Un opposant controversé turc va saisir la justice française pour 57 milliards d'euros

Cem Uzan (en photo), opposant controversé à Ankara, et son frère Hakan, vont assigner devant le tribunal de Paris TMSF, le fonds turc d'assurance des dépôts d'épargne, ainsi que Motorola, Vodafone, Blackrock et une cinquantaine d'autres acteurs économiques. (Photo, AFP)
Cem Uzan (en photo), opposant controversé à Ankara, et son frère Hakan, vont assigner devant le tribunal de Paris TMSF, le fonds turc d'assurance des dépôts d'épargne, ainsi que Motorola, Vodafone, Blackrock et une cinquantaine d'autres acteurs économiques. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 16 juillet 2021

Un opposant controversé turc va saisir la justice française pour 57 milliards d'euros

  • Les hommes d'affaires turcs, qui viennent aux intérêts de toute leur famille, estiment leur préjudice à 68 milliards de dollars (57,3 milliards d'euros)
  • La procédure engagée ne devrait pas aboutir à un procès avant 2022

PARIS: Cem Uzan, opposant controversé à Ankara, et son frère Hakan, avec qui il était à la tête d'un empire économique en Turquie, vont saisir la justice française afin d'obtenir réparation d'un préjudice de 57,3 milliards d'euros, a-t-on appris vendredi auprès de leurs avocats.

Les deux frères, qui vivent en France, vont assigner devant le tribunal de Paris TMSF, le fonds turc d'assurance des dépôts d'épargne, ainsi que Motorola, Vodafone, Blackrock et une cinquantaine d'autres acteurs économiques.

Accusés en 2003 d'une fraude massive via la banque Imar, qui leur appartenait, les Uzan, alors l'une des familles les plus puissantes de Turquie, avaient vu l'ensemble de leurs sociétés saisies de manière conservatoire par TMSF.

Pour les Uzan, le fonds s'est alors livré à un "détournement" de "manière brutale et massive", "outrepassant très manifestement les pouvoirs que la loi [lui] avait confiés", et les acquéreurs de ces actifs se sont rendus coupables d'une "collusion frauduleuse", selon l'assignation.

La procédure vise en particulier Motorola: l'équipementier telecom cherchait à l'époque à recouvrir une créance en application d'un jugement américain lui ayant octroyé des sommes considérables pour le détournement de milliards d'euros prêtés à l'opérateur Telsim, qui appartenait aux Uzan.

Les hommes d'affaires turcs, qui viennent aux intérêts de toute leur famille, estiment leur préjudice à 68 milliards de dollars (57,3 milliards d'euros), soit "la valeur marchande à ce jour" des "actifs et activités" concernées ainsi que "les dividendes déjà générés", "présents et futurs".

Dans l'assignation, ils font valoir que la justice turque a, "de manière définitive", conclu à "l’absence totale d’implication des sociétés" dans la fraude en question, rendant d'autant plus illégitimes les saisies.

La procédure engagée ne devrait pas aboutir à un procès avant 2022.

Sollicités, TMSF ainsi que les groupes turcs Dogan et Sabanci, eux aussi visés, n'ont pas répondu dans l'immédiat.

Dans les années 1990 et au début des années 2000, les frères Uzan et leur père Kemal étaient à la tête d'un vaste conglomérat s'étendant des télécoms au secteur bancaire, en passant par l'énergie, les médias et le football.

Le destin des frères milliardaires a basculé après l'entrée en politique de Cem Uzan, qui a fondé en 2002 le Parti jeune (Genç Parti, nationaliste). À la fois homme d'affaires, patron de presse et people, il était alors souvent décrit comme le "Berlusconi turc".

Niant les accusations de malversations et corruption à grande échelle, Cem Uzan se dit victime de persécution politique en raison de son opposition à Recep Tayyip Erdogan. Craignant d'être arrêté, il a quitté la Turquie en 2009 à bord de son yacht et bénéficie depuis de l'asile en France. Son frère l'a rejoint en 2014.

En 2013, Cem Uzan a été condamné par défaut à 18 ans et demi de prison et à rembourser à l'État turc quelque 390 millions d'euros.

Depuis 2017, dans un litige aux complexes ramifications, TMSF a lancé une offensive visant ses biens en France, notamment par le biais de saisies conservatoires qui ont depuis été annulées par la justice française.


Gabriel Attal «intransigeant» après l'incendie d'un centre des impôts

Gabriel Attal arrive pour une réunion de crise à la veille d'une autre grande journée de grèves et de manifestations contre la réforme controversée des retraites du gouvernement, à l'Elysée à Paris le 27 mars 2023 (Photo, AFP).
Gabriel Attal arrive pour une réunion de crise à la veille d'une autre grande journée de grèves et de manifestations contre la réforme controversée des retraites du gouvernement, à l'Elysée à Paris le 27 mars 2023 (Photo, AFP).
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  • Une plainte a été déposée après l'incendie qui a ravagé dans la nuit de jeudi à vendredi la salle d'accueil du centre de Bron
  • «Il faut être intransigeant face à ces actions et à ces violences», a déclaré Attal, venu sur place montrer sa «solidarité»

BRON: Le ministre des Comptes publics, Gabriel Attal a dénoncé vendredi les dégradations visant des services publics, après l'incendie de l'accueil d'un centre des finances publiques à Bron (Rhône).

"Il faut être intransigeant face à ces actions et à ces violences", a déclaré M. Attal, venu sur place montrer sa "solidarité" aux agents au détour d'un déplacement prévu de longue date.

Une plainte a été déposée après l'incendie qui a ravagé dans la nuit de jeudi à vendredi la salle d'accueil du centre de Bron, en périphérie de Lyon. Selon le ministre, des marques d'effraction ont été constatées sur une porte d'accès et des produits inflammables retrouvés.

"L'enquête a démarré, les auteurs seront identifiés et ils seront punis sévèrement", a-t-il dit.

Le feu a ravagé la salle d'accueil, où restaient vendredi des monceaux de matériels brûlés et sur le sol, une inscription "On ira jusqu'à l'Elysée", a constaté l'AFP.

Dans un communiqué, le directeur général des Finances publiques, Jérôme Fournel, a condamné "avec force ces actes d'une rare violence, qui portent une atteinte inacceptable à la continuité du service public".

Selon la direction régionale, le centre sera fermé quelques jours pour travaux et l'accueil du public n'est pas envisagé avant l'automne.

Interrogé sur les violences qui émaillent les contestations sur la réforme des retraites, le ministre Attal a appelé "toutes les formations politiques, toutes les forces sociales à un sursaut pour (les) dénoncer".

Dans un communiqué, Solidaires Finances Publiques a condamné "avec fermeté cet acte criminel".

Le premier syndicat de Bercy, opposé à la réforme des retraites, juge l'incendie "préjudiciable" pour les agents des finances publiques comme pour les contribuables, "privés pour plusieurs semaines de leur service public de proximité, et ce à quelques jours du début de la campagne déclarative sur les revenus".

Secrétaire général de l'Unsa fonction publique, Luc Farré a également condamné sur Twitter un "acte volontaire" et souligné qu'il existait "d'autres moyens d'action pour combattre la réforme des retraites".

Gabriel Attal a rappelé qu'un poste de police municipale avait été dégradé jeudi soir à Lyon en fin d'une manifestation contre les violences policières et qu'une mairie d'arrondissement avait subi des dégâts, mi-mars, pendant un rassemblement nocturne non déclaré contre la réforme des retraites.

"Si ceux qui procèdent à ces violences défendaient vraiment les plus fragiles comme ils le disent, ils ne s'attaqueraient pas aux services publics qui sont là précisément pour accueillir les plus fragiles", a-t-il dit.


Borne satisfaite de la venue de l'intersyndicale à Matignon, mais pas de «pause» sur les retraites

La Première ministre française Elisabeth Borne s'exprime lors d'une réunion avec des députés de la coalition au pouvoir à l'hôtel Matignon à Paris, le 27 mars 2023 (Photo, AFP).
La Première ministre française Elisabeth Borne s'exprime lors d'une réunion avec des députés de la coalition au pouvoir à l'hôtel Matignon à Paris, le 27 mars 2023 (Photo, AFP).
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  • La cheffe du gouvernement réfute toujours l'idée de mettre le texte en pause
  • «Ca n'existe pas de mettre un projet de loi en pause», a-t-elle insisté devant les lecteurs des journaux du groupe Centre France à Nevers

LA MACHINE: Elisabeth Borne s'est réjouie vendredi que l'intersyndicale, dont la CGT et sa nouvelle patronne, accepte de la rencontrer à Matignon où la réforme des retraites sera "évidemment" abordée par les syndicats, mais la cheffe du gouvernement refuse toujours de mettre "en pause" le texte.

Sophie Binet, élue vendredi à la surprise générale lors du congrès de la CGT, a annoncé lors de son premier discours que "l'intersyndicale unie" rencontrerait la Première ministre le 5 avril, à l'invitation du gouvernement, "pour exiger le retrait de la réforme" des retraites.

"Je voudrais d'abord féliciter Sophie Binet pour son élection, noter que c'est la première fois qu'il y a une femme à la tête de la CGT. Je pense que c'est une bonne nouvelle pour toutes les femmes", a déclaré Elisabeth Borne lors d'un déplacement dans la Nièvre.

"Je me réjouis effectivement que l'intersyndicale vienne à la rencontre que j'ai proposée. Chacun pourra aborder les sujets qu'il souhaite, et pour notre part on expliquera aussi notre position", a poursuivi Mme Borne.

La cheffe du gouvernement réfute toujours l'idée de mettre le texte en pause.

"On ne peut pas faire de pause quand on a un projet de loi qui a été voté, qui est en cours d'examen devant le Conseil constitutionnel, mais moi je suis à l'écoute et chacun aura l'occasion d'exprimer ses positions lors de cette rencontre".

"Ca n'existe pas de mettre un projet de loi en pause", a-t-elle insisté devant les lecteurs des journaux du groupe Centre France à Nevers.

"On a énormément de sujets, vous savez, à aborder, sur les parcours professionnels, sur la prévention de la pénibilité. Tous ces sujets sont sur la table. Évidemment les organisations syndicales aborderont la réforme des retraites. Moi je suis à l'écoute et je me réjouis que l'intersyndicale réponde à mon invitation", a ajouté Mme Borne lors de son déplacement dans la région de Nevers.

La Première ministre, à cette occasion, est "passée saluer" des représentants syndicaux locaux à la préfecture de la Nièvre avant de repartir à Paris et leur a redit son "souhait de dialoguer", selon son entourage.

Ces représentants de la CFDT, CGT, CFTC, FO, UNSA et FSU demandaient à rencontrer son cabinet, selon la même source confirmant une information de BFMTV.

Mme Borne a également déploré que "certains" partis politiques "fassent le choix du refus du dialogue". La France insoumise et le Parti communiste ont décidé de ne pas se rendre la semaine prochaine à Matignon.

"Quand on voit les difficultés auxquelles notre pays est confronté, auxquelles les Français peuvent être confrontés, je pense que la responsabilité c'est de s'écouter, de dialoguer, de construire ensemble des réponses pour les Français et pour notre pays, en tout cas c'est ce à quoi moi je m'emploie".


Propos sur la BRAV-M: Enquête pour «injure publique» visant Mélenchon

L'ancien candidat Insoumis a répété le souhait de ses troupes de «dissoudre» cette unité (Photo, AFP).
L'ancien candidat Insoumis a répété le souhait de ses troupes de «dissoudre» cette unité (Photo, AFP).
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  • «Vous imaginez ce que c'est que de dire je suis volontaire pour monter sur une moto et tabasser des gens en passant? C'est manifester un état d'esprit qui ne me convient pas et que je trouve anormal», avait affirmé Mélenchon
  • «Il y a toutes sortes de violences pour lesquelles ont fait des soins, des auditions, on réfléchit», avait-il ajouté

PARIS: Après "La République, c'est moi" et la houleuse perquisition de 2018, le parquet de Paris a ouvert une nouvelle enquête sur des propos polémiques de Jean-Luc Mélenchon, concernant les unités motorisées BRAV-M, dont il veut envoyer les policiers "se faire soigner".

Accusées de violences policières sur les manifestants contre la réforme des retraites, à travers notamment les images diffusées sur les réseaux sociaux, les BRAV-M ont été défendues mardi par le préfet de police Laurent Nuñez, qui a menacé de poursuites tout auteur d'"insultes" à leur encontre.

L'ancien secrétaire d'Etat a signalé en parallèle à la justice des propos tenus dimanche par l'ex-candidat LFI à la présidentielle. Sur LCI, M. Mélenchon avait déclaré, au sujet des membres de ces Brigades de répression de l'action violente motorisées, créées au printemps 2019 après le saccage d'une partie des Champs-Élysées: "Nous enverrons ces jeunes gens se faire soigner".

"Vous imaginez ce que c'est que de dire je suis volontaire pour monter sur une moto et tabasser des gens en passant ? C'est manifester un état d'esprit qui ne me convient pas et que je trouve anormal", avait poursuivi l'ex-sénateur. "Pour moi, ce n'est pas une activité normale", avait-il encore dit.

"Il y a toutes sortes de violences pour lesquelles ont fait des soins, des auditions, on réfléchit", avait-il ajouté.

L'ancien candidat Insoumis a répété le souhait de ses troupes de "dissoudre" cette unité, une proposition qui est également portée actuellement par une pétition signée vendredi soir par près de 230 000 personnes.

A la suite de ce signalement, une enquête pour "injures publiques visant une personne dépositaire de l'autorité publique", confiée à la Brigade de répression de la délinquance aux personnes, a donc été ouverte mercredi, a indiqué vendredi le parquet de Paris, confirmant une information du Parisien.

En 2018, déjà, la réaction colérique de M. Mélenchon lors de la perquisition au siège parisien de son mouvement, ponctuée par le désormais célèbre "La République c'est moi", et les bousculades qui ont mêlé ses troupes aux forces de l'ordre et à un magistrat, lui avaient valu une condamnation pour rébellion.

L'incident avait durablement atteint l'image dans les enquêtes d'opinion du responsable politique, tantôt tribun respecté et rassembleur, tantôt meneur tempétueux et clivant.