Le Medef entrevoit la fin de «la lune de miel» avec le gouvernement

Le président du Mouvement des entreprises de France (MEDEF) Patrick Martin arrive pour assister au Conseil national de la refondation (CNR) présidé par le président de la République au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 7 septembre 2023. (AFP)
Le président du Mouvement des entreprises de France (MEDEF) Patrick Martin arrive pour assister au Conseil national de la refondation (CNR) présidé par le président de la République au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 7 septembre 2023. (AFP)
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Publié le Mercredi 04 octobre 2023

Le Medef entrevoit la fin de «la lune de miel» avec le gouvernement

  • Le Medef est en effet vigoureusement opposé aussi au projet du gouvernement de prélever «12 milliards d'euros dans la durée» sur les excédents de l'Unedic
  • Il est favorable au contraire à «des baisses de cotisations» sur les entreprises, «de la même manière qu'on a eu des hausses quand le régime d'assurance chômage s'est trouvé en déficit»

PARIS: Discret depuis la rentrée, le Medef a décidé d'exprimer haut et fort ses désaccords avec certaines orientations du gouvernement, estimant notamment que les "ponctions" envisagées sur l'Agirc-Arrco et l’Unedic marquent peut-être "la fin de la lune de miel".

Le nouveau président du Medef, Patrick Martin, qu'on avait peu entendu depuis la Rencontre des Entrepreneurs de France (REF), l'évènement annuel du Medef, fin août, a donné coup sur coup deux interviews aux Echos et à BFM Business, dans lesquelles il exprime l'agacement du principal mouvement patronal face aux récentes décisions de l'exécutif.

En cause en particulier, la volonté de l'Etat de récupérer de un à trois milliards d'euros d'excédents des retraites complémentaires des salariés du privé (Agirc-Arrco), dont les partenaires sociaux discutent actuellement la revalorisation.

"Ce n'est pas un coup de gueule de Patrick Martin, nous avons considéré qu'il fallait publiquement exprimer notre opposition aux ponctions que l'Etat imagine sur les retraites complémentaires ou l'assurance chômage", a-t-il expliqué sur BFM Business.

Le Medef est en effet vigoureusement opposé aussi au projet du gouvernement de prélever "12 milliards d'euros dans la durée" sur les excédents de l'Unedic. Il est favorable au contraire à "des baisses de cotisations" sur les entreprises, "de la même manière qu'on a eu des hausses quand le régime d'assurance chômage s'est trouvé en déficit".

"Sur ces deux dossiers, c'est l'épreuve de vérité avec l'Etat quant à l'avenir du paritarisme de gestion auquel le Medef est viscéralement attaché", a prévenu M. Martin dans les Echos.

Le patronat avait déjà eu du mal à accepter, fin août, que la suppression de la CVAE, un impôt de production, promise pour 2024, soit finalement étalée sur quatre ans.

Cette première anicroche a mis un frein à des années de parfaite entente depuis 2017, durant lesquelles l'Etat a abaissé de 25 milliards d'euros la fiscalité des entreprises, avec un certain succès puisque deux millions d'emplois ont été créés ces dernières années.

M. Martin s'inquiète désormais "d'une forme de contradiction entre les propos pro-business et les actes" du gouvernement.

«saturation et exaspération»

Il a dénoncé ainsi l'annonce "surprise" d'une hausse du versement mobilité auquel les entreprises sont soumises en Ile-de-France pour les transports en commun, et a vu "une remise en cause de la parole de l'Etat" dans la taxe de 600 millions d'euros prévue en 2024 sur les sociétés d'autoroutes et d'aéroports.

Il a jugé que "les tuyauteries incessantes branchées" sur toutes ces ressources devenaient "extrêmement graves", et que cette manière de "vouloir tout réglementer" aboutissait à la "saturation et à l'exaspération".

M. Martin, qui "croit dur comme fer à la liberté", s'est aussi montré opposé à toute forme de pénalisation des rachats d'actions par les entreprises ou des dividendes versés aux actionnaires.

Pour lui, les actionnaires "savent ce qu'ils ont à faire" pour le bien de l'entreprise, "y compris distribuer moins de dividendes". Au passage, il a noté que les salariés qui ne "partagent pas la politique d'investissement" de l'entreprise "peuvent la quitter".

"C'est peut-être la fin de la lune de miel" avec le gouvernement, a-t-il concédé.

Mais le Medef se défend néanmoins d'en être "à la rupture". Si les ponctions sur l'Agirc-Arrco et l'Unedic se concrétisent dans la discussion du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, "nous ne prendrons pas le maquis mais nous serons amers", a-t-il simplement déclaré.

Et s'il a menacé que "la question se pose" pour le Medef d'assister à la conférence sociale du 16 octobre voulue par le président Emmanuel Macron, il a vite ajouté que "son pronostic est qu'on ira quoi qu'il advienne".

"Le Medef n’a pas pour habitude d’être dans les postures et on souhaite avoir une relation de confiance avec ce gouvernement", a-t-il conclu.


Laurent Wauquiez dépose une proposition de loi pour interdire le voile aux mineures

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  • Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public
  • Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier

PARIS: Le chef des députés Les Républicains Laurent Wauquiez a déposé lundi une proposition de loi pour interdire aux mineures de porter le voile dans l'espace public, mais son examen rapide semble peu probable et sa constitutionnalité mise en doute par des juristes.

M. Wauquiez veut interdire "à tout parent d'imposer à sa fille mineure ou de l'autoriser à porter, dans l'espace public, une tenue destinée à dissimuler sa chevelure", selon l'article unique de sa proposition de loi.

Il s'appuie notamment sur un rapport sur les Frères musulmans commandé par le gouvernement et publié en mai dernier, relatant l'augmentation "massive et visible du nombre de petites filles portant le voile".

Il estime que "le voilement de jeunes filles" heurte les principes républicains "les plus fondamentaux", tels que la "protection de l'enfant", "la liberté de conscience" et "l'égalité entre les hommes et les femmes".

Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public.

Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier.

En outre, des professeurs de droit public interrogés par l'AFP émettent de sérieuses réserves quant à la conformité avec la Constitution de cette proposition déjà formulée, tout en la circonscrivant aux moins de 15 ans, par le patron des députés macronistes Gabriel Attal en mai - même si celui-ci n'avait pas déposé de texte.

Pour la constitutionnaliste Anne-Charlène Bezzina, elle n'a "aucune chance d'être conforme", rappelant que la loi sur la dissimulation du visage que son texte vient modifier a un motif de "sécurité à l'ordre public" et ne "vise aucune religion en particulier".

Or, M. Wauquiez cible très clairement le voile islamique dans l'espace public, contrevenant "au principe de liberté de religion", ajoute l'enseignante.

Jean-Philippe Derosier, professeur de droit public à l’Université de Lille, se dit également "très réservé".

Bien que le texte se heurte au principe de liberté religieuse, Laurent Wauquiez justifie sa démarche par la "préservation des droits de l’enfant", ce qui est "assez habile", reconnaît-il, mais insuffisant pour garantir sa conformité constitutionnelle.

Assimiler le port du voile par une mineure à "une forme d’asservissement" reste juridiquement fragile. "Incontestablement, une fillette de 9 ans pourrait le faire par mimétisme ou sous l'effet d’une instrumentalisation", observe-t-il. "Mais une adolescente de 16 ans peut davantage le porter par conviction personnelle."

Il rappelle par ailleurs que l’interdiction de dissimulation du visage est justifiée par des raisons de sécurité, avec la nécessité de pouvoir "identifier les personnes", un raisonnement difficilement transposable au fait de se couvrir la chevelure.


Quatre associations musulmanes portent plainte contre un sondage Ifop

Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
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  • Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop
  • Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021

PARIS: Quatre associations du culte musulman ont porté plainte lundi pour dénoncer le manque d'objectivité supposé d'un sondage Ifop sur le rapport des fidèles à l'islam, ont annoncé leurs avocats à l'AFP.

Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop "Etat des lieux du rapport à l'islam et à l'islamisme des musulmans de France".

Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021.

Ce sondage "viole le principe d'objectivité posé par la loi du 19 juillet 1977 relative à la publication et la diffusion des sondages d'opinion", se "fonde sur des questions orientées" et se "focalise sur des résultats minoritaires mis en avant à des fins polémiques", accusent les avocats Mes Raphaël Kempf et Romain Ruiz, dans un communiqué.

Selon eux, le sondage distille "le poison de la haine dans l'espace public", renforçant "les amalgames".

Contacté par téléphone, François Kraus, directeur du pôle politique/actualités de l'Ifop, a indiqué qu'il répondrait à l'AFP par écrit, ce qu'il n'avait pas fait dans l'après-midi.

Le CFCM avait déjà dans un communiqué vendredi déploré "une nouvelle mise à l’index des citoyens français de confession musulmane et de leurs pratiques religieuses", avec des analyses et données "contestables".

L'enquête Ifop, basée sur un échantillon de 1.005 personnes de religion musulmane, a été commandée par le média confidentiel "Ecran de veille", qui se présente comme "le mensuel pour résister aux fanatismes".

L'attention médiatique et politique s'est beaucoup focalisée sur le sous-échantillon des 15-24 ans, constitué de 291 personnes, et révélant une forte pratique (87% se considèrent religieux, 67% disent prier "au moins une fois par jour", 83% font le ramadan)

François Kraus écrit dans sa conclusion sur le site de l'Ifop que "cette enquête dessine très nettement le portrait d'une population musulmane traversée par un processus de réislamisation, structurée autour de normes religieuses rigoristes et tentée de plus en plus par un projet politique islamiste".

Le sondage a provoqué de vives réactions, l'extrême droite y voyant un signe d'"islamisation", tandis que des représentants de la communauté musulmane ont regretté "une stigmatisation".

"A mal poser les questions, on finit toujours par fabriquer les peurs qu’on prétend mesurer", affirmait dans son billet hebdomadaire le recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz.

Le politiste Haouès Seniguer qualifie pour sa part de raccourci "grossier et réducteur" l'idée, sous-jacente selon lui au sondage, qu'une observance stricte de l'islam soit la porte d'entrée mécanique vers l'islamisme.


Macron invité de RTL mardi matin

 Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
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  • Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat Français a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine
  • Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire

PARIS: Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué.

Le président de la République sera notamment interrogé sur la situation internationale, alors qu'une nouvelle réunion de la "coalition des volontaires" au soutien de l'Ukraine est prévue mardi en visioconférence.

Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine.

M. Macron sera aussi interrogé sur "les menaces qui pèsent sur la France", selon le communiqué de RTL.

Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire.