Le Hamas fait état de «violents combats» avec l'armée israélienne au nord de Gaza

Les troupes israéliennes se rassemblent près de la frontière avec Gaza (Photo, AFP).
Les troupes israéliennes se rassemblent près de la frontière avec Gaza (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Lundi 30 octobre 2023

Le Hamas fait état de «violents combats» avec l'armée israélienne au nord de Gaza

  • Le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, affirme que plus de 8000 personnes, majoritairement des civils, et la moitié des enfants, ont été tuées
  • L'armée israélienne a assuré plus tôt que son aviation avait frappé «des structures militaires du Hamas» dans la bande de Gaza

BANDE DE GAZA: Les appels se sont multipliés dimanche pour laisser passer l'aide humanitaire d'urgence dans la bande de Gaza, théâtre de "violents combats", selon le Hamas, entre ses hommes et l'armée israélienne.

Le Croissant-Rouge palestinien a affirmé dimanche que les abords d'un de ses hôpitaux à Gaza, avaient été bombardés à plusieurs reprises, mettant en péril les patients et les milliers de civils venus s'y réfugier.

Le territoire palestinien, assiégé, est pilonné sans répit par l'armée israélienne depuis le 7 octobre, en représailles à l'attaque du Hamas en Israël, inédite par son ampleur et sa violence. Le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, affirme que plus de 8.000 personnes, majoritairement des civils, et la moitié des enfants, ont été tuées depuis le début de la guerre.

En Israël, plus de 1.400 personnes sont mortes, essentiellement des civils tués le jour de l'attaque perpétrée par le mouvement islamiste palestinien, qualifié d'organisation "terroriste" par les Etats-Unis et l'Union européenne.

Les frappes sur la bande de Gaza se sont progressivement intensifiées depuis vendredi soir, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, annonçant samedi le début d'une "deuxième étape de la guerre" visant à "détruire les capacités militaires et la direction du Hamas".

Le mouvement islamiste palestinien a fait état dimanche soir de "violents combats (...) au moyen d'armes automatiques et antichars" dans le nord de la bande de Gaza, où l'armée israélienne opère également au sol depuis vendredi soir.

L'armée israélienne a assuré plus tôt que son aviation avait frappé "des structures militaires du Hamas" dans la bande de Gaza.

Elle a également rapporté des tirs de roquettes réalisés depuis le territoire palestinien en direction du centre et du sud d'Israël.

Les Etats-Unis ont appelé Israël à "prendre toutes les mesures possibles à sa disposition pour faire la distinction entre le Hamas – les terroristes qui sont des cibles militaires légitimes – et les civils qui ne le sont pas".

«Profondément préoccupant»

Le ministère de la Santé à Gaza, dirigé par le Hamas, a signalé 57 attaques contre des installations médicales depuis le début de la guerre.

"Nous avons reçu des menaces" d'Israël pour "évacuer immédiatement l'hôpital al-Quds car il allait être bombardé", a déclaré à l'AFP le directeur de l'hôpital, Bachar Mourad.

Le chef de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a jugé que l'ordre d'évacuer l'hôpital d'al-Quds était "profondément préoccupant". "Nous réitérons qu'il est impossible d'évacuer des hôpitaux remplis de patients sans mettre leur vie en danger", a écrit Tedros Adhanom Ghebreyesus sur X.

Israël accuse le Hamas de se servir des hôpitaux pour cacher des armes ou des combattants, ce que le Hamas dément.

Une aide au compte-gouttes 

Depuis le 9 octobre, Israël a imposé un "siège total" à Gaza, interrompant les approvisionnements en eau, électricité et nourriture, alors que le territoire était déjà soumis à un blocus israélien depuis 2007 et l'arrivée au pouvoir du Hamas.

La Maison Blanche a fait état d'un appel du président Joe Biden à Benjamin Netanyahu dans lequel il "a souligné la nécessité d'augmenter immédiatement et considérablement le flux d'aide humanitaire". Il a fait de même dans un appel au président égyptien Abdel Fattah al-Sissi.

Dix camions d'aide humanitaire ont pu entrer dimanche via le point de passage de Rafah avec l'Egypte, portant à 94 le nombre de véhicules arrivés depuis le 21 octobre, selon le Croissant-Rouge palestinien.

Il en faudrait 100 par jour dans ce territoire de 362 km2 où s'entassent 2,4 millions d'habitants privés de tout.

Un membre du bureau politique du Hamas, Musa Abu Marzouk, a exhorté l'Egypte à agir de manière "décisive" pour que l'aide parvienne dans le territoire palestinien.

L'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens a mis en garde contre un écroulement de "l'ordre public" au lendemain du pillage d'entrepôts et de centres de distribution d'aide alimentaire.

A Rafah (sud), Souleimane al-Houli déplore les scènes de foule devant sa boulangerie. "Je suis bouleversé, je ne peux pas donner du pain à tout le monde. La boulangerie ne produit que 30 fournées par heure".

Aïcha Ibrahim, 39 ans, affirme avoir fait la queue devant deux autres boulangeries "depuis 5 heures et demie du matin".

Incertitude absolue

Le 7 octobre, en plein Shabbat, le repos juif hebdomadaire, des centaines de combattants du Hamas se sont infiltrés depuis Gaza sur le sol israélien, où ils ont commis l'attaque la plus meurtrière depuis la création d'Israël en 1948. Ils ont enlevé 239 personnes dont "beaucoup de travailleurs étrangers", selon un nouveau chiffre d'Israël.

Les proches des otages sont de plus en plus mécontents de l'"incertitude absolue" à laquelle ils sont confrontés, a déclaré Haim Rubinstein, leur porte-parole. Quatre femmes ont été libérées à ce jour. Le Hamas estime à "près de 50" le nombre de ces otages tués dans les bombardements.

Le ministre israélien de la Défense a accusé dimanche le Hamas de "manipulation psychologique" au sujet des otages après que le mouvement palestinien s'est dit prêt à les libérer en échange des prisonniers palestiniens incarcérés par Israël.

Tensions au Sud-Liban et en Cisjordanie

La communauté internationale redoute un embrasement régional.

Dimanche, le président iranien Ebrahim Raïssi, dont le pays soutient le Hamas, a estimé qu'Israël avait franchi "les lignes rouges", ce qui "pourrait" décider d'autres parties "à passer à l'action".

Une des craintes d'embrasement concerne la frontière entre Israël et le Liban, qui a connu dimanche une montée des tensions.

Le puissant mouvement Hezbollah, allié du Hamas, a indiqué avoir abattu au-dessus du territoire israélien un drone israélien avec un missile sol-air et annoncé la mort d'un de ses combattants.

L'armée israélienne a rapporté pour sa part de nouveaux tirs en provenance du Liban vers le secteur de Har Dov et Kiryat Shmona et a dit avoir riposté.

Non loin de la frontière israélienne, le journaliste de Reuters Issam Abdallah avait été tué le 13 octobre dans le sud du Liban par une frappe, et six autres journalistes, dont deux de l'AFP, avaient été blessés.

Dans une enquête publiée dimanche, l'organisation Reporters sans Frontières affirme que les journalistes ont été "ciblés".

Sans mettre catégoriquement en cause l'armée israélienne, l'organisation indique que "selon l'analyse balistique diligentée par RSF, la zone de provenance des tirs se situe à l'est de l'endroit où le groupe de journalistes et leurs véhicules ont été pris pour cible, où se trouve la frontière avec Israël".

La tension est aussi très vive en Cisjordanie occupée. Cinq Palestiniens ont été tués dimanche par des tirs de l'armée israélienne, selon le ministère de la Santé de l'Autorité palestinienne.

Depuis le 7 octobre, plus de 110 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens.

Dans la république russe à majorité musulmane du Daguestan, un aéroport a été fermé après avoir été pris d’assaut par une foule apparemment à la recherche des passagers d'un vol en provenance d'Israël. Le ministère de la Santé a fait état de "blessés", sans préciser s'ils l'avaient été lors de l'intrusion dans l'aéroport ou lors des opérations des forces de l'ordre pour en reprendre le contrôle.


L'armée israélienne dit se préparer à une «  offensive décisive » contre le Hezbollah libanais

Les violences depuis le 8 octobre entre l'armée israélienne et le Hezbollah ont fait au moins 523 morts au Liban, en majorité des combattants, selon un bilan établi par l'AFP à partir de différentes sources. (AFP)
Les violences depuis le 8 octobre entre l'armée israélienne et le Hezbollah ont fait au moins 523 morts au Liban, en majorité des combattants, selon un bilan établi par l'AFP à partir de différentes sources. (AFP)
Short Url
  • "Quand le moment viendra et que nous passerons à l'offensive, ce sera une offensive décisive"
  • Dans un discours prononcé lors d'un déplacement dans le nord, le général israélien Ori Gordin, a déclaré aux soldats: "nous avons déjà éliminé plus de 500 terroristes au Liban, la grande majorité d'entre eux appartenant au Hezbollah"

JERUSALEM: Un commandant de l'armée israélienne a indiqué vendredi que les troupes dans le nord du pays, où Israël à une frontière avec le Liban, se préparaient à une "offensive décisive" contre le Hezbollah, après des mois d'échanges de tirs transfrontaliers.

Le mouvement islamiste libanais Hezbollah et l'armée israélienne échangent des tirs quasi quotidiennement depuis l'attaque le 7 octobre du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël, qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza.

Dans un discours prononcé lors d'un déplacement dans le nord, le général israélien Ori Gordin, a déclaré aux soldats: "nous avons déjà éliminé plus de 500 terroristes au Liban, la grande majorité d'entre eux appartenant au Hezbollah", selon un communiqué de l'armée.

Les troupes israéliennes dans le nord sont actuellement en opération pour protéger les habitants de cette partie du pays et "préparer la transition vers l'offensive", a ajouté le général Gordin, commandant les forces israéliennes dans le nord.

"Quand le moment viendra et que nous passerons à l'offensive, ce sera une offensive décisive", a-t-il encore dit.

Les violences depuis le 8 octobre entre l'armée israélienne et le Hezbollah ont fait au moins 523 morts au Liban, en majorité des combattants, selon un bilan établi par l'AFP à partir de différentes sources.

La plupart d'entre eux, 342 personnes, ont été confirmés comme étant des combattants du Hezbollah, mais le bilan comprend également 104 civils. M. Gordin n'a pas mentionné de victimes civiles. Dans le nord d'Israël, au moins 18 soldats israéliens et 13 civils ont été tués, selon l'armée.

Le Hezbollah, soutenu par l'Iran, affirme que ses attaques contre Israël depuis le 8 octobre ont pour objectif de soutenir son allié du Hamas.

Des dizaines de milliers d'habitants ont depuis été déplacés au Liban et en Israël en raison de cette flambée de violence transfrontalière.


Polio, eaux usées, hôpitaux surchargés: la crise sanitaire à Gaza

Seulement 16 des 36 hôpitaux à Gaza sont opérationnels, mais partiellement, selon l'OMS, qui fait état d'un "afflux massif de blessés". (AFP)
Seulement 16 des 36 hôpitaux à Gaza sont opérationnels, mais partiellement, selon l'OMS, qui fait état d'un "afflux massif de blessés". (AFP)
Short Url
  • L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait état de vives inquiétudes face à une possible épidémie de polio dans la bande de Gaza
  • De son côté, l'armée israélienne a annoncé dimanche avoir lancé une campagne de vaccination de ses soldats contre la polio

GENEVE: L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait état de vives inquiétudes face à une possible épidémie de polio dans la bande de Gaza, alors que la crise sanitaire y est déjà très grave.

Voici un aperçu de certains des défis sanitaires auxquels est confronté le territoire palestinien, selon l'OMS.

Polio dans les eaux usés

Menace largement répandue voici encore une quarantaine d'années, la poliomyélite - qui peut entraîner en quelques heures des paralysies irréversibles - a très largement disparu dans le monde grâce aux vaccins.

Mais il existe une autre forme de poliovirus qui peut se propager: le poliovirus qui a muté à partir de la source contenue à l'origine dans le vaccin antipoliomyélitique oral (VPO). C'est ce poliovirus dérivé d'une souche vaccinale (PVDVc) qui a été retrouvé à Gaza.

Lorsqu'elles se répliquent dans le tube digestif, les souches de VPO changent génétiquement et peuvent se propager dans les communautés qui ne sont pas complètement vaccinées contre la poliomyélite, en particulier dans les zones où les conditions d'hygiène et d'assainissement sont mauvaises, ou dans des zones surpeuplées.

Le 16 juillet, le Réseau mondial de laboratoires de lutte contre la poliomyélite a isolé le poliovirus de type 2 dérivé d'une souche vaccinale (PVDVc2) dans six échantillons d'eaux usées à Deir al-Balah et Khan Younès.

Aucun prélèvement humain n'a encore été effectué à Gaza de sorte que l'OMS ne sait toujours pas si quelqu'un y a été infecté par le poliovirus. L'OMS et le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) espèrent collecter cette semaine les premiers échantillons humains.

De son côté, l'armée israélienne a annoncé dimanche avoir lancé une campagne de vaccination de ses soldats contre la polio.

Manque d'eau et d'assainissement

L'OMS et ses partenaires espèrent achever l'évaluation des risques liés à la polio cette semaine. Mais l'OMS a prévenu qu'il y a "un risque élevé" de propagation du poliovirus à Gaza et au niveau international "si cette épidémie ne fait pas l'objet d'une réponse rapide et optimale".

Le Dr Ayadil Saparbekov, chef d'équipe à l'OMS pour les urgences sanitaires dans les territoires palestiniens, espère que des recommandations pourront être publiées dimanche.

Mais "étant donné les limites actuelles en matière d'hygiène et assainissement de l'eau à Gaza, il sera très difficile pour la population de suivre le conseil de se laver les mains et de boire de l'eau salubre", a-t-il relevé mardi, lors d'un point de presse.

"Avec le système de santé paralysé, le manque d'eau et d'assainissement, ainsi que le manque d'accès de la population aux services de santé... la situation s'annonce très mauvaise", a-t-il souligné.

Au-delà de la polio, l'OMS est "très inquiète" face à de possibles épidémies dans la bande de Gaza.

Système de santé dévasté 

Seulement 16 des 36 hôpitaux à Gaza sont opérationnels, mais partiellement, selon l'OMS, qui fait état d'un "afflux massif de blessés" dans le complexe médical Nasser après de nouveaux bombardements lundi à Khan Younès, dans un contexte de "grave pénurie de réserves de sang, de fournitures médicales et de lits d'hôpitaux".

Avant le conflit à Gaza, déclenché le 7 octobre par les attaques du Hamas, il y avait environ 3.500 lits d'hôpitaux dans le territoire palestinien. Aujourd'hui, l'OMS estime qu'il y en a 1.532.

Seulement 45 des 105 établissements de soins de santé primaires sont opérationnels. Huit des dix hôpitaux de campagne sont opérationnels, dont quatre seulement partiellement.

Dans une telle situation, "il se peut que davantage de personnes meurent de maladies transmissibles que des blessures" liées à la guerre, a averti le Dr Saparbekov.

Selon ce responsable de l'OMS, "jusqu'à 14.000 personnes pourraient" avoir besoin d'une évacuation médicale hors de Gaza.


Les EAU proposent une mission internationale temporaire pour l'après-guerre à Gaza

Reem bint Ebrahim Al-Hashimy, ministre d'État émiratie pour la coopération internationale, a déclaré que la mission contribuerait à rétablir l'ordre public et à répondre à la crise humanitaire dans Gaza d'après-guerre. (Archive/AFP)
Reem bint Ebrahim Al-Hashimy, ministre d'État émiratie pour la coopération internationale, a déclaré que la mission contribuerait à rétablir l'ordre public et à répondre à la crise humanitaire dans Gaza d'après-guerre. (Archive/AFP)
Short Url
  • Elle a souligné le rôle clé des États-Unis dans le succès de la mission
  • La mission ouvrirait la voie à la réunification de Gaza et de la Cisjordanie occupée sous une Autorité palestinienne unique et légitime

ABOU DHABI : Les Émirats arabes unis ont appelé à l'établissement d'une mission internationale temporaire pour poser les jalons d'une nouvelle gouvernance à Gaza après la guerre.

Jeudi, dans un communiqué relayé par l'agence de presse nationale, Reem Al-Hashimy, ministre d'État pour la coopération internationale,  a déclaré que cette mission viserait à rétablir l'ordre et à faire face à la crise humanitaire dans Gaza post-conflit.
Selon la ministre, la mission devrait être déployée à l'invitation du gouvernement palestinien, sous la houlette d'un "nouveau Premier ministre crédible et indépendant", pour répondre aux besoins des Palestiniens et reconstruire Gaza. 

Elle préparerait le terrain pour la réunification de Gaza et de la Cisjordanie occupée sous une Autorité palestinienne unique et légitime.

Al-Hashimy a souligné qu'un retour à la situation d'avant le 7 octobre ne garantirait pas une paix durable, cruciale pour la stabilité régionale. 

Elle a exhorté les États-Unis à mener les efforts internationaux pour reconstruire Gaza, parvenir à la solution à deux États et faciliter les réformes palestiniennes, autant d'éléments qui contribueraient au succès de la mission internationale.

Israël, a-t-elle ajouté, doit également respecter le droit humanitaire international.

"Gaza ne peut se relever sous un blocus continu, ou si l'Autorité palestinienne légitime est empêchée d'assumer ses responsabilités", a-t-elle affirmé, appelant à l'arrêt des colonies israéliennes illégales et des violences en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. 

La ministre a réitéré le soutien des EAU aux efforts internationaux pour la solution à deux États.
"Notre ambition dépasse les frontières de Gaza et exige une collaboration internationale. L'établissement de la paix n'est pas seulement une nécessité régionale, mais un enjeu global qui profiterait à tout le Moyen-Orient et au monde entier", a-t-elle souligné pour conclure.