Outre les bombes, la famine et les maladies, les Palestiniens de Gaza ont dû, la semaine dernière, affronter des températures dépassant les 40 degrés Celsius. Sans climatisation, souvent sans abri, avec un accès limité à l’eau et une propagation de maladies, leur survie est mise à rude épreuve.
Mais Gaza et les zones de guerre ne sont pas les seuls endroits où la chaleur extrême tue. Elle est désormais intégrée aux calendriers estivaux de la plupart des pays, même dans l’hémisphère Nord, alors que le réchauffement climatique pousse les températures toujours plus hautes et pour des périodes plus longues.
La chaleur extrême est un phénomène familier pour de nombreuses régions du Moyen-Orient, mais elle reste nouvelle pour la plupart des pays d’Europe et d’Amérique du Nord, qui ne sont pas préparés. L’Europe est le continent qui se réchauffe le plus rapidement au monde, et beaucoup de ses villes manquent de climatisation. Il va falloir apprendre vite, car des températures dépassant les 40 °C deviennent monnaie courante en Europe. Le mois dernier a été le troisième mois de juillet le plus chaud jamais enregistré dans le monde, seuls 2023 et 2024 ayant été plus chauds. En 2022, plus de 20 000 personnes sont mortes de causes liées à la chaleur en Europe.
Les incendies de forêt se multiplient, avec une augmentation d’environ 50 % depuis le début de l’année. Plusieurs capitales européennes, dont Madrid et Athènes, ont été particulièrement menacées. L’Espagne, l’un des pays les plus vulnérables, a été durement frappée.
Même en Europe du Nord, autrefois à l’abri, la situation évolue. Jusqu’à Édimbourg, un important incendie s’est déclaré la semaine dernière sur le site emblématique d’Arthur’s Seat. En juillet, l’Écosse a connu les plus vastes feux de son histoire. Londres a également été touchée récemment par plusieurs feux dans ses parcs. Le Canada, lui aussi, connaît une flambée d’incendies : 2025 est déjà la pire année après 2023. Ces feux ont même affecté la qualité de l’air dans les États du nord des États-Unis, comme le Michigan, provoquant de vives critiques de politiciens républicains américains envers l’inaction canadienne.
Les sécheresses sont une autre conséquence. Les pluies deviennent imprévisibles et les nappes phréatiques sont surexploitées. Résultat : les cultures sont détruites.
Pourquoi cela arrive-t-il ? Le changement climatique, évidemment. La chaleur extrême assèche les végétaux et les sols, rendant les terres plus propices aux incendies.
Pourtant, des mesures innovantes sont mises en œuvre, prouvant qu’il existe des solutions pour atténuer ces conditions anormales. Les plus prometteuses sont celles à faibles émissions, sans recours à la ventilation mécanique.
L’Europe est le continent qui se réchauffe le plus rapidement au monde, et beaucoup de ses villes manquent de climatisation.
Chris Doyle
Le défi est particulièrement complexe dans les grandes villes, où la chaleur est piégée, formant des « îlots de chaleur urbains ». Les autorités municipales les plus avisées investissent dans les espaces verts et plantent des arbres. Des études montrent que les quartiers situés à moins de 10 minutes à pied d’un parc peuvent être jusqu’à 3 °C plus frais. Le défi : les zones à faibles revenus comptent généralement moins d’arbres et de végétation, ce qui accentue l’impact mortel de la chaleur. Le choix des essences d’arbres est crucial — il faut une diversité adaptée au climat de demain.
Paris a mis en place environ 800 « îlots de fraîcheur » où les habitants peuvent se réfugier en cas de canicule. Séville, de son côté, a installé des auvents supplémentaires pour créer davantage d’ombre, avec un objectif de plantation de 5 000 arbres par an.
Et New York ? Cela fait déjà plusieurs années que la ville peint les toits en blanc pour réfléchir la lumière du soleil. À Los Angeles, même les rues sont recouvertes d’une peinture réfléchissante, avec des résultats probants. D’autres villes pourraient suivre en remplaçant les surfaces sombres par des surfaces claires. C’est d’ailleurs ce que font les communautés méditerranéennes depuis des siècles en peignant leurs maisons en blanc. Mais ces peintures restent coûteuses et leur production manque encore d’efficacité énergétique.
Rotterdam mise sur le verdissement de ses toits. La ville néerlandaise a lancé une « promenade des toits » reliant les immeubles par des passerelles. En milieu urbain dense, où les espaces verts sont rares, les toits deviennent une solution.
Il faudrait intensifier la recherche pour mieux prédire les grands incendies. D’où l’inquiétude face à la réduction du financement de la recherche climatique par l’administration américaine actuelle. Les comportements humains n’évoluant pas suffisamment, la science est aujourd’hui le levier le plus décisif pour ralentir — voire inverser — les effets du changement climatique d’origine humaine.
La fréquence et la violence des vagues de chaleur, des feux et des sécheresses poussent les autorités à réagir. Il faudra investir, oser et apprendre des autres. À l’échelle locale, la prise de conscience est réelle. Sur la scène internationale, en revanche, les rivalités politiques et les blocages géopolitiques freinent les avancées concrètes en matière d’accords climatiques.
Chris Doyle est directeur du Conseil pour la compréhension arabo-britannique à Londres.
X : @Doylech
NDLR: Les opinions exprimées par les auteurs dans cette section leur sont propres et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d'Arab News.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com