Le parrain de la pègre turque fait de nouvelles révélations sur la Syrie

Sedat Peker. (Photo fournie)
Sedat Peker. (Photo fournie)
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Publié le Lundi 31 mai 2021

Le parrain de la pègre turque fait de nouvelles révélations sur la Syrie

  • Peker décrit en détail sa version de la collaboration entre les responsables turcs et Al-Nosra
  • L’entreprise paramilitaire aurait joué un rôle dans le recrutement de djihadistes pendant les guerres civiles syrienne et libyenne

DJEDDAH: Le célèbre chef mafieux turc Sedat Peker a refait surface cette semaine dans une nouvelle vidéo où il accuse les dirigeants du pays d’être de mèche avec une agence paramilitaire qui envoie des armes à des groupes terroristes liés à Al-Qaïda en Syrie.

Dans une huitième vidéo publiée dimanche, il affirme que la Turquie aurait envoyé des armes aux djihadistes d’Al-Nosra en Syrie par l’intermédiaire d’un groupe paramilitaire, une «armée parallèle» d’après lui. Créée par un conseiller du président Recep Tayyip Erdogan, elle porterait le nom de SADAT .

Peker, qui entretenait dans le passé des relations étroites avec les dirigeants turcs, décrit en détail sa version de la collaboration entre les responsables turcs et Al-Nosra.

Le chef de la mafia, aujourd’hui en cavale, avait décidé en 2015 de dépêcher du matériel militaire aux combattants turkmènes de Syrie. Il aurait partagé son plan avec un député proche du gouvernement au pouvoir afin d'obtenir l'autorisation d'envoyer les camions.

«Ils ont dit: “Envoyons des camions supplémentaires en Syrie en plus de votre convoi d’aide”. Nous avons envoyé les nôtres en Syrie comme camions d’aide, puis nous avons posé pour des photos avec. Cependant, je croyais qu'ils avaient envoyé d'autres camions aux combattants turkmènes syriens», explique-t-il.

Les accusations ont déjà été portées par l'opposition devant le Parlement turc, mais aucun détail n'a été divulgué après les objections du gouvernement.

Ahmet Davutoglu, Premier ministre entre 2014 et 2016 et aujourd’hui chef du séparatiste Parti du futur, a été invité à fournir des comptes rendus sur les «irrégularités de corruption» en Syrie.

Peker indique que les camions ont été envoyés aux djihadistes par un groupe au sein de la SADAT.

La firme de conseil affirme être «la première et seule entreprise en Turquie à fournir des services de conseil et de formation militaire dans le secteur international de la défense et de la sécurité intérieure», selon son site Web.

La SADAT a été fondée en 2012 par un général à la retraite, ainsi que 23 officiers expulsés de l’armée turque en raison d'allégeances islamiques radicales.

 L’entreprise paramilitaire entretient de liens étroits avec le gouvernement turc. Elle aurait joué un rôle dans le recrutement et la formation de djihadistes pendant les guerres civiles syrienne et libyenne.

«Ils ont détourné des camions d’aide vers les combattants turkmènes vers Al-Nusra sous mon nom, mais ce n’est pas moi qui les ai envoyés, c’est SADAT qui l’a fait. J'en ai été informé par l'un de nos amis turkmènes», a déclaré Peker.

Peker, dont les vidéos ont été visionnés par des millions d'utilisateurs sur YouTube, affirme que ses vidéos ont pour objectif de «se venger» du gouvernement turc. Il ciblerait en particulier le ministre de l'Intérieur Suleyman Soylu, qui a permis aux policiers de perquisitionner son domicile après sa rupture avec le régime.

Dans une vidéo précédente, le chef de la mafia accusait Erkan Yildirim, fils du Premier ministre turc Binali Yildirim et ancien chef de la police Mehmet Agar, d'avoir créé un réseau international de trafic de drogue qui implique la Turquie, la Colombie et le Venezuela.

La dernière vidéo est intitulée «Les jeunes arbres qui poussent dans la tempête ne peuvent être détruits par le vent»

«À présent, savez-vous ce dont vous avez besoin pour faire des affaires en Syrie?», demande Peker.

Selon lui, faire de «grandes affaires» en Syrie et générer des milliards de dollars nécessite non seulement l’autorisation du chef présidentiel des affaires administratives, Metin Kiratli, mais aussi celui des hommes d’affaires qui évoluent dans les cercles du pouvoir tels que Ramazan Ozturk et Murat Sancak, ou encore le chef dans les rangs d’Al-Nosra, Abou Abderrahman, responsable du financement des djihadistes.

Peker estime que la piste de l'argent ne pourrait jamais remonter jusqu'à l'État turc, car elle a été dissimulée par un «réseau corrompu», avec l'aide du ministre de l'Intérieur.

Le parrain dit s'être opposé à l'aide à Al-Nosra, parce que la faction affronte les minorités turkmènes en Syrie.

Al-Nosra se fait appeler aujourd’hui Hayat Tahrir Al-Cham, et contrôle la région des rebelles en Syrie.

Les liens présumés entre la Turquie et les djihadistes en Syrie ont déjà fait la une des journaux.

En décembre 2015, le président russe Vladimir Poutine a accusé Ankara d'avoir abattu un avion russe près de la frontière turque avec la Syrie, afin de protéger ses lignes d'approvisionnement en pétrole avec Daech. La Turquie nie toute implication dans l'incident.

Le ministre russe de la Défense a aussi accusé Erdogan et sa famille de prendre part au commerce illégal du pétrole.

«Quand vous faites une accusation, vous devez la prouver», avait répondu Erdogan.

Peker, une figure mafieuse haut placée depuis les années 1990, confie qu'il réside à Dubaï, mais qu’il se déplace régulièrement pour éviter d'être capturé par les autorités turques. Il a fui la Turquie l'année dernière pour échapper à une enquête criminelle.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'offensive israélienne contre l'Iran est une menace pour tous, déclare le roi de Jordanie devant le Parlement européen

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  • Vendredi, Israël a déclaré avoir ciblé les installations nucléaires, les usines de missiles balistiques et les commandants militaires de l'Iran au début de ce qu'il a prévenu être une opération prolongée
  • Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré que l'opération militaire contre l'Iran "se poursuivrait pendant autant de jours qu'il le faudra" pour "faire reculer la menace iranienne qui pèse sur la survie même d'Israël"

AMMAN : L'offensive élargie d'Israël contre l'Iran est une menace pour tous, a déclaré mardi le roi de Jordanie Abduallah II devant le Parlement européen à Strasbourg.

"Les attaques contre l'Iran menacent d'une dangereuse escalade dans notre région et au-delà", a-t-il déclaré.  

"Si notre communauté mondiale n'agit pas de manière décisive, nous nous rendons complices de la réécriture de ce que signifie être humain. Si les bulldozers israéliens continuent de démolir illégalement les maisons, les oliviers et les infrastructures palestiniennes, ils détruiront également les rails qui défient les principes moraux", a-t-il ajouté.

Il a réaffirmé la nécessité de créer un État palestinien souverain et l'importance d'accorder aux Palestiniens le droit à la liberté et au statut d'État.

"La sécurité mondiale ne sera pas assurée tant que la communauté internationale n'agira pas pour mettre fin à la guerre de trois ans en Ukraine et au conflit israélo-palestinien, le plus long et le plus destructeur du monde", a déclaré M. Al-Hussein.

Le roi a évoqué l'échec du droit international et de l'intervention à Gaza et a déclaré que ce qui était considéré comme une atrocité il y a 20 mois est désormais devenu une routine.

"L'armement de la famine contre les enfants, le ciblage des travailleurs de la santé, des journalistes et des enfants sont tous devenus normaux après l'échec de la communauté internationale", a-t-il déclaré.

Le leadership de l'Europe sera essentiel pour choisir le bon cours de l'histoire, a déclaré le roi, qui a assuré la Jordanie de son soutien à l'UE.

"Ce conflit doit cesser et la solution est ancrée dans le droit international. Le chemin de la paix a déjà été emprunté, et il peut l'être à nouveau si nous avons le courage de le choisir et la volonté de le parcourir ensemble", a-t-il conclu.

Mardi matin, Israël a demandé à des centaines de milliers de personnes d'évacuer le centre de la capitale iranienne, alors que la campagne aérienne israélienne sur Téhéran semblait s'étendre au cinquième jour d'un conflit qui s'intensifie.

Vendredi, Israël a déclaré avoir ciblé les installations nucléaires, les usines de missiles balistiques et les commandants militaires de l'Iran au début de ce qu'il a prévenu être une opération prolongée visant à empêcher Téhéran de fabriquer une arme atomique.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré que l'opération militaire contre l'Iran "se poursuivrait pendant autant de jours qu'il le faudra" pour "faire reculer la menace iranienne qui pèse sur la survie même d'Israël".

Depuis lors, l'Iran a lancé des attaques de représailles sur Tel-Aviv, certains missiles ayant été interceptés avant l'impact et d'autres ayant frappé des bâtiments en Israël.

Les autorités sanitaires ont indiqué que 1 277 personnes avaient été blessées en Iran. Les Iraniens ont également fait état d'un rationnement du carburant.

Le conflit a également contraint la plupart des pays du Moyen-Orient, dont l'Irak, la Jordanie et le Liban, à fermer leur espace aérien. Des dizaines d'aéroports ont interrompu tous les vols ou réduit considérablement leurs activités, laissant des dizaines de milliers de passagers bloqués et d'autres incapables de fuir le conflit ou de rentrer chez eux.


L'UE estime que la diplomatie est le seul moyen de résoudre le conflit israélo-iranien

La haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Kaja Kallas, tient une conférence de presse à l'issue d'une vidéoconférence informelle des ministres des Affaires étrangères de l'UE consacrée à la situation au Moyen-Orient, à Bruxelles, le 17 juin 2025. (Photo de Nicolas TUCAT / AFP)
La haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Kaja Kallas, tient une conférence de presse à l'issue d'une vidéoconférence informelle des ministres des Affaires étrangères de l'UE consacrée à la situation au Moyen-Orient, à Bruxelles, le 17 juin 2025. (Photo de Nicolas TUCAT / AFP)
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  • L'Iran ne doit pas disposer d'une arme nucléaire et la diplomatie est le seul moyen de l'en empêcher », a martelé mardi la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas,
  • « L'Europe est prête à jouer son rôle » dans la recherche d'une solution diplomatique, a-t-elle ajouté.

BRUXELLES : L'Iran ne doit pas disposer d'une arme nucléaire et la diplomatie est le seul moyen de l'en empêcher », a martelé mardi la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, à l'issue d'une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de l'UE.

« Nous sommes tous convenus de la nécessité urgente d'éviter l'escalade. L'Iran ne peut pas avoir de bombe nucléaire et la diplomatie est la solution pour y parvenir », a-t-elle souligné devant la presse, à l'issue de cette réunion qui s'est tenue par visioconférence entre les 27.

« L'Europe est prête à jouer son rôle » dans la recherche d'une solution diplomatique, a-t-elle ajouté, précisant par ailleurs que l'UE avait décidé d'aider les États membres à évacuer leurs ressortissants « s'ils le désirent ».

L'armée israélienne mène depuis vendredi des frappes sans précédent sur l'Iran, avec pour objectif affiché d'empêcher Téhéran d'obtenir la bombe atomique.

En Iran, les frappes israéliennes ont fait au moins 224 morts et plus d'un millier de blessés, selon un bilan officiel établi dimanche. Selon le bureau de Benjamin Netanyahu, les salves de missiles et de drones tirées en représailles par l'Iran ont fait au moins 24 morts en Israël.

Les ministres des Affaires étrangères des 27 doivent se retrouver lundi pour une réunion à Bruxelles. 


Gaza: la Défense civile annonce au moins 50 morts dans des tirs israéliens près d'un centre d'aide

Le ministère de la Santé de la bande de Gaza, contrôlé par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a lui indiqué qu'après les tirs "51 martyrs et plus de 200 blessés" étaient arrivés à l'hôpital Nasser de Khan Younès, "dont 20 dans un état critique". (AFP)
Le ministère de la Santé de la bande de Gaza, contrôlé par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a lui indiqué qu'après les tirs "51 martyrs et plus de 200 blessés" étaient arrivés à l'hôpital Nasser de Khan Younès, "dont 20 dans un état critique". (AFP)
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  • Le ministère de la Santé de la bande de Gaza, contrôlé par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a lui indiqué qu'après les tirs "51 martyrs et plus de 200 blessés" étaient arrivés à l'hôpital Nasser de Khan Younès, "dont 20 dans un état critique"
  • La veille, la Défense civile avait fait état de 20 personnes tuées dans des tirs de l'armée israélienne en allant chercher de l'aide humanitaire à Rafah (sud)

JERUSALEM: La Défense civile de la bande de Gaza a affirmé mardi que les forces israéliennes avaient tué au moins 50 personnes qui s'étaient rassemblées près d'un centre de distribution d'aide dans le sud du territoire palestinien, révisant à la hausse un précédent bilan.

Le porte-parole de cet organisme de premiers secours, Mahmoud Bassal, a déclaré à l'AFP qu'au moins 50 personnes avaient été tuées et plus de 200 blessées alors que des milliers de Palestiniens s'étaient rassemblés dans la matinée pour recevoir de l'aide à Khan Younès.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans et les informations annoncés par la Défense civile.

"Des drones israéliens ont tiré sur les gens. Quelques minutes plus tard, des chars israéliens ont tiré plusieurs obus (...), ce qui a entraîné un grand nombre de martyrs et de blessés", a encore affirmé M. Bassal, accusé par l'armée israélienne de répandre de fausse information sur sur ses opération à Gaza.

Contactée par l'AFP, l'armée israélienne a dit "examiner" les faits.

Le ministère de la Santé de la bande de Gaza, contrôlé par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a lui indiqué qu'après les tirs "51 martyrs et plus de 200 blessés" étaient arrivés à l'hôpital Nasser de Khan Younès, "dont 20 dans un état critique".

La veille, la Défense civile avait fait état de 20 personnes tuées dans des tirs de l'armée israélienne en allant chercher de l'aide humanitaire à Rafah (sud).

Le territoire palestinien est ravagé par plus de 20 mois de guerre entre Israël et le Hamas, et la situation continue de se détériorer sur le terrain.

Elle a été déclenchée par l'attaque du mouvement islamiste palestinien sur le sud d'Israël le 7 octobre 2023, qui a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles et incluant les otages morts ou tués en captivité après leur enlèvement ce jour-là.

Le ministère de la Santé de Gaza a déclaré lundi que 5.139 personnes avaient été tuées depuis la reprise des frappes israéliennes sur le territoire le 18 mars, après une courte trêve.

Le bilan total à Gaza depuis le début de la guerre s'élève à 55.432 morts, selon le ministère de la Santé.