La CIJ appelle Israël à empêcher tout acte de «génocide» à Gaza où la guerre fait rage

La plus haute juridiction de l'ONU a appelé vendredi Israël à faire tout son possible pour empêcher tout acte de "génocide" dans la bande de Gaza et à laisse entrer l'aide humanitaire, en rendant une décision très attendue. (AFP)
La plus haute juridiction de l'ONU a appelé vendredi Israël à faire tout son possible pour empêcher tout acte de "génocide" dans la bande de Gaza et à laisse entrer l'aide humanitaire, en rendant une décision très attendue. (AFP)
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Publié le Samedi 27 janvier 2024

La CIJ appelle Israël à empêcher tout acte de «génocide» à Gaza où la guerre fait rage

  • L'Afrique du Sud avait saisi la CIJ, arguant qu'Israël violait la Convention des Nations unies sur le génocide, établie au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et de l'Holocauste
  • La Cour appelle Israël à tout faire pour «empêcher la commission de tous actes entrant dans le champ d'application» de la Convention

LA HAYE: La plus haute juridiction de l'ONU a appelé vendredi Israël à empêcher tout acte éventuel de "génocide" à Gaza, une accusation "scandaleuse" pour Israël, en guerre avec le Hamas dans ce territoire palestinien où l'inquiétude grandit sur le sort des civils.

La Cour internationale de justice (CIJ), qui siège à La Haye, n'a cependant pas appelé à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, où l'armée israélienne mène une offensive militaire en riposte à l'attaque sans précédent menée contre Israël le 7 octobre par le mouvement islamiste palestinien.

Israël, qui contrôle l'entrée de l'aide internationale dans le territoire assiégé, doit prendre "des mesures immédiates" pour permettre la fourniture de l'aide "dont les Palestiniens ont un besoin urgent", a déclaré la CIJ, qui n'a aucun levier pour imposer ses décisions.

La Hamas, qui gouverne Gaza depuis 2007, a salué "un développement important" qui "isole Israël".

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a jugé "scandaleuses" les accusations.

La guerre a plongé le petit territoire dans un désastre humanitaire, poussant 1,7 million de Palestiniens à fuir.

Des combats acharnés se déroulent dans le sud, où des milliers de civils ont fui ces derniers jours Khan Younès.

Non loin, à Rafah, des dizaines de milliers de déplacés s'entassent dans un périmètre très réduit contre la frontière fermée avec l'Egypte, selon un journaliste de l'AFP.

L'Afrique du Sud avait saisi la CIJ, arguant qu'Israël violait la Convention des Nations unies sur le génocide, établie au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et de l'Holocauste.

Sans se prononcer sur la question de savoir si Israël commet un génocide, la Cour appelle Israël à tout faire pour "empêcher la commission de tous actes entrant dans le champ d'application" de la Convention.

Gaza: négociations prévues à Paris entre CIA, Egypte, Israël et Qatar

Le patron de la CIA, le service de renseignement américain, va rencontrer "dans les tout prochains jours à Paris" ses homologues israélien et égyptien, ainsi que le Premier ministre qatari, pour tenter de conclure un accord de trêve entre Israël et le Hamas à Gaza, a indiqué vendredi à l'AFP une source sécuritaire d'un Etat impliqué dans les négociations.

Cette source confirmait ainsi les informations de plusieurs médias américains selon lesquelles le président Joe Biden compte très prochainement envoyer en Europe le patron de la CIA, Williams Burns, dans l'espoir de négocier une trêve à Gaza contre une libération des otages.

«Sans fondement»

L'UE a demandé l'application "immédiate" de cette décision, qualifiée de "sans fondement" par Washington, principal allié d'Israël, tandis que la France a souligné que le crime de génocide nécessitait "l'établissement d'une intention".

La décision a été saluée par la Turquie, l'Iran, l'Espagne et le Qatar, médiateur qui accueille la direction du Hamas. L'Arabie saoudite a elle demandé à ce qu'Israël "rende des comptes" pour ses "violations" du droit international.

Suite à des accusations d'Israël portant sur l'implication d'employés de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) dans l'attaque du 7 octobre, celle-ci a indiqué avoir limogé "plusieurs membres du personnel" et ouvert une enquête. Washington a annoncé avoir "suspendu" son financement de l'Unrwa.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a elle rejeté les accusations de "collusion" avec le Hamas proférées par Israël, tout en assurant être "impartiale".

L'attaque du Hamas a entraîné la mort de plus de 1.140 personnes en Israël, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.

Quelque 250 personnes ont été enlevées pendant cette attaque et emmenées à Gaza, dont une centaine libérées fin novembre durant une trêve en échange de prisonniers palestiniens.

En riposte, Israël a juré "d'anéantir" le Hamas, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël, et lancé une vaste opération militaire ayant fait 26.083 morts, en grande majorité des femmes, enfants et adolescents, selon le ministère de la Santé du mouvement.

Pour MSF, «il n’y a virtuellement plus de système de santé à Gaza»

"Il n'y a virtuellement plus de système de santé à Gaza", a dénoncé vendredi Médecins sans frontières, après que la plupart des services de l'hôpital Nasser, où l'ONG travaillait encore, sont "désormais hors d'état de fonctionner" du fait du conflit entre Israël et le Hamas.

"La capacité chirurgicale de l'hôpital Nasser", la plus grande structure de santé" de Khan Younès, dans le sud de la bande Gaza, est à présent "quasiment inexistante", et les "quelques membres du personnel médical qui sont restés à l'hôpital doivent composer avec des stocks de matériel médical très faibles", a déploré MSF dans un communiqué.

183 personnes tuées ces dernières 24 heures

Selon le Hamas, 183 personnes ont été tuées ces dernières 24 heures à Gaza, tandis que des combats intenses font rage à proximité des hôpitaux Nasser et Al-Amal à Khan Younès.

L'armée affirme avoir encerclé Khan Younès, ville natale de Yahya Sinouar, le chef du Hamas à Gaza, considéré comme l'architecte de l'attaque du 7 octobre.

Mercredi, des tirs de chars contre un refuge de l'Unrwa ont fait 13 morts, selon cette agence.

Washington et Paris ont condamné ces tirs

"Nous avons essayé de sortir, mais quand j'ai regardé dehors, j'ai vu les chars d'assaut tirer. Comment sortir?", a témoigné à l'AFP sur son lit d'hôpital Ahmad Katra, un Palestinien blessé par ces tirs.

Selon les Nations unies, l'armée israélienne a ordonné l'évacuation de l'abri avant vendredi 17H00 (15H00 GMT), ce qu'a démenti l'armée.

Vendredi, la Maison Blanche a annoncé que le président Joe Biden a discuté avec l'émir du Qatar des "derniers événements en Israël et à Gaza, y compris des efforts de libération des otages enlevés par le Hamas".

Sur le plan régional, les rebelles yéménites Houthis, soutenus par l'Iran et qui affirment agir en soutien des Palestiniens, ont déclaré avoir tiré des "missiles" contre un "pétrolier britannique", après que les Etats-Unis ont détruit un missile tiré "depuis les zones du Yémen contrôlées par les Houthis".


Gaza: les enquêtes israéliennes sur les frappes meurtrières doivent «aboutir à des résultats», dit l'ONU

L'ONU a insisté mardi sur le fait que Israël devait non seulement enquêter sur les frappes meurtrières à Gaza comme celles sur un hôpital qui a coûté la vie à au moins 20 personnes, mais aussi veiller à ce que ces enquêtes aboutissent à des résultats. (AFP)
L'ONU a insisté mardi sur le fait que Israël devait non seulement enquêter sur les frappes meurtrières à Gaza comme celles sur un hôpital qui a coûté la vie à au moins 20 personnes, mais aussi veiller à ce que ces enquêtes aboutissent à des résultats. (AFP)
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  • Les agences de presse Reuters et Associated Press, ainsi que la chaîne qatarie Al Jazeera ont publié des communiqués rendant hommage à leurs collaborateurs tués, tandis que l'armée israélienne a annoncé lundi l'ouverture d'une enquête
  • "Il est bien entendu de la responsabilité d'Israël, en tant que puissance occupante, d'enquêter, mais ces enquêtes doivent aboutir à des résultats"

GENEVE: L'ONU a insisté mardi sur le fait que Israël devait non seulement enquêter sur les frappes meurtrières à Gaza comme celles sur un hôpital qui a coûté la vie à au moins 20 personnes, mais aussi veiller à ce que ces enquêtes aboutissent à des résultats.

"Les autorités israéliennes ont, par le passé, annoncé des enquêtes sur de tels homicides (...) mais ces enquêtes doivent aboutir à des résultats", a déclaré le porte-parole du bureau des droits de l'homme des Nations unies, Thameen Al-Kheetan, à des journalistes à Genève.

Ses déclarations interviennent au lendemain des frappes israéliennes sur l'hôpital Nasser à Khan Younès, ville du sud de la bande de Gaza, qui ont fait au moins 20 morts parmi lesquels cinq journalistes, provoquant un tollé international.

Les agences de presse Reuters et Associated Press, ainsi que la chaîne qatarie Al Jazeera ont publié des communiqués rendant hommage à leurs collaborateurs tués, tandis que l'armée israélienne a annoncé lundi l'ouverture d'une enquête.

"Il est bien entendu de la responsabilité d'Israël, en tant que puissance occupante, d'enquêter, mais ces enquêtes doivent aboutir à des résultats", a souligné M. Kheetan.

"Nous n'avons encore vu aucun résultat ni aucune mesure de responsabilisation. Nous attendons toujours les résultats de ces enquêtes et nous demandons que justice soit faite et que les responsables rendent des comptes", a-t-il ajouté.

Au moins 247 journalistes palestiniens ont été tués à Gaza depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 en Israël.

"Ces journalistes sont les yeux et les oreilles du monde entier et ils doivent être protégés", a encore dit M. Kheetan.

Interrogé pour savoir si l'attaque de lundi pouvait être qualifiée de "double frappe", dans laquelle une première frappe est suivie d'une seconde visant les secouristes et d'autres civils, M. Kheetan a répondu que cela devait faire l'objet d'une enquête.

"Nous pouvons dire que l'armée israélienne aurait lancé plusieurs frappes aériennes sur le complexe médical Nasser, et qu'il y a eu deux frappes aériennes en peu de temps", a-t-il déclaré.

"Nous savons que l'un des cinq journalistes semble avoir été tué lors de la première frappe aérienne, tandis que trois autres semblent avoir été tués lors de la deuxième frappe", a-t-il ajouté.

"Cet incident et les homicides de tous les civils, notamment les journalistes, doivent faire l'objet d'une enquête approfondie et indépendante, et la justice doit suivre", a encore dit M. Kheetan.


Barrack : l'Arabie saoudite et le Qatar prêts à investir au Liban une fois le Hezbollah désarmé

L'envoyé spécial des États-Unis pour la Syrie et le Liban, Thomas Barrack, a déclaré que le plan préparé par le Liban n'impliquerait pas nécessairement une action militaire pour persuader le Hezbollah de renoncer à ses armes. (AP)
L'envoyé spécial des États-Unis pour la Syrie et le Liban, Thomas Barrack, a déclaré que le plan préparé par le Liban n'impliquerait pas nécessairement une action militaire pour persuader le Hezbollah de renoncer à ses armes. (AP)
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  • L'armée libanaise, soutenue par les Etats-Unis, prépare un plan de désarmement du Hezbollah qui devrait être prêt à la fin du mois d'août
  • M. Barrack a également déclaré mardi que son pays approuverait la prolongation d'un an du mandat des forces de maintien de la paix des Nations Unies au Liban

BEYROUTH : L'Arabie saoudite et le Qatar sont prêts à investir dans une zone économique au sud du Liban, près de la frontière avec Israël, qui créerait des emplois pour les membres du groupe militant Hezbollah et ses partisans une fois qu'ils auront déposé les armes, a déclaré mardi l'envoyé du président Donald Trump au Moyen-Orient.

Tom Barrack a fait ces commentaires à Beyrouth après s'être rendu en Israël et en Syrie où il a discuté avec des responsables de la situation actuelle au Liban à la suite de la décision prise ce mois-ci par le gouvernement libanais de désarmer le Hezbollah d'ici la fin de l'année. Le chef du Hezbollah a rejeté le plan du gouvernement, s'engageant à conserver les armes.

Lundi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré que les forces israéliennes pourraient commencer à se retirer du territoire qu'elles détiennent au Sud-Liban après la "décision capitale" du gouvernement libanais de désarmer le Hezbollah.

L'armée libanaise, soutenue par les États-Unis, prépare un plan de désarmement du Hezbollah qui devrait être prêt à la fin du mois d'août. Le gouvernement devrait discuter du plan de l'armée et l'approuver lors d'une réunion prévue le 2 septembre.

"Nous devons faire entrer de l'argent dans le système. L'argent viendra du Golfe", a déclaré M. Barrack aux journalistes après avoir rencontré le président Joseph Aoun. "Le Qatar et l'Arabie saoudite sont des partenaires et sont prêts à le faire pour le sud (du Liban) si nous demandons à une partie de la communauté libanaise de renoncer à ses moyens de subsistance.

"Nous avons 40 000 personnes qui sont payées par l'Iran pour se battre. Qu'allez-vous faire d'eux ? Prendre leur arme et leur dire 'au fait, bonne chance pour planter des oliviers' ? Ce n'est pas possible. Nous devons les aider", a déclaré M. Barrack. Il faisait référence aux dizaines de milliers de membres du Hezbollah financés par Téhéran depuis le début des années 1980.

"Nous, tous les pays du Golfe, les États-Unis, les Libanais, allons tous agir ensemble pour créer un forum économique qui produira des moyens de subsistance", a déclaré M. Barrack.

Lorsqu'on lui a demandé pourquoi les États-Unis n'allaient pas discuter de la question du Hezbollah directement avec l'Iran au lieu de se rendre en Israël et en Syrie, M. Barrack a répondu : "Vous pensez que cela ne se fait pas ? "Vous pensez que ce n'est pas le cas ? Au revoir." Barrack a ensuite mis fin à sa conférence de presse et est sorti de la salle.

S'exprimant sur la force de maintien de la paix des Nations unies déployée au Sud-Liban depuis qu'Israël a envahi le pays en 1978, M. Barrack a déclaré que les États-Unis préféreraient financer l'armée libanaise plutôt que la Force internationale d'assistance à la sécurité (FINUL). A propos du vote de cette semaine aux Nations Unies à New York, Barrack a déclaré que les Etats-Unis étaient favorables à la prolongation du mandat de la FINUL pour un an seulement.

Le Hezbollah a été gravement affaibli par la guerre qui l'a opposé à Israël l'année dernière et au cours de laquelle de nombreux dirigeants et combattants du groupe ont été tués. L'accord de paix conclu sous l'égide des États-Unis pour mettre fin à ce conflit exige que l'État libanais désarme les groupes armés.

M. Qassem a déclaré que le Hezbollah et son allié Amal avaient reporté les manifestations de rue contre l'initiative de désarmement soutenue par les États-Unis, laissant ainsi la place au dialogue avec le gouvernement, mais que les futures manifestations pourraient viser l'ambassade des États-Unis à Beyrouth.

Israël a indiqué qu'il réduirait sa présence militaire au Sud-Liban si les forces armées libanaises agissaient pour désarmer le Hezbollah, selon une déclaration du bureau du premier ministre israélien.

(Avec agences)


Frappes israéliennes sur un hôpital à Gaza: la Chine «choquée» 

 La Chine s'est dite "choquée" mardi par les frappes israéliennes sur un hôpital du sud de la bande de Gaza qui ont fait au moins 20 morts lundi dans le territoire palestinien, parmi lesquels cinq journalistes. (AFP)
La Chine s'est dite "choquée" mardi par les frappes israéliennes sur un hôpital du sud de la bande de Gaza qui ont fait au moins 20 morts lundi dans le territoire palestinien, parmi lesquels cinq journalistes. (AFP)
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  • "Nous sommes choqués et nous condamnons le fait qu'une fois de plus, malheureusement, des membres du personnel médical et des journalistes aient trouvé la mort  dans ce conflit"
  • "La Chine est très inquiète devant la situation à Gaza"

PEKIN: La Chine s'est dite "choquée" mardi par les frappes israéliennes sur un hôpital du sud de la bande de Gaza qui ont fait au moins 20 morts lundi dans le territoire palestinien, parmi lesquels cinq journalistes.

"Nous sommes choqués et nous condamnons le fait qu'une fois de plus, malheureusement, des membres du personnel médical et des journalistes aient trouvé la mort  dans ce conflit", a déclaré devant la presse à Pékin un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Guo Jiakun.

"La Chine est très inquiète devant la situation à Gaza", a-t-il dit lors d'un point de presse quotidien.

"Israël devrait arrêter immédiatement ses opérations militaires à Gaza, conclure le plus tôt possible un cessez-le-feu complet et durable, rétablir intégralement l'entrée de l'aide humanitaire, empêcher une crise humanitaire de plus grande ampleur et s'employer à dissiper les tensions le plus vite possible", a-t-il dit.

"Nous nous opposons et condamnons tous les agissements qui portent atteinte aux populations civiles, endommagent les installations civiles et violent la loi internationale, y compris les actes de violence contre les journalistes", a-t-il déclaré.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déploré "un accident tragique" après la mort d'au moins vingt personnes selon la défense civile gazaouie, dont cinq journalistes. L'ONU et plusieurs pays, dont la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni, ont condamné les raids.