Erdogan inaugure une mosquée sur la principale place d'Istanbul

La construction de la mosquée Taksim a commencé en février 2017 dans le cadre d'un projet soutenu par le président turc Tayyip Erdogan. (Reuters)
La construction de la mosquée Taksim a commencé en février 2017 dans le cadre d'un projet soutenu par le président turc Tayyip Erdogan. (Reuters)
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Publié le Vendredi 28 mai 2021

Erdogan inaugure une mosquée sur la principale place d'Istanbul

  • Signe de l'enthousiasme entourant l'ouverture de cet édifice mêlant style ottoman et matériaux contemporains, quelques milliers de personnes n'ayant pu y entrer ont prié à l'extérieur sur la place
  • Autrefois, «il n'y avait même pas une salle de prière (à Taksim). Les fidèles essayaient tant bien que mal de prier sur des journaux dépliés sur le sol», a déploré le président turc vendredi

ISTANBUL: Le président turc Recep Tayyip Erdogan a inauguré vendredi la première mosquée sur la place Taksim d'Istanbul, remodelant ce lieu emblématique à son image huit ans jour pour jour après des manifestations qui y ont fait trembler son pouvoir.

"La mosquée de Taksim occupe désormais une place de choix parmi les symboles d'Istanbul", s'est réjoui M. Erdogan après y avoir accompli la prière du vendredi. "Si Dieu le veut, elle restera jusqu'à la fin des temps", a-t-il ajouté.

Signe de l'enthousiasme entourant l'ouverture de cet édifice mêlant style ottoman et matériaux contemporains, quelques milliers de personnes n'ayant pu y entrer ont prié à l'extérieur sur la place, selon une reporter de l'AFP.

Avec cette mosquée pouvant accueillir 4 000 fidèles, M. Erdogan marque durablement de son empreinte la place Taksim, lieu le plus célèbre d'Istanbul --sa ville de naissance--, et accomplit un rêve vieux de trente ans.

En effet, lorsqu'il était maire d'Istanbul dans les années 1990, M. Erdogan se lamentait déjà de l'absence de toute mosquée place Taksim, notant que le seul édifice religieux visible était une église orthodoxe située non loin de là.

Autrefois, "il n'y avait même pas une salle de prière (à Taksim). Les fidèles essayaient tant bien que mal de prier sur des journaux dépliés sur le sol", a déploré le président turc vendredi.

«Taksim nous appartient aussi»

Bien que la Turquie soit majoritairement peuplée de musulmans, la construction de cette mosquée, débutée en 2017, avait suscité des critiques, certains accusant M. Erdogan de vouloir "islamiser" la place Taksim, symbole d'une Turquie laïque.

Le chef d'Etat turc rejette régulièrement ces accusations, soutenant qu'il ne fait que redonner aux Turcs pieux toute leur place dans l'espace public après des décennies d'exclusion.

En écho à ce discours, un certain esprit revanchard était présent chez certaines personnes venues assister à l'inauguration vendredi.

"Taksim nous appartient aussi. Nous sommes de retour", déclare ainsi à l'AFP Ismail Ertem, coiffé d'un fez.

Autrefois, "il y avait trop de gens et pas assez de mosquées", ajoute Abuzer Koç, barbe blanche fournie et drapeau turc autour des épaules.

L'imposant édifice religieux fait désormais de l'ombre au "monument de la République", un ouvrage représentant des figures importantes de la guerre d'indépendance turque, dont le fondateur de la Turquie moderne Mustafa Kemal, et qui était jusque-là l'attraction principale de la place Taksim.

Après avoir initialement annoncé l'ouverture de cette mosquée pendant le ramadan, M. Erdogan, connu pour l'attention qu'il porte au choix des dates, a finalement décidé de l'inaugurer le jour anniversaire du début des manifestations antigouvernementales massives de 2013.

L'épicentre de ces manifestations connues sous le nom de "mouvement de Gezi", et réprimées dans le sang, était justement la place Taksim.

Bâtisseur de mosquées

L'inauguration de la mosquée de Taksim intervient aussi à la veille de la date anniversaire de la conquête de Constantinople par les Ottomans en 1453, un jour commémoré chaque année par ce président nostalgique des gloires d'antan.

M. Erdogan a d'ailleurs indiqué vendredi qu'il voyait la mosquée de Taksim comme "un cadeau pour célébrer le 568ème anniversaire de la conquête d'Istanbul".

M. Erdogan se présente souvent comme un bâtisseur qui a transformé la face du pays avec des aéroports, des hôpitaux et des routes. Et des mosquées.

En 2019, il a ainsi inauguré une gigantesque mosquée au sommet de la colline de Camlica à Istanbul, visible de presque n'importe quel point de la ville, à la manière des sultans qui érigeaient des lieux de culte qui leur survivraient.

M. Erdogan va d'ailleurs commémorer la prise de Constantinople samedi depuis cette mosquée.

L'ouverture de la mosquée de Taksim s'inscrit en outre dans la lignée des gestes que M. Erdogan multiplie pour contenter sa base électorale pieuse et conservatrice dans un contexte de difficultés économiques croissantes.

C'est notamment à cette fin, selon les experts, qu'il a reconverti l'an dernier en mosquée la basilique Sainte-Sophie, édifice construit par les Byzantins au 5ème siècle.


Le chef de l'ONU appelle à mettre fin au "cauchemar de la violence" au Soudan

Des abris érigés par des Soudanais déplacés qui ont fui El-Fasher après la chute de la ville aux mains des Forces de soutien rapide (RSF) composent le camp d'Um Yanqur, situé à la limite sud-ouest de Tawila, dans la région du Darfour occidental, déchirée par la guerre, au Soudan, le 3 novembre 2025. (AFP)
Des abris érigés par des Soudanais déplacés qui ont fui El-Fasher après la chute de la ville aux mains des Forces de soutien rapide (RSF) composent le camp d'Um Yanqur, situé à la limite sud-ouest de Tawila, dans la région du Darfour occidental, déchirée par la guerre, au Soudan, le 3 novembre 2025. (AFP)
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  • Antonio Guterres appelle à des négociations immédiates pour mettre fin au conflit au Soudan, avertissant que la crise humanitaire et sécuritaire devient « incontrôlable » après deux ans de guerre entre l’armée et les Forces de soutien rapide (FSR)
  • La situation à El-Facher, au Darfour, illustre la gravité du drame, avec des civils pris au piège, des milliers de morts, des violations massives des droits humains et près de 12 millions de déplacés selon l’ONU

DOHA: Le patron de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé mardi à des "négociations" pour un arrêt immédiat du conflit au Soudan, mettant en garde contre une crise "en train de devenir incontrôlable".

Le secrétaire général des Nations unies a exhorté les parties au conflit à "venir à la table des négociations, (et) mettre fin à ce cauchemar de violence, maintenant".

"La crise horrifiante au Soudan (...) est en train de devenir incontrôlable", a-t-il dit lors d'une conférence de presse en marge du deuxième sommet mondial pour le développement social à Doha.

Le conflit entre l'armée et les paramilitaires dure depuis deux ans et a fait des dizaines de milliers de morts, déplacé près de 12 millions de personnes et provoqué la pire crise humanitaire au monde, selon l'ONU.

Le 26 octobre, après 18 mois de siège, les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont pris la ville d'El-Facher, dernier verrou stratégique de l'armée au Darfour (ouest du Soudan).

Depuis, les informations et témoignages se multiplient sur les cas d'exécutions, viols, attaques contre des humanitaires et pillages qui y sont commis, documentés par des images satellites et par des vidéos d'exactions publiées par les combattants eux-même.

"El-Facher et les zones environnantes du Nord-Darfour ont été un épicentre de souffrance, de faim, de violence et de déplacements" a souligné M.Guterres, ajoutant que depuis l'entrée des FSR dans la ville, "la situation s'aggrave de jour en jour".

"Des centaines de milliers de civils sont pris au piège par ce siège. Les gens meurent de malnutrition, de maladie et de violence. Et nous continuons à entendre des rapports sur des violations du droit international humanitaire et des droits de l'homme", a affirmé M.Guterres.


Pour Aoun, le Liban «n'a pas d'autre choix que de négocier avec Israël»

Israël a bombardé le Liban à plusieurs reprises malgré le cessez-le-feu de novembre 2024 qui visait à mettre fin à plus d'un an d'hostilités avec le Hezbollah, multipliant les attaques ces derniers jours. (Reuters)
Israël a bombardé le Liban à plusieurs reprises malgré le cessez-le-feu de novembre 2024 qui visait à mettre fin à plus d'un an d'hostilités avec le Hezbollah, multipliant les attaques ces derniers jours. (Reuters)
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  • Joseph Aoun réaffirme l'engagement de Beyrouth en faveur d'un dialogue sans guerre, tout en admettant qu'Israël reste un "ennemi"
  • Les frappes aériennes israéliennes tuent deux personnes, dont un commandant du Hezbollah précédemment blessé dans l'explosion d'un téléavertisseur

BEYROUTH : Le président libanais Joseph Aoun a réaffirmé lundi son engagement à négocier avec Israël, affirmant que son pays n'avait "aucune option" en la matière.

Toutefois, il a ajouté : "La négociation n'est pas menée avec Israël : "La négociation ne se fait pas avec un ami ou un allié, mais avec un ennemi.

"Le langage de la négociation est plus important que celui de la guerre, dont nous avons vu ce qu'elle nous a fait subir.

Selon le bureau des médias du palais présidentiel, M. Aoun a réaffirmé son attachement au "langage diplomatique adopté par nous tous, du président du Parlement Nabih Berri au Premier ministre Nawaf Salam".

Le Liban reste attaché au cadre de négociation "à travers le Comité du mécanisme", qui est limité aux représentants militaires, avec la possibilité d'inclure des civils conformément à une proposition américaine présentée la semaine dernière par Morgan Ortagus aux responsables libanais.

Les remarques de M. Aoun font suite à l'intensification des attaques israéliennes sur le Sud-Liban visant à accroître la pression sur le Hezbollah pour qu'il désarme.

Une frappe aérienne israélienne a visé une moto à Aita Al-Shaab, tuant son conducteur. Il s'agit de la deuxième frappe en l'espace de quelques heures.

Des médias proches du Hezbollah ont rapporté que l'homme tué était Youssef Naameh, le frère de deux autres personnes tuées précédemment dans des frappes israéliennes.

Lors d'une frappe précédente, les forces de défense israéliennes ont visé la ville de Doueir dans le district de Nabatieh, tuant une personne et en blessant sept autres, selon un communiqué du ministère libanais de la santé.

Plusieurs médias libanais ont rapporté que l'homme tué était le commandant du Hezbollah Mohammed Ali Hadid, qui avait déjà été blessé lors de l'explosion d'un téléavertisseur par le Mossad en septembre 2024 - une opération dont Israël n'a jamais officiellement revendiqué la responsabilité.

Selon certaines informations, M. Hadid avait survécu à une première frappe israélienne dimanche dans la ville de Zefta, dans le sud du pays, au cours de laquelle des drones israéliens avaient lancé au moins trois missiles sur une cible. Ces frappes n'ont toutefois pas atteint l'objectif visé.

Des images diffusées en ligne montrent la voiture visée en proie à de violentes flammes, tandis que les équipes de pompiers luttent contre les effets de la frappe, qui a également provoqué l'incendie de plusieurs voitures en stationnement.

Un complexe commercial contenant des magasins et des restaurants a également été endommagé.

La chaîne israélienne Channel 12 a rapporté que les récentes attaques israéliennes faisaient suite aux commentaires d'une "source de sécurité israélienne" dimanche.

Cette source a déclaré que "l'État libanais ne pénètre pas dans certaines zones où le Hezbollah opère et, si l'on nous demande d'agir, nous savons comment augmenter le rythme des attaques au Liban si nécessaire".

L'escalade des frappes israéliennes a porté à 16 le nombre de morts en moins d'une semaine, la plupart étant des membres du Hezbollah.

Samedi, une frappe aérienne meurtrière sur la ville de Kfar Roummane à Nabatieh a tué quatre membres du Hezbollah et blessé trois passants.

Une source de sécurité s'attend à une escalade des attaques israéliennes au cours des derniers mois de l'année, qui est la date limite fixée par l'armée libanaise pour achever le plan de désarmement au sud de la ligne Litani.

Le ministre israélien de la défense, Israël Katz, a accusé dimanche le Hezbollah de "jouer avec le feu". Il a déclaré qu'il tenait le gouvernement et le président libanais "responsables des atermoiements dans le respect de leurs engagements concernant le désarmement du parti et son retrait du sud".

Il a également affirmé qu'"Israël continuera à appliquer une politique de riposte maximale dans ses opérations militaires et n'autorisera aucune menace visant les résidents du nord", appelant les autorités libanaises à "assumer pleinement leurs responsabilités pour assurer la stabilité et empêcher l'escalade".


Israël: des élus favorables à une loi instaurant la peine de mort pour les «terroristes»

 La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
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  • Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative
  • La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture

JERUSALEM: La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir.

La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture.

Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative.

Dans une note explicative de la commission, il est indiqué que "son objectif est de couper le terrorisme à sa racine et de créer une forte dissuasion".

Le texte propose qu'un "terroriste reconnu coupable de meurtre motivé par le racisme ou la haine (...) soit condamné à la peine de mort - de manière obligatoire", ajoutant que cette peine serait "non optionnelle".

La proposition de loi a été présentée par une élue du parti Otzma Yehudit (Force Juive) d'Itamar Ben Gvir.

Ce dernier a menacé de cesser de voter avec la coalition de droite de Benjamin Netanyahu si ce projet de loi n'était pas soumis à un vote parlementaire d'ici le 9 novembre.

"Tout terroriste qui se prépare à commettre un meurtre doit savoir qu'il n'y a qu'une seule punition: la peine de mort", a dit le ministre lundi dans un communiqué.

M. Ben Gvir avait publié vendredi une vidéo de lui-même debout devant une rangée de prisonniers palestiniens allongés face contre terre, les mains attachées dans le dos, dans laquelle il a appelé à la peine de mort.

Dans un communiqué, le Hamas a réagi lundi soir en affirmant que l'initiative de la commission "incarne le visage fasciste hideux de l'occupation sioniste illégitime et constitue une violation flagrante du droit international".

"Nous appelons les Nations unies, la communauté internationale et les organisations pertinentes des droits de l'Homme et humanitaires à prendre des mesures immédiates pour arrêter ce crime brutal", a ajouté le mouvement islamiste palestinien.

Le ministère palestinien des Affaires étrangères et des expatriés, basé à Ramallah, a également dénoncé cette décision, la qualifiant de "nouvelle forme d'extrémisme israélien croissant et de criminalité contre le peuple palestinien".

"C'est une étape dangereuse visant à poursuivre le génocide et le nettoyage ethnique sous le couvert de la légitimité", a ajouté le ministère.