Projet de loi plein emploi: «On légifère sur des bases idéologiques», dénonce Guedj

Le député du Parti socialiste (PS) Jérôme Guedj s'exprime lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, le 11 juillet 2023 (Photo, AFP).
Le député du Parti socialiste (PS) Jérôme Guedj s'exprime lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, le 11 juillet 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 27 septembre 2023

Projet de loi plein emploi: «On légifère sur des bases idéologiques», dénonce Guedj

  • «On légifère sur des bases idéologiques, pas sur des bases objectives», a dénoncé mardi le député PS Jérôme Guedj
  • Il accuse le gouvernement de ne pas avoir suffisamment étudié les impacts d'une sanction sur les allocataires du RSA

PARIS: "On légifère sur des bases idéologiques, pas sur des bases objectives", a dénoncé mardi le député PS Jérôme Guedj, accusant le gouvernement de ne pas avoir suffisamment étudié les impacts d'une sanction sur les allocataires du RSA, avant d'étendre cette logique via le projet de loi "plein emploi".

"On est sur des législateurs idéologiques et dogmatiques, alors qu’on parle du quotidien de centaines de milliers de nos concitoyens qui vont être pénalisés par ces sanctions", a-t-il déclaré à la presse à l'Assemblée, au côté du député PS Arthur Delaporte.

Alors que les débats ont repris mardi après-midi dans l'hémicycle sur le projet de loi pour le plein emploi, M. Delaporte a entamé la séance en faisant un rappel au règlement, accusant le gouvernement de ne pas avoir fourni d'éléments aux parlementaires "sur l’effet des sanctions à l’heure actuelle, sur les allocataires du RSA", malgré ses demandes répétées.

Or, M. Guedj est parvenu à obtenir de tels éléments auprès de la Caisse nationale d'allocation familiale (Cnaf), en qualité de coprésident de la Mission d'évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale (Mecss), a-t-il souligné.

Face à la "béance de l'étude d'impact", "j’ai sollicité le directeur de la Cnaf vendredi dernier, j’ai reçu hier soir à 23h38 une réponse", a expliqué M. Guedj dans l'hémicycle - faisant de lui-même le parallèle avec la démarche qu'il avait entreprise auprès de la direction de la sécurité sociale pour corriger un chiffre du gouvernement lors du débat sur les retraites.

«Basculement dans la précarité»

Selon M. Guedj auprès de la presse, l'étude montre que "pour ceux des allocataires suspendus, ça se traduit pour plus de 40% d’entre eux par la perte totale du RSA et le basculement dans la précarité".

"Ce que produit la sanction c’est du non recours, de l’extrême pauvreté", a renchéri à ses côtés M. Delaporte.

"Je ne comprends pas que le gouvernement nous fasse légiférer à l’aveugle", a lancé dans l'hémicycle M. Delaporte au ministre du Travail Olivier Dussopt.

En réponse, le ministre a souligné que si M. Guedj avait pu obtenir cette étude, sa "méthodologie devait être approfondie" comme l'écrit l'auteur de l'étude lui-même.

Tout au long de la soirée, le gouvernement a été peu inquiété, parvenant sans difficulté à rejeter les amendements des oppositions. Mais à la clôture de la séance les débats n'étaient pas allés au terme de l'examen de l'article 1, qui généralise entre autres l'inscription sur la liste des demandeurs d'emploi des bénéficiaires du RSA, et change le nom de Pôle emploi en France Travail.

Plus tôt dans la journée, un rassemblement avait réuni près de l'Assemblée une soixantaine d'agents de Pôle Emploi et une dizaine de députés opposés au projet. "Notre métier n'est pas de forcer les gens à accepter n'importe quoi, c'est de les accompagner dans leur projet professionnel", a protesté Vincent Lalouette, du syndicat SNU Pôle emploi FSU.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.