Avant la réunion Erdogan-Poutine, le bourbier d'Idlib reste un nouveau test

La Turquie a déployé plus de troupes dans le nord-ouest de la Syrie comme moyen de dissuasion contre toute offensive majeure des forces syriennes soutenues par la Russie. (Photo, AFP/Archives)
La Turquie a déployé plus de troupes dans le nord-ouest de la Syrie comme moyen de dissuasion contre toute offensive majeure des forces syriennes soutenues par la Russie. (Photo, AFP/Archives)
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Publié le Dimanche 26 septembre 2021

Avant la réunion Erdogan-Poutine, le bourbier d'Idlib reste un nouveau test

  • Poutine a critiqué la présence de troupes étrangères sans mandat de l'ONU la semaine dernière lors d'une réunion avec Assad
  • Le ministre syrien des Affaires étrangères Faisal Mekdad a exhorté la Turquie à retirer immédiatement ses forces du sol syrien

ANKARA : La Turquie a déployé plus de troupes dans le nord-ouest de la Syrie comme moyen de dissuasion contre toute offensive majeure des forces syriennes soutenues par la Russie, avant une réunion entre les leaders turc et russe la semaine prochaine. 

Ankara craint qu'une escalade d’hostilités à Idlib, le dernier bastion rebelle du nord-ouest de la Syrie, ne force une nouvelle vague de réfugiés vers la Turquie, qui accueille environ 4 millions de Syriens depuis le début du conflit, il y a dix ans. 

Le président turc Recep Tayyip Erdogan devrait soulever cette question lors de sa rencontre avec son homologue russe Vladimir Poutine le 29 septembre. On ne sait toujours pas dans quelle mesure la position de la Russie trouvera un terrain d'entente avec Ankara. 

La semaine dernière, lors d'une rencontre entre Poutine et le président syrien Bashar Assad, le président russe a critiqué la présence de troupes étrangères sans mandat de l'ONU. 

Trois soldats turcs ont été tués le 11 septembre à Idlib pendant que les forces du régime syrien intensifient leurs attaques.

«La Russie est frustrée par la réticence de la Turquie à expulser Hayat Tahrir al-Cham (Organisation de Libération du Levant) d'Idlib, et utilise ses avions de guerre ainsi que les forces terrestres syriennes pour faire pression sur la Turquie», a déclaré à Arab News , Samuel Ramani, professeur de politique et de relations internationales à l'Université d'Oxford.

La Russie oblige la Turquie à respecter son engagement de 2018 à séparer les groupes radicaux tels que Hayat Tahrir al-Cham, le groupe dominant à Idlib, des autres rebelles d'Idlib. Mais Ankara rejette les allégations selon lesquelles elle n'a pas tenu sa promesse.

Hayat Tahrir al-Cham s'est distancié d'Al-Qaïda et s'est rebaptisé groupe rebelle modéré dans le but de redorer son image devant la communauté internationale. Mais le groupes est toujours désigné par les États-Unis, le Conseil de sécurité de l'ONU et la Turquie comme groupe terroriste. 

«La Turquie ne considère pas une escalade d’hostilités limitée de ce type comme une menace transfrontalière majeure, mais craindrait certainement un afflux de réfugiés si Assad et Poutine menaient un assaut beaucoup plus important contre Idlib, qui reflétait les événements de la fin 2019 et le début de 2020 », a éclairci Ramani. «Les troupes turques sont donc là pour empêcher un tel scénario de se produire et maintenir le statu quo jusqu'à la réunion Poutine-Erdogan».

Cependant, le ministre syrien des Affaires étrangères Faisal Mekdad a exhorté la Turquie à retirer immédiatement ses forces du sol syrien en affirmant qu'il considérait la présence turque comme un acte d'occupation. 

Ramani a souligné que dans le passé, les réunions Poutine-Erdogan ont souvent réduit le conflit en  Syrie, par exemple après l'opération Peace Spring en octobre 2019 et l'opération Spring Shield en mars 2020 : «Donc, l'espoir est que cela se reproduise».

Le 24 septembre, Erdogan a déclaré qu'il s'attend à ce que la Russie change son approche envers la Syrie, car le régime syrien constitue une menace pour la Turquie le long de la frontière sud.

Lors de l'Assemblée générale des Nations Unies mardi, Erdogan a abordé la crise syrienne, affirmant qu' «en tant que pays qui a protégé la dignité humaine dans la crise syrienne, nous n'avons plus le potentiel ni la tolérance pour absorber de nouvelles vagues d'immigration». 

Oytun Orhan, coordinateur des études sur la Syrie au groupe de réflexion ORSAM d'Ankara, a précisé que la Turquie attachait de l'importance à conserver sa place dans la scène syrienne.

«Si la Turquie se retire complètement de la région, elle restera en dehors de la phase finale et n'aura pas son mot à dire lorsqu'un processus politique en Syrie voit le jour», a déclaré Orhan à Arab News.

Selon Orhan, la Turquie est de plus préoccupée par la présence de combattants étrangers et de groupes radicaux à Idlib.

«S'il y avait une offensive du régime, ils afflueraient probablement vers la frontière turque et constitueraient une menace pour la sécurité non seulement de la Turquie mais de la communauté mondiale», a-t-il ajouté.

Les experts estiment que même si cela expose les limites de leur coopération, les relations turco-russes survivront probablement à cette dernière escalade d’hostilités, car les deux pays ont trop à perdre si leurs relations sont interrompues.

Orhan a signalé que le déploiement de troupes turques avant la réunion Poutine-Erdogan est un geste symbolique pour gagner en influence à la table des négociations.

«Bien que la Russie soutienne le régime d'Assad, elle prête également attention à la présence turque dans la région, ainsi que de la coopération dans les domaines de l'énergie et de l'industrie de la défense. La Russie ne veut pas rompre de telles relations, mais essaie d'utiliser la carte d’Idlib comme monnaie d'échange chaque fois qu'il y a une crise dans les relations bilatérales avec la Turquie», a-t-il ajouté.

La Russie aurait mené environ 200 attaques aériennes contre Idlib en septembre. Plusieurs attaques visaient des zones proches des postes militaires turcs dans la province. La Turquie détient environ 80 bases militaires et postes d'observation à Idlib.

«Bien que les agences de renseignement turques et syriennes se soient rencontrées dans le passé, la Russie incite la Turquie depuis des années à ouvrir un canal de communication diplomatique avec le régime syrien. Mais Ankara n'est pas disposée à franchir ce pas. Je m'attends à ce que la réunion Erdogan-Poutine désamorce la tension à Idlib, mais les deux leaders vont, sans aucun doute, tester leur détermination avant de s'asseoir à la table des négociations», a exposé Orhan.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


La coalition arabe met en garde contre toute action militaire compromettant la désescalade au Yémen

Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
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  • Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a indiqué que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite pour prendre des mesures urgentes

DUBAÏ : La coalition arabe soutenant le gouvernement yéménite internationalement reconnu a averti samedi que tout mouvement militaire compromettant les efforts de désescalade serait traité immédiatement afin de protéger les civils, a rapporté l’Agence de presse saoudienne.

Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a déclaré que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite visant à prendre des mesures urgentes pour protéger les civils dans le gouvernorat de Hadramout, face à ce qu’il a qualifié de graves violations humanitaires commises par des groupes affiliés au Conseil de transition du Sud (CTS).

Le communiqué précise que ces mesures s’inscrivent dans le cadre des efforts conjoints et continus de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis pour réduire les tensions, faciliter le retrait des forces, remettre les camps militaires et permettre aux autorités locales d’exercer leurs fonctions.

Al-Maliki a réaffirmé le soutien de la coalition au gouvernement yéménite internationalement reconnu et a appelé toutes les parties à faire preuve de retenue et à privilégier des solutions pacifiques, selon l’agence.

Le CTS a chassé ce mois-ci le gouvernement internationalement reconnu de son siège à Aden, tout en revendiquant un contrôle étendu sur le sud du pays.

L’Arabie saoudite a appelé les forces du CTS à se retirer des zones qu’elles ont prises plus tôt en décembre dans les provinces orientales de Hadramout et d’Al-Mahra.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les Émirats arabes unis saluent les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la stabilité au Yémen

Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
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  • Les Émirats arabes unis ont salué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite

DUBAÏ : Les Émirats arabes unis ont salué vendredi les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la sécurité et la stabilité au Yémen, a rapporté l’agence de presse officielle WAM.

Dans un communiqué, les Émirats ont loué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite et dans le soutien de leurs aspirations légitimes à la stabilité et à la prospérité.

Les Émirats ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen, en soulignant leur appui aux efforts contribuant à la sécurité et à la prospérité régionales.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Liban adopte le projet de loi sur le gap financier malgré l’opposition du Hezbollah et des Forces libanaises

Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
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  • Le texte vise à trancher le sort de milliards de dollars de dépôts bloqués et devenus inaccessibles pour les citoyens libanais depuis l’effondrement financier du pays

BEYROUTH : Le Conseil des ministres libanais a approuvé vendredi un projet de loi controversé visant à encadrer la relance financière et à restituer les dépôts bancaires gelés aux citoyens. Cette décision est perçue comme une étape clé dans les réformes économiques longtemps retardées et exigées par le Fonds monétaire international (FMI).

Le texte a été adopté par 13 voix pour et neuf contre, à l’issue de discussions marathon autour du projet de loi dit du « gap financier » ou de récupération des dépôts, bloqué depuis des années après l’éclatement de la crise bancaire en 2019. Les ministres de la Culture et des Affaires étrangères étaient absents de la séance.

La législation vise à déterminer le sort de milliards de dollars de dépôts devenus inaccessibles pour les Libanais durant l’effondrement financier du pays.

Le projet a été rejeté par trois ministres des Forces libanaises, trois ministres du Hezbollah et du mouvement Amal, ainsi que par la ministre de la Jeunesse et des Sports, Nora Bayrakdarian, le ministre des Télécommunications, Charles Al-Hajj, et le ministre de la Justice, Adel Nassar.

Le ministre des Finances, Yassin Jaber, a rompu avec ses alliés du Hezbollah et d’Amal en votant en faveur du texte. Il a justifié sa position par « l’intérêt financier suprême du Liban et ses engagements envers le FMI et la communauté internationale ».

Le projet de loi a suscité une vive colère parmi les déposants, qui rejettent toute tentative de leur faire porter la responsabilité de l’effondrement financier. Il a également provoqué de fortes critiques de l’Association des banques et de plusieurs blocs parlementaires, alimentant les craintes d’une bataille politique intense au Parlement, à l’approche des élections prévues dans six mois.

Le Premier ministre Nawaf Salam a confirmé que le Conseil des ministres avait approuvé le texte et l’avait transmis au Parlement pour débat et amendements avant son adoption définitive. Cherchant à apaiser les inquiétudes de l’opinion publique, il a souligné que la loi prévoit des audits judiciaires et des mécanismes de reddition des comptes.

« Les déposants dont les comptes sont inférieurs à 100 000 dollars seront intégralement remboursés, avec intérêts et sans aucune décote », a déclaré Salam. « Les grands déposants percevront également leurs premiers 100 000 dollars en totalité, le reste étant converti en obligations négociables garanties par les actifs de la Banque centrale, estimés à environ 50 milliards de dollars. »

Il a ajouté que les détenteurs d’obligations recevront un premier versement de 2 % après l’achèvement de la première tranche de remboursements.

La loi comprend également une clause de responsabilité pénale. « Toute personne ayant transféré illégalement des fonds à l’étranger ou bénéficié de profits injustifiés sera sanctionnée par une amende de 30 % », a indiqué Salam.

Il a insisté sur le fait que les réserves d’or du Liban resteront intactes. « Une disposition claire réaffirme la loi de 1986 interdisant la vente ou la mise en gage de l’or sans l’approbation du Parlement », a-t-il déclaré, balayant les spéculations sur une utilisation de ces réserves pour couvrir les pertes financières.

Reconnaissant que la loi n’est pas parfaite, Salam l’a néanmoins qualifiée de « pas équitable vers la restitution des droits ».

« La crédibilité du secteur bancaire a été gravement entamée. Cette loi vise à la restaurer en valorisant les actifs, en recapitalisant les banques et en mettant fin à la dépendance dangereuse du Liban à l’économie du cash », a-t-il expliqué. « Chaque jour de retard érode davantage les droits des citoyens. »

Si l’Association des banques n’a pas publié de réaction immédiate après le vote, elle avait auparavant affirmé, lors des discussions, que la loi détruirait les dépôts restants. Les représentants du secteur estiment que les banques auraient du mal à réunir plus de 20 milliards de dollars pour financer la première tranche de remboursements, accusant l’État de se dédouaner de ses responsabilités tout en accordant de facto une amnistie à des décennies de mauvaise gestion financière et de corruption.

Le sort du texte repose désormais sur le Parlement, où les rivalités politiques à l’approche des élections de 2025 pourraient compliquer ou retarder son adoption.

Le secteur bancaire libanais est au cœur de l’effondrement économique du pays, avec des contrôles informels des capitaux privant les déposants de leurs économies et une confiance en chute libre dans les institutions de l’État. Les donateurs internationaux, dont le FMI, conditionnent toute aide financière à des réformes profondes du secteur. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com