Seul un pacte mondial peut mettre fin à la menace posée par les plastiques

Une étude récente de The Lancet, une revue médicale britannique très respectée, a averti que la pollution plastique est un "danger grave, croissant et insuffisamment reconnu" pour la santé humaine, qui provoque des maladies et des décès de l'enfance à la vieillesse, et qui coûte au monde au moins 1,5 billion de dollars par an en pertes économiques liées à la santé. (AFP)
Une étude récente de The Lancet, une revue médicale britannique très respectée, a averti que la pollution plastique est un "danger grave, croissant et insuffisamment reconnu" pour la santé humaine, qui provoque des maladies et des décès de l'enfance à la vieillesse, et qui coûte au monde au moins 1,5 billion de dollars par an en pertes économiques liées à la santé. (AFP)
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Publié le Vendredi 08 août 2025

Seul un pacte mondial peut mettre fin à la menace posée par les plastiques

Seul un pacte mondial peut mettre fin à la menace posée par les plastiques
  • Une étude récente de The Lancet, une revue médicale britannique très respectée, a averti que la pollution plastique est un "danger grave, croissant et insuffisamment reconnu" pour la santé humaine
  • Le rapport, qui compare le plastique à la pollution de l'air et au plomb, indique que l'impact sur la santé pourrait être atténué par des lois et des politiques

Personne ne peut contester le fait que du plastique et des microplastiques ont été trouvés dans la glace de mer de l'Arctique, dans le ventre des baleines, dans l'atmosphère et les océans de la Terre, ainsi que dans les vaisseaux sanguins et le système digestif de l'homme. C'est pourquoi, depuis des années, les gouvernements sont soumis à une pression croissante pour s'unir dans la lutte contre cette menace mondiale, mais en vain.

Une étude récente de The Lancet, une revue médicale britannique très respectée, a averti que la pollution plastique est un "danger grave, croissant et insuffisamment reconnu" pour la santé humaine, qui provoque des maladies et des décès de l'enfance à la vieillesse, et qui coûte au monde au moins 1,5 billion de dollars par an en pertes économiques liées à la santé.

Le rapport, qui compare le plastique à la pollution de l'air et au plomb, indique que l'impact sur la santé pourrait être atténué par des lois et des politiques. Toutefois, les négociations qui se déroulent cette semaine à Genève en vue d'un traité mondial sur les plastiques pourraient bien échouer - comme les cinq réunions précédentes organisées par les Nations unies - faute de consensus entre plus de 180 nations sur la question de savoir s'il faut approuver un pacte visant à limiter la production et à éliminer progressivement les produits chimiques nocifs du processus de fabrication, ou se concentrer uniquement sur le recyclage et le traitement des déchets, sur l'amélioration du recyclage et sur les futures percées technologiques permettant de décomposer le plastique sans qu'il soit nocif.

On peut espérer que les négociateurs feront face à ces profondes divisions et tenteront d'atténuer les risques sanitaires et écologiques résultant de l'utilisation et de l'élimination des matières plastiques dans le monde entier. Inger Andersen, directeur exécutif du programme des Nations unies pour l'environnement, est optimiste : "il est possible de quitter Genève avec un traité", malgré les intérêts divergents des nations, des industries et de ceux qui tentent de protéger l'environnement et la santé humaine.

Mais dans un système international soumis à de multiples tensions, qu'il s'agisse de guerres, de problèmes environnementaux ou technologiques, il est très peu probable que les délégués parviennent à combler le fossé qui les sépare d'un accord. Même s'ils y parviennent, la mise en œuvre d'un traité se heurte à de nombreux obstacles et entraves, comme en témoignent d'autres situations, qu'il s'agisse de nourrir les affamés de Gaza ou d'arrêter la guerre en Ukraine.

Si rien n'est fait, la consommation mondiale de plastique pourrait tripler d'ici 2060, selon les projections de l'OCDE. Par ailleurs, les déchets plastiques présents dans les sols et les cours d'eau devraient augmenter de 50 % d'ici à 2040, selon le PNUE, qui supervise les négociations à Genève.

De nombreuses initiatives permettent d'espérer un avenir meilleur.

Mohamed Chebaro


Environ 460 millions de tonnes de plastique sont produites chaque année dans le monde, dont la moitié à usage unique. Et moins de 10 % des déchets plastiques sont recyclés. Dans les pays riches comme dans les pays pauvres, la nocivité du plastique est encore largement méconnue, mais il est de plus en plus évident que la combustion du plastique dans les décharges et les feux à ciel ouvert constitue un problème majeur pour la planète. Une étude publiée l'année dernière dans la revue Nature et basée sur les recherches d'une équipe de l'université britannique de Leeds a identifié l'Inde comme le plus grand émetteur de pollution macroplastique au monde.

Les chercheurs de Leeds ont dressé un inventaire mondial détaillé de la pollution plastique en utilisant l'IA pour aider à modéliser la gestion des déchets dans plus de 50 000 municipalités. Ils ont estimé qu'au moins 52 millions de tonnes de déchets plastiques pénétreraient dans l'environnement en 2020, dont 43 % sous forme de détritus non brûlés et le reste par le biais de feux ouverts allumés dans les maisons, les rues ou les décharges.

Le fait de brûler les déchets de manière inappropriée et de laisser le plastique se consumer ne le fait pas "disparaître", mais en répand de plus petits morceaux dans l'environnement, ce qui détériore la qualité de l'air et expose les personnes vivant à proximité à des additifs nocifs, selon les conclusions de l'étude.

Dans ce contexte apocalyptique, de nombreuses initiatives offrent l'espoir d'un avenir meilleur, qu'il s'agisse de la plantation d'arbres, du ré-ensauvagement ou du travail louable de certaines municipalités qui cherchent à recycler avec zéro déchet.

Pourtant, dans un ordre international de plus en plus fracturé, la mise en place de pactes limitant la pollution plastique pourrait s'avérer difficile. Les gouvernements ont régulièrement manqué à leurs engagements en matière de climat, le financement et la volonté de protéger l'environnement cédant le pas aux priorités géostratégiques. Les conflits, les déplacements de population et l'éradication de la pauvreté s'avèrent également des problèmes insolubles.

À moins que les liens tendus entre les superpuissances ne s'apaisent, la discorde entravera les efforts visant non seulement à limiter la pollution, à réduire l'utilisation du plastique et à lutter contre le changement climatique, mais aussi à garantir un avenir sûr et durable pour tous.

- Mohamed Chebaro est un journaliste libano-britannique qui a plus de 25 ans d'expérience dans les domaines de la guerre, du terrorisme, de la défense, des affaires courantes et de la diplomatie.

NDLR: Les opinions exprimées par les auteurs dans cette section leur sont propres et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d'Arab News.