien (Photo fournie).
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Publié le Jeudi 24 août 2023

Vague d’attentats: Les raisons du maintien de Daech en Syrie

  • Daech a mené des milliers d’attaques contre des cibles militaires et civiles depuis sa défaite territoriale en 2019
  • Selon les experts, le groupe terroriste a exploité la géographie et le conflit plus large pour maintenir une présence continue

QAMICHLI, Syrie: Lors de la deuxième semaine d’août, le groupe terroriste Daech a mené plusieurs attaques contre des soldats du régime syrien dans les gouvernorats de Raqqa et de Deir Ezzor, faisant des dizaines de morts et davantage de blessés.

Les attaques dans les régions centrales et orientales de la Syrie ne cessant d’augmenter en fréquence et en gravité, certains pourraient se demander si le groupe a vraiment été éliminé lorsque sa défaite a été annoncée en 2019.

Le samedi 23 mars 2019 a été un moment de joie pour les hommes et les femmes des Forces démocratiques syriennes (FDS), la force multiethnique soutenue par les États-Unis qui a mené la guerre terrestre contre Daech en Syrie, ainsi que pour les habitants des régions autonomes du nord et de l’est de la Syrie.

De Manbij à Kobani, de Raqqa à Hasakah et Qamichli, les rues des villes du nord-est de la Syrie étaient remplies de personnes de tous horizons célébrant la défaite finale de Daech lors de la bataille de Baghouz.

Des combattants de Daech paradent dans les rues de Raqqa, en juillet 2014 (Photo, AFP).

Ils étaient loin de se douter que malgré la perte de territoires, le groupe continuerait à maintenir des bases à l’intérieur et à l’extérieur du pays, qu’il utilise toujours pour mener des opérations en Syrie.

«Daech utilise différents cadres pour poursuivre son idéologie extrémiste», a déclaré à Arab News Sardar Mullah Darwich, journaliste kurde syrien et directeur du réseau Aso News.

Le groupe «s’appuie sur des cellules disséminées dans différentes zones des gouvernorats de Raqqa, Deir Ezzor et du sud de Hasakah, et en particulier dans la Badia, où elles se trouvent dans des zones qui ne sont pas entièrement contrôlées par la coalition, les FDS, ou même les forces armées du régime et d’autres forces militaires», a-t-il déclaré.

Darwich a ajouté que Daech se maintient grâce à l’extorsion financière, en menaçant les résidents riches et ceux qui travaillent avec des ONG internationales ou locales. Il a ajouté que l’utilisation de motos et du voile noir connu sous le nom de niqab sont deux moyens par lesquels le groupe tente de se camoufler parmi les civils.

Un enfant près d’un mur criblé de balles à Raqqa, dans le nord de la Syrie (Photo, AFP).

Daech mène des attaques à la fois contre les zones tenues par le régime et contre les régions tenues par les FDS. Selon Darwich, ces attaques sont des tentatives «pour montrer une présence et une force continues».

La nature divisée de la Syrie complique la réponse.

«Ce qui reste des vestiges du groupe terroriste dans nos régions se limite à des cellules dormantes, et nos forces de sécurité et militaires s’en occupent directement, en coordination et en coopération avec la Coalition mondiale», a déclaré à Arab News Abou Omar al-Idlibi, commandant de la Brigade démocratique du Nord, alignée sur les FDS.

«Quant au reste de la géographie syrienne, Daech est toujours fort car il représente l’une des raisons de la survie du régime syrien ainsi qu’une justification de la présence de ses soutiens, la Russie et l’Iran.»

Casse-tête stratégique

Al-Idlibi estime que la présence de Daech sert à justifier la présence militaire croissante de l’Iran en Syrie. Les milices pro-régime soutenues par l’Iran, notamment le Corps des gardiens de la révolution islamique, les forces Basij, Harakat Hezbollah al-Nujaba, Kataib Hezbollah (également connu sous le nom de Hezbollah irakien), l’Organisation Badr, la milice Abou al-Fadl al-Abbas, les Forces de défense nationale, Liwa al-Quds, Liwa Fatemiyoun et Liwa Zeynebiyoun, sont toutes déployées dans les régions où Daech reste le plus fort.

Abu Omar Al-Idlibi, commandant des forces syriennes libres  (Photo, AN/Ali Ali).

Depuis sa défaite territoriale en Syrie, Daech a mené plus de 1 400 attaques contre des cibles militaires et civiles dans tout le pays, causant la mort de plus de 3 000 personnes.

Ces statistiques, issues d’ensembles de données accessibles au public et compilées par le Armed Conflict Location and Event Data Project, montrent également que plus de 320 de ces attaques ont été menées même après la mort en 2022 du chef de Daech, Abou Ibrahim al-Hachimi al-Quraychi, le successeur d’Abou Bakr al-Baghdadi.

Selon le département de surveillance et de documentation de l’agence de presse locale North Press Agency, les attaques directes de Daech ont coûté la vie à plus de 262 personnes dans le pays au cours du seul premier semestre 2023, la majorité d’entre elles étant des civils.

En outre, le groupe terroriste a enlevé plus de 160 personnes. Un grand nombre des victimes des attaques et des enlèvements de Daech étaient des cueilleurs de truffes, qui parcourent de vastes zones peu sûres de la Badia syrienne afin de récolter les champignons lucratifs dans des conditions économiques difficiles.

La Badia syrienne est un immense désert qui couvre plus de la moitié du territoire du pays et s’étend sur huit des 14 gouvernorats de la Syrie. La région a déjà été utilisée par des groupes d’insurgés, notamment par la résistance irakienne pendant la guerre d’Irak, de 2003 à 2011.

La géographie de la Badia, une vaste étendue vide de désert rocailleux où les établissements habités sont rares, en a fait une base d’opérations idéale pour Daech après sa fuite de Baghouz.

Capture d’écran d’une vidéo appartenant à un média djihadiste, montrant de  jeunes syriens en passe d’exécuter des soldats du gouvernement (Photo, AFP).

La proximité de la frontière irakienne a encore renforcé l’attrait de la région.

«Cette région était bien connue pour être contrôlée par les contrebandiers, même avant la guerre en Syrie», explique Darwich. «Le passage de la frontière entre les deux pays présente de grandes lacunes... et il n’y a pas de contrôle des forces militaires telles que le régime, les FDS ou l’armée irakienne, et Daech compte donc sur cette région pour ses activités.»

Selon Darwich, Daech a creusé ces dernières années un vaste réseau de tunnels dans la région frontalière irako-syrienne pour faciliter ses opérations de contrebande entre les deux pays.

Pour les forces armées chargées de répondre à la menace de Daech, ces tunnels se sont révélés être un casse-tête stratégique.

«Les caractéristiques géographiques de la région entre la Syrie et l’Irak ont un impact important sur la facilité de mouvement de Daech, en particulier dans les zones sous le contrôle de l’Iran et de ses milices à Al-Bukamal et Al-Mayadeen, car ces zones frontalières sont des points de transit pour les organisations terroristes et les milices entre l’Irak et la Syrie», a déclaré Al-Idlibi, le commandant de la Brigade démocratique du Nord.

Malgré le vaste réseau de milices pro-régime soutenues par l’Iran et déployées dans le centre de la Syrie, Al-Idlibi doute que Damas envisage sérieusement d’affronter les vestiges de Daech dans la Badia.

«Daech se déplace librement dans les zones de la Badia syrienne [...] il n’a pas été véritablement confronté dans ces zones en raison du fait qu’elles sont sous le contrôle du régime syrien et de ses alliés.»

Fin 2019, les forces du régime syrien ont été retirées de la région de la Badia pour se concentrer sur la nouvelle offensive de Damas visant à reprendre Idlib à la coalition de l’opposition syrienne et des groupes islamistes qui la tenaient. Bien qu’un cessez-le-feu ait été déclaré à Idlib en 2020, la Badia était entre-temps devenue l’un des nouveaux refuges de Daech en Syrie.

Des membres de brigades anti-terroriste à la base militaire de Qamishli (Photo, AN/Ali Ali).

«Il existe de nombreuses régions vastes et entremêlées entre les zones du régime syrien et les zones de l’Administration autonome (du nord et de l’est de la Syrie), avec de nombreux passages naturels et des routes terrestres et fluviales», a déclaré Al-Idlibi.

«Cela permet à Daech de se déplacer facilement afin d’infiltrer nos zones dans le nord et l’est de la Syrie... Daech trouve également un soutien par le biais de cellules dormantes présentes dans nos régions, et nous voyons donc le groupe terroriste mener des opérations ici de temps en temps.»

Vaincre Daech

Le personnel militaire sur le terrain et les observateurs civils avertissent que les zones de la Badia syrienne tenues par le régime ne sont pas le seul bastion de Daech. Les zones du nord et du nord-ouest du pays tenues par une coalition de milices connue sous le nom d’Armée nationale syrienne (ANS) ont également servi de zone relativement sûre pour les militants de Daech pendant des années.

«Il est devenu évident que l’instabilité sur le plan social, économique et de la subsistance, ainsi que la propagation des organisations armées, de l’idéologie extrémiste, des pratiques inhumaines et criminelles, et la suppression des libertés dans les zones occupées contrôlées par les factions de la soi-disant Armée nationale syrienne et le groupe terroriste Front al-Nosra, sont ce qui fournit un incubateur et un bourbier nécessaire à la survie et à l’existence des dirigeants et des émirs des organisations terroristes, au premier rang desquelles le groupe terroriste Daech», a ajouté Al-Idlibi.

Depuis 2019, les forces de la coalition ont mené plus de 13 frappes aériennes et de drones ciblant Daech dans les zones contrôlées par la SNA, la dernière ayant tué un commandant de Daech dans un village près de Jinderis, dans la région d’Afrin, en avril de cette année.

En outre, un rapport publié en 2021 par Aso News Network a dressé une liste de 95 dirigeants de Daech dans les rangs des groupes de la SNA.

Darwich a déclaré que d’autres recherches menées par Aso News Network ont permis de découvrir des informations suggérant que le soulèvement des prisons de Daech à Hasakah en 2022, qui a coûté la vie à 121 combattants des FDS et à des civils, a été soutenu par des éléments de Daech qui se cachaient dans Ras al-Ain, tenu par la SNA.

Les recherches ont également montré que plusieurs familles de Daech avaient réussi à s’échapper du tristement célèbre camp d’Al-Hol et à s’installer à Ras al-Ain et dans la région voisine de Tal Abyad.

Le général Michael Kurilla, commandant du Commandement central des États-Unis, s’est rendu mercredi dans le nord-est de la Syrie, où il a visité les camps de personnes déplacées d’Al-Hol et d’Al-Roj et a rencontré des responsables des FDS pour faire le point sur la campagne d’élimination de Daech.

«Les États-Unis, les FDS et la coalition mondiale restent concentrés et engagés sur la défaite durable de Daech tout en répondant aux défis humanitaires et sécuritaires dans les camps du nord-est de la Syrie», a déclaré Kurilla dans un communiqué. 

Alors que les FDS et la coalition continuent de combattre le terrorisme, la solution au problème du terrorisme en Syrie, selon Al-Idlibi, est politique.

«La véritable solution pour débarrasser la Syrie du terrorisme une fois pour toutes réside dans la nécessité de mettre en œuvre une solution politique en Syrie, qui a été approuvée à l’unanimité par le Conseil de sécurité (de l’ONU) en 2015 par le biais de la résolution 2254», a déclaré Al-Idlibi.

«L’application de la démocratie est la solution idéale pour éradiquer les sources de l’extrémisme et du terrorisme... car la tyrannie et le terrorisme sont inséparables et interdépendants ; ils sont les raisons de la survie de l’un et de l’autre.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La Coalition arabe annonce une frappe aérienne “limitée” contre deux navires ayant acheminé des armes au Yémen

Sur cette photo prise le 29 novembre 2018, des forces pro-gouvernementales yéménites montent la garde près d'un navire amarré dans le port d'al-Mukalla, dans la province d'Hadramaout, au sud-ouest du Yémen. (AFP/Archives)
Sur cette photo prise le 29 novembre 2018, des forces pro-gouvernementales yéménites montent la garde près d'un navire amarré dans le port d'al-Mukalla, dans la province d'Hadramaout, au sud-ouest du Yémen. (AFP/Archives)
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  • La Coalition appelle à l’évacuation du port d'al-Mukalla, laissant présager une opération militaire majeure visant à contraindre le STC à se retirer
  • Le porte-parole indique que les deux navires ont transporté des armes depuis le port émirati de Fujairah vers al-Mukalla sans autorisation du commandement de la Coalition

Riyad : La Coalition de soutien à la légitimité au Yémen a annoncé mardi avoir mené une frappe aérienne « limitée » visant deux navires ayant introduit clandestinement des armes et d’autres équipements militaires dans le port d'al-Mukalla, dans le sud du Yémen.

Dans un communiqué relayé par l’Agence de presse saoudienne (SPA), le porte-parole des forces de la Coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a indiqué que deux navires en provenance du port de Fujairah, aux Émirats arabes unis, étaient entrés dans le port d'al-Mukalla, dans le gouvernorat de Hadramaout, sans obtenir d’autorisations officielles du commandement des forces conjointes de la Coalition.

« Les équipages des deux navires ont désactivé leurs systèmes de suivi et déchargé une grande quantité d’armes et de véhicules de combat afin de soutenir les forces du Conseil de transition du Sud (STC) dans les gouvernorats orientaux du Yémen (Hadramaout et Al-Mahra), dans le but d’alimenter le conflit. Il s’agit d’une violation flagrante de la trêve et des efforts visant à parvenir à une solution pacifique, ainsi que d’une violation de la résolution n° 2216 (2015) du Conseil de sécurité des Nations unies », a déclaré le porte-parole.

La Coalition a exhorté les civils et les pêcheurs à évacuer le port d'al-Mukalla, indiquant qu’une opération militaire de grande ampleur visant à imposer le retrait du STC pourrait être imminente.

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Carte Google indiquant l'emplacement d'al-Mukalla dans le sud du Yémen.

Al-Maliki a précisé que les forces de la Coalition avaient agi à la demande de Rachad Al-Alimi, président du Conseil présidentiel de direction du Yémen, « afin de prendre toutes les mesures militaires nécessaires pour protéger les civils dans les gouvernorats de Hadramaout et d’Al-Mahra ».

La semaine dernière, Al-Alimi avait averti que les actions unilatérales du STC poussaient le pays vers un seuil dangereux.

« Compte tenu du danger et de l’escalade représentés par ces armes, qui menacent la sécurité et la stabilité, les forces aériennes de la Coalition ont mené ce matin une opération militaire limitée visant les armes et les véhicules de combat déchargés des deux navires au port d'al-Mukalla. L’opération a été menée après documentation du déchargement et conformément au droit international humanitaire et à ses règles coutumières, sans qu’aucun dommage collatéral ne soit enregistré », a déclaré mardi le général Al-Maliki.

Il a réaffirmé l’« engagement constant de la Coalition en faveur de la désescalade et du maintien du calme dans les gouvernorats de Hadramaout et d’Al-Mahra, ainsi que de la prévention de tout soutien militaire de la part de quelque pays que ce soit à une faction yéménite sans coordination avec le gouvernement yéménite légitime et la Coalition », afin d’assurer le succès des efforts du Royaume et de la Coalition pour instaurer la sécurité et la stabilité et empêcher l’extension du conflit.

Par ailleurs, le président du Conseil présidentiel yéménite a décrété mardi l’état d’urgence pour une durée de 90 jours, incluant un blocus aérien, maritime et terrestre de 72 heures.

Ignorant les accords précédents conclus avec la Coalition, le groupe se désignant sous le nom de Conseil de transition du Sud (STC) a lancé début décembre une vaste campagne militaire, prenant le contrôle du gouvernorat de Hadramaout, à la frontière saoudienne, ainsi que du gouvernorat oriental d’Al-Mahra, à la frontière avec Oman.

Les forces du STC, soutenues par les Émirats arabes unis, se sont emparées de la ville de Seiyoun, y compris de son aéroport international et du palais présidentiel. Elles ont également pris le contrôle des champs pétroliers stratégiques de PetroMasila, qui représentent une part majeure des ressources pétrolières restantes du Yémen.

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Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj, qui vivent le long de la bande entre le sud et le nord du pays, se rassemblent lors d'un rassemblement dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025, pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC), soutenu par les Émirats arabes unis, qui souhaite rétablir l'indépendance du Yémen du Sud. (AFP)

Cette situation a conduit l’Arabie saoudite à exiger fermement le retrait du STC et la remise des zones saisies aux Forces du Bouclier national, une unité soutenue par Riyad.

La Coalition a averti que tout mouvement militaire compromettant les efforts de désescalade serait traité immédiatement afin de protéger les civils, selon l’Agence de presse saoudienne.

Le 26 décembre, les Émirats arabes unis ont publié un communiqué saluant les efforts de l’Arabie saoudite en faveur de la sécurité et de la stabilité au Yémen.

Le communiqué, relayé par l’agence de presse officielle WAM, a loué le rôle constructif de l’Arabie saoudite dans la défense des intérêts du peuple yéménite et le soutien à ses aspirations légitimes à la stabilité et à la prospérité.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L’Arabie saoudite s’inquiète des pressions de l’EAU sur le STC et met en garde contre des menaces sécuritaires

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  • L’Arabie saoudite a souligné que toute menace à sa sécurité nationale constitue une « ligne rouge »
  • Riyad a également insisté sur l’importance pour les Émirats arabes unis de répondre à la demande du Yémen de retirer leurs forces militaires dans un délai de 24 heures

Riyad : L’Arabie saoudite a exprimé mardi ses regrets face à ce qu’elle a qualifié de pressions exercées par les Émirats arabes unis sur les forces du Conseil de transition du Sud (STC) afin de mener des opérations militaires dans les gouvernorats yéménites de Hadramaout et d’Al-Mahra, avertissant que de telles actions constituent une menace directe pour la sécurité nationale du Royaume et la stabilité régionale.

Dans un communiqué, le ministère saoudien des Affaires étrangères a indiqué que ces démarches alléguées étaient incompatibles avec les principes de la Coalition arabe soutenant le gouvernement yéménite internationalement reconnu et qu’elles compromettaient les efforts en cours visant à instaurer la sécurité et la stabilité dans le pays.

#Statement | Pursuant to the statement issued by the Ministry of Foreign Affairs on 25/12/2025 corresponding to 5/7/1447 regarding the Kingdom’s concerted efforts, working with the brotherly United Arab Emirates, to end and contain the escalatory steps taken by the Southern… pic.twitter.com/lTyU0gLgpf

— Foreign Ministry 🇸🇦 (@KSAmofaEN) December 30, 2025

Le ministère a fait référence à de précédentes déclarations du Conseil présidentiel de direction du Yémen et du commandement de la coalition concernant le déplacement de navires transportant des armes et des véhicules lourds depuis le port de Fujairah vers Al-Mukalla sans autorisation officielle.

L’Arabie saoudite a affirmé que toute menace à sa sécurité nationale constitue une « ligne rouge », ajoutant qu’elle n’hésiterait pas à prendre toutes les mesures nécessaires pour faire face à de tels risques et les neutraliser.

Le Royaume a réaffirmé son soutien à la sécurité, à la stabilité et à la souveraineté du Yémen, ainsi que son appui total au Conseil présidentiel yéménite et à son gouvernement. Il a également rappelé que la question du Sud est une cause juste qui ne peut être résolue que par le dialogue, dans le cadre d’une solution politique globale impliquant toutes les parties yéménites, y compris le STC.

Riyad a en outre souligné l’importance pour les Émirats arabes unis de répondre à la demande du Yémen de retirer leurs forces militaires dans un délai de 24 heures et de cesser tout soutien militaire ou financier à toute faction yéménite.

Le communiqué a appelé à la prévalence de la sagesse afin de préserver l’unité du Golfe, les relations bilatérales et l’objectif commun de stabilité et de développement régionaux.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Survivants traumatisés et «conditions indignes»: récit de la première mission de l'ONU à El-Facher

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  • Tombée aux mains des Forces de soutien rapide (FSR) en octobre après 500 jours de siège, la ville est "le fantôme d'elle-même"
  • A sa demande, elle s'y est rendue sans escorte armée, avec une poignée de collègues

PORT-SOUDAN: Des survivants traumatisés vivant des "conditions indignes", sans eau ni assainissement: pour la première fois depuis le siège par les paramilitaires d'El-Facher dans l'ouest du Soudan, une équipe de l'ONU a pu se rendre sur place.

Tombée aux mains des Forces de soutien rapide (FSR) en octobre après 500 jours de siège, la ville est "le fantôme d'elle-même", "une scène de crime", a résumé dans un entretien lundi avec l'AFP la coordinatrice humanitaire Denise Brown, qui n'a été autorisée à passer que "quelques heures" sur place.

A sa demande, elle s'y est rendue sans escorte armée, avec une poignée de collègues.

"De larges parties de la ville sont détruites", raconte Mme Brown: El-Facher est devenue "l'un des épicentres de la souffrance humaine" dans la guerre qui oppose depuis avril 2023 l'armée régulière aux paramilitaires.

Accès "âprement négocié" 

Fin octobre, les FSR se sont emparées du dernier bastion de l'armée au Darfour lors d'une offensive sanglante marquée par des exécutions, pillages et viols.

Depuis, ils ont imposé un black-out sur la ville, l'isolant du monde. A l'exception de vidéos d'exactions publiées par les combattants eux-mêmes, suscitant l'indignation internationale, très peu d'informations ont filtré.

Plus de 107.000 personnes ont fui, selon l'Organisation mondiale pour les migrations (OIM).

Vendredi, l'équipe onusienne a pu pénétrer dans la ville après avoir "négocié âprement", explique la responsable canadienne, chargée pour le Soudan du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (Ocha).

Elle décrit des survivants "traumatisés vivant sous bâches plastiques", dans des conditions qu'elle qualifie "d'indignes et dangereuses".

Impossible de donner des chiffres à ce stade sur combien sont restés sur place. "Nous n'avons pas encore assez d'informations", dit-elle, alors que la ville comptait avant la guerre plus d'un million d'habitants.

L'équipe pouvait se déplacer librement vers les sites sélectionnés: l'hôpital saoudien, des abris de déplacés et cinq bureaux abandonnés de l'ONU.

Le complexe hospitalier, l'un des derniers en ville, "tient encore debout" avec du personnel médical sur place, mais il est à court d'antibiotiques et d'équipements, et quasi vide de patients.

"Partie émergée de l'iceberg" 

Privée d'aide humanitaire, El-Facher s'est retrouvée à court de tout pendant les 18 mois de siège.

Pour survivre, les habitants se sont résolus à manger de la nourriture pour animaux. En novembre, l'ONU y a confirmé l'état de famine.

"Un petit marché" subsiste avec de minuscules paquets de riz, des tomates, oignons et patates, quelques biscuits: "les gens n'ont pas les moyens d'acheter davantage", a-t-elle décrypté.

L'équipe "n'a pu voir aucun des détenus, et nous croyons qu'il y en a", a précisé la responsable onusienne.

"Nous n'avons vu que la partie émergée de l'iceberg", a-t-elle admis, "soucieuse" d'éviter les zones jonchées de munitions non explosées et de mines, dans un conflit qui a déjà tué 128 travailleurs humanitaires.

Les analyses d'images satellites et les témoignages recueillis par l'AFP font régulièrement état d'exactions sommaires et de fosses communes dans la ville, mais la responsable a préféré réserver ses observations aux experts des droits humains de l'ONU, qui préparent un rapport sur les atrocités à El-Facher.

La guerre au Soudan a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, déraciné 11 millions de personnes et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".