Les sanctions frappent 500 millions $ d'exportations militaires turques

Les nouvelles sanctions font suite à l’achat controversé, puis aux essais, par la Turquie du système de missile russe S-400 (Photo, AFP)
Les nouvelles sanctions font suite à l’achat controversé, puis aux essais, par la Turquie du système de missile russe S-400 (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 16 décembre 2020

Les sanctions frappent 500 millions $ d'exportations militaires turques

  • Les mesures signifient un moratoire sur toutes les licences d’exportation américaines, une révocation des autorisations accordées à la présidence turque des industries de la Défense
  • C'est la première fois dans l'histoire de l'alliance que les États-Unis sanctionnent un allié de l'OTAN

ANKARA: Les sanctions américaines contre la Turquie ont suscité la colère du président Recep Tayyip Erdogan, ce qui complique les relations déjà tendues entre les deux pays, d’après des experts.

Les nouvelles sanctions font suite à l’achat controversé, puis aux essais, par la Turquie du système de missile russe S-400.

«Malgré nos avertissements répétés, la Turquie maintient son achat et ses tests du système S-400 à la Russie. Les sanctions d’aujourd’hui démontrent que les États-Unis appliquent absolument la loi sur les sanctions contre les adversaires de l'Amérique (CAATSA). Nous ne tolérerons jamais de transactions importantes avec le secteur de la défense russe », a annoncé le secrétaire d’État américain sortant, Mike Pompeo.

La décision a été annoncée dans le cadre de la CAATSA. Les mesures signifient un moratoire sur toutes les licences d’exportation américaines, une révocation des autorisations accordées à la présidence turque des industries de la Défense, ainsi que le gel des avoirs et des restrictions de visa pour le président de la Défense et trois de ses employés.

La Défense ne plus recevoir des prêts américains de plus de 10 millions de dollars ou recevoir un soutien de la Banque d'export-import américaine. Washington utilisera également son influence envers les institutions financières internationales afin de bloquer tout prêt à l’égard de l’entreprise militaire.

L’objectif principal des mesures est de sanctionner les transactions d’envergure avec la Russie, comme le système de missiles de 2,5 milliards de dollars acheté à Rosoboronexport, la principale entité russe d’exportation d’armes, et testé en octobre dernier.

Bien qu’Ankara comprenne que le président américain a le pouvoir de lever les sanctions si le système russe est abandonné,  l’achat a été maintenu.

Madalina Vicari, une analyste géopolitique indépendante, pense que si l'administration Biden décide d'aller de l'avant avec des sanctions plus sévères, ce serait une «indication politique» claire que les États-Unis veulent réorganiser leurs relations avec Ankara. «Les restrictions sur les licences d'exportation sont les plus sévères de toutes les sanctions, mais même cela aurait pu être pire», a-t-elle révélé à Arab News.

La Turquie a condamné les sanctions «unilatérales», se réservant le droit de riposter «au bon moment».

Le principal parti d’opposition turc, le CHP, a aussi fortement critiqué les sanctions, affirmant que l’achat des S-400 est une «décision d’État» prise par la Turquie.

Unal Cevikoz, député du CHP et ancien ambassadeur, insiste que les «S-400 devraient être initialisés dès que possible».

Les experts offrent pourtant une explication différente aux raisons pour lesquelles les États-Unis n'ont pas opté pour des sanctions plus sévères, comme celle d’empêcher l'accès de la Turquie au système bancaire international SWIFT par exemple. «Des sanctions sévères auraient eu sans doute un impact considérable sur l’économie de la Turquie, déjà en difficulté, et auraient risqué d’achever les relations américano-turques. L’objectif ultime de (Trump) n’est pas de contrarier Ankara, ni de laisser une boîte de Pandore à la future administration», a avoué Vicari.

Elle ajoute néanmoins que des sanctions plus sévères auraient engendré un fardeau économique qui se serait certainement retourné contre les États-Unis au niveau national et dans les discours politique. «Ceci n’aurait pas non plus aidé l’opposition, car une économie paralysée prendrait surement plus de temps à se redresser. L'opposition aurait été acculée. Le gouvernement ne peut la soutenir plus que ça», pense-t-elle.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a ouvertement exprimé sa colère face aux sanctions, une heure avant que Washington n'en fasse l’annonce.

C'est la première fois dans l'histoire de l'alliance que les États-Unis sanctionnent un allié de l'OTAN. Cette décision sans précédent pourrait affecter les fournisseurs européens de la Défense, comme les grandes entreprises de défense italiennes qui pourraient interrompre la coopération avec Ankara car elles détiennent des intérêts importants aux États-Unis.

Le spécialiste de la Turquie Matthew Goldman de l'Institut suédois de recherche à Istanbul estime que les sanctions américaines auraient pu être plus sévères, et s'attaquer aux bases de l'économie turque ou en ciblant simplement les hauts fonctionnaires du gouvernement Erdogan.

«La loi Magnitsky a été utilisée pour sanctionner les ministres de la Justice et de l'Intérieur d'Erdogan en 2018 de façon à obtenir la libération du pasteur américain emprisonné Andrew Brunson, ce qui a eu un impact immédiat sur l'économie turque», a déclaré Goldman à Arab News. Il ajoute qu’avec « ces récentes sanctions de la CAATSA, le département d'État a évité de viser les responsables proches d'Erdogan, et leur a même présenté un discours quelque peu conciliant, rappelant aux nations que la Russie est leur véritable cible, non la Turquie», a ajouté Goldman.

De son côté, le directeur de la communication présidentielle, Fahrettin Altun, a opté pour un ton plus complaisant dans ses premiers commentaires publics après l’annonce.

Il a cependant appelé au dialogue, soulignant «le partenariat stratégique entre la Turquie et les États-Unis». Il a écrit dans un Tweet: «Nous gardons l'espoir que les États-Unis réparent cette grave erreur sans délai».

Selon Goldman, la réaction de la Turquie a été forte, mais «aurait pu être plus forte que cela».

Il a de plus déclaré: «Ankara promis une riposte et a exprimé son indignation à l'idée d’être traitée de cette façon alors qu’elle est membre de l'OTAN. Elle laisse quand même la porte ouverte au dialogue».

Les sanctions touchent principalement le secteur de la défense turc, car les États-Unis ont importé pour 531 millions de dollars de matériels de défense de la Turquie en 2020. L'industrie militaire locale dépend des pièces fabriquées aux États-Unis.

Goldman a toutefois confié que la Turquie pourrait réagir à ces sanctions en accélérant ses efforts pour diversifier ses chaînes d'approvisionnement de défense loin des États-Unis, et en travaillant plus étroitement avec l'Ukraine et d'autres pays. Ankara pourrait aussi produite plus de pièces localement, mais un tel changement stratégique prendrait  du temps, et «a ses propres limites».

Il a déclaré: «Depuis 2018, le Congrès américain bloque déjà discrètement certaines exportations de défense vers la Turquie pour des projets tels que la modernisation du F-16, l'hélicoptère T129 et le navire de guerre MILGEM, que la Turquie tente de vendre au Pakistan. La Turquie a déjà réagi en développant son propre moteur de T129, afin de remplacer les moteurs américains bloqués».

Pour la nouvelle administration Biden, Goldman estime que le Congrès américain des deux côtés va à l’évidence maintenir sa position «anti-Erdogan» et «anti-russe», et continuer à garder une ligne dure contre les ventes militaires à la Turquie.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Al-Azhar Al-Sharif condamne les crimes terroristes contre les civils à Gaza

Des Palestiniens récupèrent des corps enterrés à l’hôpital Nasser à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 21 avril 2024. (Reuters)
Des Palestiniens récupèrent des corps enterrés à l’hôpital Nasser à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 21 avril 2024. (Reuters)
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  • Al-Azhar réitère la nécessité pour la communauté internationale d’assumer ses responsabilités et de «mettre fin à l’agression frénétique contre la population de Gaza»
  • Al-Azhar mentionne que les corps de centaines de Palestiniens, parmi lesquels des patients, ont été retrouvés dans des fosses communes au complexe médical Nasser à Khan Younès

LE CAIRE: Al-Azhar Al-Sharif, la plus ancienne et la plus importante institution d’enseignement de l’islam sunnite, a fermement condamné «les crimes terroristes commis contre les civils dans la bande de Gaza».

Dans un communiqué, Al-Azhar condamne ces attaques «dont l’atrocité a été révélée par les nombreuses informations selon lesquelles des centaines de corps d’enfants, de femmes, de personnes âgées et de membres du personnel médical ont été enterrés dans des fosses communes dans les environs des complexes médicaux Nasser et Al-Shifa».

«De même, des dizaines de corps ont été retrouvés “éparpillés” dans des centres d’hébergement et de déplacement, des tentes et des quartiers résidentiels dans la bande de Gaza.»

Al-Azhar affirme au monde que «ces fosses communes sont une preuve indéniable que ces atrocités et ces horreurs sont devenues un comportement quotidien normal pour Israël».

L’institution appelle les peuples du monde à s’unir pour protester de manière à dissuader les régimes qui soutiennent ces crimes.

Elle réclame un procès international urgent contre «le gouvernement terroriste d’occupation, qui ne connaît plus le sens de l’humanité ni du droit à la vie et qui commet des génocides tous les jours».

Al-Azhar réitère par ailleurs la nécessité pour la communauté internationale d’assumer ses responsabilités, de «mettre fin à l’agression frénétique contre la population de Gaza et aux souffrances et catastrophes humanitaires sans précédent qui en découlent, et de garantir la protection des civils et l’acheminement d’une aide humanitaire suffisante et durable dans toutes les parties de la bande de Gaza».

L’institution présente aussi ses «sincères condoléances au peuple palestinien et aux familles des martyrs, priant Allah Tout-Puissant de leur accorder son immense miséricorde et son pardon, à rassurer les cœurs de leurs familles et de leurs proches, et à accélérer le rétablissement des malades».

Citant des articles de presse, Al-Azhar mentionne que, depuis samedi, les corps de centaines de Palestiniens, parmi lesquels des patients, ont été retrouvés dans des fosses communes au complexe médical Nasser à Khan Younès.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le plus grand projet de restauration corallienne au monde dévoilé en mer Rouge

La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an. (SPA)
La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an. (SPA)
La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an. (SPA)
La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an. (SPA)
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  • «KCRI est le plus grand projet de restauration corallienne du monde et constitue une étape importante vers la restauration des récifs à l’échelle mondiale»
  • «Les événements récents nous rappellent brutalement la crise mondiale à laquelle sont confrontés les récifs coralliens»

RIYAD: Des scientifiques de l’université des sciences et technologies du roi Abdallah (Kaust), en collaboration avec Neom, ont inauguré la première pépinière de l’Initiative de restauration corallienne de la Kaust (KCRI).

«KCRI est le plus grand projet de restauration corallienne du monde et constitue une étape importante vers la restauration des récifs à l’échelle mondiale. Une première pépinière est officiellement opérationnelle et une seconde est en cours de construction. Elles sont toutes deux situées en mer Rouge», indique un communiqué publié jeudi.

La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an.

Les chercheurs se serviront de cette installation pilote pour lancer des initiatives de restauration corallienne à grande échelle, avec notamment la pépinière de coraux terrestre la plus grande et la plus avancée au monde.

Située sur le même site, cette dernière aura une capacité décuplée et pourra produire 400 000 coraux par an. Le projet devrait être achevé en décembre 2025.

Abritant 25% des espèces marines connues, bien qu’ils couvrent moins d’1% des fonds marins, les récifs coralliens sont le fondement de nombreux écosystèmes marins. Les experts estiment que jusqu’à 90% des récifs coralliens de la planète subiront un stress thermique grave d’ici à 2050.

«Les événements récents nous rappellent brutalement la crise mondiale à laquelle sont confrontés les récifs coralliens. Nous avons donc pour ambition de trouver un moyen de faire passer les efforts de restauration actuels, à forte intensité de main-d’œuvre, à des processus industriels afin d’inverser le rythme actuel de dégradation des récifs coralliens», a expliqué le professeur Tony Chan, président de la Kaust.

Cette initiative s’aligne sur la Vision 2030 de l’Arabie saoudite et sur ses efforts pour renforcer la conservation marine en tirant parti des recherches réalisées par la Kaust sur les écosystèmes marins et en servant de plate-forme pour tester des méthodes de restauration innovantes.

«Grâce à notre partenariat de longue date avec la Kaust, nous mettrons également en lumière le rôle des récifs coralliens, qui comptent parmi les systèmes environnementaux marins les plus importants, ainsi que l’importance de leur préservation pour les générations futures», a confié le PDG de Neom, Nadhmi al-Nasr.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L’UE assouplit les règles en matière de visas pour l’Arabie saoudite, Oman et Bahreïn

L’ambassadeur de l’Union européenne en Arabie saoudite, Christophe Farnaud. (Photo fournie)
L’ambassadeur de l’Union européenne en Arabie saoudite, Christophe Farnaud. (Photo fournie)
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  • Les citoyens saoudiens, omanais et bahreïnis peuvent désormais bénéficier de visas à entrées multiples d’une durée de cinq ans
  • Il s’agit d’«une étape importante dans la promotion des contacts interpersonnels», affirme l’ambassadeur

RIYAD: Les citoyens saoudiens, omanais et bahreïnis pourront se rendre plus facilement en Europe à la suite d’une décision de la Commission européenne visant à assouplir les règles en matière de visas.

Jeudi, l’ambassadeur de l’Union européenne (UE) en Arabie saoudite, Christophe Farnaud, a déclaré à des journalistes à Riyad que les nouvelles règles relatives aux visas Schengen constituaient «une étape importante dans la promotion des contacts interpersonnels et la facilitation des échanges entre les citoyens de l’UE et du Conseil de coopération du Golfe [CCG]».

En vertu des nouvelles règles, un visa à entrées multiples sera normalement délivré pour une durée de cinq ans aux demandeurs retenus, y compris à ceux qui présentent une demande pour la première fois.

«Le processus est le même, mais la durée du visa est plus longue, ce qui leur permet de se rendre dans 29 pays européens en utilisant le même visa à entrées multiples, valable pour une durée de cinq ans», a expliqué M. Farnaud.

Ce dernier a déclaré qu’il était important de placer le changement de visa «dans le contexte des relations stratégiques entre cette région et l’Europe».

L’espace Schengen regroupe 29 pays européens, dont 25 sont des États membres de l’UE: la Belgique, la Bulgarie, la Croatie, la République tchèque, le Danemark, l’Allemagne, l’Estonie, la Grèce, l’Espagne, la France, l’Italie, la Lettonie, la Lituanie, le Luxembourg, la Hongrie, Malte, les Pays-Bas, l’Autriche, la Pologne, le Portugal, la Roumanie, la Slovénie, la Slovaquie, la Finlande et la Suède, ainsi que l’Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse.

Les États membres mettront en œuvre cette décision dès qu’ils auront reçu les notifications, a assuré M. Farnaud.

«Comme nous le savons, la notification a été faite mercredi. Donc, à partir de maintenant, les États membres peuvent délivrer ces visas, à moins qu’il n’y ait une raison technique qui les oblige à attendre quelques jours», a-t-il précisé.

«Je suis très heureux d’avoir pu travailler sur ce projet et je dois dire que j’ai reçu de nombreuses réponses très positives de la part des citoyens, notamment des Saoudiens. Je pense que c’est une excellente nouvelle», a ajouté M. Farnaud.

L’envoyé a indiqué que l’Europe travaillait également sur la mise en place de visas électroniques, «mais cela prendra un certain temps».

«Je ne peux pas vous dire combien de temps exactement, car cela implique des décisions de la part des États membres sur des aspects techniques. Ce projet se concrétisera donc, mais cela prendra un certain temps», a-t-il indiqué.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com