Le chef de l'ONU avertit d'un risque de «millions» de morts lors de famines

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, lors d'une conférence de presse conjointe avec le ministre allemand des Affaires étrangères après une réunion à Berlin, le 17 décembre 2020 (Photo, AFP)
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, lors d'une conférence de presse conjointe avec le ministre allemand des Affaires étrangères après une réunion à Berlin, le 17 décembre 2020 (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 12 mars 2021

Le chef de l'ONU avertit d'un risque de «millions» de morts lors de famines

  • Antonio Guterres a annoncé la création au siège new-yorkais de l'ONU d'une «équipe spéciale de haut niveau sur la prévention de la famine»
  • «Dans le monde d'aujourd'hui, la famine est causée par l'homme. Et si cela est causé par nous, cela signifie que nous devons aussi l'arrêter», a estimé l'ambassadrice américaine à l'ONU, Linda Thomas-Greenfield

NATIONS UNIES: Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a averti jeudi le Conseil de sécurité qu'à défaut d'une « action immédiate », « des millions de personnes » risquent « la famine et la mort » dans le monde.  

« Les chocs climatiques et la pandémie de Covid-19 alimentent » le risque encouru, a-t-il souligné lors d'une réunion du Conseil sur le lien entre la faim et la sécurité, organisée par les Etats-Unis, en précisant que dans une trentaine de pays, »plus de 30 millions de gens sont proches d'être déclarés en situation de famine ».  

« Mon message est simple: si vous ne nourrissez pas les gens, vous alimentez les conflits », a-t-il martelé, en dénonçant la responsabilité de l'homme dans la création des famines.  

« La famine et la faim ne sont plus une question de manque de nourriture. Elles sont maintenant en grande partie fabriquées par l'homme -- et j'utilise le terme délibérément », a-t-il précisé. Selon lui, «au 21e siècle, il n'y a pas lieu d'avoir des famines ».  

Après avoir raconté avoir assisté à la mort de faim d'une fillette de deux ans en Ouganda en 1993, l'ambassadrice américaine à l'ONU, Linda Thomas-Greenfield, a aussi souligné qu'il n'y avait « aucune raison de ne pas fournir de ressources aux personnes qui en ont un besoin urgent ».  

« Dans le monde d'aujourd'hui, la famine est causée par l'homme. Et si cela est causé par nous, cela signifie que nous devons aussi l'arrêter », a-t-elle estimé.  

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L'ambassadrice américaine à l'ONU, Linda Thomas-Greenfield après sa rencontre avec le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, aux Nations Unies le 25 février 2021 à New York (Photo, AFP)

La directrice de l'ONG Oxfam International, Gabriela Bucher, a été dans le même sens: « Les gens de ces régions ne meurent pas de faim. Ils sont affamés » jusqu'à la mort. « Peu importe pour les affamés qu'ils soient affamés par une action délibérée ou par la négligence impitoyable des parties au conflit ou de la communauté internationale », a-t-elle fait valoir.   

Au Yémen « plus de 16 millions de personnes sont aujourd'hui confrontées à des niveaux de faim critiques, ou pire », a affirmé de son côté le patron du Programme alimentaire mondial (PAM), David Beasley, en précisant qu'il revenait d'un séjour dans ce pays en guerre depuis des années.  

« Nous nous dirigeons droit vers la plus grande famine de l'histoire moderne », a-t-il lancé, affirmant qu'« environ 400 000 enfants pourraient mourir (de faim, ndlr) au Yémen cette année sans intervention urgente, soit un toutes les 75 secondes ». « Allons-nous vraiment leur tourner le dos et regarder ailleurs? », a-t-il demandé au Conseil de sécurité.  

« Crimes de famine »  

Le chef de l'ONU a quant à lui rappelé qu'« à la fin de 2020, plus de 88 millions de personnes souffraient de faim aiguë en raison des conflits et de l'instabilité -- une augmentation de 20% en un an ».  

« Les projections pour 2021 indiquent une poursuite de cette tendance effrayante », a-t-il mis en garde, en indiquant qu'elles «montrent que les crises de la faim s'intensifient et se propagent dans le Sahel et la Corne de l'Afrique, et s'accélèrent au Soudan du Sud, au Yémen et en Afghanistan ».  

« Pour éviter une catastrophe à quelque 34 millions de femmes, d'hommes, de filles et de garçons », l'ONU et ses agences ont lancé un appel à «une mobilisation urgente » visant à fournir « 5,5 milliards de dollars de ressources supplémentaires », a aussi dit Antonio Guterres.  

Pour Gabriela Bucher, la responsabilité des Etats ne s'arrête pas à des dons d'argent. Elle a dénoncé « une communauté internationale dont les Etats les plus puissants provoquent trop souvent la famine avec un approvisionnement abondant en armes » dans divers pays.  

Citant des exemples concrets au Tigré (Ethiopie), au Yémen ou en Centrafrique, elle a demandé au Conseil de sécurité de l'ONU de notamment « s'engager clairement à agir », d'« assurer un accès humanitaire » partout et de faire porter une « responsabilité significative » à ceux qui commettent des « crimes de famine ».  

Pour Linda Thomas-Greenfield, « nous pouvons sauver des vies, si nous savons où aller et si nous y consacrons des fonds. Mais si nous ne disposons pas des données, nous ne pouvons pas fournir cette assistance vitale. »  

Selon elle, le Conseil de sécurité « a la capacité unique d'exiger et de sécuriser des rapports, des données et des actions en temps opportun ». Elle a demandé à cet égard au patron de l'ONU deux rapports par an à ce sujet, afin de mieux prévenir les famines dans le monde.  

Antonio Guterres a annoncé la création au siège new-yorkais de l'ONU d'une « équipe spéciale de haut niveau sur la prévention de la famine », à laquelle contribueront des représentants du Programme alimentaire mondial (PAM) et de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). 


L’ancien Premier ministre australien à Netanyahu : « Restez en dehors de notre politique »

L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
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  • Turnbull s’en prend au Premier ministre israélien dans une interview sur Channel 4
  • Les tentatives de Netanyahu de lier le massacre de Bondi à la politique sur la Palestine jugées « contre-productives »

​​​​​​LONDRES : L’ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull a demandé à Benjamin Netanyahu de « rester en dehors de notre politique » après que le dirigeant israélien a établi un lien entre la reconnaissance de la Palestine et la fusillade de masse survenue à Bondi Beach.

Quinze personnes ont été tuées lorsqu’un père et son fils ont ouvert le feu sur des participants célébrant la fête juive de Hanoukka dimanche soir.

Netanyahu a affirmé que la décision de l’Australie de reconnaître l’État palestinien plus tôt cette année avait « jeté de l’huile sur le feu de l’antisémitisme » dans les semaines précédant l’attaque.

Interrogé sur ces propos lors du journal de Channel 4 News au Royaume-Uni, Turnbull a déclaré : « Je dirais respectueusement à “Bibi” Netanyahu : s’il vous plaît, restez en dehors de notre politique.

« Tenir ce type de discours n’aide en rien… et ce n’est pas approprié. »

Turnbull a soutenu la décision du gouvernement de l’actuel Premier ministre australien Anthony Albanese de reconnaître l’État palestinien en août — aux côtés de nombreux autres pays occidentaux — alors que la pression internationale s’intensifiait face à la guerre à Gaza.

Dans un discours prononcé après l’attaque de Bondi, Netanyahu a déclaré : « Il y a quelques mois, j’ai écrit au Premier ministre australien pour lui dire que sa politique jetait de l’huile sur le feu de l’antisémitisme. »

Il a ajouté : « L’antisémitisme est un cancer qui se propage lorsque les dirigeants se taisent. »

Turnbull a rappelé que la grande majorité des pays du monde reconnaissaient la Palestine comme un État et soutenaient une solution à deux États au conflit.

Il a souligné que l’Australie était une société multiculturelle très prospère qui ne pouvait permettre l’importation de conflits étrangers.

« Nous devons veiller à ce que les guerres du Moyen-Orient ou d’ailleurs ne soient pas menées ici », a-t-il déclaré.
« Chercher à les relier, comme l’a fait Netanyahu, n’est pas utile et va exactement à l’encontre de ce que nous voulons accomplir. »

Albanese a également rejeté les propos de Netanyahu lorsqu’on lui a demandé s’il existait un lien entre sa politique sur la Palestine et l’attaque de Bondi.

« L’écrasante majorité du monde considère qu’une solution à deux États est la voie à suivre au Moyen-Orient », a-t-il déclaré aux médias.

« C’est un moment d’unité nationale où nous devons nous rassembler… Nous devons entourer les membres de la communauté juive qui traversent une période extraordinairement difficile. »

Albanese s’est rendu à l’hôpital pour rendre visite à l’homme salué comme un héros pour avoir désarmé l’un des assaillants.

Ahmed Al-Ahmed, commerçant arrivé en Australie depuis la Syrie en 2006, est en convalescence après avoir maîtrisé le tireur.

Albanese a déclaré mardi que les assaillants, Sajid Akram et son fils Naveed, étaient animés par l’idéologie de Daesh.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Attentat de Sydney: le Premier ministre australien rend visite au «héros» de la plage de Bondi

Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
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  • Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants
  • Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump

SYDNEY: Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies.

Dimanche soir, alors qu'une foule était rassemblée sur cette plage de Sydney pour la fête juive de Hanouka, un père et son fils ont ouvert le feu pendant une dizaine de minutes, tuant 15 personnes et en blessant 42 autres.

Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants. Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump.

"Il allait s'acheter un café et s’est retrouvé face à des gens qui se faisaient tirer dessus", raconte M. Albanese après une visite au chevet de M. Ahmed.

"Il a décidé d'agir, et son courage est une source d’inspiration pour tous les Australiens."

L'homme a été touché plusieurs fois à l'épaule après s'être battu avec l'un des assaillants. M. Albanese rapporte qu'il devra "subir une nouvelle intervention chirurgicale" mercredi.

"Au moment où nous avons été témoins d'actes maléfiques, il brille comme un exemple de la force de l'humanité", a salué le Premier ministre. "Nous sommes un pays courageux. Ahmed al Ahmed incarne ce que notre pays a de meilleur."

Alité, des tubes dans le nez, M. Ahmed a brièvement remercié en arabe les personnes le soutenant, dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux mardi matin.

"J'apprécie les efforts de chacun (...). Puisse Allah vous récompenser et vous accorder le bien être", a-t-il déclaré, selon une traduction (en anglais) fournie par la chaîne publique turque TRT World.

Ce père de deux enfants, originaire de Syrie, vit en Australie depuis plus de 10 ans, selon les médias locaux.

Sa mère a déclaré lundi au média australien ABC qu'elle n'avait cessé de "culpabiliser et de pleurer" lorsqu'elle a reçu l'appel lui annonçant que son fils avait été blessé par balle dans "un accident". "Nous prions pour que Dieu le sauve", dit-elle.

Une collecte de fonds en ligne a récolté plus de 1,9 million de dollars australiens (1,1 million d'euros) de dons pour couvrir les frais médicaux de M. Ahmed.


La CPI rejette un appel d'Israël contestant sa compétence

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
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  • Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas
  • Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a rejeté lundi une demande en appel d'Israël qui contestait sa compétence pour enquêter sur des crimes présumés dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre contre le Hamas.

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant.

Ils sont soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza. Famine, meurtre et persécution font partie des chefs d'accusation.

Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas.

Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties".

La Cour examine actuellement une autre contestation israélienne de sa compétence, en plus d'une demande de récusation du procureur Karim Khan.

Elle a dit non en juillet à une demande d'Israël de rejet des mandats d'arrêts, ainsi qu'à l'appel de cette décision en octobre.

Créée en 2002, la CPI poursuit des individus accusés des pires atrocités tels que les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et le génocide.

Israël n'adhère pas au traité de Rome ayant institué la CPI, ce qui ne les empêche pas d'introduire des contestations juridiques auprès de la Cour.

La Cour avait déjà statué en 2021 que sa compétence territoriale s'étendait à Gaza.

Les accusations de génocide commis par Israël envers les Palestiniens dans la bande de Gaza se sont multipliées depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023, après l'attaque du Hamas contre Israël ayant coûté la vie à 1.221 personnes côté israélien, principalement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Les représailles israéliennes à Gaza ont depuis fait plus de 70.000 morts, selon les chiffres du ministère de la Santé du territoire palestinien contrôlé par le Hamas, que l'ONU considère comme fiables.

Sous fortes pressions américaines, une trêve fragile est en vigueur depuis le 10 octobre.