Gaza: tractations sur la trêve, le chef de la diplomatie israélienne au Caire

Le ministre israélien des Affaires étrangères Gabi Ashkenazi lors de sa rencontre avec son homologue égyptien au palais Tahrir au Caire (Photo, AFP)
Le ministre israélien des Affaires étrangères Gabi Ashkenazi lors de sa rencontre avec son homologue égyptien au palais Tahrir au Caire (Photo, AFP)
Le ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Choukri, à droite, rencontre le chef de la diplomatie israélienne Gabi Ashkenazi au palais Tahrir au Caire, en Égypte, le dimanche 30 mai 2021 (Photo, AP)
Le ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Choukri, à droite, rencontre le chef de la diplomatie israélienne Gabi Ashkenazi au palais Tahrir au Caire, en Égypte, le dimanche 30 mai 2021 (Photo, AP)
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Publié le Lundi 31 mai 2021

Gaza: tractations sur la trêve, le chef de la diplomatie israélienne au Caire

  • Le chef du Renseignement égyptien, Abbas Kamel, s'est entretenu à Jérusalem avec le Premier ministre israélien, notamment de «l'intensification de la coopération» entre les deux pays voisins
  • Au Caire, le chef de la diplomatie israélienne, Gabi Ashkenazi, a discuté avec son homologue égyptien Sameh Choukri des moyens de «raviver le chemin de la paix et renforcer le cessez-le-feu à Gaza»

LE CAIRE: La consolidation du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas était dimanche au centre des tractations diplomatiques en Egypte avec notamment la première visite d'un chef de la diplomatie israélienne au Caire depuis 13 ans. 

Dans le même temps, le chef du Renseignement égyptien, Abbas Kamel, s'est entretenu à Jérusalem avec le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et à Ramallah (Cisjordanie occupée) avec le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. 

Avec le Premier ministre israélien, les discussions ont porté notamment sur « l'intensification de la coopération » entre les deux pays, selon un communiqué du bureau de Benjamin Netanyahu. 

M. Netanyahu a évoqué la question des otages israéliens détenus à Gaza, principale demande dans toute négociation future avec le Hamas, ainsi que « les moyens d'empêcher » le mouvement islamiste »d'utiliser à l'avenir les ressources allouées à la population » pour la reconstruction de la bande de Gaza. 

A Ramallah, Abbas Kamel a discuté avec Mahmoud Abbas de « l'apaisement global à Jérusalem, en Cisjordanie et à Gaza », de la « reconstruction » de l'enclave frontalière de l'Egypte et du « dialogue palestinien » --entre les mouvements Fatah et Hamas--, selon l'agence officielle palestinienne Wafa. 

Négociée par l'Egypte, pays lié depuis 1979 par un Traité de paix avec Israël et médiateur traditionnel entre Palestiniens et Israéliens, un cessez-le-feu a été instauré le 21 mai après une nouvelle guerre dévastatrice entre Israël et le Hamas. 

Du 10 au 21 mai, 254 Palestiniens ont été tués par des frappes israéliennes dans la bande de Gaza, parmi lesquels 66 enfants et des combattants, selon les autorités locales. En Israël, les tirs de roquettes depuis Gaza ont fait 12 morts parmi lesquels un enfant, une adolescente et un soldat, d'après la police. 

Les tractations s'intensifient depuis le début de la trêve pour empêcher de nouvelles violences. 

Le chef du bureau politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, devait lui aussi se rendre en Egypte dans la journée, selon une source sécuritaire égyptienne. 

Au Caire, le chef de la diplomatie israélienne, Gabi Ashkenazi, a discuté avec son homologue égyptien Sameh Choukri des moyens de « raviver le chemin de la paix et renforcer le cessez-le-feu à Gaza », d'après un tweet du ministère égyptien des Affaires étrangères. 

« Sensibilité particulière »  

La rencontre a porté sur la « reconstruction » dans la bande de Gaza. Et M. Choukri a souligné la »nécessité de tenir compte de la sensibilité particulière (que revêt) Jérusalem-Est, la mosquée d'Al-Aqsa et tous les lieux saints musulmans et chrétiens », a indiqué le ministère égyptien des Affaires étrangères dans un communiqué.  

Le récent conflit avait éclaté avec le tir par le Hamas de salves de roquettes vers Israël en solidarité avec les centaines de Palestiniens blessés lors d'affrontements avec la police israélienne sur l'esplanade des Mosquées, à Jérusalem-Est occupé.  

A l'origine des heurts, la menace d'expulsion de familles palestiniennes au profit de colons israéliens. 

M. Ashkenazi a évoqué la question des corps de deux soldats tués au combat en 2014 et celle de deux civils israéliens entrés de leur propre gré dans l'enclave palestinienne et détenus depuis. 

Dans un communiqué, M. Ashkenazy a déclaré qu'Israël « ne permettra pas (...) au Hamas de reconstruire ses infrastructures terroristes », avant d'ajouter que « la question du retour des corps des soldats et des otages » aux mains du Hamas devait trouver une solution. 

La visite jugée « importante » par le ministre israélien dans un tweet a porté également sur « le renforcement de la coopération économique et commerciale, dont la reprise des vols directs entre nos pays ». 

Le récent conflit a causé des dégâts considérables dans la bande de Gaza, où l'aide internationale a déjà commencé à affluer.  

L'Egypte et le Qatar ont chacun promis 500 millions de dollars (environ 410 millions d'euros) pour la reconstruction de l'enclave densément peuplée de deux millions d'habitants vivant sous blocus israélien depuis près de 15 ans. 

L'ONU a lancé jeudi un appel pour réunir 95 millions de dollars d'aide aux Palestiniens à Gaza comme en Cisjordanie, après avoir déjà débloqué 18 millions de dollars pendant le conflit. 

En tournée au Proche-Orient la semaine dernière, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a évoqué une aide urgente de 5,5 millions de dollars pour Gaza, en plus de 75 millions de dollars d'aide au développement économique destinée aux Palestiniens.  

Ces aides, qui doivent être validées par le Congrès, ne doivent pas aller au Hamas, a souligné M. Blinken. 


L'Égypte coordonne avec la Grèce le retour des victimes du bateau de migrants et met en garde contre les itinéraires irréguliers

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
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  • Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine
  • Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux

DUBAI: Les mesures prises par l'Égypte ont reçu le soutien de la communauté internationale, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a demandé à l'ambassade égyptienne à Athènes de renforcer la coordination avec les autorités grecques, a rapporté Ahram Online mardi.

Cette mesure vise à soutenir les survivants et à accélérer le rapatriement des corps des victimes une fois les procédures légales achevées.

Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine.

Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux et réglementés.

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016, les responsables soulignant que le pays ne sera pas utilisé comme voie de transit vers l'Europe.

Les autorités affirment qu'aucun bateau de migrants n'a quitté les côtes égyptiennes depuis l'introduction de la stratégie, bien que l'Égypte accueille près de 10 millions de ressortissants étrangers, y compris des réfugiés, des demandeurs d'asile et des migrants de 133 pays.

L'approche a continué à évoluer au fil des ans, tout récemment avec l'adoption du plan d'action national 2024-2026 par le Comité national pour la lutte et la prévention de la migration illégale et de la traite des personnes.

Des initiatives antérieures ont également soutenu ces efforts, notamment le programme "Lifeboats" de 2019, qui a alloué 250 millions EGP pour créer des opportunités d'emploi dans les villages considérés comme les plus vulnérables à la migration irrégulière.

Les mesures prises par l'Égypte ont bénéficié d'un soutien international, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières, les capacités de recherche et de sauvetage et les efforts de lutte contre le trafic de migrants.


Explosion du port de Beyrouth: un juge libanais en Bulgarie pour l'enquête

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  • Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort
  • Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban"

BEYROUTH: Le juge libanais Tarek Bitar s'est déplacé mercredi en Bulgarie pour interroger le propriétaire du navire lié à l'explosion meurtrière dans le port de Beyrouth en 2020, a indiqué un responsable judiciaire à l'AFP.

Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort.

M. Grechushkin est désigné par les autorités libanaises comme le propriétaire du Rhosus, le navire qui transportait le nitrate d'ammonium débarqué dans le port de Beyrouth dans un entrepôt, où il avait explosé suite à un incendie, faisant plus de 200 morts, des milliers de blessés et d'importants dégâts.

Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban, acte terroriste ayant entraîné la mort d'un grand nombre de personnes et désactivation de machines dans le but de faire couler un navire", selon le parquet bulgare.

"M. Bitar est parti pour Sofia mercredi" et doit interroger M. Grechushkin jeudi, a précisé sous couvert d'anonymat un responsable de la justice libanaise à l'AFP.

L'ambassade libanaise à Sofia s'est occupée de trouver un traducteur et un huissier chargé de prendre en note l'interrogatoire, qui se fera en présence d'autorités judiciaires bulgares, a précisé la même source.

La justice libanaise espère obtenir des informations sur la cargaison de nitrate d'ammonium et en particulier son commanditaire. Elle veut aussi savoir si Beyrouth était la destination finale du navire.

Le juge indépendant Tarek Bitar avait repris en début d'année l'enquête qu'il avait dû interrompre en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah qui l'accusait d'impartialité, avant d'être poursuivi pour insubordination.

Son enquête a pu reprendre après l'entrée en fonction du président Joseph Aoun et de son Premier ministre, qui ont promis de préserver l'indépendance de la justice, à la suite de la guerre entre Israël et le Hezbollah dont le mouvement chiite soutenu par l'Iran est sorti très affaibli à l'automne 2024.


«Des habitants meurent de froid»: Gaza frappé par de nouvelles intempéries

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
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  • "Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa)
  • "Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré

GAZA: De nouvelles pluies hivernales se sont abattues cette semaine sur la bande de Gaza, déjà ravagée par la guerre, faisant au moins 18 morts depuis le début des intempéries.

Des Palestiniens poussant une voiture dans une rue inondée, une charrette tirée par un âne progressant difficilement à travers les eaux, des tentes et des abris de fortune de déplacés inondés: la situation s'aggrave dans un territoire palestinien en ruines.

"Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa).

"Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre après deux années de guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Nourrissons «en danger»

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs.

Trois enfants étaient décédés dans des conditions similaires la semaine dernière, d'après la Défense civile, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du mouvement islamiste.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Environ 1,3 million de personnes, sur une population de plus de deux millions d'habitants dans le territoire, ont actuellement besoin d'un hébergement d'urgence, selon les Nations unies, qui mettent en garde contre un risque croissant d'hypothermie.

Les nourrissons encourent particulièrement un "grand danger" avec les conditions hivernales, avertit l'organisation.

«Reconstruire le territoire»

La Défense civile de Gaza avait indiqué vendredi qu'au moins 16 personnes étaient mortes en 24 heures des suites de l'effondrement de bâtiments ou des effets du froid.

Outre le nourrisson, le porte-parole de l'organisation, Mahmoud Bassal, a fait état mardi d'un autre décès après l'effondrement du toit d'un bâtiment à la suite de fortes pluies dans le nord-ouest de la ville de Gaza.

Il a précisé que la maison avait déjà été endommagée par des frappes aériennes pendant la guerre.

Des images de l'AFP montrent des secouristes extraire le corps d'un Palestinien des décombres d'un bâtiment. Non loin, des proches en deuil pleurent.

"Nous appelons le monde à résoudre nos problèmes et à reconstruire le territoire afin que nous puissions avoir des maisons au lieu (...) de vivre dans la rue", a déclaré Ahmed al-Hossari, qui a perdu un membre de sa famille.

La bande de Gaza connaît généralement un épisode de fortes pluies à la fin de l'automne et en hiver, mais l'état de dévastation du territoire, des conséquences de la guerre, a rendu ses habitants plus vulnérables.