Échec à l’ONU d’une déclaration commune pour relancer le processus politique en Syrie  

Pour Geir Pedersen, outre l'absence d'unité internationale, il y a chez les Syriens "un manque de confiance, un manque de volonté de compromis et un manque d'espace politique pour faire des compromis également". (AFP).
Pour Geir Pedersen, outre l'absence d'unité internationale, il y a chez les Syriens "un manque de confiance, un manque de volonté de compromis et un manque d'espace politique pour faire des compromis également". (AFP).
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Publié le Mercredi 10 février 2021

Échec à l’ONU d’une déclaration commune pour relancer le processus politique en Syrie  

  • Un diplomate n'a pas hésité à accuser le régime syrien de « manœuvres dilatoires » qui ont abouti à l'impasse
  • Lors de la visioconférence du Conseil de sécurité, les Occidentaux ont été unanimes à dénoncer «l'échec» du processus politique pour une fin du conflit

NEW YORK : Le Conseil de sécurité de l'ONU a échoué mardi à s'entendre sur une déclaration commune sur la Syrie, malgré un appel de l'émissaire de l'Organisation pour ce pays à l'unité internationale pour relancer un processus politique dans l'impasse.

Le texte proposé par le Royaume-Uni visait à réaffirmer l'importance de la résolution 2254, adoptée en 2015 et qui prévoyait une révision de la Constitution syrienne de 2012 et l'organisation d'élections sous la supervision de l'ONU.

A partir de cette résolution, un Comité constitutionnel syrien, incluant des représentants du régime, de l'opposition et de la société civile, a été laborieusement mis sur pied en 2019 à Genève mais sa dernière réunion fin janvier, la cinquième du genre, s'est achevée sur un échec, reconnu mardi par l'émissaire de l'ONU Geir Pedersen.

Cela a été "une opportunité manquée et une déception", a-t-il dit.

Lors d'une visioconférence à huis clos avec le Conseil de sécurité, le responsable onusien a souligné que "les divisions actuelles au sein de la communauté internationale devaient être comblées".

Il y a la "nécessité d'une diplomatie internationale constructive sur la Syrie. Sans cela, il est peu probable qu'une voie constitutionnelle avance réellement", a ajouté l'émissaire lors d'un bref entretien avec des journalistes après la réunion du Conseil.

Depuis le début du conflit en 2011, qui a fait plus de 380.000 morts, le dossier a très souvent opposé les Occidentaux à la Russie, premier soutien du régime syrien, et à la Chine, deux pays qui ont eu souvent recours à leur droit de veto pour s'opposer aux Européens et aux Etats-Unis.

Selon des diplomates, l'impossibilité de parvenir à un consensus sur une déclaration commune est venue à nouveau mardi de la Russie, aux exigences impossibles à accepter par les Occidentaux.

"Les Russes demandent trop", a indiqué sous couvert d'anonymat un diplomate, tandis qu'un autre, demandant également à ne pas être identifié reprochait à Moscou de vouloir gommer toute idée d'échec pour le Comité constitutionnel.

Club de débat

De facto, tout au long de la journée, le texte dont l'AFP a obtenu plusieurs versions successives a été largement édulcoré. Les regrets initiaux sur l'absence d'un début de rédaction d'une réforme constitutionnelle ont été supprimés, tout comme une référence à une perspective d'organiser des élections libres et transparentes en Syrie.

Il n'a pas été possible d'obtenir un commentaire de la mission diplomatique russe auprès de l'ONU sur les raisons de l'échec du Conseil à s'entendre sur un langage commun.

Selon des diplomates, lors de la visioconférence du Conseil de sécurité, les Occidentaux ont été unanimes à attribuer au régime syrien, "aux manoeuvres dilatoires", la responsabilité de "l'échec" du processus politique pour une fin de conflit.

Devant le Conseil de sécurité, Sven Jürgenson, ambassadeur d'Estonie, pays membre non permanent, a rappelé que le Comité constitutionnel ne visait pas à être un "club de débat mais à donner un moyen au peuple syrien de sortir d'un conflit de dix ans".

"Il est clair pour tout le monde que le gouvernement syrien a profité des réunions pour retarder toute véritable réconciliation, détournant l'attention d'autres problèmes en suspens", a-t-il dénoncé, selon son discours diffusé après la réunion par ses services.

Dans une déclaration conjointe, les trois membres de l'Union européenne représentés au Conseil de sécurité, l'Estonie, la France et l'Irlande, ont affirmé "regretter que le régime syrien continue de s'opposer au processus" de règlement politique du conflit.

"Nous ne reconnaîtrons pas des élections qui ne sont pas en conformité avec les conditions établies par la résolution 2254", ont-ils ajouté.

Pour Geir Pedersen, outre l'absence d'unité internationale, il y a chez les Syriens "un manque de confiance, un manque de volonté de compromis et un manque d'espace politique pour faire des compromis également". Il a indiqué espérer pouvoir retourner bientôt à Damas et précisé qu'il participerait à la prochaine réunion du groupe d'Astana prévue les 15 et 16 février à Sotchi en Russie.

La dernière déclaration sur la Syrie adoptée par le Conseil de sécurité remonte à octobre 2019. Elle avait alors eu pour objectif de saluer la création d'un Comité constitutionnel "crédible, équilibré et inclusif".


Netanyahu annonce l'envoi d'un représentant israélien pour une rencontre avec des responsables au Liban

Cette photographie prise lors d'une visite de presse organisée par l'armée libanaise montre un soldat libanais debout près d'un mur à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban, le 28 novembre 2025. (AFP)
Cette photographie prise lors d'une visite de presse organisée par l'armée libanaise montre un soldat libanais debout près d'un mur à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban, le 28 novembre 2025. (AFP)
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  • M. Netanyahu "a chargé le directeur par intérim du Conseil de sécurité nationale d'envoyer un représentant de sa part à une réunion avec des responsables gouvernementaux et économiques au Liban"
  • Cette annonce survient après le passage d'une émissaire américaine, Morgan Ortagus, à Jérusalem, sur fond de tensions croissantes entre Israël et le Liban

JERUSALEM: Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mercredi l'envoi d'un représentant pour une rencontre avec des responsables politiques et économiques au Liban, "première tentative pour établir une base de relations et de coopération économique entre Israël et le Liban".

M. Netanyahu "a chargé le directeur par intérim du Conseil de sécurité nationale d'envoyer un représentant de sa part à une réunion avec des responsables gouvernementaux et économiques au Liban", indique un communiqué de son bureau.

Le texte ne précise pas quand cette rencontre doit avoir lieu.

Cette annonce survient après le passage d'une émissaire américaine, Morgan Ortagus, à Jérusalem, sur fond de tensions croissantes entre Israël et le Liban.

Accusant le mouvement islamiste Hezbollah de violer le cessez-le-feu entré en vigueur il y a un an en se réarmant dans le sud du pays, l'armé israélienne a multiplié les frappes sur le sud du Liban la semaine dernière sur ce qu'elle a présenté comme des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Depuis plusieurs semaines, la presse israélienne multiplie les articles sur la possible imminence d'une nouvelle campagne militaire israélienne contre le Hezbollah au Liban.


Le pape appelle à «de nouvelles approches» au Moyen-Orient pour rejeter la violence

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  • Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage"
  • "Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix"

BEYROUTH: Le pape Léon XIV a appelé mardi, devant 150.000 personnes réunies pour une messe en plein air à Beyrouth, à "de nouvelles approches au Moyen-Orient" meurtri par les conflits, pour y faire prévaloir la paix.

Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage".

"Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix", a déclaré le souverain pontife.

Affirmant "prier spécialement pour le Liban bien-aimé", il a demandé "à la communauté internationale de ne ménager aucun effort pour promouvoir des processus de dialogue et de réconciliation" dans cette région meurtrie par les conflits.

La visite du chef de l'église catholique a donné un souffle d'espoir au Liban, qui a connu une guerre meurtrière avec Israël il y a un an et craint une nouvelle escalade malgré le cessez-le-feu.

Léon XIV a également appelé les dirigeants "dans tous les pays marqués par la guerre et la violence" à "écouter le cri" des "peuples qui appellent à la paix".

S'adressant aux "chrétiens du Levant, citoyens à part entière de ces terres", le pape leur a dit: "ayez du courage. Toute l'Église vous regarde avec affection et admiration".


Une plainte en France pour «entrave» au travail des reporters à Gaza

Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
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  • "Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination"
  • "Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse"

PARIS: Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza.

Ces faits pourraient selon ces organisations constituer des "crimes de guerre", pour lesquels le parquet national antiterroriste à Paris peut enquêter, dès lors qu'ils sont commis contre des Français.

"Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination dans un contexte international où les atteintes à la liberté de la presse sont devenues structurelles", soulignent les plaignants dans la centaine de pages de leur requête, rendue publique par franceinfo.

"Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse", a commenté Me Louise El Yafi, l'une des avocates à l'origine de la plainte.

Elle "souligne aussi l'insécurité croissante visant les journalistes français en Cisjordanie (...). Ces atteintes, en violation du droit international humanitaire, relèvent également de crimes de guerre", ajoute sa consoeur Me Inès Davau.

Un journaliste français travaillant pour plusieurs rédactions francophones, qui a tenu à garder l'anonymat, porte lui aussi plainte: il dénonce son "agression" par des colons lors d'un reportage dans les territoires occupés.

Reporters sans frontières (RSF) a décompté plus de 210 journalistes tués depuis le début des opérations militaires israéliennes à Gaza, en représailles à l'attaque du 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Depuis le début de la guerre, les autorités israéliennes ont empêché les journalistes de médias étrangers d'entrer de manière indépendante à Gaza, autorisant seulement au cas par cas une poignée de reporters à accompagner leurs troupes.

En France, plusieurs plaintes ont été déposées en lien avec le conflit. Elles visent notamment des soldats franco-israéliens d'une unité d'élite de l'armée israélienne, l'entreprise française d'armement Eurolinks ou encore des Franco-Israéliens qui se rendraient complices du crime de colonisation.

Suite à une plainte, le parquet national antiterroriste a aussi demandé à un juge d'instruction parisien d'enquêter pour "crimes de guerre" dans le dossier de la mort de deux enfants français dans un bombardement israélien à Gaza en octobre 2023.