Depuis Riyad, Trump lance un message à la Syrie: «Bonne chance»

Trump est convaincu qu'il est préférable de ne pas tenir le nouveau gouvernement responsable des sanctions imposées à l'ancien. (AFP)
Trump est convaincu qu'il est préférable de ne pas tenir le nouveau gouvernement responsable des sanctions imposées à l'ancien. (AFP)
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Publié le Vendredi 16 mai 2025

Depuis Riyad, Trump lance un message à la Syrie: «Bonne chance»

Depuis Riyad, Trump lance un message à la Syrie: «Bonne chance»
  • Le moment le plus marquant du discours a été l’annonce, sans ambiguïté ni condition, du rétablissement des relations diplomatiques entre les États-Unis et la Syrie dirigée par Ahmed al-Charaa
  • Jusqu’à mardi, les diplomates syriens à New York étaient confinés à quelques pâtés de maisons autour de leur mission, et Damas ne pouvait recevoir plus de 15 millions de dollars par mois d’aide étrangère

«Je suis venu cet après-midi pour parler du brillant avenir du Moyen-Orient.»

C’est par ces mots que le président américain Donald Trump a ouvert son discours à Riyad, une déclaration aussitôt reprise, commentée, applaudie ou contestée, des deux côtés de l’Atlantique. Il avait choisi la soirée saoudienne – matinée aux États-Unis – pour délivrer un message tourné non pas vers les relations bilatérales avec l’Arabie saoudite, mais vers les grands défis régionaux.

L’un des moments forts de son intervention a été son éloge des réformes économiques engagées en Arabie saoudite. «Là où vos compétences ont transformé des déserts arides en terres fertiles, les dirigeants iraniens ont, eux, transformé des terres fertiles en déserts arides», a-t-il lancé, opposant symboliquement deux visions du développement. Il a ajouté: «Je suis ici non seulement pour condamner les ravages causés par les dirigeants iraniens, mais aussi pour leur tendre la main – leur proposer une voie bien meilleure, un avenir porteur d’espoir.»

M. Trump a réaffirmé son attachement à la paix et au partenariat, n’hésitant pas à qualifier d’«imbéciles» ceux qui jugeraient autrement sa stratégie diplomatique.

-Abdulrahman Al-Rashed

Mais c’est surtout sa décision surprise de lever les sanctions contre la Syrie qui a marqué les esprits. Il y a deux semaines à peine, des voix au sein même du Département d'État et de la Maison Blanche rejetaient catégoriquement toute perspective de levée. Leur position: attendre la fin de l’année pour voir. Contre toute attente, le président a annoncé non seulement la fin des sanctions, mais aussi le rétablissement des relations diplomatiques entre Washington et Damas, rompues depuis 2012 – une décision qu’il a justifiée en évoquant son dialogue avec le prince héritier Mohammed ben Salmane.

S’adressant également à l’Iran, M. Trump a réitéré son refus absolu de le voir accéder à l’arme nucléaire, tout en se disant ouvert à un nouvel accord pour sécuriser la région. Il a exprimé sa volonté de convaincre Téhéran d’un changement radical, affirmant: «Je leur en donne aujourd’hui l’occasion.»

M. Trump est convaincu qu'il est préférable de ne pas tenir le nouveau gouvernement responsable des sanctions imposées à l'ancien.

-Abdulrahman Al-Rashed

Le moment le plus marquant du discours a été l’annonce, sans ambiguïté ni condition, du rétablissement des relations diplomatiques entre les États-Unis et la Syrie dirigée par Ahmed al-Charaa. Jusqu’à mardi, les diplomates syriens à New York étaient confinés à quelques pâtés de maisons autour de leur mission, et Damas ne pouvait recevoir plus de 15 millions de dollars par mois d’aide étrangère, limités au paiement des salaires de ses fonctionnaires.

Pourquoi ce revirement dans la politique américaine ? Selon le président Trump, il n’était ni juste ni stratégique de tenir le nouveau gouvernement pour responsable des fautes du précédent, ni de faire porter au peuple syrien le poids de «possibles dérives futures». Maintenir les sanctions, a-t-il estimé, reviendrait à condamner la Syrie à l’éclatement.

Trump a déclaré s’être laissé convaincre par la position de Riyad: offrir une chance réelle à Damas de changer de cap et de redéfinir son avenir. «C’est le moment pour eux de briller, a-t-il affirmé. Nous levons toutes les sanctions. Bonne chance, la Syrie. Montrez-nous quelque chose de très spécial.»

S’agissant de l’Arabie saoudite, le président Trump n’a pas manqué de souligner à plusieurs reprises son estime et son admiration pour le prince héritier Mohammed ben Salmane. Il a évoqué avec émotion sa précédente visite dans le Royaume, huit ans plus tôt, et les transformations positives observées depuis.

«J’avais raison à son sujet», a déclaré M. Trump, saluant la vision et les réformes engagées.
Il a ajouté: «Aujourd’hui, nous posons les bases d’une relation plus étroite, plus forte et plus puissante que jamais.»

Dans le même souffle, le président américain a tenu à réaffirmer la position de fermeté de son pays face à toute menace pesant sur les États-Unis ou leurs alliés, promettant une réponse avec «une force écrasante et dévastatrice».

Abdulrahman Al-Rashed est un journaliste et un intellectuel saoudien. Il est l'ancien directeur général de la chaîne d'information Al-Arabiya et l'ancien rédacteur en chef d'Asharq Al-Awsat, où cet article a été initialement publié. 

X: @aalrashed

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com