Les contours de l’attitude de la France face à la guerre de Gaza

’appel d’Emmanuel Macron depuis Israël pour la constitution d’une «coalition internationale contre le Hamas» qui servirait de prolongement à la coalition internationale contre Daech a été mal accueilli et rejeté. (AFP)
’appel d’Emmanuel Macron depuis Israël pour la constitution d’une «coalition internationale contre le Hamas» qui servirait de prolongement à la coalition internationale contre Daech a été mal accueilli et rejeté. (AFP)
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Publié le Vendredi 24 novembre 2023

Les contours de l’attitude de la France face à la guerre de Gaza

  • Paris n'a pas pris en compte ses intérêts de l'autre côté de la Méditerranée et dans le monde arabe, et il semble que la France manque de vision stratégique
  • Après ses visites au Moyen-Orient, M. Macron tentera de redresser la situation en multipliant les initiatives

PARIS: L’opération du Hamas contre Israël, le 7 octobre dernier, et ses répercussions, ont révélé une position officielle française alignée sur la position américaine-occidentale particulièrement favorable à Israël dans la première phase de la «cinquième guerre de Gaza». Mais avec la guerre asymétrique et la riposte israélienne disproportionnée ainsi que le calvaire de civils palestiniens, la position de Paris devient moins biaisée et plus équilibrée.

Ce changement reflète toutefois la confusion et l’absence d’une politique cohérente et efficace. Plus critique encore, cette attitude confuse aura des répercussions sur la scène intérieure française, sur les relations extérieures de la France et sur son influence au Moyen-Orient.

Pour nombre d’amis de la France dans le monde arabe, le constat est amer: avec Emmanuel Macron, «la politique arabe de la France» a disparu, et les dérapages se sont multipliés, comme dans d’autres dossiers. Ainsi, les nouvelles orientations et les mauvais paris ont affecté l’exception française sur la scène internationale et le rôle traditionnel de la France, qui jouissait d'une marge d'indépendance.

Fin de l’exception française?

Ce positionnement français initial aux côtés d'Israël a aussitôt provoqué une inquiétude en France et une condamnation d’une grande part de l’opinion publique arabe, choquée par cette approche déséquilibrée.

En somme, Paris n'a pas pris en compte ses intérêts de l'autre côté de la Méditerranée et dans le monde arabe, et il semble que la France manque de vision stratégique. La précipitation et l’improvisation qui ont prévalu à la suite du 7 octobre ont été surprenantes.

Ce positionnement inhabituel marquait une rupture avec la politique traditionnelle de la 5e République française. Parmi les faits marquants de cette politique: la décision de Charles de Gaulle de décréter un embargo à la vente d'armements à Israël après l’attaque par Tsahal de l'aéroport de Beyrouth en 1968; l'adoption par la Communauté économique européenne (qui deviendra plus tard l'Union européenne), sous l’impulsion de la France, d'une déclaration reconnaissant le droit des Palestiniens à l’autodétermination en 1980; le discours de François Mitterrand à la Knesset en 1982 et sa plaidoirie pour une «solution à deux États»; la «bagarre» de Jacques Chirac dans le vieux Jérusalem en 1996, et son rejet de la guerre contre l'Irak en 2003.

Un constat amer 

Pour nombre d’amis de la France dans le monde arabe, le constat est amer: avec Emmanuel Macron, «la politique arabe de la France» a disparu, et les dérapages se sont multipliés, comme dans d’autres dossiers; ainsi, les nouvelles orientations et les mauvais paris ont affecté l’exception française sur la scène internationale et le rôle traditionnel de la France, qui jouissait d'une marge d'indépendance.

En misant sur le rétablissement du rôle influent de la France, le président a volontairement retardé son déplacement au Moyen-Orient, afin d’apporter une contribution significative. Mais, hélas, l’appel d’Emmanuel Macron depuis Israël pour la constitution d’une «coalition internationale contre le Hamas» qui servirait de prolongement à la coalition internationale contre Daech a été mal accueilli et rejeté. Il apparaît que cette proposition, formulée par l'un des conseillers militaires du président, n'est pas passée par le canal du ministère français des Affaires étrangères et qu’elle a suscité de vives critiques françaises, tant sur la forme que sur le contenu. De surcroît, elle ne fut pas coordonnée avec les partenaires traditionnels.

Multiplier les initiatives 

Après ses visites au Moyen-Orient, M. Macron tentera de redresser la situation en multipliant les initiatives: appels réitérés en faveur d’une trêve humanitaire, organisation à l’Élysée d’une conférence humanitaire, le 9 novembre, et critiques contre les frappes israéliennes provoquant un grand nombre de victimes civiles ont été interprétées comme une tentative visant à réajuster et équilibrer les positions initiales. Au lieu de voir ses initiatives réussir, Emmanuel Macron a également essuyé des critiques de la part d'Israël et de ses partisans, sans pour autant satisfaire la partie opposée.

La confusion autour de la performance présidentielle française suscite des interrogations sur les motifs et les variables ayant guidé la conduite diplomatique de l'Élysée. La polarisation du système international, ainsi que la menace persistante du terrorisme, dont la France a été fréquemment victime ces dernières années, constituent sans doute une partie de l'explication. Cependant, la dimension interne pourrait être l'élément le plus décisif.

L’importation du conflit du Moyen-Orient dans l’Hexagone est un facteur supplémentaire de division dans le pays qui a souffert des émeutes l'été dernier.

C’est pourquoi le président Macron tente de redéfinir l’orientation diplomatique. L’échec de l’Union européenne à se mettre d’accord sur un appel à un cessez-le-feu à Gaza indique néanmoins une incapacité européenne déconcertante, et une carence dans le rôle historique de la France


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.