Télescopage de crises et première passe difficile pour Biden

Le président américain Joe Biden s'exprime à Pittsburgh, en Pennsylvanie, le 31 mars 2021. (Photo, AFP)
Le président américain Joe Biden s'exprime à Pittsburgh, en Pennsylvanie, le 31 mars 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 14 mai 2021

Télescopage de crises et première passe difficile pour Biden

  • Après 100 premiers jours menés au pas de charge, avec une discipline contrastant avec le chaos des années Trump, le président démocrate est entré dans une phase plus délicate de son mandat
  • Sur le front économique, une série de mauvais indicateurs a placé la Maison Blanche sur la défensive

WASHINGTON: Stations-service à court de carburant, chiffres de l'emploi décevants, craintes inflationnistes, situation explosive au Proche-Orient: pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir, Joe Biden traverse une semaine difficile.

Après 100 premiers jours menés au pas de charge, avec une discipline contrastant avec le chaos des années Trump, le président démocrate est entré dans une phase plus délicate de son mandat.

Or, s'il ne trouve pas le ton juste, cette série de crises – de natures très différentes – pourrait renforcer une image qui pourrait coller à la peau du plus vieux président de l'histoire.

Celle d'un dirigeant très à l'aise pour dérouler ses plans soigneusement préparés à l'avance, mais moins pour faire preuve de réactivité et d'agilité face l'imprévu, à l'image de ses atermoiements initiaux face à la crise migratoire à la frontière sud.

La cyberattaque qui a entraîné la mise à l'arrêt d'un oléoduc qui transporte 45% de l'essence américaine depuis les raffineries du Golfe du Mexique vers la côte Est a créé un électrochoc dans le pays.

Le groupe Colonial Pipeline a annoncé avoir «amorcé» le redémarrage des opérations, mais il faudra plusieurs jours avant un retour à la normale et, en vieux routier de la politique, Joe Biden le sait: le sujet des pénuries d'essence est ultra-sensible aux États-Unis.

Déjà, certains républicains brandissent les comparaisons avec Jimmy Carter et les images devenues le symbole de son unique mandat (1977-1981): les longues files d'automobilistes faisant le plein à la hâte sur fond de second choc pétrolier.

Donald Trump, qui retrouve de la voix depuis quelques semaines et utilise ses communiqués comme autrefois ses tweets, n'a pas laissé passer l'occasion d'ironiser.

«Je vois que tout le monde compare Joe Biden à Jimmy Carter. (...) Je trouve que c'est très injuste pour Jimmy Carter. Jimmy a mal géré les crises l'une après l'autre, mais Biden a créé les crises l'une après l'autre».

Sur le front économique, une série de mauvais indicateurs a placé la Maison Blanche sur la défensive. Face à des chiffres de créations d'emplois en avril très loin du million attendu, Joe Biden a multiplié les prises de parole, appelant à la patience.

Les chiffres de l'inflation publiés mercredi ont aussi alimenté les inquiétudes. Sur douze mois, elle s'est fortement accélérée, à 4,2% par rapport à avril 2020, contre 2,6% en mars.

Avec une question lancinante pour les marchés et les économistes: cette hausse des prix, qui va vraisemblablement s'accélérer dans les mois à venir, est-elle amenée à durer, ou à se tasser? 

 

Tensions dans le camp démocrate

Déjouant les pronostics, Joe Biden avait jusqu'ici réussi à conserver le parti démocrate relativement uni, s'appuyant entre autres sur les appels à l'union sacrée autour de la vaccination et des promesses d'investissements publics massifs (qui n'ont pas encore franchi l'obstacle du Congrès).

Mais l'embrasement au Proche-Orient fait remonter des failles anciennes: l'aile gauche du parti tempête déjà contre un alignement qu'elle juge sans nuances sur l'État hébreu.

Interrogé sur la spirale de la violence entre Israéliens et Palestiniens, Joe Biden martèle, lors d'un bref échange avec les journalistes, qu'Israël «a le droit de se défendre»? L'élue démocrate de New York Alexandria Ocasio-Cortez réagit avec vigueur sur Twitter.

«Des déclarations comme celles-ci avec très peu de contexte et de reconnaissance de ce qui a provoqué ce cycle de violence – en l'occurrence, les expulsions de Palestiniens – déshumanisent les Palestiniens et impliquent que les États-Unis fermeront les yeux sur les violations des droits humains», a-t-elle écrit.

Face à cette accumulation de points de tension, Jen Psaki, porte-parole de la Maison Blanche, vante inlassablement l'expérience de Joe Biden, qui fut sénateur pendant 36 ans, assurant qu'il est prêt à naviguer par gros temps.

«Le président savait, pour avoir été vice-président pendant huit ans, que quand vous prenez les rênes (...) vous devez être prêt à gérer plusieurs défis, plusieurs crises à la fois», a-t-elle répondu mercredi.

Joe Biden, lui, continue à insister sur les progrès spectaculaires dans la lutte contre la Covid-19: avec un objectif ambitieux qui devrait être atteint: au moins une injection pour 70% des adultes d'ici la fête nationale du 4 juillet.

En mettant en avant ses rencontres avec des élus des deux bords, il travaille aussi son image d'homme rassembleur et martèle son optimisme sur l'évolution de la situation aux États-Unis sur le moyen terme.

«Les Américains soutiennent mon action de manière écrasante», a-t-il déclaré mercredi soir sur MSNBC, évoquant des sondages flatteurs, en particulier sur son plan de soutien de l'économie de 1 900 milliards de dollars.


Washington annonce fermer son ambassade à Jérusalem jusqu'à vendredi

Les Etats-Unis ont annoncé mardi fermer leur ambassade à Jérusalem pour des raisons de sécurité, au cinquième jour de la confrontation militaire entre Israël et l'Iran, alors que les spéculations autour d'une possible intervention américaine s'intensifient. (AFP)
Les Etats-Unis ont annoncé mardi fermer leur ambassade à Jérusalem pour des raisons de sécurité, au cinquième jour de la confrontation militaire entre Israël et l'Iran, alors que les spéculations autour d'une possible intervention américaine s'intensifient. (AFP)
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  • Le département d'Etat a annoncé mardi la mise en place d'une "task force" pour aider les ressortissants américains au Moyen-Orient à se tenir informés de l'évolution du conflit
  • Les Etats-Unis déconseillent aux Américains de se rendre notamment en Israël et en Irak et de ne surtout pas voyager en Iran, "quelles que soient les circonstances"

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont annoncé mardi fermer leur ambassade à Jérusalem pour des raisons de sécurité, au cinquième jour de la confrontation militaire entre Israël et l'Iran, alors que les spéculations autour d'une possible intervention américaine s'intensifient.

"En raison de la situation sécuritaire et conformément aux directives du commandement du front intérieur israélien, l'ambassade des Etats-Unis à Jérusalem sera fermée de demain (mercredi 18 juin) à vendredi (20 juin)", peut-on lire sur un avis publié sur le site de l'ambassade américaine.

"En raison de la situation sécuritaire actuelle et du conflit en cours entre Israël et l'Iran, l'ambassade des Etats-Unis a demandé à tous les employés du gouvernement américain et aux membres de leur famille de continuer à s'abriter sur place à l'intérieur et à proximité de leur résidence jusqu'à nouvel ordre", ajoute l'avis.

Le département d'Etat a annoncé mardi la mise en place d'une "task force" pour aider les ressortissants américains au Moyen-Orient à se tenir informés de l'évolution du conflit.

Les Etats-Unis déconseillent aux Américains de se rendre notamment en Israël et en Irak et de ne surtout pas voyager en Iran, "quelles que soient les circonstances".

Les Etats-Unis ont déjà réduit les effectifs de leur ambassade en Irak pour des raisons de sécurité et autorisé du personnel non essentiel, ainsi que leurs proches, à quitter ce pays et Israël.

Le président américain Donald Trump a réuni mardi à la Maison Blanche son conseil de sécurité nationale, après avoir appelé à la reddition de l'Iran après l'offensive israélienne visant à détruire le programme nucléaire iranien.


De fortes explosions à Tel-Aviv et Jérusalem après des tirs de missiles iraniens

Des membres des forces de sécurité israéliennes inspectent un cratère à l'endroit où un missile iranien a frappé un dépôt de bus à Herzliya, près de Tel-Aviv, le 17 juin 2025. (Photo de Jack GUEZ / AFP)
Des membres des forces de sécurité israéliennes inspectent un cratère à l'endroit où un missile iranien a frappé un dépôt de bus à Herzliya, près de Tel-Aviv, le 17 juin 2025. (Photo de Jack GUEZ / AFP)
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  • « Des sirènes ont retenti dans plusieurs régions d'Israël après l'identification de missiles lancés depuis l'Iran en direction de l'État d'Israël », a déclaré l'armée dans un communiqué.
  • Dans un message sur Telegram, la police israélienne a rapporté que des missiles et des éclats d'obus étaient tombés dans la région de Tel-Aviv, causant des dégâts matériels mais sans faire de blessés.

JERUSALEM : De fortes explosions ont été entendues au-dessus de Tel-Aviv et Jérusalem mardi matin par des journaliste de l'AFP après le retentissement des sirènes d'alerte dans certaines régions d'Israël à la suite de tirs de missiles depuis l'Iran, selon l'armée.

« Des sirènes ont retenti dans plusieurs régions d'Israël après l'identification de missiles lancés depuis l'Iran en direction de l'État d'Israël », a déclaré l'armée dans un communiqué.

Elle a ajouté que l'armée de l'air « opérait pour intercepter et frapper là où c'était nécessaire pour éliminer la menace ».

Une vingtaine de minutes plus tard, l'armée a publié un communiqué indiquant que la population était autorisée à quitter les abris dans plusieurs régions du pays, ajoutant que des équipes de secours étaient à l'œuvre dans plusieurs endroits où des informations sur la chute de projectiles avaient été reçues.

Dans un message sur Telegram, la police israélienne a rapporté que des missiles et des éclats d'obus étaient tombés dans la région de Tel-Aviv, causant des dégâts matériels mais sans faire de blessés.

Les services d'incendie et de secours ont indiqué de leur côté avoir reçu les premières indications concernant un « tir de missile et un incendie » dans une ville du district de Dan, une zone entourant Tel-Aviv.

« Vers 8 h 45 (5 h 45 GMT), de nombreux appels ont été reçus concernant un tir de missile et un incendie dans la région de Gush Dan. Les équipes de lutte contre les incendies se rendent sur les lieux », ont-ils indiqué dans un communiqué.


Les forces américaines restent «dans une posture défensive» au Moyen-Orient annonce la Maison Blanche

Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X. (AFP)
Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X. (AFP)
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  • "Ce que vous voyez en temps réel, c'est la paix par la force et l'Amérique d'abord. Nous sommes en position défensive dans la région, pour être forts, dans la poursuite d'un accord de paix, et nous espérons certainement que c'est ce qui se passera"
  • "Et le président (Donald) Trump l'a dit clairement, c'est sur la table. La question est de savoir si l'Iran l'acceptera"

WASHINGTON: Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X.

"Nous défendrons les intérêts américains" dans la région, a-t-il ajouté, alors que le conflit entre Israël et l'Iran se poursuit pour la cinquième nuit consécutive.

"Ce que vous voyez en temps réel, c'est la paix par la force et l'Amérique d'abord. Nous sommes en position défensive dans la région, pour être forts, dans la poursuite d'un accord de paix, et nous espérons certainement que c'est ce qui se passera", a déclaré de son côté le ministre de la Défense, Pete Hegseth, interrogé sur la chaîne Fox News.

"Et le président (Donald) Trump l'a dit clairement, c'est sur la table. La question est de savoir si l'Iran l'acceptera", a-t-il ajouté.

Le président américain va écourter sa participation au sommet du G7 au Canada pour rentrer à Washington dans la soirée en raison de la situation au Moyen-Orient, a indiqué la Maison Blanche.

Ces déclarations sur la posture "défensive" des forces américaines surviennent alors que des informations diffusées par des médias israéliens ont fait état d'une supposée participation directe des Américains aux frappes contre l'Iran.

Entretemps, le porte-avions américain Nimitz, qui croisait en mer de Chine méridionale, a mis le cap à l'ouest et prend la direction du Moyen-Orient, a confirmé un responsable du Pentagone.

Il remonte actuellement le détroit de Malacca, entre l'île indonésienne de Sumatra et la Malaisie.

Des sites qui géolocalisent en temps réel les positions des avions dans le monde entier ont identifié pour leur part dans la nuit de dimanche à lundi le mouvement d'une trentaine d'avions ravitailleurs américains, qui ont décollé des Etats-Unis et se sont dirigés vers différentes bases militaires en Europe.

Israël, allié des Etats-Unis, a lancé vendredi une campagne aérienne massive d'une ampleur sans précédent contre l'Iran, en ciblant des centaines de sites militaires et nucléaires, avec l'objectif affiché de l'empêcher de se doter de l'arme nucléaire. L'Iran tire depuis des salves de missiles en riposte.

Le président américain a appelé sur son réseau Truth Social "tout le monde à évacuer Téhéran immédiatement".

"L'Iran aurait dû signer l'+accord+ quand je leur ai dit de signer. Quel dommage et quel gâchis de vies humaines. Pour le dire simplement, L'IRAN NE PEUT PAS AVOIR D'ARME NUCLEAIRE", a-t-il aussi écrit.

Les Etats-Unis aident déjà Israël à intercepter les missiles iraniens visant son territoire.