Intenses combats à Gaza, le chef du Hamas jauge un plan de trêve

Des bâtiments détruits dans la bande de Gaza sont photographiés depuis une position le long de la frontière avec le sud d'Israël, le 31 janvier 2024, dans le contexte du conflit en cours entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas. (AFP)
Des bâtiments détruits dans la bande de Gaza sont photographiés depuis une position le long de la frontière avec le sud d'Israël, le 31 janvier 2024, dans le contexte du conflit en cours entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas. (AFP)
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Publié le Jeudi 01 février 2024

Intenses combats à Gaza, le chef du Hamas jauge un plan de trêve

  • Au cours de la nuit, des témoins ont fait état de frappes israéliennes à proximité de l'hôpital Nasser de Khan Younès
  • Pour appuyer les efforts en vue d'une possible deuxième trêve, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken va retourner «dans les prochains jours» au Moyen-Orient

TERRITOIRES PALESTINIENS: Le chef du mouvement islamiste palestinien Hamas, Ismaïl Haniyeh, est attendu jeudi en Egypte pour discuter d'une nouvelle trêve dans la bande de Gaza où les combats et les raids israéliens se poursuivent en dépit d'une situation humanitaire critique.

Au cours de la nuit, des témoins ont fait état de frappes israéliennes à proximité de l'hôpital Nasser de Khan Younès, grande ville du sud du territoire où se cachent selon Israël des dirigeants locaux du Hamas.

Au cours des derniers jours, l'armée israélienne avait indiqué avoir "encerclé" la localité, défait des bataillons du Hamas vers sa portion Est et concentré désormais ses actions sur le versant Ouest.

Le ministère de la Santé du Hamas a dénombré 119 morts dans les frappes à Gaza de mercredi soir à jeudi matin, tandis que l'agence palestinienne Wafa a fait été de heurts violents à Toubas, en Cisjordanie occupée.

De son côté, l'ONU a fait état "d'intenses bombardements" à travers la bande de Gaza, et en particulier à Khan Younès, indiquant que 184 000 Palestiniens s'étaient inscrits pour demander une aide humanitaire après avoir été contraints de quitter la partie occidentale de la ville.

"En ce moment, ce qui est en train de se passer, c'est un massacre", a déclaré à l'AFP Léo Cans, chef de mission pour Médecins sans frontières (MSF) dans les Territoires palestiniens.

"Ce n'est pas possible qu'aujourd'hui dans une guerre où les gens n'ont pas le droit de sortir, où les gens sont assiégés, où ils n'ont nulle part où aller, qu'on accepte de tuer 150 femmes et enfants par jour (...) Donc la première demande, c'est un cessez-le-feu immédiat et total", a-t-il ajouté.

«Au bord du gouffre»

Près de quatre mois après le début de la guerre qui a dévasté le territoire palestinien assiégé, la population "meurt de faim" et "est poussée au bord du gouffre", a dénoncé un responsable de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Michael Ryan.

D'après un rapport de la Conférence de l'ONU sur le commerce et le développement (Cnuced), la moitié de tous les bâtiments de Gaza est endommagée et le territoire est "inhabitable".

Ajoutant à la détresse de la population civile, les opérations de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) sont menacées après que des pays donateurs ont suspendu leur contribution dans la foulée d'accusations d'Israël à l'encontre de 12 employés de l'agence soupçonnés d'implication dans l'attaque du 7 octobre.

Ce jour-là, des commandos du Hamas venus de Gaza ont mené une attaque sans précédent en sol israélien, qui a fait environ 1.140 morts, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.

Quelque 250 personnes ont été enlevées et emmenées dans la bande de Gaza, dont une centaine ont été libérées fin novembre à la faveur d'une première trêve, en échange de prisonniers palestiniens.

En riposte, Israël a juré d'"anéantir" le Hamas et lancé une vaste opération militaire qui a fait 26.900 morts, en grande majorité des civils, selon le ministère de la Santé du mouvement palestinien.

Pourparlers de trêve 

Pour appuyer les efforts en vue d'une possible deuxième trêve, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken va retourner "dans les prochains jours" au Moyen-Orient, a indiqué un responsable américain sans dire dans quels pays.

Le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, basé au Qatar, est lui attendu jeudi en Egypte pour discuter d'une initiative formulée lors d'une réunion le weekend dernier à Paris entre le directeur de la CIA, William Burns, et des responsables égyptiens, israéliens et qataris.

Selon une source du Hamas, le mouvement islamiste palestinien examine une proposition en trois phases, dont la première porte sur une trêve de six semaines durant laquelle Israël devra libérer entre 200 à 300 prisonniers palestiniens en échange de 35 à 40 otages retenus à Gaza, et 200 à 300 camions d'aide pourront entrer chaque jour dans le territoire palestinien.

«Commission de paix»

Pour le moment, le Hamas réclame un cessez-le-feu total en préalable à tout accord alors que le gouvernement israélien évoque une pause dans les combats mais pas la fin de son opération à Gaza.

"Nous travaillons à obtenir une autre entente pour la libération de nos otages, mais pas à n'importe quel prix", a déclaré mardi soir le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, sous pression à la fois des familles d'otages pour une libération et de membres de son gouvernement hostiles à une entente qui seraient trop généreuses selon eux pour les Palestiniens.

En marge de la médiation menée par les Etats-Unis, le Qatar et l'Egypte, le président colombien Gustavo Petro, qui soutient ouvertement la cause palestinienne et accuse Israël de commettre actuellement un "génocide" à Gaza, a proposé la mise sur pied d'une "commission de paix composée de différents pays" pour assurer les libérations et la fin des hostilités.

Hors de Gaza, le conflit risque toujours de "se métastaser", expression utilisée récemment par le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken pour évoquer les tensions à la frontière israélo-libanaise, mais aussi en Irak, et au Yémen.

Là, les rebelles Houthis, qui depuis la mi-novembre ciblent le transport maritime international en "solidarité" avec Gaza, ont revendiqué dans la nuit une attaque contre un navire américain dans le golfe d'Aden. Peu après, Washington a annoncé avoir détruit au Yémen dix drones d'attaque et un poste de commandement des Houthis.


Centre de coordination militaro-civile pour Gaza: beaucoup de discussions, peu de résultats

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  • "Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore" ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés
  • "Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix"

JERUSALEM: Lancé par les Etats-Unis dans le sillage du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas pour surveiller la trêve et favoriser l'afflux d'aide humanitaire, le Centre de coordination militaro-civile (CMCC) pour Gaza peine à tenir ses promesses.

"Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix, il n'y a aucune autre initiative, c'est ça ou continuer à discuter dans le vent avec des Israéliens".

"Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore", ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés par la campagne militaire israélienne.

Le CMCC doit permettre d'amorcer la suite des étapes du plan de paix pour Gaza après plus de deux ans d'une guerre dévastatrice déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du mouvement palestinien Hamas sur Israël.

"Lorsque nous l'avons ouvert, nous avons clairement indiqué qu'il se concentrait sur deux choses: faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire, logistique et sécuritaire vers Gaza et aider à surveiller en temps réel la mise en oeuvre de l'accord", insiste le capitaine Tim Hawkins, porte-parole du Commandement militaire central américain (Centcom), couvrant notamment le Moyen-Orient.

L'initiative a été présentée aux acteurs (ONG, agences des Nations unies, diplomates...) comme un générateur d'idées totalement inédites.

Frustrés par leurs difficultés avec les autorités israéliennes, de nombreux pays et acteurs humanitaires disent s'être jetés dans le projet, impatients d'avoir un nouvel interlocuteur se disant enclin à trouver des solutions: les Etats-Unis.

"Rien n'a changé" 

"Au début, les Américains nous ont dit qu'ils découvraient qu'Israël interdisaient l'entrée de tout un tas de choses dans Gaza, la fameuse liste des biens à double usage, ils avaient l'air choqués et on se disait qu'enfin on allait franchir cet obstacle", raconte un ingénieur humanitaire, "mais force est de constater que strictement rien n'a changé".

Deux mois après l'ouverture, nombre d'humanitaires et diplomates contactés par l'AFP jugent, sous couvert de l'anonymat, que la capacité ou la volonté américaines à contraindre Israël est limitée.

Les visiteurs réguliers ou occasionnels des lieux ont décrit à l'AFP le grand hangar occupé par le CMCC à Kiryat Gat (sud d'Israël), comme un entrepôt où de nombreux militaires, israéliens et américains principalement, rencontrent des humanitaires, diplomates, et consultants.

Le premier des trois étages du bâtiment est réservé aux Israéliens, et le dernier aux troupes américaines. Tous deux sont interdits d'accès aux visiteurs.

Le deuxième, recouvert de gazon artificiel, sert d'espace de rencontres avec le monde extérieur.

"On dirait un espace de coworking, mais avec des gens en uniforme", s'amuse une diplomate qui raconte y croiser des "GIs qui boivent de la bière" au milieu d'une sorte d'open-space, avec des panneaux récapitulant les principaux points du plan Trump.

Plusieurs personnes ont dit à l'AFP avoir vu un tableau blanc barré de l'inscription "What is Hamas?" ("Qu'est-ce que le Hamas?") en lettres capitales, sans éléments de réponse.

"Il y a des tables rondes sur des sujets qui vont de la distribution d'eau ou de nourriture à la sécurité", raconte un humanitaire, "en gros on nous écoute décrire ce qu'on veut faire, et quels problèmes on a rencontrés depuis deux ans".

"Boussole du droit" 

Mais "ce n'est pas là que les décisions sont prises", tranche un diplomate qui cite des canaux de discussions parallèles, notamment une équipe supervisée par Arieh Lighstone, un collaborateur de l'émissaire américain Steve Witkoff, à Tel-Aviv.

Plusieurs diplomates regrettent l'absence d'officiels palestiniens dans les murs.

Un autre problème réside dans l'émergence de concepts largement rejetés par la communauté internationale, notamment celui des "Alternative Safe Communities" (ASC), visant à regrouper des civils "vérifiés", non affiliés au Hamas, dans des communautés créées ex nihilo dans une zone de la bande de Gaza sous contrôle militaire israélien, et où les services de base seraient dispensés.

"On a perdu la boussole du droit", commente une diplomate.

Mais le reproche qui revient le plus souvent est le fait que les questions politiques (gouvernance, maintien de l'ordre...) sont évacuées au profit de questions techniques.

"Ils discutent d'où mettre les stations d'épuration, pas de qui les exploitera ni de qui paiera les employés", résume un autre.

Concédant "certaines frictions", sans plus de détail, le capitaine Hawkins, du Centcom, met en avant certaines avancées comme l'ouverture de nouveaux points de passage pour l'aide à destination de Gaza. "Nous progressons, assure-t-il, tout en reconnaissant pleinement qu'il reste encore beaucoup à faire."


Le Congrès américain approuve la levée définitive des sanctions contre la Syrie

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
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  • Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar
  • Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis

WASIHNGTON: Le Congrès américain a approuvé mercredi la levée définitive des sanctions imposées par les Etats-Unis contre la Syrie du temps de Bachar al-Assad, devant permettre le retour d'investissements dans ce pays ravagé par des années de guerre civile.

L'abrogation d'une loi dite "Caesar", adoptée en 2019 lors du premier mandat de Donald Trump et qui imposait ces sanctions, figure en effet dans le texte sur la stratégie de défense (NDAA), que le Sénat américain a approuvé mercredi par 77 voix pour et 20 contre.

La Chambre des représentants s'était déjà prononcée la semaine dernière et le texte attend désormais d'être promulgué par le président américain.

Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar. Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis.

Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, a salué sur Telegram le vote du Sénat comme "ouvrant de nouveaux horizons pour la coopération et le partenariat entre notre pays et le reste du monde".

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars.

Bien que son application soit suspendue, de nombreux responsables américains jugeaient qu'elle pouvait nuire à la confiance des investisseurs tant qu'elle n'était pas abrogée.

Le dirigeant syrien Ahmad al-Chareh a été reçu le 10 novembre à la Maison Blanche par le président Trump, une première pour un chef d'Etat syrien depuis l'indépendance du pays en 1946 et une consécration pour l'ancien jihadiste qui, en moins d'un an au pouvoir, a sorti son pays de l'isolement.

Donald Trump l'avait déjà rencontré lors d'un voyage dans le Golfe en mai, annonçant alors la levée des sanctions américaines.

Après 13 ans de guerre civile, la Syrie cherche à garantir des fonds pour sa reconstruction, dont le coût pourrait dépasser 216 milliards de dollars, selon la Banque mondiale.

"L'abrogation aujourd'hui de la loi Caesar est une étape décisive pour donner au peuple syrien une véritable chance de se reconstruire après des décennies de souffrances inimaginables", s'est félicité la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen.


Les principales villes du Soudan privées de courant après des frappes de drones sur une centrale

Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
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  • Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale
  • Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des FSR

PORT-SOUDAN: Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP.

Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale.

Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Le gouvernement de l’État du Nil a confirmé la mort des deux secouristes dans un communiqué officiel.

Cette station est un nœud stratégique du réseau électrique soudanais, recevant l’électricité produite par le barrage de Merowe — la plus grande source d'énergie hydroélectrique du pays — avant sa redistribution vers plusieurs régions.

Des témoins ont également indiqué qu’aux alentours de 02H00 (minuit GMT), les forces de l’armée régulière avaient activé leurs systèmes de défense antiaérienne, rapportant avoir vu des flammes et de la fumée s'élever au-dessus de la ville contrôlée par l'armée en guerre depuis avril 2023 contre les FSR.

Les coupures d’électricité se sont étendues à plusieurs États, notamment ceux du Nil, de la mer Rouge — où se trouve Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement pro-armée — ainsi qu’à la capitale Khartoum, selon des témoins, l'incendie n'étant toujours pas maitrisé.

Les FSR n’ont jusqu'à présent pas commenté l'attaque.

Ces derniers mois, les FSR ont été accusées de lancer des attaques de drones sur de vastes zones contrôlées par l’armée, visant des infrastructures civiles et provoquant des coupures de courant affectant des millions de personnes.

La guerre, qui a éclaté en avril 2023, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué "la pire crise humanitaire au monde", selon l'ONU.