Jérusalem-Est : Israël maintient sa position, la communauté internationale s'inquiète

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, affirme qu'Israël refuse catégoriquement de se soustraire aux pressions qui visent à lui interdire de poursuivre les constructions à Jérusalem. (Dossier/AFP)
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, affirme qu'Israël refuse catégoriquement de se soustraire aux pressions qui visent à lui interdire de poursuivre les constructions à Jérusalem. (Dossier/AFP)
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Publié le Lundi 10 mai 2021

Jérusalem-Est : Israël maintient sa position, la communauté internationale s'inquiète

  • Le pape François appelle, lui aussi, à mettre un terme à la violence dans la ville de Jérusalem
  • Seul membre arabe du Conseil de sécurité des Nations unies, la Tunisie a appelé, en concertation avec la Palestine, à une session qui se tiendrait ce lundi afin d’évoquer cette escalade inquiétante de la violence

LONDRES: Israël «refuse catégoriquement» de se soustraire aux pressions qui visent à lui interdire de poursuivre ses activités de construction à Jérusalem, a fait savoir dimanche le Premier ministre, Benjamin Netanyahou. Cette déclaration intervient après la condamnation généralisée, par la communauté internationale, de l'expulsion des Palestiniens des maisons de la ville, revendiquée par les colons juifs.

«Nous refusons catégoriquement de nous soustraire aux pressions qui visent à nous interdire de construire à Jérusalem. Je regrette de constater que cette pression s'est intensifiée récemment», déclare Netanyahou lors d'une allocution télévisée qui précédait les commémorations nationales du contrôle de Jérusalem-Est par Israël lors de la guerre de 1967.

«Je dis aussi à nos meilleurs amis: Jérusalem est la capitale d'Israël. Comme toute nation construit dans sa capitale et construit sa capitale, nous avons également le droit de construire à Jérusalem et de construire Jérusalem. Voilà ce que nous avons fait et ce que nous continuerons à faire», affirme M. Netanyahou.

Ces paroles sont prononcées alors que le ministère israélien de la Justice a annoncé que l’audience décisive de lundi, qui concerne la possible expulsion de familles palestiniennes à Jérusalem pour céder la place à des colons juifs, serait reportée.

«Compte tenu des circonstances et à la demande du procureur général, l'audience ordinaire prévue pour demain, 10 mai 2021 [...], est annulée», annonce la Cour dans un communiqué, ajoutant qu'une nouvelle audience aurait lieu dans un délai de trente jours.

En effet, ce report survient au terme de plusieurs jours d'affrontements entre manifestants palestiniens et forces de sécurité israéliennes, attisés en partie par le différend survenu dans le quartier de Sheikh Jarrah.

Dans le même temps, le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) a exhorté les autorités israéliennes à renoncer à la violence contre les enfants et à libérer tous les détenus. En effet, trente-sept enfants palestiniens ont été blessés et arrêtés à Jérusalem-Est au cours des deux derniers jours.

«Au cours de ces deux derniers jours, vingt-neuf enfants palestiniens ont été blessés à Jérusalem-Est, notamment dans la vieille ville et le quartier de Sheikh Jarrah, [et] huit autres ont été arrêtés.»

«Un enfant d'un an fait partie des blessés. Les hôpitaux ont accueilli des enfants blessés à la tête et à la colonne vertébrale», rapporte l’Unicef, qui affirme avoir reçu des informations selon lesquelles on aurait empêché les ambulances de se rendre sur place pour secourir et évacuer les blessés. L’organisme indique en outre qu’une clinique installée sur place aurait été attaquée et fouillée.

«Il convient de préserver tous les enfants de la violence et de les tenir à l'abri du danger à tout moment. Il faut garantir le droit des familles à accéder aux lieux de culte ainsi que le droit des personnes blessées à être secourues sans aucune restriction», indique l'Unicef dans un communiqué.

Pour sa part, le pape François a exprimé son inquiétude face aux événements que connaît Jérusalem. Il souligne que «la violence n’engendre que la violence», ajoutant: «Mettons fin à ces affrontements.»

«Je prie pour que [Jérusalem] soit un lieu de rencontre et non d'affrontements violents, un lieu de prière et de paix. J'invite chacun à rechercher des solutions communes afin que l'identité multi-religieuse et multiculturelle de la Ville Sainte soit respectée et que la fraternité prévale», déclare-t-il après la prière du Regina Cæli.

Dimanche, la Jordanie a elle aussi exhorté Israël à cesser ce qu'elle a qualifié d'attaques «barbares» contre les fidèles de la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem. Par ailleurs, elle a fait savoir qu'elle entendait accentuer la pression de la communauté internationale.

La Jordanie, gardienne des sites musulmans et chrétiens de Jérusalem, estime qu'Israël est tenu de respecter les fidèles ainsi que le droit international qui préserve les droits des Arabes.

Le roi Abdallah II a dénoncé ces violations. Il dit refuser les tentatives des autorités israéliennes qui visent à bouleverser la donne démographique à Jérusalem-Est, ainsi que toutes les mesures qui tentent de dénaturer le statut historique et juridique de la ville. En outre, le roi a exhorté Israël à se conformer au droit international ainsi qu’au droit humanitaire international.

Le roi Abdallah s'est entretenu par téléphone avec le président palestinien, Mahmoud Abbas, et il a assuré que la Jordanie continuerait à protéger les Lieux saints islamiques et chrétiens ainsi qu’à préserver leur identité arabe et islamique. Il a également lancé un appel à une coordination entre les pays arabes en faveur de la cessation des violations commises par Israël à Jérusalem-Est et dans la mosquée Al-Aqsa.

«Les violations commises par la police et les forces spéciales israéliennes, qu'il s'agisse de violations contre la mosquée ou d'attaques contre des fidèles, constituent un [comportement] barbare, inacceptable et qu’il faut dénoncer», affirme un communiqué du gouvernement.

Le ministre jordanien des Affaires étrangères, Ayman Safadi, précise que la Jordanie fera de son mieux pour défendre les droits des Palestiniens face aux revendications territoriales des colons juifs.

«En tant que force d'occupation, Israël se doit de garantir les droits des Palestiniens dans leurs foyers», explique M. Safadi dans des commentaires diffusés par les médias officiels.

Seul membre arabe du Conseil de sécurité des Nations unies, la Tunisie a appelé, en concertation avec la Palestine, à une session qui se tiendrait ce lundi afin d’évoquer cette escalade inquiétante de la violence et les pratiques israéliennes agressives dans les territoires palestiniens.

Par ailleurs, cette demande est appuyée par le Niger, la Norvège, l'Irlande, le Vietnam, Saint-Vincent-et-les-Grenadines ainsi que par la Chine, actuelle présidente du Conseil de sécurité.

La session en question abordera non seulement les agressions israéliennes contre les Palestiniens, mais aussi leur obstination à pratiquer des politiques expansionnistes, notamment en ce qui concerne les projets de colonisation, la démolition et la dépossession de maisons, le déplacement de familles palestiniennes, la saisie de terres ainsi que la dénaturation de l'identité historique et civilisationnelle de la ville de Jérusalem, fait savoir le ministère tunisien des Affaires étrangères.


«Ces pratiques constituent une violation flagrante du droit international, une menace pour la paix et la sécurité internationales, et elles sapent les efforts qui sont entrepris en faveur d’une paix juste et globale dans la région», ajoute le ministère.


Les ministres des Affaires étrangères des pays de la Ligue arabe ont annoncé qu’une réunion d'urgence se tiendrait mardi à la demande de la Palestine; cette demande est soutenue par plusieurs pays.

Dans un communiqué, le secrétaire général adjoint de la Ligue arabe, Hossam Zaki, précise que «la réunion portera sur les crimes et les agressions israéliennes qui visent la ville occupée de Jérusalem ainsi que les sanctuaires islamiques et chrétiens, en particulier la mosquée Al-Aqsa. Elle évoquera également les attaques brutales d'Israël et ses projets qui consistent à confisquer les maisons des familles palestiniennes dans le quartier de Sheikh Jarrah en vue de dépeupler la ville et de déplacer ses habitants».

Selon M. Zaki, il a été décidé que cette rencontre réunirait des ministres plutôt que des ambassadeurs, en raison de la «gravité des attaques israéliennes». En effet, «[ces dernières] relèvent de la politique systématique du régime sioniste, qui entend judaïser Jérusalem et altérer son actuel statut juridique et historique, ainsi que celui de ses lieux de culte».

De son côté, le Parlement arabe a annoncé la tenue d'une session d'urgence le 19 mai au Caire afin d’évoquer ces mêmes problèmes.

Le président du Parlement arabe, Adel ben Abdelrrahman al-Assoumi, souligne qu'Israël doit impérativement mettre un terme aux crimes qu'il commet contre le peuple palestinien et respecter tous ses droits, notamment celui qui consiste à créer un État palestinien indépendant, avec Jérusalem-Est pour capitale.

Pour sa part, l'Organisation de la coopération islamique (OCI) prévoit également de tenir une session d'urgence mardi.

En effet, des dizaines de Palestiniens ainsi que des policiers israéliens ont été blessés ces derniers jours lors des affrontements qui se sont déroulés à Jérusalem-Est, dans le quartier de Sheikh Jarrah, qui fait l'objet d'un conflit foncier de longue date et qui se situe à proximité de Lieux saints particulièrement sensibles.

Le conflit remonte à une époque antérieure à la création de l'État d'Israël, lorsqu'une petite communauté juive vivait à Sheikh Jarrah. Après l'indépendance d'Israël et la guerre de 1948, qui l'a opposé à ses voisins arabes, Jérusalem-Est est passée sous le contrôle de la Jordanie. Ainsi, de nombreux réfugiés se sont installés dans le quartier de Sheikh Jarrah après avoir fui les forces sionistes dans d'autres parties du pays qu’on appelle désormais «Israël». Israël s'est ensuite emparé de Jérusalem-Est lors de la guerre des Six-Jours, en 1967, avant de l'annexer.

Plus tôt cette année, la Cour du district de Jérusalem a statué en faveur des colons juifs qui revendiquaient la propriété de terres dans le quartier de Sheikh Jarrah, où vivent aujourd'hui une trentaine de Palestiniens, qui appartiennent à quatre familles.

Les Palestiniens soutiennent que les lois discriminatoires les empêchent de réclamer leurs propriétés à l'intérieur du territoire qui constitue aujourd'hui Israël.

L'avocat des familles palestiniennes, Hosni Abou Hussein, accuse lui aussi les colons de fraude.

«Les terres ont été inscrites au nom de l'association de colonisation par un procédé frauduleux et trompeur, de connivence avec le commissariat aux biens publics et le registre des terres israéliennes», déclare-t-il à l'AFP.

Le différend concerne un emplacement stratégique proche de la vieille ville de Jérusalem. Il a ravivé les tensions dans les environs de la mosquée Al-Aqsa, la troisième mosquée la plus sacrée de l'islam, pendant le mois sacré du ramadan. 


Dans la bande de Gaza, le Hamas a menacé de lancer des attaques contre Israël si cette affaire très médiatisée ne donnait pas raison aux familles palestiniennes.

 

 

(Avec Reuters et AFP)

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.


Liban: un mort et sept blessés dans des frappes israéliennes

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  • Le ministère libanais de la Santé a indiqué qu'une personne avait été tuée dans une frappe sur la ville de Chmistar (est)
  • Une personne a été blessée à Bnaafoul, dans le district de Saïda (sud-ouest), et six autres à Ansar, dans le district de Nabatieh (sud), selon lui

BEYROUTH: Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et sept blessés jeudi, l'armée israélienne affirmant avoir ciblé le Hezbollah et ses alliés tandis que le président libanais déplore des frappes contre des "installations civiles".

Le ministère libanais de la Santé a indiqué qu'une personne avait été tuée dans une frappe sur la ville de Chmistar (est). Une personne a été blessée à Bnaafoul, dans le district de Saïda (sud-ouest), et six autres à Ansar, dans le district de Nabatieh (sud), selon lui.

Le président Joseph Aoun a indiqué que les frappes israéliennes visaient des "installations civiles", condamnant ce qu'il considère comme une violation du cessez-le-feu négocié l'année dernière.

"L'agression israélienne répétée s'inscrit dans le cadre d'une politique systématique visant à détruire les infrastructures productives, à entraver la reprise économique et à saper la stabilité nationale sous de faux prétextes sécuritaires", a déclaré M. Aoun.

L'armée israélienne a indiqué dans un communiqué qu'elle avait "frappé des infrastructures terroristes du Hezbollah (...) dans la région de Mazraat Sinaï, dans le sud du Liban".

Elle a également indiqué qu'elle avait frappé des installations utilisées par Green Without Borders, une ONG sous sanctions américaines qu'Israël considère comme ayant "opéré sous une couverture civile pour dissimuler la présence du Hezbollah dans la zone frontalière avec Israël".

Israël a bombardé le Liban à plusieurs reprises ces derniers mois malgré la conclusion d'un cessez-le-feu en novembre, après plus d'un an d'affrontements avec le mouvement pro-iranien Hezbollah qui ont dégénéré en deux mois de guerre ouverte.

 


De retour dans une «ville fantôme», des Gazaouis montent des tentes sur les ruines

Les Palestiniens rentrés chez eux à Gaza-ville après le cessez-le-feu n'ont trouvé que des décombres à la place de leurs maisons. Ils tentent de mettre en place des abris de fortune en utilisant tout ce qu'ils peuvent trouver parmi les débris. (AFP)
Les Palestiniens rentrés chez eux à Gaza-ville après le cessez-le-feu n'ont trouvé que des décombres à la place de leurs maisons. Ils tentent de mettre en place des abris de fortune en utilisant tout ce qu'ils peuvent trouver parmi les débris. (AFP)
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  • Dans le nord-ouest de la ville située dans le nord du territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre entre Israël et le Hamas, les rues quasi-désertes entourent des immeubles détruits
  • Certains sont complètement effondrés, d'autres tiennent encore debout mais sont très endommagés, selon des images aériennes filmées par l'AFP

GAZA: Les Palestiniens rentrés chez eux à Gaza-ville après le cessez-le-feu n'ont trouvé que des décombres à la place de leurs maisons. Ils tentent de mettre en place des abris de fortune en utilisant tout ce qu'ils peuvent trouver parmi les débris.

Dans le nord-ouest de la ville située dans le nord du territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre entre Israël et le Hamas, les rues quasi-désertes entourent des immeubles détruits.

Certains sont complètement effondrés, d'autres tiennent encore debout mais sont très endommagés, selon des images aériennes filmées par l'AFP.

Hossam Majed, 31 ans, a retrouvé sa maison entièrement rasée. Dans les ruines de l'immeuble de plusieurs étages, le trentenaire a quand même réussi à rassembler quelques affaires, dont des meubles.

En attendant le retour des autres occupants de l'immeuble, il prépare les lieux en mettant en place un abri de fortune. Avec ses frères, il protège ce qu'il reste d'éventuels pillards.

"Même la nourriture est plus chère que dans le sud (du territoire) parce qu'elle est rare. Il n'y a pas d'électricité, pas d'eau, pas d'internet. Je dois marcher un kilomètre et demi juste pour remplir deux bidons d'eau", dit-il.

"Nous dormons dans la rue" 

Oum Rami Loubbad, mère de trois enfants âgée de 46 ans, a quitté en septembre sa maison déjà partiellement détruite, pour se réfugier à Khan Younès (sud).

Elle espérait la retrouver dans le même état. "C'était le seul espoir restant pour un peu de stabilité — et ils l'ont complètement détruite", dit-elle avec émotion.

"Nous dormons dans la rue. Je n'ai pas de tente", lâche-t-elle en espérant que des tentes seront distribuées.

Le retour a été un choc avec toutes ces destructions dans la ville, où l'armée israélienne avait, avant l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre, concentré ses bombardements pour chasser le Hamas, auteur de l'attaque du 7 octobre 2023 contre Israël.

"Je regardais aussi loin que je pouvais, et je ne voyais rien!", dit Oum Rami Loubbad. Elle a récupéré ce qu'elle pouvait, des morceaux de meubles en bois, des vêtements et une bouteille de gaz.

"Nous allons vendre le plastique que nous trouvons et utiliser le bois pour faire la cuisine ou pour construire des toilettes", ajoute-t-elle. "Je ne sais pas combien de temps on va pouvoir supporter cela."

Ahmad Al-Abbassi, réfugié dans le sud pendant les bombardements, a retrouvé l'emplacement de son immeuble de cinq étages à Gaza-ville. Mais il n'en reste plus rien.

"Nous sommes retournés dans le nord en espérant retrouver nos maisons et (reconstruire notre) vie. Comme vous pouvez le voir, Gaza s'est transformée en une ville fantôme", dit-il.

"Marcher sur la maison" 

Sur les ruines, Ahmad Al-Abbassi tente d'ériger une tente de fortune, auprès d'un drapeau palestinien qui flotte au bout d'un piquet.

Avec le couvercle d'un fait-tout, il gratte le sol pour l'aplanir. Puis, il empile quelques parpaings pour y planter des fers à béton et soutenir une toile censée faire office de toit. Le vent s'en mêle et secoue la toile, ainsi que le drapeau.

"Nous essayons de récupérer tout ce que nous pouvons. Nous allons essayer de reconstruire juste pour avoir une pièce pour abriter nos enfants et nos familles", dit-il.

Moustafa Mahram, de retour chez lui avec sa famille, a trouvé sa maison de trois étages "réduite en cendres". "Tout est parti. Aujourd'hui, quand nous marchons, nous marchons littéralement dessus. Il n'y a aucun moyen d'y vivre."

Il a installé une tente près des décombres. "On a été jeté à la rue."

Le Palestinien décrit le quotidien des habitants rentrés à Gaza-ville: "il n'y a pas d'eau — pas d'eau potable, même pas d'eau salée, pas d'eau du tout. Aucun élément essentiel de la vie n'est disponible —pas de nourriture, pas de quoi boire, rien. Et comme vous pouvez le voir, il ne reste que des décombres".

"Il n'y a pas d'électricité, même pas de routes praticables pour marcher comme des êtres humains."

 


Netanyahu déterminé à obtenir le retour de toutes le dépouilles d'otages

 Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé jeudi sa détermination à obtenir le retour de toutes les dépouilles d'otages aux mains du Hamas, au lendemain de menaces de son ministre de la Défense de reprendre l'offensive dans la bande de Gaza. (AFP)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé jeudi sa détermination à obtenir le retour de toutes les dépouilles d'otages aux mains du Hamas, au lendemain de menaces de son ministre de la Défense de reprendre l'offensive dans la bande de Gaza. (AFP)
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  • Israël a accusé le mouvement islamiste palestinien de violer l'accord de cessez-le-feu aux termes duquel il devait remettre tous les otages retenus à Gaza
  • Le Hamas a libéré dans les temps les 20 otages vivants mais il n'a remis depuis lundi que neuf dépouilles d'otages sur les 28 qu'il retient

JERUSALEM: Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé jeudi sa détermination à obtenir le retour de toutes les dépouilles d'otages aux mains du Hamas, au lendemain de menaces de son ministre de la Défense de reprendre l'offensive dans la bande de Gaza.

Israël a accusé le mouvement islamiste palestinien de violer l'accord de cessez-le-feu aux termes duquel il devait remettre tous les otages retenus à Gaza, les vivants et les morts, dans les 72 heures suivant l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, soit au plus tard lundi à 09H00 GMT.

Le Hamas a libéré dans les temps les 20 otages vivants mais il n'a remis depuis lundi que neuf dépouilles d'otages sur les 28 qu'il retient. Il affirme avoir remis les corps auxquels il a pu accéder et avoir besoin d'un "équipement spécial" pour récupérer les autres dépouilles.

"Nous sommes déterminés à obtenir le retour de tous les otages", a dit M. Netanyahu lors de la commémoration officielle du 2e anniversaire de l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien, qui avait déclenché la guerre.

"Le combat n'est pas encore terminé, mais une chose est claire: quiconque lève la main sur nous sait qu'il paiera un prix très lourd", a-t-il averti.

La veille, son ministre de la Défense Israël Katz a prévenu que "si le Hamas refuse de respecter l'accord, Israël, en coordination avec les Etats‑Unis, reprendra les combats et agira pour une défaite totale" du mouvement.

Le Forum des familles d'otages a appelé le gouvernement Netanyahu "à cesser immédiatement la mise en œuvre de toute autre étape de l'accord, tant que le Hamas continue de violer ouvertement ses obligations" sur le retour de toutes les dépouilles.

"Ils creusent" 

Interrogé sur le respect de l'accord par le Hamas, le président américain Donald Trump a déclaré: "ils creusent. Ils trouvent beaucoup de corps."

"Certains de ces corps sont là depuis longtemps, et certains sont sous les décombres. Ils doivent déblayer les décombres. Certains sont dans les tunnels", a-t-il ajouté.

Dimanche, la porte-parole du gouvernement israélien Shosh Bedrosian avait indiqué qu'un "organisme international", convenu dans le cadre de l'accord, aiderait "à localiser les otages (morts) s'ils ne sont pas retrouvés et libérés" lundi.

En échange du retour des dépouilles de captifs, Israël a remis au total 120 corps de Palestiniens, dont 30 jeudi à Gaza, selon le ministère de la Santé du Hamas.

L'accord de cessez-le-feu a été conclu sur la base du plan de Donald Trump qui vise à mettre fin définitivement à la guerre dans la bande de Gaza.

Il prévoit dans une première phase le cessez-le-feu, la libération des otages, un retrait israélien de secteurs de Gaza et l'acheminement de plus d'aides humanitaires au territoire palestinien dévasté.

L'accord prévoit dans une étape ultérieure notamment le désarmement du Hamas et l'amnistie ou l'exil de ses combattants et la poursuite des retraits israéliens dans Gaza, des points qui restent sujet à discussion.

Israël, qui contrôle tous les accès à la bande de Gaza, doit en principe ouvrir après le cessez-le-feu et la libération des otages, le point de passage crucial de Rafah, entre l'Egypte et le territoire palestinien, à l'aide humanitaire.

Les autorités israéliennes ont affirmé que la date d'ouverture du passage de Rafah serait annoncée "ultérieurement" et que ce serait pour la "circulation des personnes uniquement".

"Pas d'eau, pas de nourriture" 

Le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher, a prévu de se rendre jeudi au passage de Rafah, côté égyptien, après avoir appelé à ouvrir "tous les points de passage" à l'aide.

Fin août, l'ONU a déclaré une famine dans plusieurs zones de Gaza, ce que conteste Israël.

Israël autorise actuellement l'acheminement de l'aide humanitaire essentiellement via le passage de Kerem Shalom (sud), mais les organisations humanitaires se plaignent des lenteurs administratives et des contrôles de sécurité.

De retour dans les ruines de leurs maisons à Gaza-ville, plusieurs habitants installent des tentes ou des abris de fortune au milieu des décombres, selon des images de l'AFP.

"Nous sommes jetés à la rue. Il n'y a pas d'eau, pas de nourriture, pas d'électricité. Rien. Toute la ville de Gaza a été réduite en cendres", déclare Mustafa Mahram.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.221 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir de données officielles.

La campagne de représailles israélienne a fait 67.938 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du Hamas.