La crise de financement de l'Unrwa affecte ses champs d'opération au-delà de Gaza

Des femmes se tiennent à la porte d'une maison le long d'une allée du camp de Chatila pour les réfugiés palestiniens dans la banlieue sud de Beyrouth, le 19 avril 2023 (Photo, AFP).
Des femmes se tiennent à la porte d'une maison le long d'une allée du camp de Chatila pour les réfugiés palestiniens dans la banlieue sud de Beyrouth, le 19 avril 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 06 février 2024

La crise de financement de l'Unrwa affecte ses champs d'opération au-delà de Gaza

  • Supprimer le financement d'un important employeur de Palestiniens en Syrie et au Liban privera des milliers de familles de leur principale source de revenus
  • L'arrêt des opérations constituera un choc majeur pour les économies syrienne et libanaise déjà en difficulté

LONDRES: Alors que la principale source de revenus pour des millions de réfugiés palestiniens au Moyen-Orient risque d'être supprimée d'ici la fin du mois de février, de nombreuses familles qui dépendent de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (Unrwa) craignent de sombrer encore plus dans la pauvreté, voire pire.

Depuis qu'il a fui le camp de Yarmouk à Damas et qu'il s'est installé au Liban en 2015, Ayham, dont le nom a été modifié pour protéger son identité, et les trois membres de sa famille survivent grâce à la modeste allocation fournie par l'Unrwa.

«Nous arrivons à peine à joindre les deux bouts, même si je travaille un peu lorsque l'occasion se présente», a déclaré Ayham, 43 ans, à Arab News. «Comment allons-nous survivre si nous perdons l'allocation mensuelle de l'Unrwa et comment ma fille pourra-t-elle recevoir son éducation?»

La famille d'Ayham fait partie des 31 400 réfugiés palestiniens qui ont fui la Syrie voisine pour se réfugier au Liban après que les manifestations contre le gouvernement du président Bachar el-Assad en 2011 ont dégénéré en une véritable guerre civile.

Shatha, la fille du réfugié palestinien Issa al-Loubani, 48 ans, regarde par la fenêtre de leur appartement dans le camp palestinien de Yarmouk, à la périphérie sud de la capitale syrienne Damas, le 25 novembre 2020 (Photo, AFP).

L'Unrwa fournit aux réfugiés palestiniens de Gaza, de Cisjordanie, de Syrie, du Liban et de Jordanie une aide financière mensuelle de 100 dollars (1 dollar= 0,93 euro) par famille et de 27 dollars supplémentaires pour chaque membre de la famille.

Pour ceux qui n'ont pas pu s'assurer un revenu régulier, l'allocation a été la seule chose qui leur a permis d'échapper à la misère. Cependant, le 26 janvier, les États-Unis ont suspendu leur financement à l'Unrwa en réponse à des allégations troublantes. Plusieurs autres donateurs importants ont rapidement emboîté le pas.

Par conséquent, l'agence des Nations unies, fondée en 1949 à la suite de l'exode massif des Palestiniens lors de la Nakba, devra probablement interrompre ses opérations, notamment dans la bande de Gaza assiégée, d'ici la fin du mois si le financement n'est pas rétabli.

Les suspensions de financement sont intervenues après que les services de renseignement israéliens ont affirmé que 12 employés de l'Unrwa étaient impliqués dans l'attaque du Hamas du 7 octobre, et que 10% des 12 000 employés de l'agence à Gaza étaient des agents du Hamas ou du Djihad islamique.

Le 7 octobre, le Hamas a mené une attaque surprise sur le sud d'Israël, tuant 1 200 personnes et en prenant 240 autres en otage.

En représailles, Israël a lancé une campagne de bombardements sur Gaza, faisant plus de 27 000 morts, selon le ministère de la Santé de Gaza, 66 000 blessés et 85% des 2,2 millions d'habitants de l'enclave déplacés de force.

Des réfugiés palestiniens se rassemblent devant les bureaux de l’Agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, l'Unrwa, à Beyrouth, le 30 janvier 2024, pour protester contre la décision de certains pays de cesser le financement de l'organisation (Photo, AFP).

Pour Mounir Nuseibah, professeur de droit international à l'université Al-Quds de Jérusalem, la réduction des financements de l'Unrwa est «injustifiable».

«La suppression du financement de l’Unrwa à un moment où la population palestinienne souffre de la guerre et des politiques génocidaires d’Israël, notamment la famine, reflète la complicité avec ce crime», a-t-il déclaré à Arab News.

«Juste au moment où la Cour internationale de justice a ordonné d'autoriser l'accès des services humanitaires et de l'aide aux civils de Gaza, les alliés d'Israël ont décidé de cesser le financement de l'Unrwa», a-t-il ajouté.

Après que l'Afrique du Sud a saisi la Cour internationale de justice pour accuser Israël de commettre un génocide à Gaza, la plus haute juridiction de l'ONU a ordonné à Israël de prendre toutes les mesures en son pouvoir pour prévenir les actes de génocide et autoriser l'aide humanitaire dans l'enclave palestinienne.

Certains analystes ont même accusé les pays donateurs d'hypocrisie, soulignant que des agences des Nations unies ont été impliquées dans des scandales sans pour autant perdre leur financement.

EN CHIFFRES

RÉFUGIÉS PALESTINIENS

1,5 million en Jordanie, au Liban, en Syrie, à Gaza et en Cisjordanie.

489 292 accueillis par le Liban.

438 000 accueillis par la Syrie.

31 400 ont fui la Syrie et résident désormais au Liban.

Source: Unrwa 

Selon Karam Shaar, chercheur principal au New Lines Institute, «si l'on observe la conduite des Nations unies dans d'autres pays et la réaction des gouvernements occidentaux, par rapport à la manière dont ils ont réagi à ce que l'Unrwa aurait pu faire en Palestine, je crois que cela révèle une prédisposition à réduire fondamentalement l'aide aux Palestiniens.»

«À mon avis, cela témoigne également d'un certain niveau d'hypocrisie. Les Nations unies ont-elles été impliquées par le passé dans des scandales importants ? Bien sûr. Mais la solution consiste-t-elle à couper les fonds sans mettre en place des canaux alternatifs pour une population qui est effectivement assiégée de toutes parts ? Cela est vraiment inhumain», a-t-il indiqué à Arab News.

L'Unrwa vient en aide à environ 6 millions de réfugiés palestiniens dans toute la région. Les analystes s'attendent à ce que l'impact de la suppression de ses services soit fortement ressenti par les pays qui accueillent des familles déplacées.

Selon les chiffres de l'Unrwa, 489 292 réfugiés palestiniens étaient enregistrés au Liban en mars 2023 et 575 234 en Syrie en juillet 2022. On estime à 438 000 le nombre de réfugiés palestiniens restés en Syrie.

Une réfugiée palestinienne tient une pancarte dans une école appartenant à l'Unrwa dans la ville de Sebline à l'est du port de Saïda, dans le sud du Liban, le 12 mars 2018 (Photo, AFP).

Mohammed al-Asadi, économiste basé en Allemagne au Syrian Center for Policy Research, a noté que la suspension du financement de l'Unrwa «pourrait avoir un impact dévastateur sur la vie et les moyens de subsistance des réfugiés palestiniens vivant en Syrie et au Liban, car la grande majorité d'entre eux sont vulnérables».

«L'Unrwa est le seul à fournir des transferts d'argent et des paniers alimentaires aux réfugiés palestiniens touchés par le conflit syrien», a-t-il déclaré à Arab News.

«Des dizaines de milliers de familles dépendent de cette aide pour satisfaire leurs besoins nutritionnels de base. La suspension de l'aide à ces familles les fera tomber immédiatement sous le seuil de pauvreté absolue», a-t-il averti.

L'économie syrienne a été mise à genoux par plus d'une décennie de combats, de sanctions et d'isolement. En 2018, la Banque mondiale a reclassé la Syrie dans la catégorie des pays à faible revenu. Entre 2010 et 2020, son produit intérieur brut a diminué de plus de moitié.

Un écolier brandit un drapeau palestinien avec d'autres écoliers portant des keffiehs palestiniens lors d'un sit-in de protestation au camp de Chatila pour les réfugiés palestiniens dans la banlieue sud de Beyrouth, le 7 novembre 2023 (Photo, AFP).

Bien que les réfugiés palestiniens en Syrie aient les mêmes droits que les citoyens syriens en termes d'emploi, de commerce et d'accès aux postes de la fonction publique et aux services publics, M. Al-Asadi a prévenu que la fermeture des opérations de l'Unrwa «aura un impact substantiel sur l'augmentation de l'incidence de la pauvreté dans le pays, en particulier parmi les réfugiés palestiniens».

Il a souligné que l'arrêt des opérations de l'Unrwa en Syrie «laisserait des milliers de chargés de familles sans emploi, car l'Unrwa est un employeur majeur de Palestiniens et de Syriens dans ses écoles, ses cliniques médicales et ses centres de formation professionnelle».

Il a ajouté que cela obligerait également l'agence à suspendre ses importants programmes de formation professionnelle, «laissant des milliers de jeunes réfugiés palestiniens sans formation dans une économie où le taux de chômage dépasse 40%, selon les estimations du Syrian Center for Policy Research».

«La confluence de la hausse du chômage, de l'arrêt de l'aide alimentaire et en espèces, et de l'impossibilité d'accéder aux services de santé et d'éducation va très probablement provoquer un afflux important de réfugiés palestiniens de Syrie et du Liban vers l’Europe, en traversant la Méditerranée», a signalé M. Al-Asadi.

En outre, pour la Syrie et le Liban, cette situation «causera un choc sévère à la réserve de capital humain dans ces deux pays, car l'Unrwa est le principal fournisseur de services d'éducation et de soins de santé pour les réfugiés palestiniens».

«Cela laissera des centaines de milliers de familles sans accès à des services de soins de santé vitaux abordables. Les systèmes éducatifs déjà surpeuplés des deux pays n’ont pas la capacité d’intégrer des dizaines de milliers d’élèves », a-t-il expliqué.

«Cette situation est particulièrement problématique au Liban, où les écoles publiques accueillent environ 500 000 réfugiés syriens en âge de scolarité», a-t-il ajouté.

Une femme assise avec son enfant après avoir fui le camp de réfugiés palestiniens d’Ain al-Helweh à Sidon, ville côtière du sud du Liban, le 9 septembre 2023 (Photo, AFP).

Pour l’analyste libanais Nasser Elamine, au Liban, «la suppression du financement de l'Unrwa signifie que plus de 301 400 réfugiés palestiniens, dont la majorité vit déjà sous le seuil de pauvreté, selon les Nations unies, seront effectivement abandonnés par le monde, sans aucun moyen d'assurer les besoins minimaux de leur vie quotidienne, en particulier l'éducation et les soins de santé».

«Les réfugiés palestiniens au Liban se voient refuser l'accès à des professions réglementées par les syndicats. Et avec une économie réelle qui produit à peine d’emplois (sans parler de l'effondrement économique de 2019), les Palestiniens n'auront aucun moyen de commencer à combler le vide qu'une interruption du financement de l'Unrwa laissera», a-t-il indiqué à Arab News.

Le Liban interdit aux réfugiés palestiniens d'exercer quelque 70 professions réglementées par ses syndicats, notamment dans les domaines de l'ingénierie, du droit et de la médecine.

Le retrait de l’aide financière à l’Unrwa risque d’avoir un impact négatif sur l’économie libanaise, en proie à une crise financière désastreuse depuis 2019.

M. Elamine a noté que le taux de chômage au Liban est «déjà d'environ 30% de la population, alors que la participation à la population active n'était que de 43% en 2022, selon le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef), et que le taux de pauvreté multidimensionnelle était de 81%», d'après les données de la Commission économique et sociale pour l'Asie occidentale (Cesao).

«Depuis environ un an, le Liban a réussi à mettre en place une façade de normalisation de la crise en optant pour la dollarisation de la moitié de son économie.»

«L'Unrwa était responsable de l'entrée mensuelle au Liban de millions de dollars en devises fortes par l'intermédiaire des banques libanaises, où ils étaient dépensés sous forme de salaires, de projets, de services d'éducation et de santé, ainsi que de fonds pour les petites entreprises.»

«En plus de cela, l’État libanais recevrait une partie de ces fonds en retour pour permettre aux réfugiés de rester dans le pays. La disparition soudaine de ces fonds laissera nécessairement l’économie en état de choc, mais dans quelle mesure, cela reste à déterminer», a alerté M. Elamine.

Une photo diffusée par l'Unrwa le 17 avril 2015 et prise la veille montre des personnes déplacées du camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk faisant la queue pour recevoir de l'aide de l'organisation à Yalda, au sud de Damas (Photo, AFP).

Selon les responsables de l'Unrwa, l'agence avait déjà atteint une «zone de danger» en 2022 après plus d'une décennie de sous-financement. L'année dernière, les dons n'ont couvert que 36% de son budget.

Au-delà des services humanitaires fournis par l'Unrwa, l'économiste libanais Nadim Shehadi a révélé à Arab News que l'importance de l'agence résidait principalement dans le fait qu'elle était «la mémoire» de la population des réfugiés palestiniens et une organisation cruciale pour la résolution de la question palestinienne.

«En tant qu'institution, l'Unrwa est extrêmement importante pour tout règlement futur de la question palestinienne. L'Unrwa possède les détails et les données de chaque famille palestinienne, donc de chaque réfugié palestinien», a-t-il souligné.

L'article 11 de la résolution 194 (III) des Nations unies confère aux réfugiés palestiniens le droit soit de rentrer chez eux, soit d'être réinstallés et de recevoir une compensation. M. Shehadi a précisé que les informations détenues par l'Unrwa étaient essentielles à la mise en œuvre de cet article.

«Toute solution à la question palestinienne devrait aborder la question des réfugiés. C'est la principale pierre d'achoppement pour une solution globale, et cette solution, pour être mise en œuvre, a besoin des données et du mécanisme que seul l'Unrwa peut fournir», a-t-il soutenu.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'armée israélienne dit avoir tué trois membres du Hezbollah dans le sud du Liban

Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah. (AFP)
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  • "Les terroristes ont participé à des tentatives visant à rétablir les infrastructures" du mouvement libanais, en violation de l'accord de cessez-le-feu de novembre 2024
  • Puis dans un autre communiqué, l'armée a précisé avoir tué "un terroriste" dans la région de Jwaya, qui avait "activé des agents (du Hezbollah) au sein des services de sécurité libanais".

JERUSALEM: L'armée israélienne a déclaré avoir tué dimanche trois membres du Hezbollah dans le sud du Liban, Beyrouth faisant état également de trois morts dans des frappes israéliennes dans la région.

"Depuis ce matin (dimanche), l'armée a frappé trois terroristes du Hezbollah dans plusieurs zones du sud du Liban", a précisé l'armée israélienne dans un communiqué.

"Les terroristes ont participé à des tentatives visant à rétablir les infrastructures" du mouvement libanais, en violation de l'accord de cessez-le-feu de novembre 2024, a-t-elle ajouté.

L'armée a ensuite affirmé avoir "éliminé" deux d'entre eux "en moins d'une heure", dans les régions de Yater et Bint Jbeil (sud du Liban).

Puis dans un autre communiqué, l'armée a précisé avoir tué "un terroriste" dans la région de Jwaya, qui avait "activé des agents (du Hezbollah) au sein des services de sécurité libanais".

Le ministère libanais de la Santé avait auparavant fait état de trois morts dans des frappes israéliennes à Yater, Safad Al-Battikh et Jwaya.

Un cessez-le-feu est en vigueur depuis novembre 2024 après plus d'un an d'hostilités entre Israël et le mouvement islamiste libanais, en marge de la guerre à Gaza.

Malgré cette trêve, Israël mène régulièrement des frappes au Liban, notamment dans le sud, bastion du Hezbollah, affirmant viser des membres et des infrastructures du mouvement libanais pour l'empêcher de se réarmer.

Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah.

L'armée libanaise est censée achever d'ici la fin de l'année le démantèlement, prévu par l'accord de cessez-le-feu, des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe pro-iranien, et tarir les sources de financement de la formation islamiste.

Israël maintient cinq positions dans la zone, malgré son retrait du territoire libanais prévu par l'accord de cessez-le-feu.

Dans un discours samedi, le chef du Hezbollah, Naim Qassem, qui a rejeté à plusieurs reprises la perspective d'un désarmement du mouvement, a déclaré que celui-ci "ne permettra pas à Israël d'atteindre son objectif" de mettre fin à la résistance, "même si le monde entier s'unit contre le Liban".

 


Un an après la chute d’Assad, les Syriens affichent un fort soutien à al-Chareh

Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
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  • Un sondage révèle un optimisme croissant et un large soutien aux progrès du gouvernement après la chute d’Assad
  • L’Arabie saoudite apparaît comme le pays étranger le plus populaire, Trump reçoit également un soutien marqué

LONDRES : Alors que les Syriens ont célébré cette semaine le premier anniversaire de la chute de Bachar Al-Assad, une enquête menée dans le pays révèle un soutien massif au nouveau président et place l’Arabie saoudite comme principal partenaire international apprécié.

L’ancien président avait fui le pays le 8 décembre 2024, après une offensive éclair de l’opposition jusqu’à Damas, mettant fin à 14 ans de guerre civile.

La campagne était menée par Ahmad al-Chareh, aujourd’hui président du pays, qui s’efforce de stabiliser la Syrie et de rétablir des relations avec ses partenaires internationaux.

Ces efforts ont été salués dans un sondage récemment publié, montrant que 81 % des personnes interrogées ont confiance dans le président et 71 % dans le gouvernement national.

Les institutions clés bénéficient également d’un fort soutien : plus de 70 % pour l’armée et 62 % pour les tribunaux et le système judiciaire.

L’enquête a été menée en octobre et novembre par Arab Barometer, un réseau de recherche américain à but non lucratif.

Plus de 1 200 adultes sélectionnés aléatoirement ont été interrogés en personne à travers le pays sur une large gamme de sujets, notamment la performance du gouvernement, l’économie et la sécurité.

Le large soutien exprimé envers al-Chareh atteint un niveau enviable pour de nombreux gouvernements occidentaux, alors même que la Syrie fait face à de profondes difficultés.

Le coût de la reconstruction dépasse les 200 milliards de dollars selon la Banque mondiale, l’économie est dévastée et le pays connaît encore des épisodes de violence sectaire.

Al-Chareh s’efforce de mettre fin à l’isolement international de la Syrie, cherchant l’appui de pays de la région et obtenant un allègement des sanctions américaines.

Un soutien clé est venu d’Arabie saoudite, qui a offert une aide politique et économique. Le sondage place le Royaume comme le pays étranger le plus populaire, avec 90 % d’opinions favorables.

Le Qatar recueille lui aussi une forte popularité (plus de 80 %), suivi de la Turquie (73 %).

La majorité des personnes interrogées — 66 % — expriment également une opinion favorable envers les États-Unis, saluant la décision du président Donald Trump d’assouplir les sanctions et l’impact attendu sur leur vie quotidienne.

Après sa rencontre avec al-Chareh à Washington le mois dernier, Trump a annoncé une suspension partielle des sanctions, après en avoir déjà assoupli plusieurs volets.

Le sondage montre que 61 % des Syriens ont une opinion positive de Trump — un niveau supérieur à celui observé dans une grande partie du Moyen-Orient.

En revanche, l’enthousiasme est bien moindre concernant les efforts américains pour normaliser les relations entre la Syrie et Israël.

Seuls 14 % soutiennent cette démarche, et à peine 4 % disent avoir une opinion favorable d’Israël.

Lors du chaos provoqué par la chute d’Assad, l’armée israélienne a occupé de nouveaux territoires dans le sud de la Syrie et a mené de fréquentes attaques au cours de l’année écoulée.

Plus de 90 % des Syriens considèrent l’occupation israélienne des territoires palestiniens et les frappes contre l’Iran, le Liban et la Syrie comme des menaces critiques pour leur sécurité.

Dans Foreign Policy, Salma Al-Shami et Michael Robbins (Arab Barometer) écrivent que les résultats de l’enquête donnent des raisons d’être optimiste.

« Nous avons constaté que la population est pleine d’espoir, favorable à la démocratie et ouverte à l’aide étrangère », disent-ils. « Elle approuve et fait confiance à son gouvernement actuel. »

Mais ils notent aussi plusieurs sources d’inquiétude, notamment l’état de l’économie et la sécurité interne.

Le soutien au gouvernement chute nettement dans les régions majoritairement alaouites.

La dynastie Assad, au pouvoir pendant plus de 50 ans, était issue de la minorité alaouite, dont les membres occupaient de nombreux postes clés.

L’économie reste la principale préoccupation : seuls 17 % se disent satisfaits de sa performance, et beaucoup s’inquiètent de l’inflation, du chômage et de la pauvreté.

Quelque 86 % déclarent que leurs revenus ne couvrent pas leurs dépenses, et 65 % affirment avoir eu du mal à acheter de la nourriture le mois précédent.

La sécurité préoccupe aussi : 74 % soutiennent les efforts du gouvernement pour collecter les armes des groupes armés et 63 % considèrent l’enlèvement comme une menace critique.

À l’occasion de l’anniversaire de la chute d’Assad, lundi, al-Chareh a affirmé que le gouvernement œuvrait à construire une Syrie forte, à consolider sa stabilité et à préserver sa souveraineté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël mène une série de frappes contre le Hezbollah au Liban

Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
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  • Israël a frappé vendredi plusieurs sites du Hezbollah au sud et à l’est du Liban, ciblant notamment un camp d’entraînement de sa force d’élite al-Radwan, malgré le cessez-le-feu conclu en novembre 2024
  • Ces raids interviennent alors que l’armée libanaise doit achever le démantèlement des infrastructures militaires du Hezbollah le long de la frontière israélienne d’ici le 31 décembre

BEYROUTH: Israël a mené une série de frappes aériennes contre le sud et l'est du Liban vendredi matin, selon les médias officiels, l'armée israélienne affirmant viser des objectifs du Hezbollah pro-iranien dont un camp d'entrainement.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe islamiste libanais, Israël continue de mener des attaques régulières contre le Hezbollah, l'accusant de se réarmer.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani), les raids de vendredi, qualifiés en partie de "violents", ont visé une dizaine de lieux, certains situés à une trentaine de km de la frontière avec Israël.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir "frappé un complexe d'entrainement" de la force d'élite du Hezbollah, al-Radwan, où des membres de la formation chiite apprenaient "l'utilisation de différents types d'armes", devant servir dans "des attentats terroristes".

L'armée israélienne a également "frappé des infrastructures militaires supplémentaires du Hezbollah dans plusieurs régions du sud du Liban", a-t-elle ajouté.

L'aviation israélienne avait déjà visé certains des mêmes sites en début de semaine.

Ces frappes interviennent alors que l'armée libanaise doit achever le démantèlement le 31 décembre des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord, conformément à l'accord de cessez-le-feu.

Les zones visées vendredi se trouvent pour la plupart au nord du fleuve.

Le Hezbollah a été très affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe.