Il est temps pour Trump de relancer son alliance avec le Moyen-Orient

Le président Donald Trump s'adresse aux médias, le vendredi 27 juin 2025, dans la salle de briefing de la Maison-Blanche à Washington. (AP)
Le président Donald Trump s'adresse aux médias, le vendredi 27 juin 2025, dans la salle de briefing de la Maison-Blanche à Washington. (AP)
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Publié le Samedi 28 juin 2025

Il est temps pour Trump de relancer son alliance avec le Moyen-Orient

Il est temps pour Trump de relancer son alliance avec le Moyen-Orient
  • Cette fois, Trump et son administration devraient lever toute ambiguïté. Une alliance ravivée devrait avoir un mandat clair, en commençant par une composante sécuritaire solide
  • L'alliance devrait inclure une dimension économique et commerciale

Après des semaines de conflit armé entre Israël et l'Iran, et à la suite de l'attaque directe des États-Unis contre le programme d'armement nucléaire iranien, un fragile cessez-le-feu semble s'installer.

Le président américain Donald Trump a clairement indiqué qu'il n'avait aucun intérêt à élargir le conflit. Ses objectifs restent étroitement ciblés : empêcher l'Iran de se doter d'une arme nucléaire et rendre la région plus stable. On parle même à Washington d'une possible ouverture diplomatique vers l'Iran et d'une reprise des négociations. Reste à savoir si cela se concrétisera.

Mais dans le sillage de ce conflit court et intense, une nouvelle opportunité est apparue pour un engagement plus profond des États-Unis dans la région, en particulier avec les États du Golfe. M. Trump a redonné aux États-Unis un leadership décisif sur la scène internationale, de sorte que les pays de la région pourraient être plus enclins à travailler en étroite collaboration avec les États-Unis. Le président devrait saisir cet élan diplomatique pour relancer l'une des initiatives les plus créatives de son premier mandat : l'Alliance stratégique pour le Moyen-Orient.

Proposée à l'origine en 2017, l'alliance reflétait une vision stratégique pour un Moyen-Orient plus intégré et plus sûr. À l'époque, les États du Golfe étaient intéressés, mais n'avaient pas de vision commune de ce que devait être une telle alliance. L'administration Trump n'a pas non plus clairement défini sa portée, ce qui l'a exposée à des interprétations divergentes. Certains pays du Golfe y voyaient un pacte purement sécuritaire visant à contrer l'Iran. D'autres, soucieux d'équilibrer leurs relations régionales, hésitaient davantage à s'engager dans une posture militarisée. D'autres encore ont envisagé l'alliance comme une plateforme destinée à stimuler le commerce régional et l'engagement économique des États-Unis.

Cette fois, Trump et son administration devraient lever toute ambiguïté. Une alliance ravivée devrait avoir un mandat clair, en commençant par une composante sécuritaire solide. Sans cibler une menace en particulier, les États-Unis peuvent diriger les efforts visant à améliorer la coordination de la défense et à renforcer les capacités des armées régionales.

Deuxièmement, l'alliance devrait inclure une dimension économique et commerciale. L'accent mis par Trump sur le commerce et les droits de douane va dans ce sens. Seuls deux pays du Golfe, Bahreïn et Oman, ont conclu des accords de libre-échange avec les États-Unis. S'appuyer sur ces accords pourrait aider à formaliser une coopération économique plus profonde et offrir un cadre pour l'expansion des liens commerciaux américains dans le Golfe.

L'administration devrait d'abord se concentrer sur les "fruits à portée de main", c'est-à-dire les domaines dans lesquels il existe déjà un consensus et où des progrès peuvent être réalisés rapidement. L'amélioration de la défense aérienne et antimissile régionale est l'un de ces domaines. Les guerres en Ukraine et entre l'Iran et Israël ont toutes deux illustré l'importance stratégique des systèmes de défense aérienne dans la guerre moderne. Elles ont également mis en évidence le déséquilibre économique de ces conflits : Les drones de classe Shahed utilisés par l'Iran peuvent ne coûter que 20 000 dollars, alors que les intercepteurs nécessaires pour les détruire peuvent coûter des centaines de milliers de dollars.

Les États-Unis et leurs partenaires du Golfe doivent travailler ensemble pour accroître les capacités régionales de défense aérienne et antimissile. Il s'agit notamment de coordonner le développement technologique, les procédures opérationnelles et les investissements conjoints afin d'améliorer l'efficacité du système tout en réduisant les coûts. La coopération en matière de défense aérienne n'est pas politiquement controversée - sa nature défensive la rend plus facile à vendre au niveau national pour les gouvernements de la région. Les citoyens attendent de leurs gouvernements qu'ils les protègent contre les attaques de missiles et de drones, qui sont de plus en plus fréquentes et de plus en plus meurtrières.

Le Qatar est un cas d'école. Il a subi une importante attaque de missiles balistiques de la part de l'Iran, qui a été interceptée par les systèmes de défense aérienne américains. Cette attaque a été un signal d'alarme pour toute la région. Les investissements dans la défense antimissile devraient être considérés à la fois comme une nécessité stratégique et comme un point de départ politiquement viable pour une nouvelle alliance.

L'accent mis sur la défense aérienne pourrait également avoir des effets bénéfiques au-delà du Golfe. Elle pourrait renforcer la coopération avec Israël, qui dispose déjà de systèmes de défense antimissile parmi les plus avancés au monde. Ces enseignements pourraient également être partagés entre les partenaires des accords d'Abraham, ce qui renforcerait à la fois l'interopérabilité et la confiance.

Le général Erik Kurilla, chef du commandement central des États-Unis, a récemment témoigné devant le Congrès dans le cadre de l'examen annuel de son dispositif. Il a insisté sur les menaces croissantes que représentent les missiles et les drones au Moyen-Orient. Ces menaces ne sont pas hypothétiques : elles influencent la politique et les dépenses de défense dans le monde réel. Une alliance renouvelée devrait s'articuler autour de cette réalité.

Il est temps pour l'administration Trump d'agir. La poussière retombe après la guerre Iran-Israël. La diplomatie est de nouveau à l'ordre du jour. Les États de la région attendent de Washington qu'il prenne la tête des opérations et qu'il les rassure. Une alliance clairement définie et stratégiquement solide pourrait constituer le fondement d'une nouvelle ère de coopération régionale allant au-delà de la sécurité et incluant le commerce, la coopération économique et la normalisation.

Il ne sera pas facile de relancer l'alliance stratégique pour le Moyen-Orient, mais c'est possible. Le paysage géopolitique a évolué en faveur de la région. Des préoccupations communes concernant les menaces aériennes, un intérêt accru pour la normalisation et une volonté d'engagement économique sont autant de conditions propices à la réussite. Mais cette fois, les États-Unis doivent diriger avec clarté et détermination.

Trump et les dirigeants régionaux ne doivent pas laisser passer ce moment. Avec un leadership intelligent et des objectifs clairs, une alliance ravivée pourrait être la clé pour faire du Moyen-Orient une région plus sûre, plus sécurisée et plus prospère pour les années à venir.

Luke Coffey est chercheur principal à l’Institut Hudson.

X : @LukeDCoffey

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com