Les frappes aériennes israéliennes modifient le paysage de la banlieue sud de Beyrouth

L'impact d'une frappe aérienne israélienne sur Dahiyeh, Beyrouth, Liban, mercredi 13 novembre 2024. (AP Photo)
L'impact d'une frappe aérienne israélienne sur Dahiyeh, Beyrouth, Liban, mercredi 13 novembre 2024. (AP Photo)
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Publié le Jeudi 14 novembre 2024

Les frappes aériennes israéliennes modifient le paysage de la banlieue sud de Beyrouth

  • La priorité actuelle est de parvenir à un cessez-le-feu et d'arrêter l'agression israélienne", déclare le ministre égyptien des Affaires étrangères lors de sa visite au Liban
  • Le rond-point de Tayouneh, qui marque la frontière entre Beyrouth et Shiyah, est devenu un camp de réfugiés improvisé

BEYROUTH : L'armée israélienne a étendu ses frappes aériennes sur les quartiers de la banlieue sud de Beyrouth mercredi, dans le cadre d'une campagne incessante qui s'est poursuivie jour et nuit au cours des dernières 48 heures.

La politique israélienne de pression maximale contre le Hezbollah, ciblant les personnes déplacées du sud et de la vallée de la Bekaa, a de plus en plus entraîné des pertes massives.

Le ministre égyptien des affaires étrangères, Badr Abdel Atti, a déclaré lors d'une visite à Beyrouth mercredi que "la priorité actuelle est de parvenir à un cessez-le-feu et de mettre fin à l'agression israélienne".

Il a souligné "l'importance de préserver les institutions de l'État libanais, en particulier la présidence, et la nécessité de choisir un président consensuel pour le Liban, soutenu par toutes les confessions libanaises et l'ensemble de la population libanaise".

Le poste de président est vacant depuis que le mandat de Michel Aoun a pris fin en octobre 2022, les factions politiques rivales n'étant pas parvenues à s'entendre sur un successeur.

Abdel Atti a déclaré : "La résolution de la vacance présidentielle ne doit pas être une condition préalable à la cessation des hostilités. Il doit s'agir d'une question nationale (traitée par) le peuple libanais".

Au cours de sa visite, le ministre s'est longuement entretenu avec des responsables libanais, le commandant de l'armée libanaise et le grand mufti.

Pendant ce temps, les frappes aériennes israéliennes sur la banlieue de Beyrouth, mardi soir et tout au long de la journée de mercredi, ont causé d'importants dégâts qui auraient modifié le paysage même de plusieurs quartiers.

Les attaques les plus récentes ont frappé plusieurs zones suburbaines de la ville, notamment Ghobeiry, Haret Hreik, Bir Al-Abed et Lailaki. Un centre médical à Haret Hreik, qui comprenait des cliniques et des laboratoires, a été l'un des bâtiments complètement détruits. Même les cimetières desservant les communautés sunnites et chiites ont été touchés, et la zone de Musharrafieh a été ciblée pour la première fois.

Le rond-point de Tayouneh, qui marque la frontière entre Beyrouth et Shiyah, est devenu un camp de réfugiés improvisé. Les habitants s'y rassemblent après avoir été contraints de quitter les maisons où ils n'étaient rentrés qu'à contrecœur à la suite de précédentes attaques israéliennes. Nombre d'entre eux ont épuisé toutes leurs économies pour se loger temporairement après avoir trouvé des abris gouvernementaux pleins à craquer.

Tout au long de la journée de mercredi, les avertissements d'évacuation lancés par le porte-parole de l'armée israélienne, Avichai Adraei, ont fait fuir les familles. Les réalités de l'escalade de la crise humanitaire ont été révélées dans les scènes qui ont suivi : des mères poussant de jeunes enfants dans des poussettes pour les mettre à l'abri, des jeunes hommes portant des frères et sœurs handicapés, et des familles entières cherchant refuge dans des zones herbeuses où la défense civile libanaise a établi des abris d'urgence.

Les gens passent des heures à attendre dans la peur, alors que le sol et les bâtiments tremblent à cause des frappes aériennes, et que les ondes de pression provoquées par les explosions sèment la panique. Des odeurs chimiques étranges ont également été signalées, provoquant une détresse respiratoire.

"Bien que les cartes israéliennes (pour l'action militaire) n'incluent pas ma maison ou ses environs, qui peut se fier aux plans de l'ennemi ?" a déclaré Fatima, qui a fui sa maison à Shiyah et s'est rendue au camp du rond-point avec des voisins âgés.

"Rester chez soi sous ces missiles israéliens, qui dépassent l'endurance humaine, c'est de la folie.

Ce sentiment de méfiance à l'égard des ordres d'évacuation israéliens semble justifié, car certaines frappes auraient touché des zones considérées comme sûres, y compris des localités situées en dehors de la banlieue sud, sans aucun avertissement.

Mercredi, à l'aube, un raid a frappé Aramoun dans le district d'Aley, une zone densément peuplée où s'abritaient de nombreuses familles déplacées. L'attaque, qui a détruit les premier et deuxième étages d'un immeuble résidentiel, a fait huit morts et 18 blessés, dont certains dans un état critique. Les équipes de la défense civile et de la Croix-Rouge ont travaillé toute la journée pour sauver les survivants et récupérer les dépouilles des morts dans les décombres et dans une vallée voisine. Plusieurs enfants sont portés disparus.

Un peu plus tôt, une frappe aérienne sur un immeuble résidentiel à Joun, dans la région du Chouf, a tué 16 civils, dont huit femmes et quatre enfants, et en a blessé 12. Les équipes de la défense civile ont ensuite récupéré dans les décombres le corps d'un enfant et les restes non identifiables de deux autres personnes.

Les raids israéliens ont également visé plusieurs villes du sud du Liban, détruisant des maisons, des magasins et d'autres bâtiments, ainsi que les zones environnantes. Pendant ce temps, le Hezbollah continue de prendre pour cible les colonies israéliennes dans le nord d'Israël.

Des vols humanitaires transportant de l'aide des pays arabes pour les personnes déplacées continuent d'arriver à l'aéroport international Rafic Hariri de Beyrouth. La 23e livraison d'aide en provenance d'Arabie saoudite comprenait de la nourriture et des fournitures médicales. Une cargaison similaire est arrivée à bord d'un avion égyptien, qui a également transporté le ministre des affaires étrangères du pays, Abdel Atti, pour ses réunions avec des officiels dans la capitale.

L'armée israélienne a déclaré mercredi avoir intercepté "deux drones qui se sont infiltrés dans le nord d'Israël depuis le Liban".

Les médias israéliens ont rapporté "une tragédie au Liban, sept soldats de la brigade Golani ayant été tués suite à l'effondrement d'un bâtiment dans un village du sud du Liban".


Israël: des élus favorables à une loi instaurant la peine de mort pour les «terroristes»

 La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
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  • Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative
  • La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture

JERUSALEM: La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir.

La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture.

Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative.

Dans une note explicative de la commission, il est indiqué que "son objectif est de couper le terrorisme à sa racine et de créer une forte dissuasion".

Le texte propose qu'un "terroriste reconnu coupable de meurtre motivé par le racisme ou la haine (...) soit condamné à la peine de mort - de manière obligatoire", ajoutant que cette peine serait "non optionnelle".

La proposition de loi a été présentée par une élue du parti Otzma Yehudit (Force Juive) d'Itamar Ben Gvir.

Ce dernier a menacé de cesser de voter avec la coalition de droite de Benjamin Netanyahu si ce projet de loi n'était pas soumis à un vote parlementaire d'ici le 9 novembre.

"Tout terroriste qui se prépare à commettre un meurtre doit savoir qu'il n'y a qu'une seule punition: la peine de mort", a dit le ministre lundi dans un communiqué.

M. Ben Gvir avait publié vendredi une vidéo de lui-même debout devant une rangée de prisonniers palestiniens allongés face contre terre, les mains attachées dans le dos, dans laquelle il a appelé à la peine de mort.

Dans un communiqué, le Hamas a réagi lundi soir en affirmant que l'initiative de la commission "incarne le visage fasciste hideux de l'occupation sioniste illégitime et constitue une violation flagrante du droit international".

"Nous appelons les Nations unies, la communauté internationale et les organisations pertinentes des droits de l'Homme et humanitaires à prendre des mesures immédiates pour arrêter ce crime brutal", a ajouté le mouvement islamiste palestinien.

Le ministère palestinien des Affaires étrangères et des expatriés, basé à Ramallah, a également dénoncé cette décision, la qualifiant de "nouvelle forme d'extrémisme israélien croissant et de criminalité contre le peuple palestinien".

"C'est une étape dangereuse visant à poursuivre le génocide et le nettoyage ethnique sous le couvert de la légitimité", a ajouté le ministère.


Frappes israéliennes sur le sud du Liban: deux morts 

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
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  • Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé
  • Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani

BEYROUTH: Des frappes israéliennes sur le sud du Liban ont tué lundi deux personnes et blessé sept autres, a indiqué le ministère libanais de la Santé, au lendemain de la menace d'Israël d'intensifier ses attaques contre le Hezbollah pro-iranien.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024, Israël continue de mener des attaques régulières contre les bastions du Hezbollah. Et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accusé dimanche le Hezbollah de tenter de se "réarmer".

Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé.

Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani.

Sur place, un photographe de l'AFP a vu des pompiers tenter d'éteindre l'incendie de la voiture visée qui s'est propagé à d'autres véhicules à proximité. Des ouvriers ramassaient les bris de verre des devantures de commerces endommagées, a-t-il également constaté.

Une autre frappe sur un village de la région de Bint Jbeil a fait un mort, selon le ministère de la Santé.

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah.

Des centaines de personnes ont participé à leurs funérailles dimanche dans la ville de Nabatiyé, scandant "Mort à Israël".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth, mais il demeure financièrement résilient et armé.

Les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, ce que le Hezbollah refuse.

"Nous attendons du gouvernement libanais qu'il fasse ce qu'il s'est engagé à faire, c'est-à-dire désarmer le Hezbollah, mais il est clair que nous exercerons notre droit à l'autodéfense comme convenu dans les termes du cessez-le-feu", avait averti le Premier ministre israélien dimanche.


La Turquie mobilise ses partenaires musulmans autour de Gaza

La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
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  • Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël
  • "Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens

ISTANBUL: La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien.

Les ministres de ces sept pays (Turquie, Arabie saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Jordanie, Pakistan et Indonésie), tous membres de l'organisation de la coopération islamique (OCI), avaient été reçus par Donald Trump fin septembre à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, avant la présentation du plan de paix américain six jours plus tard.

Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre, alors que "le Hamas semble déterminé" à respecter l'accord, estime-t-il.

"Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens.

En amont de cette réunion, le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan a reçu samedi une délégation du bureau politique du Hamas emmenée par Khalil al-Hayya, le négociateur en chef du mouvement islamiste palestinien.

Selon des responsables du ministère des Affaires étrangères, M. Fidan doit appeler à la mise en place de mécanismes permettant aux Palestiniens d'assurer la sécurité et la gouvernance de Gaza.

"Agir avec prudence" 

"Nous devons mettre fin au massacre à Gaza. Un cessez-le-feu à lui seul ne suffit pas", a insisté M. Fidan lors d'un forum à Istanbul.

"Nous devons reconnaître que Gaza doit être gouvernée par les Palestiniens et agir avec prudence", a encore souligné le ministre turc, plaidant de nouveau pour une solution à deux Etats.

Le chef de la diplomatie turque accuse Israël de chercher des prétextes pour rompre le cessez-le-feu.

Mais les efforts d'Ankara, qui multiplie les contacts diplomatiques avec les pays de la région et cherche à infléchir la position pro-israélienne des Etats-Unis, sont vus d'un mauvais œil par Israël qui juge Ankara trop proche du Hamas.

Les dirigeants israéliens ont exprimé à plusieurs reprises leur refus de voir la Turquie participer à la force internationale de stabilisation à Gaza.

En vertu du plan de Donald Trump, sur lequel est basé l'accord de cessez-le-feu, cette force de stabilisation, formée principalement de troupes de pays arabes et musulmans, doit se déployer à Gaza à mesure que l'armée israélienne s'en retirera.

Seuls des pays jugés "impartiaux" pourront rejoindre cette force, a cependant prévenu le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar.

Autre signe de la méfiance du gouvernement israélien : une équipe de secouristes turcs dépêchée pour participer à la recherche de corps, y compris israéliens, dans les ruines de Gaza, attendait toujours en fin de semaine dernière le feu vert israélien pour entrer dans le territoire palestinien, selon Ankara.