Comment l’abandon du statu quo d'Al-Aqsa a ravivé le conflit israélo-palestinien

Le complexe de la mosquée Al-Aqsa, sur le Haram al-Charif, revêt une grande importance pour les trois religions abrahamiques, l'islam, le judaïsme et le christianisme (Photo, AFP).
Le complexe de la mosquée Al-Aqsa, sur le Haram al-Charif, revêt une grande importance pour les trois religions abrahamiques, l'islam, le judaïsme et le christianisme (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 18 octobre 2023

Comment l’abandon du statu quo d'Al-Aqsa a ravivé le conflit israélo-palestinien

  • Le Haram al-Charif, ou le Noble Sanctuaire, a été le théâtre de visites provocatrices de la part d'extrémistes religieux juifs
  • Le juriste israélien Daniel Seidemann affirme que l'occupation «sape les fondements moraux de la société israélienne»

LONDRES: Le vendredi 29 septembre, Daniel Seidemann, avocat israélien spécialisé dans les relations israélo-palestiniennes à Jérusalem, a apporté la touche finale à un document de recherche qui lui avait été commandé par l'unité de recherche et d'études d'Arab News.

Le sujet était l'enceinte de la mosquée Al-Aqsa sur le Haram al-Charif, connu des juifs et des chrétiens comme le Mont du Temple, qui revêt une grande importance pour les trois religions abrahamiques, mais où seuls les musulmans peuvent prier et où les autres religions ne peuvent que visiter.

C'est en tout cas le statu quo qui prévaut sur le site depuis 1967.

Une vue générale de Jérusalem-Est et du Dôme du Rocher dans l'enceinte de la mosquée Al-Aqsa, troisième lieu saint de l'islam, le 15 octobre 2023 (Photo, AFP).

Mais en tant que fondateur de Terrestrial Jerusalem, une organisation non gouvernementale dont l'objectif est de trouver une solution à la question de la ville qui soit compatible avec la solution des deux États, Seidemann est devenu, au cours des derniers mois, de plus en plus conscient et préoccupé par le fait que l'équilibre délicat qui a été maintenu sur le site au cours des cinquante-six dernières années était en danger d'être rompu.

Il a compris que c'était la recette d'un désastre et, dans l'espoir de l'éviter, il a tenu à «familiariser à la fois les dirigeants et le grand public avec les faits pertinents».

Un peu plus d'une semaine plus tard, Seidemann s'est réveillé le matin du samedi 7 octobre en apprenant que le groupe militant palestinien Hamas avait lancé son attaque dévastatrice contre Israël depuis Gaza.

En écoutant les informations, il n'a pas été surpris d'apprendre que le commandant du Hamas, Mohammed Deif, avait qualifié l'assaut d’«opération déluge d’Al-Aqsa», lancée, selon lui, en représailles à la «profanation» de l'enceinte de la mosquée Al-Aqsa par Israël.

Que l'attaque ait été motivée ou non par les récents événements survenus à la mosquée – et le Hamas avait certainement déjà lancé des avertissements concernant les violations de plus en plus fréquentes du statu quo établi de longue date sur le site – Seidemann savait qu'une chose était certaine.

Le ministre israélien et chef du parti Puissance juive, Itamar Ben-Gvir (au centre), marche dans la cour de la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem, connue par les juifs sous le nom de Mont du Temple, tôt le 3 janvier 2023 (Photo, AFP).

«Il ne fait aucun doute qu’Al-Aqsa a été un facteur contributif», a-t-il indiqué. «On en revient toujours à Al-Aqsa, et Jérusalem a toujours le dernier mot.

«Nous devons familiariser le public israélien et le monde arabe avec l'idée d'une Jérusalem qui permette la cohabitation de ces récits conflictuels. Ce n'est pas une utopie, mais Jérusalem sait le faire.

«Et que cela aboutisse ou non, nous serons toujours confrontés à la question d'Al-Aqsa, et personne dans le monde arabe ou musulman ne peut se permettre de l'ignorer», a-t-il exliqué.

Le caractère sensible du site a été mis en évidence le 27 septembre lorsque Nayef al-Sudairi, le nouvel ambassadeur saoudien auprès des Palestiniens, a accepté de reporter une visite prévue à la mosquée Al-Aqsa pour répondre à des préoccupations palestiniennes non précisées.

On pense que ces préoccupations sont liées à l'augmentation malvenue de la présence des forces de sécurité israéliennes sur le site, qui a favorisé une série de visites provocatrices de la part d'extrémistes religieux juifs dont le but ultime est de construire un temple juif sur le site.

Les extrémistes bénéficient du soutien de nombreux membres du gouvernement israélien. Le 3 octobre, Itamar Ben-Gvir, ministre israélien de la Sécurité nationale (de l’extrême droite), a demandé à la Knesset et au cabinet de sécurité de l'État d'envisager d'urgence «l'ouverture du mont du Temple aux Juifs 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7».

Un Palestinien prie alors que les forces de sécurité israéliennes escortent un groupe de colons juifs visitant l'enceinte de la mosquée Al-Aqsa, le 2 juin 2019 (Photo, AFP).

Ce jour-là, 500 membres du mouvement des colons israéliens sont entrés sur le site. Le lendemain, cinquième jour de la fête juive de Souccot, plus de 1 000 personnes ont pénétré de force dans l'enceinte, répétant un spectacle qui, ces derniers mois, s'est répété de plus en plus souvent.

Cette fois, l'incursion, à laquelle ont assisté des membres des forces de sécurité israéliennes, a valu au gouvernement israélien une réprimande de la part de la Jordanie qui, depuis 1924, est le gardien universellement reconnu du site, sous les auspices du département des affaires du Waqf de Jérusalem et de la mosquée Al-Aqsa, nommé par la Jordanie.

Dans une lettre de protestation adressée à l'ambassade d'Israël à Amman, le ministère jordanien des Affaires étrangères a condamné «les incursions de partisans radicaux, de colons et de membres de la Knesset dans la sainte mosquée Al-Aqsa sous la protection de la police» et «la restriction de l'accès des fidèles à la mosquée, la profanation de tombes islamiques et les attaques croissantes contre les chrétiens à Jérusalem occupée».

Selon Seidemann, la pensée idéologique qui sous-tend les incursions dans Al-Aqsa par «ce qui a commencé comme une petite frange, peut-être lunatique, est devenue plus courante».

« Le parti national religieux, la droite idéologique, notamment les ministres, considèrent Israël comme une continuation de l'histoire biblique ancienne. Pour eux, il s'agit du “troisième Commonwealth juif”, après le premier et le deuxième temples», a-t-il ajouté.

Le «premier temple» est le temple de Salomon. Les Juifs pensent qu'il a existé sur le site du Mont du Temple du XXe au VIe siècle avant notre ère, lorsqu'il a été détruit par le roi babylonien Nabuchodonosor II en 587 avant notre ère. Le «second temple», qui l'a remplacé, a été détruit par les Romains en 70 de notre ère.

«Du point de vue de la droite religieuse, la plus grande erreur commise par Israël depuis 1967 a été la décision de Moshe Dayan (alors ministre de la Défense) d'enlever les drapeaux israéliens sur le Mont du Temple et de remettre les clés au Waqf», a révélé Seidemann.

La police des frontières israélienne monte la garde près des détecteurs de métaux nouvellement installés à l'entrée du complexe d'Al-Aqsa dans la vieille ville de Jérusalem, le 16 juillet 2017 (Photo, AFP).

Après la victoire de la guerre des Six Jours en 1967, Israël a occupé Jérusalem-Est, notamment le Haram al-Charif, et l’occupe depuis lors.

Le 7 juin 1967, peu après que les parachutistes israéliens ont pris d'assaut l'enceinte, leur commandant, le colonel Motta Gur, a transmis par radio au quartier général un message qui, depuis lors, a fait vibrer la corde sensible des Israéliens de droite: «Le Mont du Temple est entre nos mains.»

Controversé, parce qu'il ne resterait pas longtemps entre leurs mains.

L'histoire raconte que Dayan observait la scène à l'aide de jumelles lorsque, à sa grande horreur, il vit que l'un des parachutistes était monté au sommet du Dôme du Rocher et avait hissé le drapeau israélien.

Dayan, parfaitement conscient de l'impact de ce symbolisme grossier sur le monde islamique, ordonna le retrait immédiat du drapeau. Plus tard, debout près du Mur occidental, au moment de la victoire d'Israël, Dayan fit une déclaration remarquablement conciliante.

«À nos voisins arabes, nous tendons, surtout en ce moment, la main de la paix», a-t-il déclaré. «Aux membres des autres religions, chrétiens et musulmans, je promets fidèlement que leur pleine liberté et tous leurs droits religieux seront préservés.

«Nous ne sommes pas venus à Jérusalem pour conquérir les lieux saints des autres», a-t-il assuré.

Des personnes se tiennent près des Palestiniens tués lors des frappes aériennes israéliennes sur l'hôpital Ahli Arab dans le centre de Gaza après avoir été transportés à l'hôpital Al-Chifa, le 17 octobre 2023 (Photo, AFP).

Les clés des portes et la responsabilité du maintien de l'ordre et du contrôle de l'enceinte d'Al-Aqsa ont été rendues au Waqf.

Au cours des décennies suivantes, les Juifs ont été autorisés à pénétrer dans l'enceinte certains jours, par la porte des Maghrébins. C'était la seule entrée par laquelle les non-musulmans pouvaient accéder à l'esplanade.

Selon Seidemann, tout cela a commencé à changer après 2003, lorsque le gouvernement israélien a imposé unilatéralement de nouvelles dispositions qui ont de plus en plus marginalisé le Waqf.

Aujourd'hui, c'est la police israélienne qui décide qui peut ou ne peut pas visiter l'enceinte, qui voit un nombre croissant de colons et d'autres activistes revendiquer le site.

«Ils croient que la raison d'être de ce gouvernement est de revenir sur la décision de Dayan parce qu'elle entrave le déroulement du plan divin qu'est Israël», a précisé Seidemann. «Cela est devenu un courant dominant.»

Ceci est également devenu un article de foi pour de nombreux membres du Cabinet israélien, malgré la déclaration de Benjamin Netanyahou (Premier ministre actuel) en 2015, à la demande du secrétaire d'État américain, John Kerry, selon laquelle «Israël continuera d'appliquer sa politique de longue date: Les musulmans prient sur le Mont du Temple; les non-musulmans visitent le Mont du Temple.»

À l'époque, le secrétaire général de l'OLP, Saeb Erekat, avait rejeté les assurances de Netanyahou.

Des soldats israéliens positionnés à l'extérieur du kibboutz Beeri près de la frontière avec la bande de Gaza, le 17 octobre 2023 (Photo, AFP).

«Avant l'an 2000, les touristes entraient dans le Haram al-Charif sous la garde des employés du département du Waqf et les non-musulmans n'étaient pas autorisés à y prier», a déclaré Erekat, cité par le Jerusalem Post.

«Mais aujourd'hui, les Israéliens ont changé les réglementions et les touristes peuvent visiter le site après avoir reçu un permis des autorités israéliennes et sous la protection de la police israélienne», a spécifié Seidemann.

Depuis lors, les provocations se sont multipliées. En janvier de cette année, une visite du ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite, Ben-Gvir, dans l'enceinte d'Al-Aqsa a été qualifiée de «provocation irresponsable de plus» par le journal israélien Haaretz.

Il s'agissait, selon Seidemann, d'une «visite triomphale, pour leur montrer qui est le patron».

Encouragés par des hommes politiques tels que Ben-Gvir, les membres des groupes de colons, du mouvement du Mont du Temple et du parti national religieux se pressent de plus en plus à Al-Aqsa, même si, en vertu d'une loi rabbinique établie de longue date et liée à des concepts de pureté rituelle, les Juifs n'ont pas le droit d'entrer sur le site.

«En mai dernier, des milliers de jeunes Israéliens religieux d'extrême droite célébrant la victoire de 1967 ont défilé dans le quartier musulman en criant “Mort aux Arabes”.  C'était tout simplement horrible. Je pense que c'est le pire jour dont je me souvienne à Jérusalem», a déclaré Seidemann.

Avant la marche, des centaines d'ultranationalistes sont entrés dans l'enceinte d'Al-Aqsa.

«Ils auraient pu emprunter toutes sortes d'autres voies, mais ils sont passés par le quartier musulman, pour leur montrer que “vous êtes chez nous, nous sommes les propriétaires et vous êtes les locataires”», a-t-il éclairci.

Un garde-frontière israélien intervient alors que des participants à un rassemblement annuel de l'extrême droite israélienne, brandissant des drapeaux, battent des Palestiniens pendant l'événement dans la vieille ville de Jérusalem, le 18 mai 2023 (Photo, AFP).

Et les musulmans ne sont pas les seuls à subir cette nouvelle vague d'intolérance religieuse, a affirmé Seidemann.

«Au cours des derniers mois, il y a également eu une forte augmentation des crimes de haine contre les chrétiens, inspirée, je pense, par certains membres du gouvernement, qui ne l'a condamné que la semaine dernière, pour la première fois après huit mois. Entre-temps, ni le maire de Jérusalem ni le Conseil municipal ne l'ont condamné.»

Les extrémistes font également pression pour la construction d'un parc national sur le Mont des Oliviers, un site d'une importance capitale pour la foi chrétienne.

«C’est le reflet de ce qui se passe à Al-Aqsa», a déclaré Seidemann. «Un lieu saint chrétien est transformé par les colons en un lieu saint judéo-chrétien partagé, de la même manière que le mouvement du Mont du Temple veut transformer Al-Aqsa d'un site musulman en un site judéo-musulman partagé.»

Ce n'est pas que les hommes politiques qui tentent de saboter le statu quo à Jérusalem «soient nécessairement racistes par nature», estime Seidemann.

«C'est qu'ils comprennent que parler avec empathie et respect de l'égalité des autres, musulmans, arabes ou chrétiens, est un handicap électoral et qu'ils perdront des voix au sein de leur base», a-t-il expliqué.

«Personnellement, j’aurais préféré qu’ils soient racistes parce qu’autrement, ceci est un reflet de ce que nous sommes devenus.

«En 1967, Israël a annexé Jérusalem. Tous les premiers ministres israéliens, jusqu'à Netanyahou, ont dit: «Nous ne devons pas forcer les choses, surtout en ce qui concerne les sites religieux. Nous sommes également les gardiens des sites les plus importants du christianisme et de l'islam, nous traiterons cette question avec sensibilité et respect.»

La famille d'un enfant palestinien tué lors d'une frappe aérienne israélienne pleure devant l'hôpital de Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 17 octobre 2023 (Photo, AFP).

Aujourd'hui, Seidemann craint qu'Israël, de plus en plus sous l'emprise de groupes religieux et d'hommes politiques extrémistes, ne se perde.

«L'occupation n'est pas ce que nous faisons», a-t-il déclaré. «L'occupation, c'est ce que nous sommes devenus, et ceci sape les fondements moraux de la société israélienne.»

Al-Aqsa, «est en train de devenir l’arène de conflit par excellence entre Israéliens et Palestiniens, juifs et musulmans. Cela n'ennoblit l'âme d'aucun d'entre nous et, dans une certaine mesure, a souillé un lieu très sacré», a-t-il ajouté.

Le 6 septembre, Tamir Pardo, ancien chef du Mossad, l'agence de renseignement israélienne, a déclaré à l'Associated Press qu'Israël appliquait un système d'apartheid en Cisjordanie. «Il a annoncé cela avant le début de la guerre, mais je pense qu'il le dirait encore aujourd'hui», a jugé Seidemann.

«Il a souligné qu'il n'y avait qu'une seule menace existentielle pour Israël dans cette génération. Ce n'est pas la menace nucléaire iranienne – nous pouvons y faire face. Il ne s'agit pas non plus de 100 000 roquettes du Hezbollah – c'est horrible, mais nous pouvons y faire face.

«Mais Israël ne peut survivre en tant que puissance d'occupation perpétuelle. Israël mettra fin à l'occupation, ou c’est l'occupation qui sera notre fin», a soutenu Seidemann.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Négociations de paix au Soudan: le chef de l'armée prêt à «collaborer» avec Trump

Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
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  • Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)"
  • Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise

PORT-SOUDAN: Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt.

Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)", a déclaré le ministère des Affaires étrangères pro-armée dans un communiqué publié à l'issue d'un déplacement officiel à Ryad, à l'invitation du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise.

Les négociations de paix menées par les Etats-Unis avec le groupe de médiateurs du Quad (réunissant Egypte, Arabe Saoudite et Emirats) sont à l'arrêt depuis que le général al-Burhane a affirmé que la dernière proposition de trêve transmise par M. Boulos était "inacceptable", sans préciser pourquoi.

Le militaire avait alors fustigé une médiation "partiale" et reproché à l'émissaire américain de reprendre les éléments de langage des Emirats, accusés d'armer les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Abou Dhabi nie régulièrement fournir des armes, des hommes et du carburant aux FSR, malgré des preuves fournies par des rapports internationaux et enquêtes indépendantes.

De leur côté, les FSR ont annoncé qu'ils acceptaient la proposition de trêve mais les attaques sur le terrain n'ont pas pour autant cessé au Kordofan, région au coeur de combats intenses.

Pour l'instant, aucune nouvelle date de négociations n'a été fixée, que ce soit au niveau des médiateurs du Quad ou de l'ONU qui essaie parallèlement d'organiser des discussions entre les deux camps.

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle le nord et l'est du pays - aux FSR, dominantes dans l'ouest et certaines zones du sud.

Depuis la prise du dernier bastion de l'armée dans la vaste région voisine du Darfour, les combats se sont intensifiés dans le sud du pays, au Kordofan, région fertile, riche en pétrole et en or, charnière pour le ravitaillement et les mouvements de troupes.

Le conflit, entré dans sa troisième année, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, déraciné des millions de personnes et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".

 


Le prince héritier saoudien rencontre le chef du conseil de transition soudanais pour discuter de la sécurité et de la stabilité

Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
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  • La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation
  • Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays

RIYADH : Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a rencontré Abdel Fattah Al-Burhan à Riyad lundi pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à restaurer la sécurité et la stabilité dans le pays, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation.

Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays, a ajouté SPA.

Le ministre saoudien de la défense, le prince Khalid ben Salmane, le ministre des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, le ministre d'État et conseiller à la sécurité nationale, Musaed bin Mohammed Al-Aiban, le ministre des finances, Mohammed Al-Jadaan, et l'ambassadeur saoudien au Soudan, Ali Hassan Jaafar, ont également assisté à la réunion.


Cisjordanie: 25 immeubles d'habitation menacés de destruction dans un camp de réfugiés

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  • "Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre"
  • "Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie

TULKAREM: L'armée israélienne va démolir 25 immeubles d'habitation du camp de réfugiés de Nour Chams, dans le nord de la Cisjordanie, ont indiqué lundi à l'AFP des responsables locaux.

Abdallah Kamil, le gouverneur de Tulkarem où se situe le camp, a déclaré à l'AFP avoir été informé par le Cogat --l'organisme du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens-- que les démolitions interviendraient d'ici la fin de la semaine.

"Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre", a indiqué à l'AFP Faisal Salama, responsable du comité populaire du camp de Tulkarem, proche de celui de Nour Chams, précisant qu'une centaine de familles seraient affectées.

Le Cogat n'a pas répondu dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP, l'armée israélienne indiquant se renseigner.

"Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie.

Il estime qu'elles s'inscrivent "dans une stratégie plus large visant à modifier la géographie sur le terrain", qualifiant la situation de "tout simplement inacceptable".

"Crise" 

La Cisjordanie est occupée par Israël depuis 1967.

Début 2025, l'armée israélienne y a lancé une vaste opération militaire visant selon elle à éradiquer des groupes armés palestiniens, en particulier dans les camps de réfugiés du nord, comme ceux de Jénine, Tulkarem et Nour Chams.

Au cours de cette opération, l'armée a détruit des centaines de maisons dans les camps, officiellement pour faciliter le passage des troupes.

Selon M. Friedrich, environ 1.600 habitations ont été totalement ou partiellement détruites dans les camps de la région de Tulkarem, entraînant "la crise de déplacement la plus grave que la Cisjordanie ait connue depuis 1967".

Lundi, une vingtaine de résidents de Nour Chams, tous déplacés, ont manifesté devant des véhicules militaires blindés bloquant l'accès au camp, dénonçant les ordres de démolition et réclamant le droit de rentrer chez eux.

"Toutes les maisons de mes frères doivent être détruites, toutes! Et mes frères sont déjà à la rue", a témoigné Siham Hamayed, une habitante.

"Personne n'est venu nous voir ni ne s'est inquiété de notre sort", a déclaré à l'AFP Aïcha Dama, une autre résidente dont la maison familiale de quatre étages, abritant environ 30 personnes, figure parmi les bâtiments menacés.

Disparaître 

Fin novembre, l'ONG Human Rights Watch a indiqué qu'au moins 32.000 personnes étaient toujours déplacées de chez elles dans le cadre de cette opération.

Comme des dizaines d'autres, le camp de Nour Chams a été établi au début des années 1950, peu après la création d'Israël en 1948, lorsque des centaines de milliers de Palestiniens ont fui ou été expulsés de leurs foyers.

Avec le temps, ces camps se sont transformés en quartiers densément peuplés, où le statut de réfugié se transmet de génération en génération.

De nombreux habitants ont affirmé à l'AFP ces derniers mois qu'Israël cherchait à faire disparaître les camps, en les transformant en quartiers des villes qu'ils jouxtent, afin d'éliminer la question des réfugiés.

Nour Chams a longtemps été un lieu relativement paisible où vivaient dans des maisons parfois coquettes des familles soudées entre elles.

Mais depuis quelques années, des mouvements armés s'y sont implantés sur fond de flambées de violence entre Palestiniens et Israéliens et de précarité économique.