Lourdes frappes sur le sud de Gaza, médicaments attendus pour les otages

Les flammes s’élèvent de Khan Younès, dans le sud de Gaza après un bombardement israélien le 16 janvier (Photo, AFP).
Les flammes s’élèvent de Khan Younès, dans le sud de Gaza après un bombardement israélien le 16 janvier (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 17 janvier 2024

Lourdes frappes sur le sud de Gaza, médicaments attendus pour les otages

  • Le ministère de la Santé du Hamas a fait état de «nombreux» morts dans des bombardements nocturnes sur des tours de Khan Younès
  • Le Qatar a annoncé un accord entre Israël et le Hamas, à la suite d'une médiation conjointe avec la France, «portant sur l'entrée de médicaments (...) pour les otages»

TEL AVIV: Israël multiplie mercredi les raids aériens dans le sud de la bande de Gaza où sont attendus des médicaments pour les otages aux mains du Hamas et une aide humanitaire pour la population palestinienne dans le cadre d'un accord négocié par la France et le Qatar.

Peu après minuit, des témoins ont fait état de frappes israéliennes près de l'hôpital Nasser de Khan Younès, principale ville du sud de Gaza où se cachent selon Israël des dirigeants locaux du mouvement islamiste palestinien Hamas.

D'après ces témoins, ces frappes ont provoqué un mouvement de panique chez les centaines de personnes déplacées par les combats qui ont trouvé refuge ces dernières semaines dans la vaste enceinte de cet hôpital. Et le ministère de la Santé du Hamas a fait état de "nombreux" morts dans des bombardements nocturnes sur des tours de Khan Younès.

Plongée dans une situation humanitaire jugée "catastrophique", Gaza fait face à un "risque de famine" et d'une crise sanitaire et ce, en plein pic de froid d'hiver, selon l'ONU.

"Ma fille ne peut pas dormir, elle me dit toujours qu'elle a froid, regardez comment ils dorment par terre, je n'ai rien pour les couvrir, je ne peux pas vous décrire à quel point il fait froid ici. On meurt de froid dehors, que diriez-vous de dormir ici?", souffle Hanine Adouane, déplacée par les combats à Rafah, à la pointe sud près de l'Egypte.

Le tout alors que le territoire subit "la plus longue perturbation des télécommunications enregistrée depuis le début du conflit, la plupart des habitants étant incapables de contacter le monde extérieur depuis le 12 janvier", selon NetBloks, un organisme de surveillance du Web.

Si les tentatives de parvenir à un "cessez-le-feu" ou à une seconde trêve comme celle de fin novembre ont échoué, une médiation de la France et du Qatar doit permettre l'acheminement dans les prochaines heures d'aide pour les civils palestiniens et de médicaments pour les otages.

Quelque 250 personnes avaient été prises en otages et emmenées à Gaza lors de l'attaque sans précédent de commandos du Hamas le 7 octobre dans le sud d'Israël fatale à environ 1.140 personnes côté israélien, en grande majorité des civils tués le jour même.

En représailles, Israël a promis "d'anéantir" ce mouvement islamiste au pouvoir à Gaza depuis 2007, et pilonne ce territoire dans le cadre d'opérations qui ont tué 24.285 personnes, soit 1% de la population, et en grande majorité des femmes, enfants et adolescents, selon le ministère de la santé du Hamas.

Médicaments et aide

Un accord de trêve fin novembre avait permis une pause d'une semaine dans les combats et la libération notamment d'une centaine d'otages réduisant, selon les autorités israéliennes, à 132 le nombre de personnes qui manquent à l'appel, dont 27 seraient toutefois mortes.

Or au moins un tiers des otages souffrent de maladies chroniques et nécessitent un traitement, selon un rapport publié le 9 janvier par un collectif des familles d'otages, "Bring them home now" ("Ramenez-les maintenant à la maison").

Mardi, le Qatar a annoncé un accord entre Israël et le Hamas, à la suite d'une médiation conjointe avec la France, "portant sur l'entrée de médicaments (...) pour les otages en échange d'une cargaison d'aide humanitaire pour les civils dans la bande de Gaza".

"Les médicaments et l'aide seront envoyés demain (mercredi) à la ville d'Al-Arich" en Egypte "à bord de deux avions des forces armées qataries, en vue de leur transfert vers la bande de Gaza", a dit le chef de la diplomatie qatarie.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a lui exprimé sa "gratitude" à l'égard de ceux ont contribué à cet accord et insisté pour que les médicaments arrivent bien à leurs destinations finales, ont indiqué ses services à Jérusalem.

A Tel-Aviv, des manifestants israéliens anti-guerre ont affronté mardi soir la police lors d'un rassemblement contre le gouvernement Netanyahou et sa guerre à Gaza.

"C'est un cercle vicieux de violence sans fin qui ne mène à rien. Seule une solution politique apportera la paix, l'égalité et la justice dans la région", a déclaré sur place à l'AFP Michal Sapri, une manifestante.

"Si l'occupation se poursuit (...) les enfants qui grandissent aujourd'hui à Gaza sont ceux qui nous affronteront dans quelques années", a renchéri Chava Lerman, une autre manifestante.

«Intensité» variable

Plus tôt cette semaine, le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant avait annoncé que la phase "intensive" des opérations armées dans le sud de Gaza, après celles presque complétées dans le nord, "se terminera bientôt".

Cette guerre exacerbe aussi les tensions régionales entre Israël et ses alliés, les Etats-Unis au premier chef, et l'"axe de la résistance" établi par l'Iran, qui réunit notamment le mouvement islamiste libanais Hezbollah et les rebelles yéménites Houthis.

A la frontière israélo-libanaise, où les échanges de tirs entre le Hezbollah et les forces israéliennes sont quotidiens, l'armée israélienne a annoncé mardi de nouvelles frappes contre des positions du mouvement dans le sud du Liban.

L'armée américaine a mené mardi de nouvelles frappes au Yémen, cette fois sur un site depuis lequel les rebelles Houthis qui menacent le trafic maritime international en mer Rouge en "solidarité" avec les Palestiniens de Gaza, s'apprêtaient à lancer quatre missiles.

La France a "décidé de ne pas se joindre" aux frappes de la coalition américano-britannique au Yémen pour "éviter toute escalade", a déclaré mardi le président Emmanuel Macron, évoquant "le risque dans la durée" pour Israël de poursuivre des opérations pas suffisamment ciblées à Gaza.

L'Union européenne (UE) a ajouté mardi à sa liste "terroriste", Yahya Sinouar, chef du Hamas dans la bande de Gaza, qui est considéré comme l'architecte des attaques du 7octobre.

Et, selon des médias américains, les Etats-Unis désigneront à nouveau mercredi sur leur liste des entités "terroristes" les rebelles Houthis qui y rejoindront le Hamas aussi qualifié comme tel par l'UE et Israël.


Gaza: l'armée israélienne annonce la remise de trois dépouilles d'otages à la Croix-Rouge

"Selon les informations fournies par la Croix-Rouge, trois cercueils de personnes décédées prises en otage ont été transférés sous leur garde et sont en route vers les troupes de Tsahal dans la bande de Gaza", indique un communiqué de l'armée israélienne. (AFP)
"Selon les informations fournies par la Croix-Rouge, trois cercueils de personnes décédées prises en otage ont été transférés sous leur garde et sont en route vers les troupes de Tsahal dans la bande de Gaza", indique un communiqué de l'armée israélienne. (AFP)
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  • "Selon les informations fournies par la Croix-Rouge, trois cercueils de personnes décédées prises en otage ont été transférés sous leur garde et sont en route vers les troupes de Tsahal dans la bande de Gaza"
  • L'armée israélienne a annoncé dimanche que le Hamas avait remis à la Croix-Rouge dans la bande de Gaza des cercueils contenant les corps de trois otages

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé dimanche que le Hamas avait remis à la Croix-Rouge dans la bande de Gaza des cercueils contenant les corps de trois otages, dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, qui prévoit des échanges de dépouilles.

"Selon les informations fournies par la Croix-Rouge, trois cercueils de personnes décédées prises en otage ont été transférés sous leur garde et sont en route vers les troupes de Tsahal dans la bande de Gaza", indique un communiqué de l'armée israélienne.

 

 


A Gaza, des enfants reprennent les cours après deux ans de guerre

Malgré l'inconfort, elles ont répondu aux questions du professeur et ont copié la leçon du tableau noir dans leurs cahiers, visiblement heureuses d'être là. (AFP)
Malgré l'inconfort, elles ont répondu aux questions du professeur et ont copié la leçon du tableau noir dans leurs cahiers, visiblement heureuses d'être là. (AFP)
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  • Mettant à profit le fragile cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre, l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a annoncé cette semaine cette réouverture progressive
  • Des déplacés sont toujours hébergées dans le bâtiment, sur la façade duquel des cordes à linge sont visibles

GAZA: Des élèves de l'école Al Hassaina à Nousseirat,  dans le centre de la bande de Gaza, viennent de reprendre les cours malgré les destructions dans le territoire palestinien, où l'ONU a annoncé rouvrir progressivement des établissements, a constaté samedi l'AFPTV.

Mettant à profit le fragile cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre, l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a annoncé cette semaine cette réouverture progressive, après deux ans de guerre dévastatrice délenchée par l'attaque du Hamas en Israël du 7 octobre 2023.

Le patron de l'UNRWA, Philippe Lazzarini, a déclaré sur X mardi que plus de 25.000 écoliers avaient déjà rejoint les "espaces d'apprentissage temporaires" de l'agence, tandis qu'environ 300.000 d'entre eux suivraient des cours en ligne.

Dans l'école Al Hassaina, des images de l'AFPTV ont montré dans la matinée des jeunes filles se rassemblant dans la cour en rang pour pratiquer des exercices en clamant "Vive la Palestine!"

Environ 50 filles se sont ensuite entassées dans une salle de classe, assises à terre sans bureaux, ni chaises.

Malgré l'inconfort, elles ont répondu aux questions du professeur et ont copié la leçon du tableau noir dans leurs cahiers, visiblement heureuses d'être là.

Pendant la guerre entre Israël et le Hamas, cette école, comme de nombreuses autres installations de l'UNRWA, s'était transformée en refuge pour des dizaines de familles.

Des déplacés sont toujours hébergées dans le bâtiment, sur la façade duquel des cordes à linge sont visibles.

Une autre salle de classe accueillait un nombre similaire d'adolescentes, presque toutes portant des hijabs et également assises au sol, cahiers posés sur leurs genoux.

Warda Radoune, 11 ans, a déclaré avoir hâte de reprendre sa routine d'apprentissage. "Je suis en sixième maintenant, mais j'ai perdu deux années de scolarité à cause du déplacement et de la guerre", a-t-elle confié à l'AFP.

"Nous reprenons les cours lentement jusqu'à ce que l'école soit à nouveau vidée (des déplacés), et que nous puissions continuer à apprendre comme avant", a-t-elle ajouté.

"Alors que l'UNRWA travaille à ouvrir davantage d'espaces d'apprentissage temporaires dans les abris, certains enfants sont contraints d'apprendre sur des escaliers, sans bureaux ni chaises. Trop d'écoles sont en ruines", a pointé cette semaine l'UNRWA sur X.

Le directeur régional Moyen-Orient d'Unicef, Edouard Beigbeder, avait souligné fin octobre à l'AFP que la communauté humanitaire était engagée dans une "course contre la montre" pour "remettre l'éducation au centre des priorités" à Gaza, au risque sinon d'y laisser une "génération perdue".


Israël menace d'intensifier les attaques contre le Hezbollah dans le sud du Liban

L'Agence nationale libanaise de presse a rapporté que l'armée israélienne avait touché une voiture avec un missile guidé.  L'armée a confirmé la frappe, affirmant avoir visé un membre de la Force Radwan, unité d'élite du Hezbollah. (AFP)
L'Agence nationale libanaise de presse a rapporté que l'armée israélienne avait touché une voiture avec un missile guidé. L'armée a confirmé la frappe, affirmant avoir visé un membre de la Force Radwan, unité d'élite du Hezbollah. (AFP)
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  • Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes qu'elle a présentées comme des membres d'une force d'élite du Hezbollah
  • A l'ouverture du conseil des ministres hebdomadaire dimanche, M. Netanyahu a ensuite affirmé que le Hezbollah tentait de se "réarmer"

JERUSALEM: Israël a menacé dimanche d'intensifier ses attaques au Liban contre le Hezbollah, que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a accusé de tenter de se "réarmer", exhortant Beyrouth à tenir ses engagements de le désarmer.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le mouvement pro-iranien, Israël continue de mener des attaques régulières contre les bastions libanais du Hezbollah et d'occuper cinq positions frontalières dans le sud du Liban.

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes qu'elle a présentées comme des membres d'une force d'élite du Hezbollah.

"L'engagement du gouvernement libanais à désarmer le Hezbollah et le chasser du sud du Liban doit être pleinement tenu", a d'abord déclaré dans un communiqué le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, affirmant que le groupe "joue avec le feu" et que "le président libanais traîne des pieds".

"Nous ne tolèrerons aucune menace contre les habitants du nord" d'Israël, a-t-il ajouté.

A l'ouverture du conseil des ministres hebdomadaire dimanche, M. Netanyahu a ensuite affirmé que le Hezbollah tentait de se "réarmer".

"Nous attendons du gouvernement libanais qu'il fasse ce qu'il s'est engagé à faire, c'est-à-dire désarmer le Hezbollah, mais il est clair que nous exercerons notre droit à l'autodéfense comme convenu dans les termes du cessez-le-feu", a-t-il averti.

"Nous ne permettrons pas au Liban de redevenir un nouveau front contre nous et nous agirons comme il faudra".

Des milliers d'Israéliens vivant près de la frontière nord avaient dû évacuer leurs domiciles pendant des mois, après l'ouverture par le Hezbollah d'un front contre Israël à la suite de la guerre déclenchée à Gaza en octobre 2023.

Les tirs de roquette du mouvement chiite avaient provoqué un conflit de plus d'un an, culminant par deux mois de guerre ouverte avant la conclusion d'un cessez-le-feu fin 2024.

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth, mais il demeure financièrement résilient et armé.

Depuis, les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, un plan auquel le Hezbollah et ses alliés s'opposent, invoquant notamment la poursuite d'une présence israélienne sur le territoire libanais.

Raid meurtrier et nouvelle frappe 

L'armée israélienne a intensifié ses attaques contre des cibles du Hezbollah ces derniers jours.

Jeudi, elle a mené un raid meurtrier dans le sud du Liban, poussant le président libanais, Joseph Aoun, à ordonner à l'armée de faire face à de telles incursions.

M. Aoun avait appelé à des négociations avec Israël à la mi-octobre, après l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu à Gaza, parrainé par le président américain Donald Trump.

Il a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de dialogue en intensifiant ses attaques, avant qu'une nouvelle frappe israélienne ne tue quatre personnes samedi dans le sud du pays, dans le district de Nabatiyeh.

L'Agence nationale libanaise de presse a rapporté que l'armée israélienne avait touché une voiture avec un missile guidé.

L'armée a confirmé la frappe, affirmant avoir visé un membre de la Force Radwan, unité d'élite du Hezbollah.

"Le terroriste était impliqué dans le transfert d'armes et dans les tentatives de reconstitution des infrastructures terroristes du Hezbollah dans le sud du Liban", a-t-elle indiqué, précisant que trois autres membres du groupe avaient été tués.

"Les activités de ces terroristes constituaient une menace pour l'Etat d'Israël et ses civils, ainsi qu'une violation des accords entre Israël et le Liban", a ajouté l'armée.

La veille, elle avait annoncé avoir tué un "responsable de la maintenance du Hezbollah", qui oeuvrait selon elle à rétablir des infrastructures du mouvement.

A Nabatiyeh, des centaines de personnes se sont rassemblées dimanche pour rendre hommage aux cinq membres du Hezbollah tués, a constaté un journaliste de l'AFP.

Les participants lançaient des pétales de fleurs sur les cercueils, recouverts du drapeau du Hezbollah, en scandant: "Mort à Israël, mort à l'Amérique".

"Voici le prix que le Sud (du Liban) paie chaque jour", a déclaré à l'AFP Rana Hamed, la mère de l'un des cinq hommes tués. "Nous savons qu'Israël est notre ennemi depuis des décennies."

L'émissaire américain, Tom Barrack, a exhorté samedi le Liban à engager des pourparlers directs avec Israël, affirmant que si Beyrouth franchissait le pas, les Etats-Unis pourraient faire "pression sur Israël pour qu'il se montre raisonnable".