Attal visite une ferme, des agriculteurs promettent un «siège» de Paris

Des agriculteurs conduisent un tracteur pour participer au blocage de l'autoroute A62 près d'Agen, dans le sud-ouest de la France (Photo, AFP).
Des agriculteurs conduisent un tracteur pour participer au blocage de l'autoroute A62 près d'Agen, dans le sud-ouest de la France (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Dimanche 28 janvier 2024

Attal visite une ferme, des agriculteurs promettent un «siège» de Paris

  • Selon la gendarmerie, le nombre de blocages diminue fortement
  • Mais le mouvement reste diffus, avec des situations qui varient localement à travers la France et des autoroutes restaient coupées

PARIS: Le Premier ministre Gabriel Attal visite une ferme dimanche, veille du début du "siège de la capitale" promis par certains agriculteurs qui estiment que les annonces du gouvernement en faveur du secteur sont encore insuffisantes.

Le chef du gouvernement est attendu dimanche matin dans une exploitation bovine en Indre-et-Loire. La visite sera suivie d'une prise de parole du Premier ministre en fin de matinée, selon Matignon.

Ce déplacement a lieu au moment où la situation menace de se tendre de nouveau après un début d'accalmie sur le terrain.

"Dès lundi 29 janvier à 14h les agriculteurs des départements: l'Aisne, l’Aube, l’Eure, l’Eure & Loir, l’lle-de-France, la Marne, le Nord, l’Oise, le Pas-de-Calais, la Seine & Marne, la Seine-Maritime et la Somme, membres du réseau FNSEA et Jeunes Agriculteurs du Grand Bassin Parisien entament un siège de la capitale pour une durée indéterminée", promettent les deux syndicats, qui représentent la majorité de la profession au niveau national.

"Tous les axes lourds menant à la capitale seront occupés par les agriculteurs", ajoutent-ils dans un bref texte.

Mais les instances nationales des deux organisations n'ont pas encore tranché sur la suite du mouvement au niveau de l'ensemble du pays. "C'est le terrain qui décide", fait valoir le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, dans La Tribune dimanche.

"Le Premier ministre n’a pris en compte qu’une partie des 122 revendications que nous lui avons adressées. Ses propositions ne sont pas complètes", regrette-t-il. "Nous voulons nous mettre autour de la table et discuter avec lui, revendication par revendication", répète le responsable.

Discussions

Sur le terrain, la situation a connu une nette tendance à l'accalmie samedi et la circulation a repris sur un certain nombre d'axes routiers, comme dans les Bouches-du-Rhône, où les agriculteurs devaient lever samedi soir leurs derniers barrages. Le préfet leur a promis une série de discussions locales sur des sujets comme la gestion de l'eau ou les besoins du secteur en main d'oeuvre étrangère.

Face aux annonces du gouvernement destinées à calmer la colère agricole, les réactions divergent entre ceux qui estiment avoir obtenu satisfaction et ceux qui pensent que le compte n'y est pas.

Parmi les premiers, Joël Tournier, l'un des porte-parole du mouvement à Carbonne (Haute-Garonne), avec l'éleveur Jérôme Bayle: "On a été entendu, on a eu quelques réponses" même si "tout ne sera pas parfait de suite", juge-t-il pour expliquer la décision de lever le barrage emblématique sur l'autoroute A64, où la circulation a repris samedi dans les deux sens.

Mais dans le Gard, le président du syndicat FDSEA 30, David Sève, entend maintenir un blocage à hauteur de Nîmes. "Tant que des mesures viticoles ne sont pas annoncées, et tant que même les autres mesures ne le sont pas, on ne peut pas lever le camp", dit-il.

«Mesures fortes»

Pour tenter d'éteindre la révolte montée de campagnes où beaucoup ne parviennent plus à vivre de leur métier, le Premier ministre a dévoilé vendredi des mesures d'urgence en Occitanie, berceau de la contestation. "On ne vous lâchera pas", a-t-il lancé.

Il a ainsi accédé à quelques-unes des demandes les plus pressantes des manifestants entre l'abandon de la hausse de la taxe sur le gazole non routier (GNR), des indemnités gonflées pour les éleveurs touchés par la maladie des bovins MHE, des sanctions lourdes contre trois industriels de l'agro-alimentaire ne respectant pas les lois Egalim sur les prix.

Les mesures "sont appelées à se décliner sur d'autres sujets", a promis samedi le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau.

A l'approche des élections européennes de juin, la crise est suivie de près par Matignon, alors que des mouvements de contestation des agriculteurs se sont fait entendre dans plusieurs pays de l'UE.

"Il faut donner un cap à l'agriculture française. Il faut lui dire ce qu'elle doit faire: son objectif est d'être concurrentielle avec les fermes-usines du Brésil ou d'Ukraine, ou son but est de nourrir comme il faut les Français?", a demandé le député LFI de la Somme François Ruffin.

Le Réseau action climat (RAC), qui regroupe de nombreuses ONG, a de son côté demandé "des mesures fortes pour un meilleur partage de la valeur en faveur des agriculteurs et un accompagnement par les pouvoirs publics vers l’adaptation de notre agriculture aux effets du changement climatique".


Le conseiller diplomatique de Macron dément tout « différend avec le président »

Le diplomate français Emmanuel Bonne participe à une table ronde lors de la 60e Conférence sur la sécurité de Munich (MSC) qui se tiendra à Munich, dans le sud de l’Allemagne, le 18 février 2024. (Photo AFP)
Le diplomate français Emmanuel Bonne participe à une table ronde lors de la 60e Conférence sur la sécurité de Munich (MSC) qui se tiendra à Munich, dans le sud de l’Allemagne, le 18 février 2024. (Photo AFP)
Short Url
  • le « sherpa » du chef de l'État, qui dirige la cellule diplomatique de l'Élysée depuis 2019, avait présenté sa démission en fin de semaine dernière.
  • « Par principe, ce qui se passe à l'Élysée reste à l'Élysée et n'est pas nécessairement du domaine public », a déclaré à la presse Emmanuel Bonne, sans démentir avoir voulu quitter ses fonctions.

PARIS : Emmanuel Bonne, le conseiller diplomatique d'Emmanuel Macron qui avait mis sa démission dans la balance la semaine dernière, a démenti mercredi tout « différend avec le président », affirmant qu'il était « en pleine capacité de continuer à le servir ».

Selon plusieurs sources diplomatiques, le « sherpa » du chef de l'État, qui dirige la cellule diplomatique de l'Élysée depuis 2019, avait présenté sa démission en fin de semaine dernière. Parmi les causes évoquées, ces sources ont cité un différend avec le chef d'état-major particulier du président, le général Fabien Mandon.

La Lettre, qui avait révélé en premier ce « coup de chaud », avait évoqué un désaccord sur des options diplomatiques et rapporté plusieurs sujets de tensions entre le président et son conseiller ces dernières années.

« Par principe, ce qui se passe à l'Élysée reste à l'Élysée et n'est pas nécessairement du domaine public », a déclaré à la presse Emmanuel Bonne, sans démentir avoir voulu quitter ses fonctions.

L'Élysée n'avait pas non plus démenti ces informations, se bornant à indiquer samedi qu'Emmanuel Bonne avait « la confiance du président de la République ».

« C'est pour moi un honneur, depuis 2017, de le servir du mieux que je peux, et je ne cesserai pas de le faire », a expliqué mercredi le diplomate. « Je considère qu'ayant la confiance du Président de la République, je suis en pleine capacité de continuer à le servir et je n'ai aucune autre ambition que celle-là », a-t-il ajouté.

Il s'est décrit comme un « macroniste +die hard+ », pur et dur. « Pour moi, cela signifie qu'il n'y a aucun sujet sur lequel j'aurais un différend avec le président. J'assume tout, je fais tout et je suis entièrement à son service », a-t-il insisté, balayant les « spéculations sur des réserves » qu'il aurait eues.

« Je n'en ai absolument aucune, et sur le Liban moins que sur tout autre sujet », a assuré cet ancien ambassadeur de France à Beyrouth (2015-2017), où Emmanuel Macron doit se rendre vendredi.


Davos : le risque de conflits armés au centre des préoccupations

Un policier spécialisé est vu sur le toit de l’hôtel du Congrès lors d’une séance de la réunion annuelle du Forum économique mondial (WEF) à Davos, le 24 mai 2022. Le Forum économique mondial a annoncé le 14 janvier 2025 le programme de sa réunion 2025 à Davos, qui se tiendra du 20 au 24 janvier. (Photo AFP)
Un policier spécialisé est vu sur le toit de l’hôtel du Congrès lors d’une séance de la réunion annuelle du Forum économique mondial (WEF) à Davos, le 24 mai 2022. Le Forum économique mondial a annoncé le 14 janvier 2025 le programme de sa réunion 2025 à Davos, qui se tiendra du 20 au 24 janvier. (Photo AFP)
Short Url
  • Selon un rapport du Forum économique mondial (WEF) publié mercredi, les risques liés aux conflits armés et aux tensions économiques figurent en tête des préoccupations immédiates du monde des affaires, quelques jours avant sa réunion annuelle à Davos.
  • Près d'un quart des répondants à l'enquête menée par le WEF auprès de 11 000 dirigeants d'entreprises dans 121 pays ont classé ce risque au premier rang des dangers à un horizon de deux ans, alors qu'il n'était qu'à la cinquième place en 2024.

PARIS : Selon un rapport du Forum économique mondial (WEF) publié mercredi, les risques liés aux conflits armés et aux tensions économiques figurent en tête des préoccupations immédiates du monde des affaires, quelques jours avant sa réunion annuelle à Davos.

« Nous connaissons malheureusement un nombre record de conflits dans le monde », a indiqué Mirek Dusek, un responsable du WEF, lors d'une conférence de presse, citant l'Ukraine et le Moyen-Orient, mais aussi « les urgences humanitaires » au Soudan, en Somalie ou à Gaza.

Près d'un quart des répondants à l'enquête menée par le WEF auprès de 11 000 dirigeants d'entreprises dans 121 pays ont classé ce risque au premier rang des dangers à un horizon de deux ans, alors qu'il n'était qu'à la cinquième place en 2024.

Pour M. Dusek, c'est « lié au sentiment général d'un environnement géoéconomique très compliqué », les confrontations géoéconomiques figurant à la troisième place des risques cités pour cette année.

« La montée du protectionnisme et l'accroissement des disputes commerciales conduisent à une augmentation importante des droits de douane et des barrières au commerce mondial », a souligné Carolina Klint du cabinet spécialisé dans la gestion des risques Marsh McLennan, d'autant que beaucoup de pays tentent d'assurer leurs ressources en matières premières critiques pour leurs innovations technologiques ou leur transition énergétique.

Et ces nouvelles barrières commerciales « vont bouleverser encore plus les chaînes d'approvisionnement, ce qui va augmenter les coûts et les délais », et potentiellement contribuer à relancer l'inflation, a-t-elle prévenu.

Le nombre de « nouvelles interventions politiques néfastes » est passé de 600 en 2017 à plus de 3 000 par an en 2022, a estimé mercredi le WEF, citant des chiffres de l'organisation Global Trade Alert qui évalue les politiques commerciales dans le monde.

Et le président élu américain Donald Trump, qui doit s'exprimer en visioconférence à Davos le 23 janvier, a notamment menacé d'imposer de lourds droits de douane sur les produits arrivant sur le sol américain.

Les événements climatiques extrêmes sont aussi largement cités par les répondants, à la deuxième place des risques immédiats et même à la première sur un horizon de dix ans, à l'heure où des incendies historiques dévastent une partie de Los Angeles sur fond d'aggravation du dérèglement climatique.

Comme en 2024, la désinformation est aussi l'un des risques majeurs cités par les participants, à la quatrième place des risques immédiats et en tête des inquiétudes sur un horizon de deux ans.


Retraites: des "progrès" ont été réalisés entre les partenaires sociaux, mais pas d’ "accord général", un texte sera soumis au Parlement, promet Bayrou

Le Premier ministre français François Bayrou (L) s’entretient avec le Ministre d’Etat français des Affaires étrangères Manuel Valls (R) et le délégué français aux relations avec le Parlement Patrick Mignola (C) lors d’une séance de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, Chambre basse du Parlement français, à Paris le 15 janvier 2025. (Photo AFP)
Le Premier ministre français François Bayrou (L) s’entretient avec le Ministre d’Etat français des Affaires étrangères Manuel Valls (R) et le délégué français aux relations avec le Parlement Patrick Mignola (C) lors d’une séance de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, Chambre basse du Parlement français, à Paris le 15 janvier 2025. (Photo AFP)
Short Url
  • Le Premier ministre, qui cherche à éviter une censure des socialistes, a évoqué trois scénarios qui pourraient se produire à l'issue de la « conférence sociale » des syndicats et du patronat visant à réviser la réforme contestée d'Élisabeth Borne.
  • S'il n'y a aucune sorte d'accord, c'est la réforme précédente qui continuera à s'imposer », a-t-il réaffirmé devant les députés, lors de la séance des questions au gouvernement.

PARIS : S'il y a des « progrès » entre partenaires sociaux sur la réforme des retraites, mais pas d'« accord général », un texte sera soumis au Parlement, a promis mercredi François Bayrou, répondant ainsi au président du PS Olivier Faure qui souhaitait que le Parlement soit saisi, même en cas de désaccord.

Le Premier ministre, qui cherche à éviter une censure des socialistes, a évoqué trois scénarios qui pourraient se produire à l'issue de la « conférence sociale » des syndicats et du patronat visant à réviser la réforme contestée d'Élisabeth Borne.

« La première possibilité, c'est qu'un accord se dégage naturellement. Il fera l'objet d'un texte soumis au Parlement, à l'Assemblée nationale et au Sénat. S'il n'y a aucune sorte d'accord, c'est la réforme précédente qui continuera à s'imposer », a-t-il réaffirmé devant les députés, lors de la séance des questions au gouvernement.

Mais le chef du gouvernement a évoqué une troisième voie. « Il est probable qu'une situation se produise dans laquelle des marges de progression, de mouvement, de changement et d'adaptation auront été identifiées sans qu'il y ait un accord général. Si c'est le cas, nous proposerons un texte qui reprendra ces adaptations et ces progrès, et nous le soumettrons à l'Assemblée », a affirmé le Premier ministre.

Pour le Premier secrétaire du Parti socialiste, la « conférence sociale » ne « peut pas se clore par un accord ou le retour à la réforme de 2023 ».

« Pour nous, socialistes, le statu quo n'est pas une option. C'est pourquoi, même dans le cas où syndicats et patronat ne trouveraient pas d'accord, il reviendra alors à la démocratie parlementaire de s'exprimer. Le Parlement doit avoir le dernier mot », avait détaillé Olivier Faure dans sa question.

« La réponse à cette question conditionne notre réponse de demain », a-t-il ajouté en référence à la motion de censure déposée par La France insoumise, à laquelle se sont associés les communistes et les écologistes.

Déçus par les annonces de François Bayrou sur les retraites et le budget la veille dans sa déclaration de politique générale, les socialistes exhortent le gouvernement à continuer de négocier, alors qu'ils hésitent à voter pour cette motion de censure.