«  Syndrome méditerranéen  » : Le cas d’Aïcha, 13 ans, attire l’attention sur le racisme médical en France

Le rapport souligne que les taux élevés de mortalité maternelle chez les femmes noires étaient historiquement attribués à des facteurs génétiques  (Photo, AFP).
Le rapport souligne que les taux élevés de mortalité maternelle chez les femmes noires étaient historiquement attribués à des facteurs génétiques (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mercredi 20 décembre 2023

«  Syndrome méditerranéen  » : Le cas d’Aïcha, 13 ans, attire l’attention sur le racisme médical en France

  • Dans le cas d'Aïcha, les pompiers ont initialement pensé qu'elle simulait un malaise, malgré des symptômes visibles
  • Le «syndrome méditerranéen» reflète un problème plus large de racisme médical, où des stéréotypes culturels influencent la prise en charge médicale des patients

ALGER: Le cas tragique d'Aïcha, une adolescente de 13 ans, décédée après une mauvaise prise en charge des secours, soulève des préoccupations des médias français sur ce qui est décrit comme le «syndrome méditerranéen».

Ce terme fait référence à un biais raciste dans le domaine médical, où les professionnels de la santé ont tendance à sous-estimer les symptômes et les douleurs chez les personnes d'origine caribéenne, maghrébine, africaine, ou d'autres minorités vivant autour de la Méditerranée, en pensant qu'elles exagèrent leurs symptômes.

Dans le cas d'Aïcha, les pompiers ont initialement pensé qu'elle simulait un malaise, malgré des symptômes visibles, dont une hémorragie cérébrale. Cette réaction a eu des conséquences tragiques et soulève des questions sur la façon dont les préjugés culturels et raciaux peuvent entraîner des erreurs médicales.

«Syndrome méditerranéen» ou «racisme médical»

Le «syndrome méditerranéen» reflète un problème plus large de racisme médical, où des stéréotypes culturels influencent la prise en charge médicale des patients appartenant à certaines communautés.

D’après l’ONU, le racisme médical, qu'il soit désigné sous le terme de «syndrome méditerranéen» ou d'autres appellations, constitue un problème mondial exigeant «une attention immédiate». Il est essentiel de garantir une prise en charge médicale équitable et dénuée de préjugés pour tous les patients, «quelle que soit leur origine ethnique».

Fort taux de mortalité en couches des femmes noires

De l’autre côté de l’Atlantique, la situation est similaire. Le New York Times a récemment rapporté les conclusions d'une nouvelle analyse des Nations unies sur les expériences des femmes noires pendant la grossesse et l'accouchement aux États-Unis.

Les femmes noires sont près de trois fois plus susceptibles de mourir pendant la grossesse ou l'accouchement aux États-Unis qu’une femme d’un autre groupe ethnique.

Selon le rapport publié par l'agence des Nations unies pour la santé sexuelle et reproductive (UNFPA), le racisme et le sexisme systémiques dans les systèmes médicaux sont identifiés comme les principales causes des graves complications et décès auxquels font face les femmes noires.

L'étude a examiné les données de plusieurs pays des Amériques, y compris les États-Unis, et elle a révélé que les femmes noires étaient plus susceptibles que leurs homologues blanches de signaler un refus de traitement, ainsi que des violences physiques et verbales dans les établissements de soins de santé. Ces expériences ont conduit à des complications plus graves, des retards de traitement et, dans certains cas, à la mort pendant ou peu après l'accouchement.

«Moins sensibles»

Le rapport souligne que les taux élevés de mortalité maternelle chez les femmes noires étaient historiquement attribués à des facteurs génétiques et à des choix de mode de vie, négligeant ainsi les préjugés profondément enracinés dans le système de soins de santé.

Les programmes des facultés de médecine ont été critiqués pour inclure des affirmations erronées, telles que les terminaisons nerveuses des femmes noires seraient «moins sensibles» et nécessiteraient moins d'anesthésie, ou que le sang des femmes noires coagulerait plus rapidement que celui des femmes blanches, retardant ainsi le traitement des hémorragies dangereuses.

Point d’histoire

Ces croyances infondées ont bien une origine; nous citerons par exemple James Marion Sims. 

Ce dernier, qualifié de «père de la gynécologie moderne» et longtemps portrayé comme un héros, a développé des avancées médicales importantes liées à la santé reproductive des femmes.

Son utilisation d'esclaves noires comme sujets d'expériences médicales, sans anesthésie, a toutefois suscité la controverse.

C
James Marion Sims (Photo, Wikipedia). 

M. Sims, président de l'Association médicale américaine en 1876, est critiqué pour avoir placé ses expériences au-dessus du bien-être des femmes et pour avoir opéré sous l'influence de l’idée raciste que les personnes noires ne ressentaient pas la douleur.

Cette pratique, problématique d’un point de vue éthique, s'inscrit dans une Histoire de la recherche médicale discutable, rappelant d'autres exemples tels que les expériences sur lasyphilis menées à Tuskegee (Alabama) et sur la personne de Henrietta Lacks.


Les députés approuvent la mise en place d'une taxe de deux euros pour les «petits colis»

L'Assemblée nationale a approuvé mercredi la mise en place d'une taxe de deux euros ciblant les "petits colis" d'une valeur inférieure à 150 euros d'origine extra-européenne, qui servira à financer les dispositifs pour contrôler ces produits. (AFP)
L'Assemblée nationale a approuvé mercredi la mise en place d'une taxe de deux euros ciblant les "petits colis" d'une valeur inférieure à 150 euros d'origine extra-européenne, qui servira à financer les dispositifs pour contrôler ces produits. (AFP)
Short Url
  • La mesure a suscité de vifs débats, le Rassemblement national dénonçant une "taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes"
  • Ces discussions interviennent alors que la plateforme de commerce en ligne d'origine chinoise Shein est sous le feu des critiques, accusée de vendre de nombreux produits non conformes et illicites

PARIS: L'Assemblée nationale a approuvé mercredi la mise en place d'une taxe de deux euros ciblant les "petits colis" d'une valeur inférieure à 150 euros d'origine extra-européenne, qui servira à financer les dispositifs pour contrôler ces produits.

208 députés contre 87 ont approuvé cette mesure proposée par le gouvernement dans le cadre de l'examen en première lecture du budget de l'Etat. Le RN a voté contre, la gauche, la coalition gouvernementale et le groupe ciottiste UDR, allié de Marine Le Pen, pour.

La mesure a suscité de vifs débats, le Rassemblement national dénonçant une "taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes", quand la ministre Amélie de Montchalin (Comptes publics) a défendu une "redevance" destinée à contrôler des produits souvent "dangereux".

Ces discussions interviennent alors que la plateforme de commerce en ligne d'origine chinoise Shein est sous le feu des critiques, accusée de vendre de nombreux produits non conformes et illicites.

"Ce n'est pas une taxe pour empêcher la concurrence déloyale chinoise, c'est une taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes", a dénoncé le député Jean-Philippe Tanguy (RN).

"Faire croire aux Français qu'en taxant les petits colis, vous arriverez à augmenter de manière spectaculaire le nombre de contrôles, c'est se moquer du monde", a renchéri la présidente du groupe, Marine Le Pen, soulignant que "l'année dernière, 0,125 % de colis ont été vérifiés".

La France insoumise s'est également dite soucieuse des répercussions de la taxe sur les consommateurs, exigeant pour les protéger que les plateformes soient taxées directement et non les colis, et menaçant de voter contre la mesure.

Le gouvernement a déposé un amendement destiné à répondre à cette préoccupation, permettant que la taxe soit payée via "le tuyau de la TVA", qui est "alimenté par les plateformes". Cela a convaincu LFI de soutenir la proposition gouvernementale.

La taxe devrait rapporter environ 500 millions d'euros, destinés selon Mme de Montchalin à financer l'achat de scanners pour contrôler les colis et embaucher des douaniers.

Elle s'est félicitée que la France mette en oeuvre la taxe "dès le 1er janvier", comme la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg, neuf mois plus tôt que les autres pays de l'UE.

"Ceux qui ce soir ne voteront pas cette taxe (...) n'ont pas choisi la France, ils n'ont pas choisi nos commerçants, ils auront choisi la Chine et sa submersion", a-t-elle tonné.

Elle a par ailleurs rappelé que les ministres des Finances de l'Union européenne se sont accordés la semaine dernière pour supprimer l'exonération de droits de douane dont bénéficient ces petits colis.

Juste avant minuit, les députés ont en revanche supprimé un autre article du projet de loi, visant à fiscaliser l'ensemble des produits à fumer, avec ou sans tabac ou nicotine.

"Nous sommes 700. 000 personnes à avoir réussi à arrêter de fumer grâce à la cigarette électronique", une alternative efficace pour "sauver des vies" qui est "bien moins dangereuse que la cigarette", a argumenté le député Renaissance Pierre Cazeneuve. Parmi elles, de nombreux députés, dont lui-même.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

Short Url
  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Short Url
  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).