Un incident inhabituel s’est récemment produit entre l’armée israélienne et la FINUL, la force de maintien de la paix de l’ONU au Liban. La FINUL a abattu un drone de l’IDF, affirmant qu’il adoptait un comportement agressif. Cela faisait suite à l’intensification par Israël des frappes ciblées au Liban dans le but d’accroître la pression militaire et politique sur le pays, l’objectif principal étant le désarmement du Hezbollah. Après la dernière série intense de frappes, qui avait décapité le proxy iranien, le désarmement du Hezbollah est devenu un point central lorsque les hostilités ont cessé en novembre 2024, et Israël commence désormais à perdre patience.
À l’époque, le Premier ministre par intérim du Liban, Najib Mikati, avait clairement indiqué que la mise en œuvre intégrale de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU, sans aucune modification, était une priorité. Pour rappel, la résolution 1701 a mis fin à la guerre de 2006. En résumé, nous avons une résolution à double objectif pour arrêter la guerre, mais le Hezbollah reste armé. De plus, malgré les plans du gouvernement libanais et les efforts des diplomates américains, de Tom Barrack à Morgan Ortagus, mélangeant la carotte et le bâton, le gouvernement et les forces armées libanaises sont toujours incapables de désarmer le proxy iranien. Les factions palestiniennes ont été désarmées — première étape — mais ensuite tout s’est arrêté.
Un soutien international substantiel a été apporté à l’armée libanaise pour y parvenir. En octobre 2025, les États-Unis ont approuvé un plan d’aide de 230 millions de dollars pour les forces de sécurité libanaises, dont 190 millions pour les Forces armées libanaises et 40 millions pour les Forces de sécurité intérieure. De plus, le Pentagone a approuvé en septembre 14,2 millions de dollars supplémentaires en explosifs et équipements de déminage pour aider l’armée à « réduire les capacités du Hezbollah ». Le Qatar a promis 60 millions de dollars et 162 véhicules militaires pour soutenir la stabilité et le contrôle des frontières, tandis que la France s’est engagée à hauteur de 100 millions d’euros (116 millions de dollars), l’Allemagne 95 millions d’euros et le Royaume-Uni au moins 15 millions de livres (20 millions de dollars) pour renforcer les capacités militaires du Liban. Par ailleurs, le Liban a demandé la réactivation d’un plan d’aide de 3 milliards de dollars de l’Arabie saoudite, précédemment suspendu en 2016.
Cela devrait être une priorité nationale.
Khaled Abou Zahr
Malgré ce soutien, il n’est toujours pas clair si l’armée et la nouvelle direction du Liban iront de l’avant avec le plan. Ce qui est certain, en revanche, c’est qu’il y a peu de chances que le Liban sorte de la crise si cela n’est pas fait. J’ai été assez surpris par la majorité des intellectuels et voix influentes au Liban, qui, tout en condamnant les frappes israéliennes, ne se sont jamais élevés pour la souveraineté du pays et pour exiger le désarmement du Hezbollah. Ils sont restés tous silencieux sur ce point.
La réalité est que c’est la principale cause d’instabilité pour le Liban. Pourtant, la plupart des personnes à qui je présente cet argument me répondent que même si le Hezbollah se désarme, les Israéliens trouveront toujours des raisons de frapper le Liban. Je ne suis pas d’accord, mais indépendamment de mon opinion, il s’agit de la souveraineté du pays et de la nécessité pour l’État de détenir le monopole des armes. Il s’agit de ne pas avoir un groupe ou un parti capable de menacer la nation entière et ses citoyens. Et ainsi, beaucoup restent pris dans une schizophrénie complète : ils acclament l’armée, mais ne demandent jamais que le Hezbollah se désarme.
Cela devrait être une priorité nationale, indépendamment d’Israël. Le Hezbollah a affaibli nos institutions suffisamment. Il est temps d’arrêter cela.
Nous sommes donc face à deux possibilités. La première est qu’il n’existe pas de volonté politique de désarmer. Une explication franche — il en existe une plus cynique — serait la peur de pousser le pays dans une nouvelle guerre civile. La seconde est que l’armée n’a pas actuellement la capacité de désarmer le Hezbollah. Dans les deux cas, il reste quelque chose à faire, et il faut au moins mobiliser la population autour de ce plan. De plus, tout politicien ou formation politique qui pousse au statu quo ou à la conservation des choses en l’état doit être confronté. Le Liban a perdu une occasion en or en 2005 ; il ne peut pas la perdre à nouveau aujourd’hui. Nous sommes bloqués depuis trop longtemps dans un cycle de destruction, et cela ne peut pas continuer. Il convient néanmoins de rappeler que les FAL ont reçu une aide militaire américaine allant de 100 à 200 millions de dollars depuis 2006, ce qui porte le total à 3,2 milliards de dollars. Par le passé, la volonté politique n’était pas là. Espérons que cela ait changé aujourd’hui.
Je crois que nous savons tous quel scénario Israël pense se dérouler aujourd’hui. D’autre part, le président Joseph Aoun a récemment souligné aux États-Unis que l’armée respectait l’accord de désarmement au sud du fleuve Litani en nettoyant les zones sous son contrôle, en découvrant des tunnels et en saisissant des armes et munitions malgré la géographie difficile. Cela suffira-t-il à rendre les Israéliens plus patients ? C’est douteux. Israël frappera toute cible du Hezbollah qui pourrait un jour menacer sa sécurité. Rien ne l’arrêtera, même pas la FINUL qui tente d’abattre les drones israéliens.
En fin de compte, il s’agit d’avancer, et il ne fait aucun doute qu’il existe un soutien arabe et international suffisant pour le faire. L’establishment politique libanais doit se tenir uni pour la souveraineté du pays avant toute chose. C’est ce qui changera la trajectoire du pays et l’ouvrira à la stabilité et à la prospérité. Il est temps d’agir avec audace et fermeté, car la période de grâce dont le pays a bénéficié touche à sa fin.
Khaled Abou Zahr est le fondateur de SpaceQuest Ventures, une plateforme d'investissement axée sur l'espace. Il est PDG d'EurabiaMedia et rédacteur en chef d'Al-Watan al-Arabi.
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com












