Le Conseil de sécurité de l'ONU rejette la résolution de la Russie appelant à un cessez-le-feu humanitaire à Gaza

L'ambassadrice britannique auprès des Nations unies, Barbara Woodward, et son homologue américaine, Linda Thomas-Greenfield, ont voté contre la résolution. (Reuters)
L'ambassadrice britannique auprès des Nations unies, Barbara Woodward, et son homologue américaine, Linda Thomas-Greenfield, ont voté contre la résolution. (Reuters)
Short Url
Publié le Mardi 17 octobre 2023

Le Conseil de sécurité de l'ONU rejette la résolution de la Russie appelant à un cessez-le-feu humanitaire à Gaza

  • Les pays qui ont voté contre la résolution ont indiqué le fait que la Russie n’avait pas mentionné le Hamas
  • L'ambassadrice américaine a appelé les pays de la région à autoriser l'arrivée de l'aide humanitaire à Gaza

NEW YORK: Une résolution proposée par la Russie appelant à un «cessez-le-feu humanitaire» à Gaza et à la libération de «tous les otages» n’a pas recueilli suffisamment de voix pour être adoptée par les quinze membres du Conseil de sécurité de l’ONU. En effet, les membres qui ont voté contre ou qui se sont abstenus ont relevé l'absence de la mention du Hamas et de la condamnation de l'attaque de ce dernier le 7 octobre contre des villes israéliennes.

La Russie, la Chine, les Émirats arabes unis (EAU), le Gabon et le Mozambique ont voté lundi pour, tandis que les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et le Japon votaient contre. Le Brésil, Malte, l'Albanie, la Suisse, l'Équateur et le Ghana se sont abstenus.

La résolution avait été soutenue par le Groupe arabe des pays de l'ONU, dont les ambassadeurs étaient tous présents à la réunion du conseil.

Le vote sur un projet de résolution du Brésil a été retardé jusqu'à mardi, a appris Arab News.

La résolution russe, à laquelle a eu accès Arab News, exprime sa «grave préoccupation» face à l’escalade de la violence et à la détérioration de la situation, en particulier en raison des lourdes pertes civiles qui en résultent, ce qui souligne la nécessité pour les deux populations d’être protégées.

Elle a également exprimé sa profonde préoccupation face à l’aggravation de la crise humanitaire à Gaza et a appelé à «un cessez-le-feu humanitaire immédiat, durable et pleinement respecté».

Le projet de résolution condamne également «toutes les violences et hostilités dirigées contre les civils, ainsi que tous les actes de terrorisme» et appelle à la «libération en toute sécurité de tous les otages».

En outre, la Russie a appelé à l’apport et à la distribution sans entrave de l'aide humanitaire, notamment de la nourriture, du carburant et du matériel médical, ainsi qu'à la création des conditions nécessaires à l'évacuation en toute sécurité des civils en détresse.

Le représentant permanent de la Russie auprès de l’ONU, Vassili Nebenzia, a affirmé après le vote que le conseil avait une fois de plus été pris «en otage» par les «intentions égoïstes du bloc occidental.»

Il a déclaré: «Aujourd’hui, le monde entier retenait son souffle en attendant que le Conseil de sécurité prenne des mesures visant à mettre un terme à l’effusion de sang. Mais les délégations des pays occidentaux ont foncièrement annihilé ces attentes. Nous estimons que le vote d’aujourd’hui au Conseil de sécurité est très, très clair. Il montre nettement qui est en faveur d’une trêve pour mettre fin aux bombardements aveugles et fournir une aide humanitaire, et qui est toujours en faveur du blocage du message commun du Conseil de sécurité, pour des intérêts purement égoïstes et politiques.»

Linda Thomas-Greenfield, représentante permanente des États-Unis auprès de l'ONU, a affirmé que, en omettant de mentionner le Hamas, la Russie avait entaché la mémoire des victimes de l'attaque du 7 octobre.

«En ne condamnant pas le Hamas, la Russie couvre un groupe terroriste qui agit avec violence contre des civils innocents. C’est scandaleux, hypocrite et indéfendable», a déclaré Linda Thomas-Greenfield.

Elle a imputé au Hamas la seule responsabilité de la crise humanitaire à Gaza, affirmant: «Nous ne pouvons permettre à ce conseil de rejeter injustement la faute sur Israël et d’absoudre le Hamas pour ses décennies de cruauté. Un point, c’est tout.»

L’ambassadrice américaine a précisé que le secrétaire d’État, Antony Blinken, et la Maison-Blanche étaient engagés dans des «discussions intenses» avec le gouvernement israélien et les pays de la région pour garantir la libération «immédiate et inconditionnelle» des otages et faciliter l’accès aux secours humanitaires.

«Il est vital que les civils aient accès à la nourriture, à l’eau, aux médicaments et à un abri. Permettez-moi de le répéter: cela est vital», a lancé Linda Thomas-Greenfield, appelant les pays de la région à autoriser «un accès humanitaire complet, sûr et sans entrave à Gaza – conformément aux principes d'humanité, d'impartialité, de neutralité et d'indépendance».

Lana Nusseibeh, l’ambassadrice des EAU, qui a voté en faveur de la résolution russe, a réitéré la condamnation par son pays du meurtre de civils israéliens innocents et de la prise d’otage d’enfants; elle a déclaré que le Hamas ne représentait pas la population de Gaza, qui «souffre énormément aujourd’hui».

«C’est la raison pour laquelle l’unité du conseil est absolument nécessaire à ce sujet», a-t-elle souligné, tout en rappelant la situation humanitaire désastreuse à Gaza. «Nous estimons que le conseil devrait être capable de s’unir sur deux éléments: le droit humanitaire international doit être respecté, les attaques aveugles, qui sont injustifiables, doivent être réprouvées, et le cycle de violence dans son ensemble doit prendre fin.»

«Les événements des neuf derniers jours ont clairement montré que sans un horizon politique déterminé, le spectre de l’effusion de sang continuera de hanter les Israéliens et les Palestiniens.»

Citant le défunt poète palestinien Mahmoud Darwich, elle a déclaré qu’«une vie définie uniquement par l’absence de son antithèse, la mort, n’est pas du tout une vie».

«Les Palestiniens et les Israéliens ont non seulement le droit de vivre, ce qui est le strict minimum, mais aussi de se développer côte à côte dans leurs propres États indépendants, prospères et sûrs.»

Le représentant chinois à l'ONU, Jhang Zun, qui a également voté en faveur de la résolution russe, a regretté le fait que les membres du conseil ne se soient pas prononcés en faveur de ce projet de résolution qui avait obtenu le soutien du Groupe arabe de l'ONU.

«Les questions humanitaires ne doivent pas être politisées», a-t-il affirmé.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Le ministre israélien de la Défense promet de ne "jamais quitter" Gaza

Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
Short Url
  • Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré qu’Israël « ne quitterait jamais Gaza » et évoqué la création d’avant-postes, avant que son ministère ne précise qu’il n’y a aucune intention de recolonisation
  • Ces propos interviennent alors qu’une trêve fragile est en vigueur et que les médiateurs appellent à la mise en œuvre du plan Trump, qui prévoit un retrait complet israélien de Gaza

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien Israël Katz a affirmé mardi qu'Israël "ne quitterait jamais Gaza", évoquant la possible création d'avant-postes dans le territoire palestinien ravagé par la guerre, avant que ses services ne modèrent ses propos.

"Nous sommes au cœur de Gaza et nous ne quitterons jamais Gaza", a déclaré M. Katz en déplacement dans la colonie de Beit-El en Cisjordanie occupée, lors d'un discours filmé par des médias israéliens.

"Nous sommes là-bas pour empêcher ce qui s'est passé" de se reproduire, a-t-il ajouté, en référence à l'attaque meurtrière du Hamas palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

M. Katz a évoqué l'installation d'avant-postes dans le nord de Gaza, pour remplacer des colonies évacuées par Israël lors de son retrait unilatéral de 2005, citant le modèle de "Nahal", associant présence militaire et implantation agricole.

"Au moment opportun (...) nous établirons dans le nord de Gaza, des avant-postes Nahal à la place des communautés (des anciennes colonies) qui ont été déracinées", a-t-il dit.

Ses services ont rapidement tempéré ses propos, assurant qu'ils "s'inscrivaient exclusivement dans un contexte sécuritaire."

"Le gouvernement n'a aucune intention d'établir des colonies dans la bande de Gaza", selon un communiqué.

Les déclarations du ministre interviennent dans le contexte d'une fragile trêve entrée en vigueur le 10 octobre entre Israël et le Hamas, sous l'égide de Washington et de médiateurs régionaux.

Les pays médiateurs --Qatar et Égypte-- appellent à la mise en œuvre de la deuxième phase du plan de paix du président américain Donald Trump. Cette étape prévoit notamment un retrait complet des forces israéliennes de la bande de Gaza, et le plan stipule qu'"Israël ne va ni occuper ni annexer Gaza."

Les propos de M. Katz ont suscité de vives critiques dans l'opposition.

"Le gouvernement vote d'une main en faveur du plan Trump, et de l'autre il vend des fables sur des centres de peuplement isolés à Gaza", a assené sur X Gadi Eizenkot, ancien ministre et ancien chef d'état-major.

Jeudi dernier, quelques dizaines d'Israéliens ont pénétré illégalement dans la bande de Gaza, en violation des consignes de l'armée, et y ont planté symboliquement un drapeau israélien, pour appeler à la réoccupation et à la recolonisation du territoire palestinien, réclamée notamment par les ministres d'extrême droite du gouvernement Netanyahu.


Liban: l'Italie souhaite maintenir sa présence militaire après le départ de la force de l'ONU

L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
Short Url
  • L’Italie confirme qu’elle maintiendra une présence militaire au Liban même après le retrait progressif de la Finul à partir du 31 décembre 2026
  • Rome met en avant le rôle clé des forces armées libanaises pour la stabilité du Liban et de la région, et appelle à des résultats concrets pour éviter toute exploitation de l’instabilité

ROME: L'Italie souhaite maintenir sa présence militaire au Liban, après le départ des Casques bleus de l'ONU qui commence le 31 décembre 2026, a indiqué lundi le ministère italien de la Défense.

"Même après" le départ de la force de maintien de la paix dans le sud du Liban (Finul) de l'ONU, l'Italie continuera à jouer son rôle soutenant avec conviction la présence internationale" dans ce pays, selon les propos du ministre de la Défense Guido Crosetto sur X.

Interrogé par l'AFP pour savoir si cela signifiait une "présence militaire" italienne, un porte-parole du ministère a confirmé que oui.

M. Crosetto a également souligné "le rôle fondamental" des forces armées libanaises "pour garantir la stabilité non seulement au Liban mais dans toute la région".

Le ministre a en outre assuré que Rome œuvrait à ce que les discussions en cours dans la région se traduisent par "des résultats concrets et que personne ne puisse tirer des avantages d'une situation d'instabilité dans le sud du Liban".

L'Italie est, avec 1.099 militaires, le deuxième contributeur de la Finul, derrière l'Indonésie (1.232) et cinq généraux italiens ont été parmi les chefs des Casques bleus au cours des 20 dernières années.


Un mort dans des frappes israéliennes au Liban (ministère)

Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
Short Url
  • Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé, Israël affirmant viser des membres du Hezbollah malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Sous pression internationale, le Liban s’est engagé à désarmer le Hezbollah au sud du Litani, mais Israël accuse le mouvement de se réarmer, une accusation relayée par le sénateur américain Lindsey Graham

BEYROUTH: Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé dimanche, a annoncé le ministère libanais de la Santé, tandis que l'armée israélienne a déclaré avoir visé des membres du Hezbollah.

Israël continue à mener régulièrement des frappes au Liban et affirme viser le mouvement islamiste soutenu par l'Iran, malgré un cessez-le-feu qui a mis fin le 27 novembre 2024 à plus d'un an d'hostilités, en marge de la guerre dans la bande de Gaza.

Israël maintient également des troupes dans cinq positions frontalières du sud du Liban qu'il estime stratégiques.

Selon le ministère libanais de la Santé, deux frappes israéliennes ont touché dimanche un véhicule et une moto dans la ville de Yater, à environ cinq kilomètres de la frontière avec Israël, tuant une personne et en blessant une autre.

L'armée israélienne a déclaré avoir "frappé un terroriste du Hezbollah dans la zone de Yater" et ajouté peu après avoir "frappé un autre terroriste du Hezbollah" dans la même zone.

Dimanche également, l'armée libanaise a annoncé que des soldats avaient découvert et démantelé "un dispositif d'espionnage israélien" à Yaroun, une autre localité proche de la frontière.

Sous forte pression américaine et par crainte d'une intensification des frappes israéliennes, le Liban s'est engagé, comme prévu par l'accord de cessez-le-feu, à désarmer le Hezbollah et à démanteler d'ici la fin de l'année toutes ses structures militaires entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres plus au nord.

Israël a mis en doute l'efficacité de l'armée libanaise et accusé le Hezbollah de se réarmer, tandis que le mouvement chiite a rejeté les appels à abandonner ses armes.

En visite en Israël dimanche, le sénateur américain Lindsey Graham a lui aussi accusé le mouvement de se réarmer. "Mon impression est que le Hezbollah essaie de fabriquer davantage d'armes (...) Ce n'est pas un résultat acceptable", a-t-il déclaré dans une vidéo diffusée par le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Plus de 340 personnes ont été tuées par des tirs israéliens au Liban depuis le cessez-le-feu, selon un bilan de l'AFP basé sur les chiffres du ministère libanais de la Santé.