Échanges de diatribes entre la Turquie et les États-Unis qu’elle accuse de complot de coup d'État

Suleyman Soylu, ministre de l’Intérieur de la Turquie, a accusé les États-Unis d’avoir orchestré la tentative de coup d’état manqué (AFP / Fichier)
Suleyman Soylu, ministre de l’Intérieur de la Turquie, a accusé les États-Unis d’avoir orchestré la tentative de coup d’état manqué (AFP / Fichier)
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Publié le Samedi 06 février 2021

Échanges de diatribes entre la Turquie et les États-Unis qu’elle accuse de complot de coup d'État

  • Les adeptes de Washington affirment que la Turquie a lancé une «répression disproportionnée» contre les étudiants
  • Ankara a initié plusieurs ouvertures diplomatiques avec des rivaux régionaux, dont la Grèce, la France et Israël, et mis fin aux agressions en Méditerranée

ANKARA: La Turquie a réitéré ses diatribes contre les États-Unis après qu’un haut ministre turc a accusé Washington d’être derrière le coup d’État manqué de 2016. 

Suleyman Soylu, ministre de l'Intérieur de la Turquie, a accusé les États-Unis d'avoir orchestré la tentative de coup d’état manquée et d'avoir accueilli le prédicateur Fethullah Gulen, accusé de contrôler le soulèvement grâce à un réseau secret caché au sein de l'État turc. 

Washington a en outre attisé le feu affirmant que la Turquie avait lancé une « répression disproportionnée » contre les manifestations étudiantes nationales. 

Les accusations interviennent alors que la Turquie cherche à améliorer ses liens avec les États-Unis qui avaient souffert  des sanctions imposées l’année dernière après  la vente du système de défense aérienne russe S-400. 

Ankara a initié plusieurs ouvertures diplomatiques avec des rivaux régionaux, dont la Grèce, la France et Israël, et mis fin aux agressions en Méditerranée en signe de bonne volonté envers l'administration Biden. 

Max Hoffman, un analyste turc du Center for American Progress basé à Washington, déclare que l'accusation de Soylu pourrait être liée à une lutte de pouvoir intérieure en cours en Turquie. 

«Je me demande si Soylu n’est pas en train de tenter activement de saper Erdogan. La politique officielle est clairement de remettre les pendules à l’heure. L'économie est en ruines. Et Soylu est l'héritier conservateur présumé », dit-il. 

Le département d'État américain a condamné l'accusation comme étant « non fondée et irresponsable ». 

« Les États-Unis n'ont pas participé à la tentative de coup d'État de 2016 en Turquie et l'ont rapidement condamnée. Les récentes affirmations du contraire de hauts responsables turcs sont totalement erronées », précise- t-il. 

En rejetant les des demandes turques d’extradition de Gulen , Washington avait  par le passé provoqué la colère d’Ankara. 

Les experts déclarent que l'administration Biden sera plus dure à l'égard de la Turquie en ce qui concerne son bilan en matière de droits de l'homme et de démocratisation, contrairement à l'approche non-interventionniste des administrations précédentes. 

Reste à voir comment l’équipe de Biden fera pression pour un bilan démocratique turc plus positif, compte tenu de son statut d’allié de l’OTAN. 

Marc Pierini, universitaire et ancien envoyé de l'UE en Turquie déclare à Arab News que "contrairement aux relations Turquie-UE, les relations d'Ankara avec Washington ne comportent pas d'éléments concrets tels qu'un soutien financier aux réfugiés ou une politique  douanière  commune comme pierres angulaires pour leurs relations". 

Ankara «ne peut pas tenter d’occulter les questions d'état de droit dans son dialogue avec Washington ». 

La Turquie a condamné « l’ingérence étrangère » dans les manifestations étudiantes en cours dans tout le pays, avec une déclaration du ministère des Affaires étrangères aux termes sévères faisant état d’ « une implication américaine » dans les manifestations. 

« Nous avertissons certains cercles à l'étranger de ne pas inciter des groupes à recourir à des moyens illégaux et encourager des actions illégales », indique le communiqué. 

Les attaques de la police contre des manifestants en Turquie ont alarmé Washington. Environ 600 personnes ont été arrêtées, alors que les manifestations se propagent dans les grandes villes et que le gouvernement qualifie les manifestants de « terroristes ». 

Vendredi, un groupe de 3317 universitaires du monde entier a publié une déclaration commune critiquant la Turquie et appelant à la démission du nouveau recteur de l’université de Bogazici, Melih Bulu, loyaliste politique qui a été nommé par le président turc Recep Tayyip Erdogan. 

Le militant américain Noam Chomsky a qualifié les manifestations étudiantes de « courageuses et honorables ». 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Trump à Abou Dhabi après Riyad et Doha

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  • Adepte d'une diplomatie transactionnelle, le président américain estime que l'amitié des Etats-Unis ne va pas sans contreparties sonnantes et trébuchantes
  • Et s'il a créé la surprise mercredi en annonçant une levée des sanctions pesant sur la Syrie, et même accepté de rencontrer le président islamiste Ahmad al-Chareh, c'est en bonne partie dû à l'insistance du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane

DOHA: Déjà fêté en Arabie saoudite et au Qatar, Donald Trump conclut jeudi aux Emirats arabes unis, une tournée dans le Golfe ponctuée de spectaculaires annonces économiques et d'un coup d'éclat sur la Syrie.

Il n'est toutefois pas exclu que l'impulsif président américain change ses projets.

Il a évoqué mercredi la "possibilité" d'un déplacement en Turquie jeudi si son homologue russe Vladimir Poutine s'y rendait afin de parler de l'issue de la guerre en Ukraine, comme le réclame le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

S'il ne va pas à Istanbul, Abou Dhabi lui offrira à son tour un accueil plein de pompe, ce à quoi le président américain s'est montré très sensible depuis son arrivée à Ryad mardi.

Cette tournée de trois pays du Golfe est le premier déplacement international important de Donald Trump, après son passage à Rome pour les funérailles du pape.

Milliards 

Comme pendant son premier mandat, il a boudé les alliés occidentaux traditionnels au profit de ces monarchies pétrolières et gazières, richissimes et de plus en plus influentes sur la scène diplomatique internationale.

Mais alors qu'en 2017 il avait profité de son passage dans la région pour aller en Israël, il ne fera pas le voyage cette fois, ce qui, selon les analystes, confirme un froid avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Donald Trump ne devrait pas repartir des Emirats arabes unis sans avoir glané des promesses d'investissements et de commandes aux montants aussi faramineux que difficilement vérifiables sur le long terme.

L'Arabie saoudite a par exemple promis 600 milliards de dollars d'investissements, tandis que la compagnie Qatar Airways a passé une gigantesque commande à l'avionneur américain Boeing pour 200 milliards de dollars.

Adepte d'une diplomatie transactionnelle, le président américain estime que l'amitié des Etats-Unis ne va pas sans contreparties sonnantes et trébuchantes.

Et s'il a créé la surprise mercredi en annonçant une levée des sanctions pesant sur la Syrie, et même accepté de rencontrer le président islamiste Ahmad al-Chareh, c'est en bonne partie dû à l'insistance du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Président syrien "séduisant" 

Le dirigeant de fait du royaume saoudien a su répondre aux attentes de faste monarchique et de "deals" spectaculaires du président républicain pour provoquer cette entrevue, la première du genre en 25 ans.

Donald Trump en a retiré une excellente impression du chef d'Etat syrien, qui a par le passé figuré sur une liste de jihadistes recherchés par les Etats-Unis, et qu'il a décrit comme un homme "jeune et séduisant".

L'ancien promoteur immobilier a aussi très clairement confirmé la rupture avec la stratégie diplomatique de l'ancien président démocrate Joe Biden, faite en partie d'appels au respect des droits humains et à la démocratie.

Ces notions n'ont pas été mises en avant dans le Golfe par le président américain, qui s'est bien gardé, contrairement à son prédécesseur, de commenter l'assassinat en 2018 du journaliste Jamal Khashoggi dans le consulat saoudien en Turquie

Dans un discours remarqué à Ryad, Donald Trump, dont la famille a de très importants intérêts financiers privés dans le Golfe, a au contraire rejeté toute ingérence dans les affaires intérieures des pays.

Ne pas "sonder les âmes" 

"Trop de présidents américains ont été affectés par la notion selon laquelle c'est notre travail de sonder les âmes de dirigeants étrangers et d'utiliser l'action américaine pour faire justice", a-t-il déclaré.

"C'est le travail de Dieu de rendre la justice, le mien est de défendre l'Amérique", a encore dit l'ancien promoteur immobilier.

L'extrait vidéo du discours, qui étrille la doctrine interventionniste chère à des républicains de la vieille école, a été partagé sur X par le vice-président JD Vance.

Ce dernier, qui soutient ouvertement des partis d'extrême-droite en Europe, a applaudi "la meilleure explication d'une politique étrangère intelligente et réaliste que j'aie jamais entendue de la part d'un président américain".


L'armée israélienne dit avoir «éliminé» un membre du Hezbollah au Liban

Des personnes circulent dans une rue devant des portraits du chef du Hezbollah libanais Hassan Nasrallah et des bâtiments endommagés par les frappes israéliennes lors de la récente guerre. (File/AFP)
Des personnes circulent dans une rue devant des portraits du chef du Hezbollah libanais Hassan Nasrallah et des bâtiments endommagés par les frappes israéliennes lors de la récente guerre. (File/AFP)
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  • L'armée israélienne a annoncé mercredi avoir "éliminé" un membre du mouvement pro-iranien Hezbollah dans le sud du Liban
  • En dépit d'un cessez-le-feu conclu il y a plus de cinq mois après une guerre ouverte entre Israël et le Hezbollah, Israël continue de mener régulièrement des frappes au Liban

Jérusalem, Non défini: L'armée israélienne a annoncé mercredi avoir "éliminé" un membre du mouvement pro-iranien Hezbollah dans le sud du Liban, où les autorités ont fait état d'un mort dans une frappe de drone sur une voiture.

En dépit d'un cessez-le-feu conclu il y a plus de cinq mois après une guerre ouverte entre Israël et le Hezbollah, Israël continue de mener régulièrement des frappes au Liban, surtout dans le sud du pays, frontalier du nord du territoire israélien.

Dans un communiqué, l'armée israélienne dit avoir "mené une frappe dans la région de Qaaqaiyat al-Jisr, dans le sud du Liban, éliminant un commandant" local.

A Beyrouth, le ministère de la Santé a fait état d'un mort dans une frappe de drone israélienne visant une voiture dans ce secteur.

Après le début de la guerre dans la bande de Gaza, le Hezbollah, groupe islamiste armé soutenu par l'Iran, a ouvert un front contre Israël en tirant des roquettes à partir du sud du Liban, affirmant agir en soutien au Hamas, son allié.

Les hostilités ont dégénéré en guerre ouverte, Israël menant entre septembre et novembre 2024 de violents bombardements sur le Liban, principalement contre les bastions du Hezbollah, sorti très affaibli du conflit.

Un cessez-le-feu est entré en vigueur le 27 novembre mais l'armée israélienne continue de bombarder le Liban, disant viser combattants et infrastructures du Hezbollah, et a maintenu des positions dans le sud du territoire libanais.


Faisal ben Farhane: La visite de Trump «reflète la profondeur du partenariat stratégique entre les États-Unis et le Royaume»

Les investissements saoudiens aux États-Unis ont été guidés par le principe de la priorité accordée aux intérêts nationaux du Royaume, a-t-il ajouté. (Photo capture d'écran)
Les investissements saoudiens aux États-Unis ont été guidés par le principe de la priorité accordée aux intérêts nationaux du Royaume, a-t-il ajouté. (Photo capture d'écran)
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  • Les investissements saoudiens aux États-Unis sont guidés par le principe de la priorité accordée aux intérêts nationaux du Royaume
  • "Notre partenariat de défense et de sécurité avec les États-Unis, qui dure depuis des décennies, continuera à se renforcer", a-t-il déclaré.

RIYAD: La visite du président américain Donald Trump en Arabie saoudite a reflété la profondeur du partenariat stratégique entre les États-Unis et le Royaume, a déclaré le ministre des Affaires étrangères Faisal bin Farhan lors d'une conférence de presse à Riyad mercredi.

"Notre partenariat de défense et de sécurité avec les États-Unis, qui dure depuis des décennies, continuera à se renforcer", a-t-il déclaré.

Les investissements saoudiens aux États-Unis sont guidés par le principe de la priorité accordée aux intérêts nationaux du Royaume, a-t-il ajouté.

Le ministre a déclaré que l'Arabie saoudite partageait un partenariat économique solide et stratégique avec les États-Unis et qu'elle visait à accroître les échanges commerciaux entre les deux pays.

M. Bin Farhan a déclaré que le Royaume était d'accord avec les États-Unis sur la nécessité d'arrêter la guerre à Gaza et a salué la décision du président Trump de lever les sanctions contre la Syrie.

"La réunion entre le prince héritier, Trump, Sharaa et Erdoğan a souligné l'importance de soutenir la Syrie", a-t-il ajouté.

"Le Royaume sera un pionnier dans le soutien à l'économie syrienne".