Au Danemark, la crainte des familles syriennes menacées d'être renvoyées à Damas

Quelque 35 500 Syriens vivent au Danemark, dont plus de la moitié sont arrivés en 2015, selon l'institut statistique national (Photo, AFP).
Quelque 35 500 Syriens vivent au Danemark, dont plus de la moitié sont arrivés en 2015, selon l'institut statistique national (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 12 mai 2021

Au Danemark, la crainte des familles syriennes menacées d'être renvoyées à Damas

  • Malgré des critiques internationales, des centaines de Syriens se voient privés de leur permis de séjour au Danemark, qui juge la situation à Damas et sa région désormais «sûre»
  • En matière d'immigration, les gouvernements danois successifs ne cessent de resserrer la vis, forts du soutien de l'opinion et de la majorité du spectre politique.

VEJLE: « J'ai peur de rentrer en Syrie, de ce régime qui a tué mon mari et son frère »: malgré des critiques internationales, des centaines de Syriens comme Sabriya al-Fayyad se voient privés de leur permis de séjour au Danemark, qui juge la situation à Damas et sa région désormais « sûre ».

Fin mars, cette mère de famille originaire de la capitale syrienne a été priée de quitter le Danemark avec ses deux filles mineures. Risquant d'être embrigadés de force dans l'armée, ses deux fils, eux, peuvent rester.

« J'ai peur d'être arrêtée, qu'ils me demandent : où sont vos fils ? Ils doivent faire leur service militaire ! » , dit la quadragénaire, le regard las, dans son appartement propret de Vejle, dans l'ouest du pays scandinave.

Soignée pour un stress post-traumatique sévère, elle apprend doucement le danois.

Le sort de ses filles l'inquiète. Le sourire malicieux, Shahed a 10 ans, Tasnim, plus sérieuse, en a 12. Elles ont fait toute leur scolarité au Danemark et ne maîtrisent l'arabe qu'à l'oral.

« S'ils m'arrêtent, qui va s'occuper d'elles ? », s'inquiète leur mère. Selon la famille, leur maison à Damas a été bombardée.

Comme Sabriya, qui avait obtenu son permis de séjour en 2016 à cause de la situation générale en Syrie, au moins 200 Syriens se sont déjà vus priver depuis l'été 2020 de leur permis de séjour après la décision de Copenhague de réexaminer 500 dossiers au motif que « la situation actuelle à Damas n'est plus de nature à justifier un permis de séjour ou son extension ». 

Une première pour un pays de l'Union européenne.

Propulsé de facto chef de famille à la mort de son père en Syrie, Abdo est le premier à être arrivé au Danemark, en 2014. Son frère, puis sa mère et ses sœurs, l'ont rejoint.

Depuis la décision administrative, il se démène pour éviter la séparation.

« Les services d'immigration n'ont pas pris en compte que nous sommes une famille », s'indigne le jeune homme de 27 ans, récemment marié. « J'ai pris soin (de mes sœurs), elles ont grandi avec moi. Elles m'aiment comme leur père », explique-t-il.

Objectif zéro demandeurs d'asile

Jamais il n'aurait pu imaginer cette situation, explique le manutentionnaire. 

Mais en matière d'immigration, les gouvernements danois successifs ne cessent de resserrer la vis, forts du soutien de l'opinion et de la majorité du spectre politique.

« En 2019, il y a eu un changement : on a commencé à expliquer aux réfugiés qu'ils n'étaient là que temporairement et qu'à un moment, ils devraient rentrer », explique Daniel Nørrung, leur avocat.

Aux commandes depuis deux ans, la sociale-démocrate Mette Frederiksen a un objectif assumé de « zéro demandeur d'asile », ligne dure pour un parti de gauche déterminer à récupérer les voix de l'extrême-droite.

« Manque d'emploi, taux de criminalité élevé, différends culturels : on ne veut pas voir augmenter ces problèmes », justifie Rasmus Stoklund, porte-parole du parti sur les questions migratoires.

Depuis qu'il a lu la fameuse lettre, Mohamed, qui voudrait devenir médecin, se sent perdu. « Je vais à l'école, je travaille, je me prépare pour entrer au lycée. Je fais les choses bien ... Je trouve que ce n'est pas juste », dit le jeune homme de 18 ans dans un danois policé.

Selon Nørrung, la majorité de ses clients contestant la décision vivent avec cette épée de Damoclès pendant un an avant d'être fixés définitivement sur leur sort. Dans environ la moitié des cas, la justice renverse la décision initiale.

Tollé

Abondamment critiqué par l'ONU, la Commission européenne et les ONG qui estiment que les récentes améliorations dans certaines parties de la Syrie ne justifient pas la fin de la protection des réfugiés, le Danemark n'entend pas pour autant changer d'avis.

La semaine dernière, le Parlement a voté à une large majorité (62 pour, 32 contre) une déclaration confortant la décision, malgré l'émergence d'un mouvement de soutien aux Syriens dans le royaume.

« Dans le cas où différentes autorités ont estimé que la situation dans la région de Damas s'est stabilisée (...) il n'y a aucune raison pour les personnes qui ne sont pas personnellement persécutées de ne pas y retourner », défend Stoklund.

Pour Abdo, cette position est intenable.

« Quand vous dites que la Syrie est un pays sûr alors que tous les pays du monde disent le contraire (...) c'est un mensonge », assène-t-il.

Légalement, les permis temporaires de séjour sont donnés en cas de « situation particulièrement grave dans le pays d'origine caractérisée par des violences arbitraires et des agressions contre des civils ». Ils peuvent être de facto révoqués lorsque la situation n'est plus jugée comme telle.

Si aucun ne peut toutefois être expulsé de force, en l'absence de relations avec le régime de Bachar al-Assad, les déboutés sont invités à quitter le pays volontairement, ou placés en centre administratif.

Quelque 35 500 Syriens vivent au Danemark, dont plus de la moitié sont arrivés en 2015, selon l'institut statistique national.


L'Égypte coordonne avec la Grèce le retour des victimes du bateau de migrants et met en garde contre les itinéraires irréguliers

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
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  • Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine
  • Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux

DUBAI: Les mesures prises par l'Égypte ont reçu le soutien de la communauté internationale, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a demandé à l'ambassade égyptienne à Athènes de renforcer la coordination avec les autorités grecques, a rapporté Ahram Online mardi.

Cette mesure vise à soutenir les survivants et à accélérer le rapatriement des corps des victimes une fois les procédures légales achevées.

Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine.

Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux et réglementés.

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016, les responsables soulignant que le pays ne sera pas utilisé comme voie de transit vers l'Europe.

Les autorités affirment qu'aucun bateau de migrants n'a quitté les côtes égyptiennes depuis l'introduction de la stratégie, bien que l'Égypte accueille près de 10 millions de ressortissants étrangers, y compris des réfugiés, des demandeurs d'asile et des migrants de 133 pays.

L'approche a continué à évoluer au fil des ans, tout récemment avec l'adoption du plan d'action national 2024-2026 par le Comité national pour la lutte et la prévention de la migration illégale et de la traite des personnes.

Des initiatives antérieures ont également soutenu ces efforts, notamment le programme "Lifeboats" de 2019, qui a alloué 250 millions EGP pour créer des opportunités d'emploi dans les villages considérés comme les plus vulnérables à la migration irrégulière.

Les mesures prises par l'Égypte ont bénéficié d'un soutien international, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières, les capacités de recherche et de sauvetage et les efforts de lutte contre le trafic de migrants.


Explosion du port de Beyrouth: un juge libanais en Bulgarie pour l'enquête

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  • Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort
  • Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban"

BEYROUTH: Le juge libanais Tarek Bitar s'est déplacé mercredi en Bulgarie pour interroger le propriétaire du navire lié à l'explosion meurtrière dans le port de Beyrouth en 2020, a indiqué un responsable judiciaire à l'AFP.

Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort.

M. Grechushkin est désigné par les autorités libanaises comme le propriétaire du Rhosus, le navire qui transportait le nitrate d'ammonium débarqué dans le port de Beyrouth dans un entrepôt, où il avait explosé suite à un incendie, faisant plus de 200 morts, des milliers de blessés et d'importants dégâts.

Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban, acte terroriste ayant entraîné la mort d'un grand nombre de personnes et désactivation de machines dans le but de faire couler un navire", selon le parquet bulgare.

"M. Bitar est parti pour Sofia mercredi" et doit interroger M. Grechushkin jeudi, a précisé sous couvert d'anonymat un responsable de la justice libanaise à l'AFP.

L'ambassade libanaise à Sofia s'est occupée de trouver un traducteur et un huissier chargé de prendre en note l'interrogatoire, qui se fera en présence d'autorités judiciaires bulgares, a précisé la même source.

La justice libanaise espère obtenir des informations sur la cargaison de nitrate d'ammonium et en particulier son commanditaire. Elle veut aussi savoir si Beyrouth était la destination finale du navire.

Le juge indépendant Tarek Bitar avait repris en début d'année l'enquête qu'il avait dû interrompre en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah qui l'accusait d'impartialité, avant d'être poursuivi pour insubordination.

Son enquête a pu reprendre après l'entrée en fonction du président Joseph Aoun et de son Premier ministre, qui ont promis de préserver l'indépendance de la justice, à la suite de la guerre entre Israël et le Hezbollah dont le mouvement chiite soutenu par l'Iran est sorti très affaibli à l'automne 2024.


«Des habitants meurent de froid»: Gaza frappé par de nouvelles intempéries

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
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  • "Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa)
  • "Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré

GAZA: De nouvelles pluies hivernales se sont abattues cette semaine sur la bande de Gaza, déjà ravagée par la guerre, faisant au moins 18 morts depuis le début des intempéries.

Des Palestiniens poussant une voiture dans une rue inondée, une charrette tirée par un âne progressant difficilement à travers les eaux, des tentes et des abris de fortune de déplacés inondés: la situation s'aggrave dans un territoire palestinien en ruines.

"Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa).

"Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre après deux années de guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Nourrissons «en danger»

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs.

Trois enfants étaient décédés dans des conditions similaires la semaine dernière, d'après la Défense civile, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du mouvement islamiste.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Environ 1,3 million de personnes, sur une population de plus de deux millions d'habitants dans le territoire, ont actuellement besoin d'un hébergement d'urgence, selon les Nations unies, qui mettent en garde contre un risque croissant d'hypothermie.

Les nourrissons encourent particulièrement un "grand danger" avec les conditions hivernales, avertit l'organisation.

«Reconstruire le territoire»

La Défense civile de Gaza avait indiqué vendredi qu'au moins 16 personnes étaient mortes en 24 heures des suites de l'effondrement de bâtiments ou des effets du froid.

Outre le nourrisson, le porte-parole de l'organisation, Mahmoud Bassal, a fait état mardi d'un autre décès après l'effondrement du toit d'un bâtiment à la suite de fortes pluies dans le nord-ouest de la ville de Gaza.

Il a précisé que la maison avait déjà été endommagée par des frappes aériennes pendant la guerre.

Des images de l'AFP montrent des secouristes extraire le corps d'un Palestinien des décombres d'un bâtiment. Non loin, des proches en deuil pleurent.

"Nous appelons le monde à résoudre nos problèmes et à reconstruire le territoire afin que nous puissions avoir des maisons au lieu (...) de vivre dans la rue", a déclaré Ahmed al-Hossari, qui a perdu un membre de sa famille.

La bande de Gaza connaît généralement un épisode de fortes pluies à la fin de l'automne et en hiver, mais l'état de dévastation du territoire, des conséquences de la guerre, a rendu ses habitants plus vulnérables.