Une start-up technologique cherche à arrêter la fuite des cerveaux en Syrie

S’étant installé dans la capitale allemande, Berlin, Malek al-Muzayen a mis en place une plate-forme appelée «Bee Order». C’est une application qui permet aux clients des restaurants de passer commande à l'aide d'un code QR. Une idée qu’il a rapportée dans son pays natal. (Photo fournie)
S’étant installé dans la capitale allemande, Berlin, Malek al-Muzayen a mis en place une plate-forme appelée «Bee Order». C’est une application qui permet aux clients des restaurants de passer commande à l'aide d'un code QR. Une idée qu’il a rapportée dans son pays natal. (Photo fournie)
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Publié le Jeudi 21 janvier 2021

Une start-up technologique cherche à arrêter la fuite des cerveaux en Syrie

  • Une start-up technologique cherche à arrêter la fuite des cerveaux en Syrie
  • Malek al-Muzayen âgé de 35 ans, a créé sa première entreprise de développement de logiciels avec trois collègues en 2008

DUBAÏ: La guerre civile syrienne qui s’est déroulée il y a dix ans a poussé toute une génération de jeunes esprits parmi les plus brillants à l’exil, privant sa société des talents indispensables pour se reconstituer et suivre le rythme du monde moderne. À contre-courant de l'opinion publique, un entrepreneur technologique né à Damas a refusé de tourner le dos à son pays. Contre toute attente, il est parvenu à créer une entreprise florissante.

Malek al-Muzayen âgé de 35 ans, a créé sa première entreprise de développement de logiciels avec trois collègues en 2008, à une époque où les services d'applications et le e-commerce étaient encore des concepts relativement nouveaux, en particulier en Syrie.

Après avoir obtenu un diplôme en génie informatique à l'université américaine de Sharjah aux Émirats arabes unis, Al-Muzayen est retourné en Syrie, convaincu que l'industrie technologique disposait d’un immense potentiel.

 «Nous travaillions sur le développement d'un système destiné aux restaurants car, à cette époque, la Syrie connaissait un boom du tourisme, des restaurants et des entreprises connexes», explique Al-Muzayen à Arab News. 
 

L'entrepreneur technologique syrien Malek al-Muzayen, né à Damas, a refusé de tourner le dos à son pays. Contre toute attente, il est parvenu à créer une entreprise florissante. (Photo fournie)

Pressentant une opportunité, son équipe s'est rassurée et a développé un système de point de vente comptable pour aider les restaurants à gérer leur comptabilité et leurs factures quotidiennes.

«Nous avons constaté un vide dans ce domaine. J'ai donc développé un logiciel appelé “Maestro”, qui a connu un grand succès», révèle-t-il.

Le succès fut cependant de courte durée: en 2011, une répression brutale des manifestations antigouvernementales plonge le pays dans la guerre civile, dévastant les villes et l'économie et renvoyant des millions de réfugiés vers la Turquie, le Liban, la Jordanie et l'Irak voisins.

 

 

En chiffres

80%: ce pourcentage correspond à la proportion de la population syrienne qui vit dans «l'extrême pauvreté» en 2019.

D'autres ont fui plus loin encore, à la recherche de sécurité et de prospérité. De nombreux restaurateurs syriens ont ainsi choisi de s’installer en Arabie saoudite, à Dubaï, en Égypte et au Koweït, où le secteur technologique était déjà solidement implanté. De sa base de Damas, M. Al-Muzayen voit une nouvelle opportunité pour fournir des solutions logicielles.

«J'ai créé un réseau d'agents qui étaient au service de ces nouveaux restaurants. Nous avons connu un pic de ventes à ce moment-là et avons obtenu un surplus d'argent», confie-t-il.

Toutefois, dans un secteur technologique dont l’évolution est si rapide, Al-Muzayen s’est dit que cette méthode serait rapidement obsolète. Aussi entreprend-il, en 2013, de nouveaux développements prometteurs dans le domaine des applications pour smartphone.

À cette époque, le régime de Bachar al-Assad se trouvait isolé sur la scène mondiale, paralysé par les sanctions économiques et sur le point de s’effondrer. L'environnement était loin d'être propice à attirer les investisseurs. Al-Muzayen a donc choisi de déplacer une partie de son équipe en Égypte, où régnait une stabilité relative et où existaient des perspectives d’investissements.

Pendant ce temps, à Damas, l’équipe d’Al-Muzayen connaît des difficultés quotidiennes, comme des pannes de courant ou des menaces pour sa sécurité. Dotée de son propre générateur et d’un espace pour dormir, l'entreprise, au milieu de ce chaos, a servi de refuge à son personnel. «Le bureau est devenu leur maison», raconte-t-il.

Cependant, en 2014, l'Égypte est replongée dans les troubles civils, et son nouveau gouvernement refuse l'entrée aux Syriens. Alors que les opportunités se tarissaient rapidement, Al-Muzayen a été contraint de vendre puis de chercher fortune en Europe.

S’installant à Berlin, la capitale allemande, Malek al-Muzayen met en place une plate-forme appelée «Bee Order». Il s’agit d’une application qui permet aux clients des restaurants de passer commande à l'aide d'un code QR. Mais dans son nouvel environnement et les difficultés qui l’accompagnent, Al-Muzayen a du mal à faire décoller l'entreprise et ses réserves de liquidités sont rapidement épuisées.
 

Il sollicite alors des conseils auprès de bailleurs de capital à risque et d'accélérateurs de start-up qui l’encouragent à rétablir son hub en Syrie avec la possibilité d’investir, une fois la guerre terminée.

Ainsi, deux ans seulement après son arrivée, Al-Muzayen a fait ses valises et il est rentré chez lui, où il a aménagé «Bee Order» en application de livraison. Cependant, après des années de conflit, d'isolement et de faiblesse économique, le marché d'un tel service à Damas s’est révélé plus faible que prévu et son utilisation a été plutôt lente.

«Nous avons rencontré beaucoup de problèmes parce que les gens n'avaient pas l'habitude de commander de la nourriture via une application», explique Al-Muzayen. «Ils ont souffert de la guerre pendant plusieurs années, c'était donc totalement nouveau pour eux. Nous n'avions jamais eu d'application de commande en ligne ou de plate-forme de commerce électronique opérationnelle en Syrie. Nous avons donc été les premiers à l'introduire, mais il était difficile de convaincre les gens que c'était l'avenir.»

La première année qui a marqué le retour de la société en Syrie a été «désastreuse», du propre aveu d’Al-Muzayen – mais il n’était pas question d’abandonner si facilement. Constatant que de nombreux restaurants manquaient de chauffeurs-livreurs, il s'est rendu compte que la clé du succès consistait à constituer son propre parc de voitures.

«J'ai utilisé ma propre voiture et celle de mon partenaire pour faire les livraisons et nous avons réussi. Ensuite, nous avons augmenté le nombre de parcs et financé le tout avec nos propres deniers», déclare-t-il.


Alors que l’année 2018 touchait à sa fin, Al-Muzayen s’est encore diversifié, créant une application de covoiturage appelée «Wasiln» qui recrute des automobilistes locaux désireux de gagner plus d'argent et d’autres qui sont prêts à faire du covoiturage. (Photo fournie)
 

Peu à peu, la demande d'applications pour smartphone a augmenté. «Le monde a connu un boom dans le développement d'applications, et nous avions une bonne équipe», se félicite Al-Muzayen.

En 2018, les commandes augmentent rapidement, tout comme les activités d'externalisation et la réputation de l’entrepreneur. Pourtant, l’économie et les infrastructures du pays sont toujours en ruine. Al-Muzayen a veillé à ce que son bureau reste un refuge et que son personnel soit bien traité – sinon «ils partiront tout simplement» pour l’Europe, avance-t-il.

Pour le chef d’entreprise, conserver son personnel, c’est lui offrir de l'espoir, un bon salaire, des avantages et un espace créatif, pour qu'il s’épanouisse. «Tous les projets que nous avons acceptés étaient stratégiques», révèle-t-il. «S’ils n’avaient pas constitué des défis pour l’équipe, nous ne les aurions pas menés, car les gens avaient vraiment à cœur d’apprendre quelque chose de nouveau.»

Alors que l’année 2018 tirait à sa fin, Al-Muzayen s’est encore diversifié, créant une application de covoiturage appelée «Wasiln» qui recrute des automobilistes locaux désireux de gagner plus d'argent et d’autres qui sont prêts à faire du covoiturage.

Les affaires ont bien fonctionné jusqu'à la moitié de l’année 2019. La Syrie est frappée par une grave crise du carburant qui oblige de nombreuses entreprises locales de taxi à abandonner la route. Al-Muzayen a alors dû se ravitailler en carburant au marché noir, ce qui lui a permis de garder en service soixante-dix de ses cent cinquante véhicules. La flexibilité de son business model l’a également beaucoup aidé.

Grâce au travail acharné d'entrepreneurs tels qu'Al-Muzayen, les applications de livraison et de covoiturage sont devenues la norme dans les régions relativement stables de la Syrie. (Photo fournie)

«Nous étions les seuls à pouvoir le faire. Ce qui nous différencie des autres, c'est que nous avions le logiciel et une mentalité souple. D'autres se sont contentés de dire que c'était trop compliqué», fait-il observer.

Grâce au travail acharné d'entrepreneurs tels qu'Al-Muzayen, les applications de livraison et de covoiturage sont devenues la norme dans les régions relativement stables de la Syrie. Même la pandémie de coronavirus n'a pas réussi à freiner sa progression. Lorsque les restaurants ont été contraints de fermer en raison des mesures de confinement, il s'est rapidement tourné vers la distribution alimentaire.

Rien de tout cela ne signifie que le climat économique du pays est propice à l'entrepreneuriat. Le Caesar Syria Civilian Protection Act oblige l'administration américaine à sanctionner les entreprises qui fournissent une assistance au régime d'Assad et à ses soutiens.

L'inflation a été multipliée par cinq en six mois seulement l'année dernière. Les files d'attente sont si longues que les enfants doivent manquer l'école pour s’y rendre, selon un rapport du Washington Post.
 

Al-Muzayen est persuadé que son pays et son peuple surmonteront le traumatisme de la guerre, puis se rétabliront. (Photo fournie)

«La situation est pire pour les entreprises aujourd'hui qu'en 2015, même si, à l'époque, nous avions des bombardements et des guerres», raconte Al-Muzayen. «Il est vraiment difficile de travailler et de faire face en raison des salaires et de la fluctuation des revenus. Heureusement, nos chiffres continuent d’augmenter, mais ce n’est pas facile.»

Al-Muzayen est persuadé que son pays et son peuple surmonteront le traumatisme de la guerre, puis se rétabliront. «Nous nous sommes habitués à des défis quotidiens, donc notre état d’esprit change lorsque nous sommes confrontés à un défi tel que: “Que devons-nous faire maintenant?”», confie-t-il encore.

«La Syrie est un pays qui a un potentiel énorme dans tous les secteurs. Il y a ici des personnes intelligentes et de grand talent que nous pouvons employer à un coût moindre que dans d'autres pays. En outre, le marché syrien a besoin de nombreuses autres start-up. Le moment est peut-être venu pour les gens de venir investir dans le peuple syrien, car il est devenu très compétitif.»


 

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Twitter: @CalineMalek


 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Tensions Israël-Hezbollah, discussions pour une trêve à Gaza

Des personnes se rassemblent sur le site d'une frappe israélienne sur un véhicule dans la région de la plaine d'Adloun, entre les villes de Sidon et Tyr, au sud du Liban, le 23 avril 2024. (AFP)
Des personnes se rassemblent sur le site d'une frappe israélienne sur un véhicule dans la région de la plaine d'Adloun, entre les villes de Sidon et Tyr, au sud du Liban, le 23 avril 2024. (AFP)
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  • Des avions militaires ont frappé des "infrastructures" du Hezbollah dans le secteur de Kfarchouba, a précisé l'armée israélienne dans un bref communiqué
  • De son côté, le Hezbollah libanais, mouvement soutenu par l'Iran et allié du Hamas palestinien, a revendiqué dans un communiqué des tirs ayant "touché" les forces israéliennes à la frontière

JERUSALEM: L'armée israélienne et le Hezbollah libanais ont échangé des tirs de missiles dans la nuit de jeudi à vendredi alors qu'une délégation égyptienne est attendue en Israël, dans l'espoir de faire avancer les pourparlers pour une trêve et la libération d'otages à Gaza.

L'armée israélienne a fait état de "deux tirs de missiles anti-chars" ayant touché le nord d'Israël depuis le Liban dans la nuit et dit avoir ciblé les "sources de ces frappes" avec des tirs d'artillerie.

Des avions militaires ont frappé des "infrastructures" du Hezbollah dans le secteur de Kfarchouba, a précisé l'armée israélienne dans un bref communiqué.

De son côté, le Hezbollah libanais, mouvement soutenu par l'Iran et allié du Hamas palestinien, a revendiqué dans un communiqué des tirs ayant "touché" les forces israéliennes à la frontière.

L'armée israélienne avait annoncé mercredi mener une "action offensive" sur le sud du Liban, d'où le Hezbollah mène des attaques contre l'armée israélienne qui frappe, elle, des positions du mouvement chiite allié du Hamas palestinien.

Le Hamas et Israël sont engagés depuis plus de six mois dans une guerre dans la bande de Gaza, où l'armée israélienne se prépare à une opération terrestre à Rafah, "dernier" bastion du mouvement islamiste située dans le sud du territoire.

Détruire ou libérer 

De nombreuses capitales et organisations humanitaires redoutent, en cas d'offensive, un bain de sang dans cette ville du sud de la bande de Gaza frontalière avec l'Egypte, refuge pour près d'un million et demi de Palestiniens.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu estime qu'une offensive sur Rafah est nécessaire pour "vaincre" le Hamas et libérer les plus de cent otages toujours retenus à Gaza.

Le porte-parole du gouvernement israélien, David Mencer, a annoncé jeudi que le cabinet de guerre s'était réuni "pour discuter des moyens de détruire les derniers bataillons du Hamas".

Mais selon des médias israéliens, le cabinet a discuté d'un nouveau projet de trêve associée à une libération d'otages, avant une visite prévue vendredi d'une délégation égyptienne, pays médiateur à l'instar du Qatar et des Etats-Unis.

D'après le site Walla, qui cite un haut responsable israélien sans le nommer, les discussions portent plus précisément sur une proposition pour libérer dans un premier temps 20 otages considérés comme des cas "humanitaires".

Un responsable politique du Hamas, Ghazi Hamad, a de son côté assuré à l'AFP depuis le Qatar qu'un assaut sur Rafah ne permettrait pas à Israël d'obtenir "ce qu'il veut", soit d"éliminer le Hamas ou récupérer" les otages.

Un « accord maintenant »

Jeudi, des proches d'otages ont une nouvelle fois manifesté à Tel-Aviv, pour faire pression sur le gouvernement afin qu'il obtienne leur libération.

Certains avaient les mains liées et teintées de rouge, la bouche couverte d'un sparadrap marqué du chiffre "202", le nombre de jours écoulés depuis le 7 octobre, ou portaient une pancarte avec les mots "Un accord sur les otages maintenant".

Le Hamas a diffusé mercredi une vidéo de l'otage Hersh Goldberg-Polin, un geste considéré par la presse locale comme visant entre autres à faire pression sur Israël dans les pourparlers.

Parlant vraisemblablement sous la contrainte, cet Israélo-américain âgé de 23 ans accuse dans cette vidéo M. Netanyahu et les membres de son gouvernement d'avoir "abandonné" les otages.

Les dirigeants de 18 pays, dont les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni et le Brésil, ont appelé jeudi le Hamas à "la libération immédiate de tous les otages". "L'accord sur la table pour libérer les otages permettrait un cessez-le-feu immédiat et prolongé à Gaza", poursuit le texte.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent menée depuis Gaza contre Israël par des commandos du Hamas, qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent captives à Gaza, dont 34 sont mortes selon des responsables israéliens.

En représailles, Israël a promis de détruire le Hamas et lancé une opération militaire à Gaza ayant fait jusqu'à présent 34.305 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste.

« C'est allé trop loin »

Dans la nuit de jeudi à vendredi des témoins ont fait état de bombardements à Gaza, notamment dans le secteur de Rafah où des rescapés ont tenté jeudi de récupérer des objets dans les décombres après des frappes.

"Assez de destruction, assez de guerre. Assez de sang versé d'enfants, de femmes, de personnes âgées et de civils non armés (...) c'est allé trop loin (...) Laissez les gens vivre", a lancé l'un d'eux, Samir Daban, au milieu des gravats.

Alors que les 2,4 millions d'habitants du territoire assiégé sont confrontés à un désastre humanitaire, les Etats-Unis ont commencé à construire un port temporaire et une jetée face au littoral de Gaza, qui permettra à des navires militaires ou civils de déposer leurs cargaisons d'aide.

Washington avait annoncé début mars la construction de ce port artificiel face aux difficultés d'acheminement de l'aide internationale par voie terrestre depuis l'Egypte, en raison des contrôles très stricts imposés par Israël.

Ces développement interviennent alors qu'aux Etats-Unis, un mouvement de protestation contre la guerre à Gaza se généralise.

De Los Angeles à Atlanta, d'Austin à Boston, le mouvement d'étudiants américains pro-palestiniens grossit d'heure en heure après être parti il y a plus d'une semaine de l'université Columbia à New York.


Soudan: Washington s'alarme d'une possible offensive «  imminente  » des paramilitaires au Darfour

Depuis un an, la guerre fait rage entre les forces armées soudanaises (FAS) du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), sous le commandement du général Mohamed Hamdane Daglo, plongeant le pays dans une grave crise humanitaire. (AFP).
Depuis un an, la guerre fait rage entre les forces armées soudanaises (FAS) du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), sous le commandement du général Mohamed Hamdane Daglo, plongeant le pays dans une grave crise humanitaire. (AFP).
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  • "Les Etats-Unis appellent toutes les forces armées du Soudan à immédiatement cesser leurs attaques sur el-Facher", a déclaré le porte-parole du département d'Etat Matthew Miller dans un communiqué
  • "Nous sommes alarmés par des éléments faisant état d'une offensive imminente des Forces de soutien rapide (FSR) et de ses milices affiliées", a-t-il ajouté

WASHINGTON: La diplomatie américaine a alerté mercredi d'une possible offensive "imminente" de paramilitaires au Soudan sur la ville d'el-Facher, au Darfour, un carrefour pour l'aide humanitaire dans ce pays ravagé par plus d'un an de guerre et au bord de la famine.

"Les Etats-Unis appellent toutes les forces armées du Soudan à immédiatement cesser leurs attaques sur el-Facher", a déclaré le porte-parole du département d'Etat Matthew Miller dans un communiqué.

"Nous sommes alarmés par des éléments faisant état d'une offensive imminente des Forces de soutien rapide (FSR) et de ses milices affiliées", a-t-il ajouté.

Depuis un an, la guerre fait rage entre les forces armées soudanaises (FAS) du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), sous le commandement du général Mohamed Hamdane Daglo, plongeant le pays dans une grave crise humanitaire.

El-Facher fait office de hub humanitaire pour le Darfour, région où vivent environ un quart des 48 millions d'habitants du Soudan. Accueillant de nombreux réfugiés, la ville avait jusque là été relativement épargnée par les combats.

Mais depuis mi-avril, des bombardements et des affrontements ont été rapportés dans les villages environnants.

"Les Etats-Unis sont extrêmement troublés par les informations crédibles selon lesquelles les FSR et ses milices affiliées ont rasé de nombreux villages à l'ouest d'el-Facher", a relevé Matthew Miller, ajoutant qu'une offensive sur la ville "mettrait les habitants dans une situation de danger extrême".

El-Facher est la seule capitale des cinq Etats du Darfour que les FSR ne contrôlent pas.

Vendredi, l'ONU avait déjà alerté sur ce "nouveau front" du conflit. Il pourrait "entraîner un conflit intercommunautaire sanglant à travers le Darfour" et freiner encore plus la distribution de l'aide humanitaire dans une région "déjà au bord de la famine", selon la sous-secrétaire générale de l'ONU pour les Affaires politiques Rosemary DiCarlo.

La région a déjà été ravagée il y a plus de 20 ans par la politique de la terre brûlée menée par les Janjawids --les miliciens arabes depuis enrôlés dans les FSR-- sous le président de l'époque Omar el-Béchir.

Le nouveau conflit au Soudan, qui a débuté le 15 avril 2023 a déjà fait des milliers de morts et provoqué le déplacement de plus de 8,5 millions de personnes, selon l'ONU.


Un responsable du Hamas affirme qu'Israël n'atteindra pas ses objectifs avec une offensive à Rafah

La communauté internationale redoute un carnage à Rafah où s'entassent selon l'ONU 1,5 million de personnes, dont plus d'un million déplacées par les combats dans la bande de Gaza. (AFP).
La communauté internationale redoute un carnage à Rafah où s'entassent selon l'ONU 1,5 million de personnes, dont plus d'un million déplacées par les combats dans la bande de Gaza. (AFP).
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  • Le Hamas a averti "l'Egypte, le Qatar" ainsi que "d'autres pays arabes et internationaux" du "danger que représente une invasion de Rafah" et du fait qu'"Israël s'apprête à commettre davantage de massacres"
  • Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu martèle qu'une offensive sur Rafah est indispensable pour anéantir le Hamas, l'un des objectifs affichés de la guerre qu'Israël mène à Gaza

TERRITOIRES PALESTINIENS: Un membre du bureau politique du mouvement islamiste palestinien Hamas, Ghazi Hamad, a déclaré jeudi à l'AFP qu'un assaut militaire israélien sur Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, ne permettrait pas à Israël d'obtenir "ce qu'il veut".

"Même si (Israël) entre dans Rafah et l'envahit, il ne remplira pas (...) ses deux principaux objectifs, que ce soit éliminer le Hamas ou récupérer" les otages enlevés par les combattants palestiniens en Israël le 7 octobre, a déclaré Ghazi Hamad, contacté depuis Gaza au Qatar, Etat faisant partie d'un groupe de pays assurant une médiation entre le mouvement palestinien et le gouvernement israélien.

Le Hamas a averti "l'Egypte, le Qatar" ainsi que "d'autres pays arabes et internationaux" du "danger que représente une invasion de Rafah" et du fait qu'"Israël s'apprête à commettre davantage de massacres", a souligné M. Hamad.

Après plus de six mois de frappes et de combats acharnés au sol, qui ont laissé l'essentiel de la bande de Gaza --2,4 millions d'habitants-- en ruines, Israël estime que le Hamas dispose de quatre bataillons regroupés à Rafah, dans l'extrême sud du territoire, à la frontière avec l'Egypte.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu martèle qu'une offensive sur Rafah est indispensable pour anéantir le Hamas, l'un des objectifs affichés de la guerre qu'Israël mène à Gaza.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent menée depuis Gaza contre Israël par des commandos du Hamas, qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Un million de déplacés 

Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent captives à Gaza, dont 34 sont mortes selon des responsables israéliens.

En représailles, Israël a promis de détruire le mouvement islamiste, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et classé organisation terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne notamment.

Sa vaste opération militaire dans la bande de Gaza a fait jusqu'à présent 34.305 morts, majoritairement des civils, selon le Hamas.

Jeudi encore, le cabinet de guerre israélien s'est réuni pour préparer cette offensive, malgré une large opposition internationale, y compris de la part des Etats-Unis, l'allié historique d'Israël.

La communauté internationale redoute un carnage à Rafah où s'entassent selon l'ONU 1,5 million de personnes, dont plus d'un million déplacées par les combats dans la bande de Gaza.

« Après-guerre »

"Les négociations sont au point mort" et c'est "l'obstination d'Israël" qui "fait tourner les négociations en rond ces derniers mois", affirme Ghazi Hamad.

"M. Netanyahu et ses ministres disent que la guerre doit continuer, que le Hamas doit être détruit et que Rafah doit être prise. Clairement ils n'ont pas l'intention de négocier", fait-il valoir.

Le Hamas de son côté "a clairement et explicitement présenté sa position aux médiateurs", a poursuivi M. Hamad.

"Nos demandes fondamentales invariablement exprimées sont une déclaration claire et explicite de cessez-le-feu, un retrait complet" des forces israéliennes de la bande de Gaza et "le retour des déplacés", a-t-il dit.

Les plus récentes propositions de la partie israélienne ne répondaient pas à ces "demandes fondamentales", a-t-il affirmé.

M. Hamad accuse M. Netanyahu de "tergiverser" pour "tromper le public israélien" et "leurrer la communauté internationale en disant qu'il y a des négociations et en déformant la vérité en affirmant que le Hamas constitue l'obstacle dans ces négociations".

Quelques heures plus tôt, un porte-parole du gouvernement israélien, David Mencer, avait affirmé que le Hamas se sentait "encouragé" par "certains acteurs régionaux" et "c'est pourquoi il s'éloigne" des négociations.

Ghazi Hamad a aussi affirmé à l'AFP que le Hamas travaillait déjà "jour et nuit" à "l'après-guerre".

"Nous avons de nombreux contacts avec des pays, des institutions et des organisations humanitaires", a-t-il assuré, "nous travaillons à la phase d'après-guerre pour faire en sorte qu'un effort considérable soit déployé pour reconstruire la bande de Gaza".