Le sort du peuple soudanais «en tête de nos priorités», affirme la représentante du Royaume-Uni auprès de l'ONU

Barbara Woodward, la représentante permanente du Royaume-Uni auprès des Nations unies et la responsable du dossier soudanais au Conseil de sécurité (Capture d’écran, AN).
Barbara Woodward, la représentante permanente du Royaume-Uni auprès des Nations unies et la responsable du dossier soudanais au Conseil de sécurité (Capture d’écran, AN).
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Publié le Mercredi 20 septembre 2023

Le sort du peuple soudanais «en tête de nos priorités», affirme la représentante du Royaume-Uni auprès de l'ONU

  • Barbara Woodward décrit les difficultés d'acheminement de l'aide comme un obstacle majeur à la résolution des crises humanitaires
  • Elle exhorte les dirigeants rivaux du Soudan à cesser les combats et à rétablir un régime civil

NEW YORK: La situation humanitaire au Soudan continue de se détériorer rapidement alors que le conflit qui a éclaté le 15 avril ne montre aucun signe d'apaisement.

La lutte pour le pouvoir a récemment coûté la vie à un nombre croissant de civils, tandis que les difficultés d'accès rendent de plus en plus difficile pour les travailleurs humanitaires d'atteindre les millions de Soudanais dans le besoin.

En mai, malgré la signature d'un pacte à Djeddah, dans lequel les deux généraux en conflit ont accepté de permettre l'acheminement en toute sécurité de l'aide humanitaire, le rétablissement des services essentiels et le retrait des forces des hôpitaux et des cliniques, le Soudan reste un espace opérationnel très peu sûr pour les travailleurs humanitaires.

Depuis le début des hostilités, 19 membres du personnel des agences humanitaires ont été tués.

Les dirigeants d'organisations humanitaires ont déclaré que le Soudan «n'est plus au bord du précipice des atrocités de masse ; il est tombé dans le vide» (Photo, AFP).

Les obstacles bureaucratiques, tels que les douanes, les visas et les autorisations, continuent d'entraver le déploiement des équipes humanitaires dans le pays et dans les régions où les besoins sont les plus intenses. En juillet, plus de 220 travailleurs humanitaires internationaux attendaient des visas pour entrer dans le pays, les demandes restant en suspens pendant des semaines.

Barbara Woodward est la représentante permanente du Royaume-Uni auprès des Nations unies et la responsable du dossier du Soudan au Conseil de sécurité. Le rôle des rédacteurs est de mener les négociations et la rédaction d'une résolution sur un sujet particulier.

Lors d'une interview accordée à Arab News à New York, Woodward a déclaré que «le sort du peuple soudanais, dont 25 millions de personnes ayant désespérément besoin d'une aide humanitaire, est vraiment au premier rang de nos préoccupations.»

Elle a fait remarquer que l'accès de l'aide humanitaire au Soudan était le plus difficile au monde et constituait l'une des principales entraves à la résolution de la crise humanitaire au Soudan.

«Nous ne pouvons pas acheminer l'aide humanitaire aux populations parce que les convois sont attaqués et que des obstacles bureaucratiques se dressent sur le chemin, tels que les douanes, les visas et les autorisations», a-t-elle ajouté.

Woodward a souligné qu'en dépit d'efforts considérables, les parties belligérantes n'avaient pas respecté leurs engagements de faciliter l'accès de l'aide humanitaire, laissant la communauté internationale profondément préoccupée par le sort de la population soudanaise.

Elle a souligné la gravité de la situation, exprimant son inquiétude pour la population du Soudan, pour ceux qui ont fui et pour les atrocités qui ne cessent d'être rapportées.

Elle a déclaré que le Royaume-Uni s'efforçait de résoudre la crise par une aide financière et des actions diplomatiques, ajoutant que les réunions du Conseil de sécurité des Nations unies convoquées par les Britanniques n'étaient qu'un élément d'une stratégie globale.

Les dirigeants régionaux sont convenus de mettre en place un mécanisme ministériel pour coordonner les efforts visant à résoudre le conflit (Photo, AFP).

Woodward a avisé : «Environ 25 millions de personnes ont besoin d'aide. Près de 5 millions de personnes sont déplacées, dont certaines l'étaient déjà, et environ 42% de la population a besoin d'une aide alimentaire.

«Il y a un deuxième groupe de personnes, environ un million, qui ont fui le Soudan pour se réfugier principalement au Tchad et au Sud-Soudan. Elles ont bien sûr besoin d'attention», a-t-elle ajouté.

«C'est pourquoi nous avons divisé l'aide britannique de 33,5 millions de dollars (1 dollar américain = 0,94 euro), avec une partie pour le Soudan, aux alentours de 27,2 millions de dollars, et 6,3 millions de dollars spécialement destinés au Sud-Soudan et au Tchad, notamment pour les rapports que nous avons eus sur les violences corporelles graves», a-t-elle expliqué.

«Il ne s'agit pas non plus d'une simple mission humanitaire. Les rapports que nous avons entendus sur les atrocités – violation du droit humanitaire international, violence, violence ethnique, violence sexuelle – créent une autre couche de problèmes humanitaires. Tous ces problèmes sont aggravés parce que, comme je l'ai affirmé, nous ne pouvons pas acheminer l'aide humanitaire», a précisé Woodward.

La région du Darfour, au Soudan, a été marquée par un conflit de deux décennies qui a fait des centaines de milliers de morts et plus de deux millions de déplacés.

Deux mois après le début de la guerre, Martin Griffiths, le responsable des affaires humanitaires des Nations unies, a dressé un tableau désastreux des États du Darfour, en particulier du Sud-Darfour, décrivant «des bébés mourant dans les hôpitaux où ils étaient soignés, des enfants et des mères souffrant de malnutrition sévère, des camps de personnes déplacées réduits en cendres, des filles violées, des écoles fermées et des familles qui mangent des feuilles d’arbres pour survivre».

Il a signalé : «Les hôpitaux et les installations d'eau ont été attaqués. Des entrepôts et des bureaux humanitaires ont été saccagés. Des travailleurs humanitaires ont été tués.»

Griffiths a indiqué que les informations faisant état de massacres dans cette province agitée «devraient inciter le monde à agir», ajoutant que «le monde ne peut pas permettre que cela se produise. Pas de nouveau».

Les Chiffres du CONFLIT AU SOUDAN

- 5 millions de civils déplacés par le conflit à ce jour.

- Plus de 20 millions de personnes en situation d'insécurité alimentaire aiguë.

- Plus de 6 millions de personnes à deux doigts de la famine.

- Plus de 3,2 millions de personnes ont reçu une forme d’aide.

En ce qui concerne les mesures que le monde devrait prendre, Woodward a déclaré qu'une action bilatérale est impérative, ajoutant que le ministre britannique des Affaires étrangères, James Cleverly, s'était personnellement entretenu avec les chefs militaires.

Elle a souligné que la deuxième approche du Royaume-Uni avait consisté à se concentrer sur une participation active aux initiatives de paix locales et régionales, telles que celles impliquant la Quadrilatérale (Arabie Saoudite, Émirats arabes unis, Royaume-Uni et États-Unis) et le groupe central de l'Union africaine sur la crise du Soudan, dont le Royaume-Uni est membre.

«Et puis, bien sûr, il y a ce que nous pouvons faire ici aux Nations unies. En tant que responsable du dossier soudanais, le Royaume-Uni a convoqué sept réunions du Conseil de sécurité au cours des cinq derniers mois pour tenter d'attirer l'attention sur la situation au Soudan et faire pression sur les parties belligérantes pour qu'elles mettent fin aux combats afin que nous puissions apporter de l'aide à la population soudanaise et essayer de faire en sorte que le Soudan mette fin aux combats et revienne à un régime civil», a déclaré Woodward.

Les responsables de plus de 50 organisations internationales humanitaires et de défense des droits de l'homme sont récemment convenues que le Soudan n’est «plus au bord du précipice des atrocités de  masse ; il est tombé dans le vide» et ont mis en garde contre l'inaction face au désastre qui se déroule «sous nos yeux».

Tirana Hassan, directrice exécutive de Human Rights Watch, a déclaré que «face à la multiplication des atrocités au Soudan, le Conseil de sécurité a négligé la responsabilité qui lui incombait d'apporter une réponse vigoureuse.»

«L'organe le plus important au monde en matière de paix et de sécurité internationales ne doit pas rester silencieux face à de graves crimes internationaux.»

En réponse aux préoccupations concernant la réaction du Conseil de sécurité à la crise soudanaise, notamment en comparaison avec le conflit ukrainien, Woodward a établi une distinction, affirmant que la guerre en Ukraine avait été déclenchée par un membre permanent du Conseil de sécurité.

Elle a indiqué que la situation en Ukraine avait une dynamique différente, citant le rôle de la Russie dans la convocation de ce qu'elle a appelé des réunions fallacieuses liées à l'Ukraine et son utilisation du droit de veto.

La guerre pour le pouvoir au Soudan a récemment fait de plus en plus de victimes civiles (Photo, AFP).

Selon Woodward, si de nombreuses réunions ont eu lieu sur l'Ukraine, cela «ne doit pas nous faire oublier que nous sommes très, très conscients de la situation épouvantable et des circonstances auxquelles le peuple soudanais est confronté en ce moment et de la fragilité de la situation dans ce pays».

Les efforts régionaux et internationaux pour résoudre la crise soudanaise n'ont pas manqué. De nombreuses réunions ont été organisées séparément par l'Union Africaine, l'Autorité intergouvernementale pour le développement et la Ligue arabe.

L’autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) a également créé le groupe du Quartet composé de Djibouti, de l'Éthiopie, du Kenya et du Sud-Soudan qui, lors d'une réunion en juillet, a décidé de «demander au sommet de la Force en attente de l'Afrique de l'Est de se réunir afin d'envisager le déploiement éventuel de la Force en attente de l'Afrique de (EASF) pour la protection des civils et pour garantir l'accès de l'aide humanitaire».

En mai, à Djeddah, les forces armées soudanaises et les forces de soutien rapide ont signé la déclaration d'engagement à protéger les civils du Soudan – la déclaration de Djeddah – en reconnaissance de leurs responsabilités en vertu du droit international humanitaire et du droit international des droits de l'homme. Quelques jours plus tard, elles ont signé un accord sur un cessez-le-feu de sept jours, l'un des nombreux qui n'ont pas tenu.

Puis, à la fin du mois de mai, les pourparlers saoudiens facilités par les États-Unis ont été suspendus après le retrait des Forces armées soudanaises, qui accusaient les Forces de soutien rapide de ne pas appliquer le cessez-le-feu.

Les pourparlers auraient repris le 15 juillet, avant que les Forces armées soudanaises n'annoncent à nouveau le retour de leur délégation de Djeddah, faute d'accord sur plusieurs points, notamment leur position selon laquelle les Forces de soutien rapide devraient évacuer les habitations civiles et les installations publiques à Khartoum.

En juillet, l'Égypte a accueilli le sommet des États voisins du Soudan, réunissant les chefs d'État et de gouvernement de la République centrafricaine, du Tchad, de l'Égypte, de l'Érythrée, de l'Éthiopie, de la Libye et du Sud-Soudan, dans le but de trouver une solution. Les dirigeants sont convenus d'établir un mécanisme ministériel comprenant les ministres des Affaires étrangères des États voisins du Soudan afin de coordonner leurs efforts pour résoudre le conflit.

«Mon message au peuple soudanais est que nous essayons désespérément de lui apporter l'aide humanitaire dont il a besoin de toute urgence», a déclaré Barbara Woodward (Photo, AFP).

L'Union Africaine a déclaré à maintes reprises qu'une telle multiplicité d'approches ne servait pas la volonté du peuple soudanais. La feuille de route de l'UA pour la paix appelle à la mise en place d'un mécanisme coordonné pour garantir que tous les efforts régionaux et mondiaux soient harmonisés et aient un impact.

Selon Woodward, «le problème que nous rencontrons, je pense, n'est pas tant la prolifération des initiatives, qui montre à quel point les gens sont prêts à soutenir la cause de la paix au Soudan. C'est le fait que les deux parties ne cessent de se battre.»

«Une initiative unifiée devrait bien sûr conduire à la fin des combats et à l'établissement d'une sorte de gouvernement civil. Ce sont les deux éléments clés», a-t-elle ajouté.

Elle a souligné que l'accord de Djeddah était une initiative prometteuse qui visait à faciliter l'accès humanitaire. Bien que les deux parties n'aient pas respecté leurs engagements, elle a exprimé l'espoir que l'initiative gagne du terrain.

Woodward a affirmé que la communauté internationale travaillait sans relâche pour fournir de l'aide et surveiller les violations du droit international, tout en restant déterminée à mettre fin aux combats et à instaurer un régime civil.

«Mon message au peuple soudanais est que nous essayons désespérément de vous apporter l'aide humanitaire dont vous avez besoin de toute urgence», a-t-elle assuré.

«Nous faisons de notre mieux pour surveiller la violence et les violations du droit humanitaire international, afin de pouvoir demander des comptes aux parties, et nous voulons voir la fin des combats et aider au rétablissement d'un régime civil au Soudan», a-t-elle souligné.

Son message aux chefs militaires soudanais était sans équivoque : «Arrêtez de vous battre.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le forum de Riyad examine le rôle de la traduction dans la promotion de l'identité saoudienne

L'Université Princesse Noura bent Abdelrahman accueillera le 15 mai une conférence intitulée « Traduire l'identité saoudienne à travers d'autres langues et cultures ». (SPA)
L'Université Princesse Noura bent Abdelrahman accueillera le 15 mai une conférence intitulée « Traduire l'identité saoudienne à travers d'autres langues et cultures ». (SPA)
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  • La conférence vise à contribuer à un objectif clé de la Vision 2030 du Royaume, à savoir la promotion des valeurs islamiques et de l'identité nationale, en encourageant les Saoudiens à traduire ces concepts dans d'autres langues et cultures
  • Le rôle de la traduction dans la promotion d'une image positive du Royaume sera également discuté, ainsi que la promotion de la reconnaissance internationale et la mise en évidence de l'impact culturel du Royaume

RIYAD : Le Collège des langues de l'Université Princesse Noura bent Abdelrahman de Riyad accueillera le 15 mai une conférence intitulée « Traduire l'identité saoudienne à travers d'autres langues et cultures ».

L'événement, dont le slogan est « Nous traduisons notre identité », aura lieu au département des conférences et des séminaires et est parrainé par le ministre saoudien de l'Éducation, Yousef Al-Benyan.

Il se concentrera sur le partage du patrimoine culturel, historique, littéraire et intellectuel du Royaume avec un public mondial, a rapporté l'agence de presse saoudienne.


L'interminable attente des proches de jeunes migrants tunisiens perdus en mer

El Hencha fait actuellement face à un exode de jeunes en quête de mieux comme en Europe. (X : @ClimateActionG1)
El Hencha fait actuellement face à un exode de jeunes en quête de mieux comme en Europe. (X : @ClimateActionG1)
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  • Les occupants du bateau étaient surtout des jeunes de 17 à 30 ans, originaires d'El Hencha, bourgade agricole de 6.000 habitants
  • Inès Lafi n'avait aucune idée des intentions de son frère Mohamed, presque 30 ans

EL HENCHA: La plupart avaient gardé le secret: une quarantaine de migrants tunisiens, très jeunes, ont embarqué clandestinement en janvier en quête du "paradis européen" et depuis plus de quatre mois, leurs proches désespèrent de recevoir des nouvelles des disparus.

Ils sont partis vraisemblablement de Sfax (centre), épicentre en Tunisie de l'émigration irrégulière vers l'Italie, la nuit du 10 au 11 janvier sur une mer démontée, selon les familles.

Les occupants du bateau étaient surtout des jeunes de 17 à 30 ans, originaires d'El Hencha, bourgade agricole de 6.000 habitants à 40 kilomètres au nord de Sfax. Une mère et son bébé de quatre mois étaient aussi du voyage.

Inès Lafi n'avait aucune idée des intentions de son frère Mohamed, presque 30 ans, qui gagnait sa vie en conduisant la camionnette familiale de "louage" (taxi collectif).

"Il est sorti vers 22H00 avec son téléphone, sans rien dire à mes parents, sans vêtements de rechange ni sac, comme s'il allait retrouver ses amis", raconte à l'AFP cette ouvrière de 42 ans, qui souffre d'insomnies depuis.

Yousri, 22 ans, est aussi parti en cachette. "La majorité des jeunes n'ont pas informé leur famille, ils se sont débrouillés pour avoir un peu d'argent", confirme M. Henchi, son oncle instituteur.

Meftah Jalloul, poissonnier de 62 ans, savait lui "depuis un certain temps" que son fils Mohamed, 17 ans, "voulait migrer en Europe" et le lui avait déconseillé "mais c'est devenu une idée fixe".

La nuit fatidique, il a tenté d'empêcher son unique garçon de sortir, l'implorant d'attendre une meilleure météo, mais "il m'a embrassé sur la tête et il est parti", relate M. Jalloul.

«Désespérance»

Le commerçant culpabilise: "chaque jour, il créait des problèmes à la maison, il voulait de l'argent pour migrer. C'est moi qui lui ai donné l'argent, donc je suis responsable".

Les Tunisiens ont représenté la deuxième nationalité des migrants illégaux arrivés en Italie (17.304) en 2023, après les Guinéens, selon des statistiques officielles.

"Cette immigration irrégulière ne s'explique pas seulement par des motifs économiques et sociaux", analyse Romdhane Ben Amor, porte-parole de l'ONG FTDES. Il y a aussi "le facteur politique (le coup de force du président Kais Saied à l'été 2021, NDLR) et le sentiment de désespérance des Tunisiens qui ne croient pas dans l'avenir du pays".

Les disparus d'El Hencha, issus de la classe moyenne, pas particulièrement pauvres, partageaient cette "sensation d'horizon bouché".

Le frère d'Inès avait un travail mais "avec 20 dinars par jour (trois euros environ), une fois payé ses cigarettes, il disait qu'il ne pouvait pas faire de projets, ni construire une maison, ni se marier".

Mohamed l'instituteur pointe du doigt "les jeunes déjà en Italie qui publient sur les réseaux sociaux (...) leur quotidien". Les autres "voient ça et veulent changer leur avenir. Ils imaginent l'Europe comme un paradis", souligne-t-il. C'était, pense-t-il, le cas de Yousri qui travaillait dans un café internet pour 10/15 dinars par jour après avoir quitté le lycée avant le bac.

Meftah Jalloul était lui d'accord pour que son fils, également décrocheur scolaire, émigre, mais légalement et seulement après avoir fait une formation. "Il pouvait apprendre un métier: plombier, menuisier, mécanicien", souligne le père de famille.

Aujourd'hui, M. Jalloul lutte pour garder espoir.

«Temps très mauvais»

"Quatre mois se sont écoulés et je pleure mon fils. Ma famille et moi, nous sommes épuisés", dit-il en fondant en larmes.

Lui et d'autres familles se raccrochent à l'idée que l'embarcation aurait pu dériver vers la Libye voisine. Des contacts ont été pris, des recherches menées, en vain.

Inès Lafi et Mohamed Henchi redoutent le pire. Plus de 1.300 migrants sont morts ou ont disparu dans des naufrages l'an passé près des côtes tunisiennes, selon le FTDES.

"Le temps était très mauvais. Même les pêcheurs qui connaissent la mer sont rentrés, lui est sorti", explique Inès, furieuse contre le passeur, connu de tous pour son activité clandestine, qui n'est pas non plus revenu de cette dernière traversée.

Aux autorités, les familles demandent la poursuite des recherches et davantage d'opportunités à El Hencha.

"Il faut enrichir la zone industrielle avec d'autres unités de production, fournir des emplois aux jeunes", estime M. Henchi.

Il faudrait aussi, dit l'instituteur, "construire un état d'esprit différent" avec des programmes éducatifs pour donner envie de bâtir son avenir en Tunisie. Sinon les jeunes "se contentent d'un tour au café, d'un peu de ping-pong ou volley-ball".


Des progrès substantiels dans les négociations du Caire sur la trêve à Gaza

Un jeune garçon observe les parents de Palestiniens tués dans un bombardement israélien, pleurant près de leurs corps dans la cour de l'hôpital al-Najjar à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 3 mai 2024, dans le cadre du conflit actuel entre Israël et le mouvement Hamas. (AFP)
Un jeune garçon observe les parents de Palestiniens tués dans un bombardement israélien, pleurant près de leurs corps dans la cour de l'hôpital al-Najjar à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 3 mai 2024, dans le cadre du conflit actuel entre Israël et le mouvement Hamas. (AFP)
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  • La deuxième phase durera au moins six semaines, les deux parties acceptant de libérer un plus grand nombre d'otages et de prisonniers, et s'engageant également à un arrêt plus long des combats
  • Ahmed Moustafa, expert en sécurité et en politique, a déclaré à Arab News : « Selon mes informations, le Hamas a accepté la première phase de l'accord de cessez-le-feu à Gaza ».

LE CAIRE : Les pourparlers au Caire entre une délégation du Hamas et des médiateurs égyptiens ont fait des progrès substantiels vers un cessez-le-feu à Gaza, selon une source de haut rang.

Cette source, qui a préféré garder l'anonymat, a déclaré à la chaîne d'information du Caire que les représentants du Hamas et une délégation égyptienne, chargée de la sécurité, étaient parvenus à un consensus sur de nombreux points litigieux.

Quelques heures avant l'arrivée de la délégation du Hamas au Caire samedi, le général Abbas Kamel, chef de la direction des renseignements généraux égyptiens, a reçu un appel téléphonique du chef du mouvement, Ismail Haniyeh, concernant les négociations.

Ahmed Moustafa, expert en sécurité et en politique, a déclaré à Arab News : « Selon mes informations, le Hamas a accepté la première phase de l'accord de cessez-le-feu à Gaza ».

« Cela comprend la libération d'un certain nombre d'otages, avec l'assurance qu'Israël se retirera complètement de Gaza après 124 jours, à l'issue des trois étapes de l'accord majeur qui est coordonné ici au Caire ».

Moustafa a également déclaré que la délégation du Hamas au Caire devrait informer la partie égyptienne de son accord avec seulement des amendements mineurs.

« Je pense que le Hamas s'est mis d'accord sur certains termes avec les médiateurs égyptiens, et auparavant avec les médiateurs qataris sous les garanties américaines », a-t-il précisé.

Toutefois, Moustafa a indiqué que le refus d'Israël de mettre fin à la guerre à Gaza dans le cadre d'un accord sur les otages et sa détermination à éliminer ce qu'il reste du Hamas restent des « points de discorde majeurs ».

Selon Moustafa, un autre point de désaccord concerne l'autorisation de l'entrée dans l'enclave de matériaux à double usage, par exemple du matériel humanitaire qui pourrait également être utilisé à des fins de combat, tel le carburant.

Il a indiqué que la première phase, sur laquelle le Hamas « s'est provisoirement mis d'accord, durera jusqu'à 40 jours, au cours desquels 33 des plus de 100 otages israéliens détenus à Gaza depuis le 7 octobre seront libérés ».

La seconde phase durera au moins six semaines, les deux parties acceptant de libérer un plus grand nombre d'otages et de prisonniers et s'engageant également à interrompre plus longtemps les combats.

Aboud Jamal, chercheur en affaires palestiniennes, a déclaré à Arab News : « Le Hamas a annoncé vendredi soir que des accords avaient été conclus et qu'une délégation du mouvement se rendrait au Caire samedi pour obtenir un accord qui réponde aux exigences des Palestiniens ».

Jamal a ajouté : « Il est clair que les prochains jours devraient être marqués par un accord de cessez-le-feu et la libération de certains otages israéliens ».

« La seule question qui subsiste est celle de la position du gouvernement israélien, qui semble vouloir prolonger la guerre pour maintenir en place le gouvernement de (Benjamin) Netanyahou à la suite des récentes manifestations contre lui en Israël ».

Selon Jamal, le gouvernement israélien a tout intérêt à faire obstruction à tout accord.

« Ainsi, en envoyant sa délégation au Caire et en discutant de son acceptation des termes de l'accord potentiel par l'intermédiaire de médiateurs, le Hamas a devancé le gouvernement de Tel-Aviv, une initiative pour laquelle les dirigeants du mouvement doivent être félicités ».

Il a ajouté « qu’il semble que l'Égypte soit véritablement aux côtés du peuple palestinien et qu'elle soutienne la conclusion d'un accord garantissant un cessez-le-feu afin de sauver ce qui peut l'être de la vie des habitants de Gaza ».

« C'est ce qui ressort de la déclaration publiée par le Hamas avant que sa délégation de sécurité ne se rende au Caire, dans laquelle le chef du Hamas, Ismail Haniyeh, dit apprécier le rôle joué par l'Égypte ».

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com