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Un programme nucléaire saoudien, des accords militaires et de défense, la fin de la guerre à Gaza, une avancée vers la solution à deux États, des négociations avec l’Iran, ainsi qu’un potentiel de mille milliards de dollars en commerce et investissements: autant de dossiers majeurs qui seront abordés lors de la visite très attendue du président américain Donald Trump en Arabie saoudite.
Il sera accompagné d’une importante délégation de hauts dirigeants du secteur technologique, dont Elon Musk (Tesla, SpaceX), ainsi que des représentants d’OpenAI, Meta, Alphabet, Boeing et Citigroup. Ces ambitions donnent à cette visite un caractère exceptionnel, marquant également le premier déplacement officiel à l’étranger de son second mandat – et le coup d’envoi de sa nouvelle diplomatie internationale.
La préparation de cette visite a mobilisé pendant plus de deux mois les gouvernements saoudien et américain, dans un effort sans précédent. De nombreuses discussions ont été menées en amont, posant les bases de futurs accords couvrant les domaines politique, économique et sécuritaire. Plusieurs responsables régionaux et internationaux se sont également rendus à Riyad avant l’arrivée de Trump, afin d’enrichir l’agenda des discussions.
Selon les archives du Département d’État américain, 12 visites présidentielles américaines ont eu lieu en Arabie saoudite au cours des 50 dernières années. Toutes ont été significatives dans leur contexte historique. Mais celle-ci intervient à un moment charnière, alors que la région et le monde connaissent des bouleversements parmi les plus profonds depuis la fin de la guerre froide.
La visite de M. Trump coïncide avec les changements régionaux et internationaux les plus importants depuis la fin de la guerre froide.
Abdulrahman al-Rashed
En ce qui concerne les relations bilatérales, la visite de Trump jette les bases d'un nouveau chapitre, compte tenu de la nature des sujets en cours de négociation – certains déjà entamés, d'autres encore à finaliser. L'un d'entre eux est le projet nucléaire saoudien, que Washington s'était montré réticent à négocier au cours des décennies précédentes. Une annonce est probable, car l'administration a déjà divulgué des détails. Il est intéressant de noter que l'Arabie saoudite a découvert de l'uranium dans ses déserts lors d'efforts de prospection minière – au cœur de son vaste plan de développement Vision 2030 – qui ont propulsé ses ambitions nucléaires civiles.
Sur le plan politique, si les relations américano-saoudiennes sont solides, elles ont besoin d'être restructurées et clarifiées. L'accord stratégique de Quincy, signé par le roi Abdelaziz, fondateur de l'Arabie saoudite, et le président américain Franklin Roosevelt vers la fin de la Seconde Guerre mondiale, est aujourd'hui considéré comme obsolète. M. Trump et les dirigeants saoudiens étudient un nouveau format d'accord stratégique qui tienne compte des évolutions récentes: la transformation de l'Amérique en exportateur de pétrole, la croissance des marchés chinois et indien de l'Arabie saoudite et l'ambitieux plan Vision 2030 du Royaume, qui vise à se positionner parmi les 20 premières économies du monde.
La deuxième visite de Trump à Riyad est différente et les observateurs sont bien conscients de l'évolution du climat politique actuel: la chute du régime Assad, l'effondrement de la force du Hezbollah, la destruction des capacités des Houthis et, pour la première fois en dix ans, les milices irakiennes qui cessent leurs attaques contre les forces américaines et internationales. L'ordre du jour lui-même distingue également ce sommet de sa première visite présidentielle. M. Trump a remodelé la position obstinée de Washington et lancé une transformation radicale de la politique intérieure et étrangère, alors qu'il lui reste un peu moins de quatre ans pour tenter de la mener à bien.
M. Trump et les dirigeants saoudiens envisagent un nouveau format d'accord stratégique qui tienne compte des évolutions récentes.
Abdulrahman Al-Rashed
À mon sens, la plus grande réalisation de ce sommet pour l’Arabie saoudite réside dans l’établissement des bases d’une relation de travail solide et pérenne avec M. Trump et les États-Unis. Au cours des huit dernières années, ces relations ont donné des résultats probants. Même ceux qui étaient autrefois critiques reconnaissent aujourd'hui les fruits de cette collaboration. Fondées sur des intérêts mutuels, ces relations ont tout le potentiel pour durer. De nombreux pays à travers le monde, y compris en Europe, prennent exemple sur l’Arabie saoudite dans leur gestion des affaires avec Trump. L’époque où l’on se reposait uniquement sur des alliances politiques et militaires avec Washington est désormais révolue; aujourd’hui, il s’agit de bâtir des intérêts communs.
La relation d’investissement de mille milliards de dollars promise à Trump sur une période de dix ans n’est pas une simple aumône. Elle repose sur des mégaprojets et des investissements stratégiques. Les accords signés et la délégation accompagnant M. Trump lors de ce voyage en sont un témoignage clair. Cela reflète la vision et l’approche du prince héritier Mohammed bin Salman, qui privilégie le développement économique tout en surmontant les défis politiques et sécuritaires afin d’assurer une relation productive et durable.
Abdulrahman Al-Rashed est un journaliste et un intellectuel saoudien. Il est l'ancien directeur général de la chaîne d'information Al-Arabiya et l'ancien rédacteur en chef d'Asharq Al-Awsat, où cet article a été initialement publié.
X: @aalrashed
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com
