L'Algérie renforce ses relations bilatérales avec la Tunisie

Le président tunisien Kais Saied (à droite) serre la main du président algérien Abdelmajid Tebboune (à gauche) alors que ce dernier arrive à l'aéroport international de Tunis-Carthage, le 15 décembre 2021 (Photo, AFP).
Le président tunisien Kais Saied (à droite) serre la main du président algérien Abdelmajid Tebboune (à gauche) alors que ce dernier arrive à l'aéroport international de Tunis-Carthage, le 15 décembre 2021 (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 12 avril 2022

L'Algérie renforce ses relations bilatérales avec la Tunisie

  • Ce renforcement des relations entre l'Algérie et la Tunisie fait suite à une détérioration des relations entre l'Algérie et le Maroc
  • Dans un contexte de rivalité régionale, ce rapprochement entre l'Algérie et la Tunisie parait comme une volonté algérienne d'isoler le Maroc

RABAT : En pleine détérioration des relations diplomatiques avec le Maroc, l'Algérie cherche à consolider ses relations bilatérales avec la Tunisie, son voisin de l’est. Au-delà du volet économique, sécuritaire ou encore judiciaire, les deux pays ont annoncé leur intention d'étendre leur coopération dans le domaine de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique.

Illustrant cet élargissement, les autorités algériennes — à travers le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Abdelbaki Benziane et son homologue, Moncef Boukethir — ont annoncé, le 22 mars, le lancement de 25 projets de recherche scientifique et de 6 « laboratoires d'Excellence » (laboratoires sélectionnés par une commission mixte). 

L'annonce a été faite alors que Moncef Boukethir était en visite officielle en Algérie.

L'agence de presse officielle (APS) précise que parmi les thèmes de recherche retenus par la commission figurent « la biotechnologie et ses applications agricoles », « l'eau », « la sécurité alimentaire », entre autres thèmes, sans toutefois fournir plus de détails.

Dans son communiqué, le ministère algérien a également annoncé « la signature de plusieurs accords entre les établissements d'enseignement supérieur des deux pays, notamment limitrophes », ajoutant que « ces accords traduisent la volonté politique forte des deux pays frères et s'inscrivent dans le renforcement des relations d'amitié, de respect, d'échange et de solidarité, dans le cadre de la constitution d'un espace cohérent faisant partie intégrante des efforts de développement durable ».

Pour le ministère, ces efforts « soulignent l'importance majeure que l'Algérie attache au développement de la coopération conjointe entre les universités et centres de recherche algériens et leurs homologues tunisiens, en œuvrant à développer cette dynamique dans toutes ses dimensions conformément à la volonté politique des deux pays et en application des instructions du Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune ».

En novembre 2021 déjà, Najla Bouden – cheffe du gouvernement tunisien –, avait déjà évoqué une « stratégie intégrée » dans les relations bilatérales des deux pays lors d'une visite en Algérie. 

Montée des tensions avec le Maroc

Ce resserrement des relations entre les deux pays contraste avec la détérioration des relations entre l'Algérie et le Maroc. 

Au coeur de ce déclin se trouve le désaccord sur le Sahara occidental. Alors que le Maroc préconise une autonomie sous son contrôle, l’Algérie estime qu’un référendum d’autodétermination s’impose.

En août 2021, l'Algérie a annoncé qu'elle rompait ses relations diplomatiques avec le Maroc, rappelant le personnel de son ambassade tout en gardant les services consulaires opérationnels. Peu de temps après, les relations entre les deux pays se sont détériorées davantage, lorsque l'Algérie a annoncé la fermeture de son espace aérien aux avions marocains et cessé de faire transiter son gaz par le gazoduc « Gaz Maghreb Europe » qui traverse le Maroc pour approvisionner l'Espagne.

L'Algérie considère que les mesures prises sont une réponse à l'augmentation d’« actes hostiles » de la part du Maroc.

Dans un contexte de rivalité régionale, ce rapprochement entre l'Algérie et la Tunisie parait comme une volonté algérienne d'isoler le Maroc au regard du paysage géopolitique et économique nord-africain. 

Si ce scenario s'avère fondé, l'Algérie dispose d'un argument de taille : les pétrodollars, toute proportion gardée, alors que la Tunisie – endetté jusqu’au cou – peine financièrement. 

Pour l’année 2022, le gouvernement tunisien a annoncé devoir s’endetter à hauteur de 6 milliards d’euros pour pouvoir équilibrer ses comptes.

Face à cette précarité financière, les autorités tunisiennes entendent reprendre les négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) en échange de l'instauration de réformes économiques et sociales (telle que la réduction des subventions aux produits de première nécessité) – des mesures qui risquent d’être impopulaire au vu d’un taux d’inflation conséquent (6% par an) et une crise de la Covid qui a plombé l’économie du pays, fortement dépendante du tourisme.

Le Conseil européen des relations étrangères s’inquiète

Selon Anthony Dworkin, chercheur principal au Conseil européen des relations étrangères – s’exprimant dans une note d’orientation publiée ce 8 avril – cette « impasse nord-africaine » pourrait représenter un risque accru de détérioration en conflit armé. À ce titre, le Conseil recommande que L’UE « établisse une relation plus équilibrée avec le Maroc qui n'aliène pas l'Algérie ». 

Pour atteindre cet objectif, L’UE disposerait de plusieurs outils, notamment les intérêts des deux pays en Europe, qu’elle pourrait utiliser « pour minimiser les tensions ». La publication cite également le rôle que pourrait jouer les partenaires communs aux deux rivaux nord-africains pour apaiser ces tensions.


L'armée israélienne dit avoir tué trois membres du Hezbollah dans le sud du Liban

Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah. (AFP)
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  • "Les terroristes ont participé à des tentatives visant à rétablir les infrastructures" du mouvement libanais, en violation de l'accord de cessez-le-feu de novembre 2024
  • Puis dans un autre communiqué, l'armée a précisé avoir tué "un terroriste" dans la région de Jwaya, qui avait "activé des agents (du Hezbollah) au sein des services de sécurité libanais".

JERUSALEM: L'armée israélienne a déclaré avoir tué dimanche trois membres du Hezbollah dans le sud du Liban, Beyrouth faisant état également de trois morts dans des frappes israéliennes dans la région.

"Depuis ce matin (dimanche), l'armée a frappé trois terroristes du Hezbollah dans plusieurs zones du sud du Liban", a précisé l'armée israélienne dans un communiqué.

"Les terroristes ont participé à des tentatives visant à rétablir les infrastructures" du mouvement libanais, en violation de l'accord de cessez-le-feu de novembre 2024, a-t-elle ajouté.

L'armée a ensuite affirmé avoir "éliminé" deux d'entre eux "en moins d'une heure", dans les régions de Yater et Bint Jbeil (sud du Liban).

Puis dans un autre communiqué, l'armée a précisé avoir tué "un terroriste" dans la région de Jwaya, qui avait "activé des agents (du Hezbollah) au sein des services de sécurité libanais".

Le ministère libanais de la Santé avait auparavant fait état de trois morts dans des frappes israéliennes à Yater, Safad Al-Battikh et Jwaya.

Un cessez-le-feu est en vigueur depuis novembre 2024 après plus d'un an d'hostilités entre Israël et le mouvement islamiste libanais, en marge de la guerre à Gaza.

Malgré cette trêve, Israël mène régulièrement des frappes au Liban, notamment dans le sud, bastion du Hezbollah, affirmant viser des membres et des infrastructures du mouvement libanais pour l'empêcher de se réarmer.

Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah.

L'armée libanaise est censée achever d'ici la fin de l'année le démantèlement, prévu par l'accord de cessez-le-feu, des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe pro-iranien, et tarir les sources de financement de la formation islamiste.

Israël maintient cinq positions dans la zone, malgré son retrait du territoire libanais prévu par l'accord de cessez-le-feu.

Dans un discours samedi, le chef du Hezbollah, Naim Qassem, qui a rejeté à plusieurs reprises la perspective d'un désarmement du mouvement, a déclaré que celui-ci "ne permettra pas à Israël d'atteindre son objectif" de mettre fin à la résistance, "même si le monde entier s'unit contre le Liban".

 


Un an après la chute d’Assad, les Syriens affichent un fort soutien à al-Chareh

Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
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  • Un sondage révèle un optimisme croissant et un large soutien aux progrès du gouvernement après la chute d’Assad
  • L’Arabie saoudite apparaît comme le pays étranger le plus populaire, Trump reçoit également un soutien marqué

LONDRES : Alors que les Syriens ont célébré cette semaine le premier anniversaire de la chute de Bachar Al-Assad, une enquête menée dans le pays révèle un soutien massif au nouveau président et place l’Arabie saoudite comme principal partenaire international apprécié.

L’ancien président avait fui le pays le 8 décembre 2024, après une offensive éclair de l’opposition jusqu’à Damas, mettant fin à 14 ans de guerre civile.

La campagne était menée par Ahmad al-Chareh, aujourd’hui président du pays, qui s’efforce de stabiliser la Syrie et de rétablir des relations avec ses partenaires internationaux.

Ces efforts ont été salués dans un sondage récemment publié, montrant que 81 % des personnes interrogées ont confiance dans le président et 71 % dans le gouvernement national.

Les institutions clés bénéficient également d’un fort soutien : plus de 70 % pour l’armée et 62 % pour les tribunaux et le système judiciaire.

L’enquête a été menée en octobre et novembre par Arab Barometer, un réseau de recherche américain à but non lucratif.

Plus de 1 200 adultes sélectionnés aléatoirement ont été interrogés en personne à travers le pays sur une large gamme de sujets, notamment la performance du gouvernement, l’économie et la sécurité.

Le large soutien exprimé envers al-Chareh atteint un niveau enviable pour de nombreux gouvernements occidentaux, alors même que la Syrie fait face à de profondes difficultés.

Le coût de la reconstruction dépasse les 200 milliards de dollars selon la Banque mondiale, l’économie est dévastée et le pays connaît encore des épisodes de violence sectaire.

Al-Chareh s’efforce de mettre fin à l’isolement international de la Syrie, cherchant l’appui de pays de la région et obtenant un allègement des sanctions américaines.

Un soutien clé est venu d’Arabie saoudite, qui a offert une aide politique et économique. Le sondage place le Royaume comme le pays étranger le plus populaire, avec 90 % d’opinions favorables.

Le Qatar recueille lui aussi une forte popularité (plus de 80 %), suivi de la Turquie (73 %).

La majorité des personnes interrogées — 66 % — expriment également une opinion favorable envers les États-Unis, saluant la décision du président Donald Trump d’assouplir les sanctions et l’impact attendu sur leur vie quotidienne.

Après sa rencontre avec al-Chareh à Washington le mois dernier, Trump a annoncé une suspension partielle des sanctions, après en avoir déjà assoupli plusieurs volets.

Le sondage montre que 61 % des Syriens ont une opinion positive de Trump — un niveau supérieur à celui observé dans une grande partie du Moyen-Orient.

En revanche, l’enthousiasme est bien moindre concernant les efforts américains pour normaliser les relations entre la Syrie et Israël.

Seuls 14 % soutiennent cette démarche, et à peine 4 % disent avoir une opinion favorable d’Israël.

Lors du chaos provoqué par la chute d’Assad, l’armée israélienne a occupé de nouveaux territoires dans le sud de la Syrie et a mené de fréquentes attaques au cours de l’année écoulée.

Plus de 90 % des Syriens considèrent l’occupation israélienne des territoires palestiniens et les frappes contre l’Iran, le Liban et la Syrie comme des menaces critiques pour leur sécurité.

Dans Foreign Policy, Salma Al-Shami et Michael Robbins (Arab Barometer) écrivent que les résultats de l’enquête donnent des raisons d’être optimiste.

« Nous avons constaté que la population est pleine d’espoir, favorable à la démocratie et ouverte à l’aide étrangère », disent-ils. « Elle approuve et fait confiance à son gouvernement actuel. »

Mais ils notent aussi plusieurs sources d’inquiétude, notamment l’état de l’économie et la sécurité interne.

Le soutien au gouvernement chute nettement dans les régions majoritairement alaouites.

La dynastie Assad, au pouvoir pendant plus de 50 ans, était issue de la minorité alaouite, dont les membres occupaient de nombreux postes clés.

L’économie reste la principale préoccupation : seuls 17 % se disent satisfaits de sa performance, et beaucoup s’inquiètent de l’inflation, du chômage et de la pauvreté.

Quelque 86 % déclarent que leurs revenus ne couvrent pas leurs dépenses, et 65 % affirment avoir eu du mal à acheter de la nourriture le mois précédent.

La sécurité préoccupe aussi : 74 % soutiennent les efforts du gouvernement pour collecter les armes des groupes armés et 63 % considèrent l’enlèvement comme une menace critique.

À l’occasion de l’anniversaire de la chute d’Assad, lundi, al-Chareh a affirmé que le gouvernement œuvrait à construire une Syrie forte, à consolider sa stabilité et à préserver sa souveraineté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël mène une série de frappes contre le Hezbollah au Liban

Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
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  • Israël a frappé vendredi plusieurs sites du Hezbollah au sud et à l’est du Liban, ciblant notamment un camp d’entraînement de sa force d’élite al-Radwan, malgré le cessez-le-feu conclu en novembre 2024
  • Ces raids interviennent alors que l’armée libanaise doit achever le démantèlement des infrastructures militaires du Hezbollah le long de la frontière israélienne d’ici le 31 décembre

BEYROUTH: Israël a mené une série de frappes aériennes contre le sud et l'est du Liban vendredi matin, selon les médias officiels, l'armée israélienne affirmant viser des objectifs du Hezbollah pro-iranien dont un camp d'entrainement.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe islamiste libanais, Israël continue de mener des attaques régulières contre le Hezbollah, l'accusant de se réarmer.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani), les raids de vendredi, qualifiés en partie de "violents", ont visé une dizaine de lieux, certains situés à une trentaine de km de la frontière avec Israël.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir "frappé un complexe d'entrainement" de la force d'élite du Hezbollah, al-Radwan, où des membres de la formation chiite apprenaient "l'utilisation de différents types d'armes", devant servir dans "des attentats terroristes".

L'armée israélienne a également "frappé des infrastructures militaires supplémentaires du Hezbollah dans plusieurs régions du sud du Liban", a-t-elle ajouté.

L'aviation israélienne avait déjà visé certains des mêmes sites en début de semaine.

Ces frappes interviennent alors que l'armée libanaise doit achever le démantèlement le 31 décembre des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord, conformément à l'accord de cessez-le-feu.

Les zones visées vendredi se trouvent pour la plupart au nord du fleuve.

Le Hezbollah a été très affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe.